Comment étudier les intellectuels conservateurs roumains dans une perspective transnationale ?
5e session 2022 du Séminaire du CEFRES
Date : mercredi 6 avril 2022, 16h30
Lieu : au CEFRES et en ligne (pour vous inscrire, écrivez à l’adresse : claire(@)cefres.cz)
Langue : anglais
Avec : Anemona Constantin (CEFRES / Université Charles)
Résumé
“Populiste“, “illibéral“, “nationaliste“ ou “conservateur“ : ce sont des façons désormais communes de qualifier des acteurs politiques, des mouvements sociaux ou des intellectuels qui critiquent la démocratie libérale. Ces termes usés parfois dépassés ont été réinventés malgré des évidentes failles théoriques et des biais méthodologiques. Une des raisons pour lesquelles ils perdurent est probablement qu’ils remplissent une fonction sociale et politique vitale – celle de nommer et de stigmatiser ce qui constitue de nos jours le comble de l’indésirabilité idéologique. Une série de questions émergent alors : comment appréhender un mouvement synonyme d’un tel rejet ? Comment étudier un objet défini de façon aussi péjorative ? Quelles méthodes de recherche pourraient nous permettre de rompre avec les idées reçues et d’appréhender les mobilisations conservatrices de façon plus réflexive ?
Pour répondre à ces questions, la présentation examine un cas spécifique : celui des intellectuels conservateurs roumains et de leur contribution au débat politique qui bouleverse depuis 2007 le “consensus libéral“ en Europe. Par intellectuels “conservateurs“, j’entends des figures publiques qui se définissent de la sorte. La recherche examine une variété de plateformes intellectuelles et politiques conservatrices, de think tanks et de réseaux ainsi que leur interaction avec des groupes similaires d’Europe et d’ailleurs.
Cependant, le sujet reste sensible et plein de défis pour le chercheur qui s’aventure sur ce terrain. D’abord parce que bien qu’elle permette de contourner les définitions normatives et les raccourcis qu’implique l’utilisation des termes tels que “populiste“ ou “ illibéral“, l’analyse des acteurs qui s’auto-désignent comme « conservateurs » risque de passer outre des agents et des organisations aux discours similaires mais qui refusent de se définir de la sorte. Deuxièmement, bien qu’ils bénéficient d’une couverture culturelle et sociale importante, beaucoup d’intellectuels conservateurs roumains ne sont pas directement engagé dans la vie politique. Comment peut-on dès lors évaluer leur impact politique ?
Troisièmement, la vie intellectuelle a toujours été un phénomène transnational et volatile, alimenté par la circulation internationale des idées. Par conséquent, il n’est pas toujours aisé d’identifier les références et les points de vue que les interactions transnationales ont contribué à introduire dans l’espace intellectuel local et vice-versa.
En discutant quatre méthodes de recherche (l’histoire sociale des idées, l’histoire transnationale, l’analyse qualitative de discours et l’analyse qualitative de réseau), cette présentation vise à répondre à certaines des difficultés méthodologiques et théoriques susmentionnées.