Forme et énergie dans l’œuvre d’Aby Warburg

Une conférence de Lara BONNEAU  (CEFRES & Université Paris I) dans le cadre du séminaire Collegium historiae artium de l’Institut d’Histoire de l’art de l’Académie des sciences de République tchèque.

Lieu : UDÚ AV ČR, Husova 4, Prague 1, salle 117
Langue : anglais

L’œuvre de l’historien de l’art Aby Warburg (1866-1929) s’est élaborée dans un corpus philosophique et théorique souvent négligé. Son esthétique s’inscrivait toutefois dans un projet plus ample : l’élaboration d’une « Psychologie » fondée sur les relations entre les diverses formes symboliques forgées par les hommes. Sa méthode oscille ainsi entre une attention extrême aux détails des œuvres d’art et l’ambition plus large de fonder une « science de la culture ». Mon propos s’attachera à explorer sa notion d’énergie en l’associant à l’usage fait par Warburg du concept de « polarité ». Il s’agira donc de mieux appréhender le rôle des influences philosophiques joué dans le développement de ses travaux.

La sémantique historique dans une perspective transnationale et transdisciplinaire : le cas du « milieu »

Wolf FeuerhahnDans le cadre des Grandes conférences de la Plateforme CEFRES,  Wolf Feuerhahn, chercheur au CNRS, directeur adjoint du Centre Alexandre Koyré et directeur de la Revue d’histoire des sciences humaines, prononcera une conférence sur « La Sémantique historique dans une perspective transnationale et transdisciplinaire » en étudiant le cas du « milieu ».

Langue : anglais.

Lieu : CEFRES, Národní 18, Prague 1, salle de conférence, 7e étage.

L’histoire transdisciplinaire est aujourd’hui un domaine de recherche florissant. Dans les dix dernières années, l’histoire des concepts a été influencée  par ce tournant historiographique. Bien plus qu’auparavant, l’accent est mis sur les problèmes de re-sémantisation transnationale et transculturelle des concepts. L’émergence et le succès de nouvelles expressions comme « travelling concepts » (Mieke Bal) ou « nomadic concepts » (Olivier Christin) témoignent bien de ce changement.

Cette présentation se propose d’aller plus loin en s’appuyant sur l’histoire transnationale du terme « milieu ». Après avoir voyagé de la France à l’Allemagne, de l’histoire littéraire à la biologie et à la sociologie, on en est venu à faire du mot milieu une théorie française. On l’a vu comme l’expression d’une forme de déterminisme, d’un lien entre l’essor des sciences naturelles et celui du socialisme. La grande majorité des chercheurs allemands réfutent cette théorie et le mot Umwelt  a été créé pour s’opposer au terme français. Mais Umwelt  a précisément été retraduit par le terme français « milieu », devenant ainsi l’étendard d’une philosophie anti-déterministe et postmoderne (Deleuze).

À travers cette étude de cas, je voudrais promouvoir ce que j’appellerais une « sémantique transnationale et historique », à l’opposé de l’Histoire des concepts de Koselleck qui distingue a priori les mots et les concepts, et réfléchir sur la façon dont les mots sont sémantiquement affectés par leur trajectoire transnationale et interdisciplinaire.

Présences sociales : propositions pour une approche temporelle et sexuée des interdépendances

Dans le cadre des Grandes conférences de la Plateforme CEFRES,  le sociologue Marc Bessin, directeur de l’IRIS – Institut de Recherche Interdisciplinaire sur les enjeux Sociaux (UMR8156 CNRS – EHESS – U997 Inserm – UP13), donnera une conférence sur les « Présences sociales ».

Langue : en français, traduction simultanée en tchèque.

Lieu : au CEFRES, Národní 18, Prague 1, salle de conférence, 7e étage.

