Étudier l’État à travers le scandale : de la valeur épistémique de la transgression

Une séance menée par Jana Vargovčíková.

À lire :

  • Damien de Blic & Cyril Lemieux, « Le scandale comme épreuve », Politix 71 (3), 2005, p. 9-38.
  • Akhil Gupta, « Blurred Boundaries: The Discourse of Corruption, the Culture of Politics, and the Imagined State », American Ethnologist 22 (2), 1995, p. 375-402.
  • Chris Jenkins, « Transgression: The Concept »,  Architectural Design 83 (6), 2013.

‘In olden days a glimpse of stocking was looked on as something shocking. Now, heaven knows, anything goes.’ (Cole Porter).

Loin d’être de simples anomalies ou des accidents, les transgressions sont conditionnées et rendues signifiantes par les normes. Aussi les normes réaffirment-elles constamment leur légitimité et leur sens propre en s’opposant aux transgressions. Ce que l’on considère comme une transgression, et le moment où celle-ci gagne la possibilité d’être transformée en scandale, sont tout relatifs, comme le dit la chanson. Compte tenu de l’imbrication entre normes et transgressions, les philosophes et les chercheurs en sciences sociales se sont intéressés à des cas de transgression afin de comprendre l’ordre, les normes sociales et les institutions et d’analyser la nature de la distinction qui les sépare (cf. Foucault, Becker, Hughes, Goffman). En mettant de côté les préconceptions normatives, le sociologue ou le politologue peuvent apprendre de l’anthropologue et considérer les transgressions dans le champ politique comme des indicateurs de la structure (symbolique, mais pas seulement) de l’État. Les scandales politiques, en tant que récits d’événement taxés de transgressifs, représentent justement un chemin pour comprendre la façon dont un corps politique organise les limites de ses normes (De Blic & Lemieux) et la façon dont les citoyens se positionnent face à l’ordre politique (Gupta).