Fake News. Les sciences humaines à l’ère post-factuelle

Première séance 2018 du séminaire interdisciplinaire « Actualité critique«  de l’École normale supérieure (voir infra), organisé en partenariat avec le CEFRES et l’Université Charles, avec le soutien de l’Institut français de Paris.

Lieu : Institut français de Prague, 5e étage
Horaires : 17h30-19h30
Organisateurs : Clara Royer, Ondřej Švec (Faculté des lettres de l’Université Charles), Frédéric Worms (ENS Ulm)
Langue : anglais
Ouvert au public – et en duplex avec l’ENS Ulm

Un débat sur les sciences humaines à l’ère post-factuelle

En duplex avec le séminaire d’Actualité critique de l’ENS : les exposés des intervenants seront prolongés par les débats entre la salle de l’IFP et le séminaire parisien

Intervenants
  • Jakub Jirsa, philosophe et directeur du département de philosophie et des sciences religieuses  (FF UK), spécialiste en philosophie politique ; éditeur de l’ouvrage collectif Idea university (Prague, 2015). Voir ici l’argument de son intervention.
  • Václav Štětka, sociologue (FSV UK ;  Loughborough University), directeur du groupe de recherche sur la communication politique (PolCoRe), auteur de « The Rise of Oligarchs as Media Owners ». Media and Politics in New Democracies. Europe in a Comparative Perspective. Oxford 2015; « The Powers That Tweet: Social Media as News Sources in the Czech Republic » (avec R. Hladík), Journalism Studies, 2015. Voir ici l’argument de son intervention.
  • Ondřej Švec, philosophe (FF UK), auteur du projet La Rationalité et les pratiques d’argumentation dans l’espace public et éditeur (avec J. Čapek) de l’ouvrage Pragmatic Perspectives in Phenomenology (Routledge, 2017). Voiri ici l’argument de son intervention.
  • Frédéric Worms, philosophe, directeur adjoint de l’École normale supérieure de Paris, directeur du Centre international d’étude de la philosophie française contemporaine et membre du Comité consultatif national d’éthique, auteur des 100 mots de la République (PUF, coll. « Que sais-je ? », 2017) Voir ici l’argument de sa contribution.
Argument

À une époque où les forums Internet et les réseaux sociaux commencent, pour une large partie de la population, à constituer la première source d’information, suppléant au rôle des médias plus traditionnels tels que la presse, la radio et la télévision, le débat public est caractérisé toujours davantage par la conflictualité des échanges, d’autant plus qu’une partie des représentants politiques pratiquent une prise de parole intempérante et « excluante » qui ne vise pas au consensus, mais à l’humiliation de l’adversaire ou de l’ennemi présumé.

La dégradation du débat public qui en résulte (et qui se manifeste par l’accroissement des violences verbales et physiques dans nos sociétés, l’abstention aux élections et une méfiance généralisée des citoyens envers la représentation politique) représente un défi auquel le monde académique doit répondre en proposant à la fois de nouveaux instruments d’analyse discursive et de nouvelles formes d’intervention dans l’espace public, capables de faire face aux mésusages de l’information. Nous nous intéresserons, tant aux moyens disponibles pour mieux analyser et comprendre les dangers spécifiques de la circulation de vérités dites alternatives ou d’arguments simplificateurs, qu’aux responsabilités des chercheurs en sciences humaines face à cette masse de fausses informations qui circulent sur la toile. Quel rôle les sociologues, politologues, historiens ou philosophes ont-ils à assumer à l’ère qualifiée de post-factuelle ?

Voir sur le sujet pour lancer la discussion :

 

 

Le séminaire d’Actualité critique

Qui peut nier que l’actualité est devenue critique et devrait être critiquée? Mais dans les deux cas, cette dimension critique peut devenir pathologique, sinon létale. L’actualité critique peut déboucher sur la manipulation des crises, ou sur un criticisme perverti, à l’état d’urgence ou à une suspicion généralisée, et au règne parallèle des « nouvelles de dernière minute » et des « vraies-fausses nouvelles ».

C’est pourquoi nous avons besoin d’une nouvelle critique, pour affronter la réalité de l’actualité critique aujourd’hui. Une critique qui distingue ce qui dans les nouvelles est critique, et ce qui ne l’est pas; une critique qui met en relation les faits et leur interprétation, sous de multiples points de vue, historiques, interdisciplinaires, transnationaux. Car s’il peut exister des biais nationaux dans l’analyse, aucune situation ne peut s’envisager de manière purement universelle et abstraite. C’est pourquoi un rapport européen et interdisciplinaire à l’actualité critique est non seulement possible, mais aussi nécessaire.

Le projet d’Actualité critique européenne trouve son origine dans le séminaire d’Actualité critique de l’École normale supérieure de Paris. Ce séminaire hebdomadaire rassemble élèves et chercheurs autour de thèmes d’importance critique, de la politique à la science en passant par l’économie, la société ou encore les arts. Le projet européen souhaite porter ce séminaire à une échelle européenne en mettant l’accent sur les enjeux européens.

Actualité critique européenne est soutenu par le réseau de l’Institut Français et par d’autres institutions, comme le CEFRES. Il sera lancé en 2018 et aura lieu successivement à Prague, Varsovie et Rome, en duplex avec le séminaire de Paris. Durant ce premier semestre, l' »université » sera à la fois un cadre de réflexion et un enjeu critique, abordé sous plusieurs angles, comme la liberté académique, les frais d’inscription, le statut des étudiants en Europe, l’idée d’université européenne, etc.

L’École Normale Supérieure et l’Institut Français invitent les universités européennes à rejoindre ce réseau et à se saisir ensemble de l’actualité critique, enjeu vital aujourd’hui.

Illustration :

“I’m sorry, Jeannie, your answer was correct, but Kevin shouted his incorrect answer over yours, so he gets the points.”