Résumé
Cette conférence s’appuie sur des travaux empiriques sur les prises en charge sanitaires, sociales ou parentales, qui seront rapidement présentées pour alimenter les débats sur les dimensions morales et pratiques des activités de care, en insistant sur les enjeux de sexuation et de temporalisation. On postulera que ces pratiques d’accompagnement n’épargnent pas l’espace académique, qui sera abordé au prisme des tensions temporelles entre l’accélération qui affecte nos pratiques de recherche et la Slow Science à laquelle se réfère la sociologie des présences sociales.
Cette sociologie des présences sociales s’inscrit dans la tradition féministe qui observe la division sexuée du travail de prise en charge des besoins d’autrui. Mais elle intègre aussi les dimensions morales des diverses formes de soutiens, assistances, aides et interventions sociales, dans la tradition des politiques et éthiques du care. Dans cette combinaison, tout en suivant certaines approches en termes d’économies morales qui rappellent que les politiques publiques ou sociales s’opèrent dans une tension entre protéger et punir, la sociologie des présences sociales précise que cette distorsion s’étend aux attentions profanes et aux prises en charges privées et souligne surtout que cette polarité des interventions pour autrui est genrée. Loin de naturaliser la protection maternelle de la main gauche de l’Etat et l’autorité paternelle de ses fonctions régaliennes, c’est une approche temporelle des interdépendances qui permet de comprendre la division sexuée du travail social, sanitaire et sécuritaire. La tendance néolibérale contemporaine à la pénalisation de l’Etat social et sa re-masculinisation est la résultante des renoncements à la temporalisation de l’intervention publique et à la généralisation de l’esprit gestionnaire et de son présentisme, jusque dans les secteurs sanitaire, éducatif et social.
En considérant ainsi la temporalité au principe du genre, suivant en cela la problématisation des rapports sociaux de sexe, on peut dès lors définir les présences sociales comme des activités morales ou pratiques, profanes ou professionnelles, de veille ou d’intervention, sécuritaires ou protectrices, destinées à répondre aux besoins d’autrui. La notion de présence permet d’appréhender le processus au-delà de sa dimension matérielle, en ne se limitant pas à l’action présente ni à une relation dyadique. L’impact des présences sociales peut être différé ou s’inscrire dans des logiques de circulation, de don et de dette. Le genre féminin étant caractérisé par une disponibilité temporelle et la responsabilité de la durée, les activités de care sont féminisées et ce sont les femmes qui sont assignées pour en assurer la transmission.
On pourra enfin tirer les conséquences de ces propositions quant à l’engagement du chercheur sur son terrain et dans le monde académique. Ainsi, loin d’un rapport fondé sur la distance censée produire une connaissance neutre de la réalité sociale, ce sont des présences qu’assument les chercheur-e-s en sciences sociales sur le terrain. Elles sont faites de compassion, d’empathie, d’attentes, d’accompagnement et de soutien qui les engagent dans une relation de care. Celle-ci n’est pas unilatérale et peut s’engager dans la durée, allant vers une co-production de savoirs, voire de la recherche-action. La sociologie du travail de l’espace social où les chercheurs restituent, divulguent et transmettent les recherches issues de ce terrain est également caractérisé par d’autres présences. Le monde académique est tout aussi inégalitaire et traversé par les différents rapports sociaux de domination. Une lecture en termes de présences sociales peut en termes descriptifs mettre au jour le travail invisible et déconsidéré de nombre de ses acteurs, qui sont le plus souvent des actrices. En termes normatifs, parler de présences académiques, assumer les relations de care dans le monde de l’enseignement et la recherche, et ainsi objectiver les interdépendances de ses protagonistes, permet d’envisager d’autres formes de circulation du savoir, en prenant soin cependant d’y observer la perpétuation des rapports de pouvoir.
Quoi qu’il en soit, cette attention aux présences académiques impose de s’interroger sur l’esprit gestionnaire qui affecte l’univers de l’enseignement supérieur et de la recherche, se traduisant par une stigmatisation importante du temps long de nos activités et de sa dimension collective. Comment résister à ces tendances fortes tout en ne traduisant pas cette posture par un retrait du chercheur dans sa Tour d’Ivoire ? La sociologie des présences sociales entend contribuer à réfléchir à ces enjeux cruciaux pour les sciences sociales.

Vers une anthropologie des apparitions: l’importance de la recherche de terrain en Europe du Sud-Ouest

Conférence (en anglais) du Pr. Galia VALTCHINOVA (Laboratoire Interdisciplinaire Solidarités, Sociétés, Territoires, Maison de la Recherche, Toulouse 2 University–Jean Jaurès)

à l’École doctorale d’anthropologie de l’Université de Pécs, dans le cadre du cycle de conférences soutenu par l’Académie hongroise des sciences, la FMSH et le CEFRES.

LIEU: PTE BTK, Ifjúság útja 6, Bâtiment D, salle 425, à Pécs, Hongrie.

Anthropology of apparitions is a subfield within anthropology of religion characterized by its dynamism, both in fieldwork and in theoretical issues. It is well known that Central-European field materials have largely contributed to its emergence. In my presentation I will try to demonstrate that Balkans materials may open new thematic avenues in anthropology of apparitions.

The presentation deals with several Balkan examples of visionaries, or alternative religious experts, whose subjectivities and the cultural techniques they use in their religious expertise are patterned by three mainstream religious cultures: Roman Catholicism, or Eastern Orthodoxy, Islam.

Le numérique au défi des grands équipements culturels

Première rencontre du cycle Produire et partager la connaissance à l’ère numérique, avec :

  • Odile Grandet (directrice de préfiguration du grand équipement documentaire du Campus Condorcet)
  • Mélanie Leroy-Terquem (Bibliothèque nationale de France, Gallica)
  • Candice Chenu (Musée du Quai Branly, chargée des publics).

L’acteur entre dispositions et contextes d’action : penser l’unité des sciences humaines et sociales

Conférence inaugurale publique du Pr. Bernard LAHIRE à l’occasion de l’inauguration de la Plateforme CEFRES.

Lieu : Hall Patriotique du Carolinum, Ovocný trh 3, Prague 1.

Bernard Lahire est professeur de sociologie à l’École normale supérieure de Lyon et directeur-adjoint du Centre Max-Weber. Ses travaux ont porté sur les échecs et les réussites scolaires en milieux populaires, les modes populaires d’appropriation de l’écrit, l’histoire de l’« illettrisme », les pratiques culturelles des Français, les conditions de vie et de création des écrivains, l’œuvre de Franz Kafka ou encore l’histoire des rapports entre art et domination en Occident. Son travail aboutit à une théorie de l’action à la fois « dispositionnaliste » et « contextualiste », une réflexion contribuant à spécifier et nuancer la théorie des champs et la théorie de l’habitus développée par Pierre Bourdieu à partir du concept de « jeu social ». Il conduit une réflexion épistémologique sur les sciences sociales et leurs fonctions sociales. Bernard Lahire a aussi formulé des propositions d’enseignement des sciences du monde social dès l’école primaire (L’Esprit sociologique, 2005).

  • L’Homme pluriel (Nathan, 1998)
  • La Culture des individus (La Découverte, 2004)
  • Franz Kafka. Éléments pour une théorie de la création littéraire (La Découverte, 2010)
  • Monde pluriel : penser l’unité des sciences sociales (Le Seuil, 2012).

La conférence sera prononcée en français avec une traduction simultanée en tchèque.