Colloque international
Date et lieu : 16-18 septembre 2019, Villa Lanna, Prague
Organisateurs : Prague Forum for Romani Histories, en collaboration avec le Séminaire d’études roms du département des études centre-européennes de l’Université Charles, la Faculté de sciences sociales et d’économique de l’Université Valle ainsi qu’avec le Jack, Joseph and Morton Mandel Center for Advanced Holocaust Studies du United States Holocaust Memorial Museum et le CEFRES
Langue : anglais
Le colloque rassemblera des chercheurs d’horizons disciplinaires diverses pour rendre compte à partir d’études empiriques des dimensions multiples des mobilités roms depuis 1945 et analyser les interconnexions existant entre les différentes formes de mobilité des groupes roms par le passé et celles des mouvements récents.
Depuis une dizaine d’années, un nombre croissant de projets de recherche, de publications et de média se sont penchés sur les migrations et les mobilités des Roms. Ces études n’ont néanmoins que rarement envisagé les continuités historiques et les trajectoires sociales qui donnent aux mouvements migratoires leurs formes actuelles. Des études sociologiques et anthropologiques ont rendu compte des stratégies contemporaines des migrants roms, de la construction de classifications et des politiques dont dépendent ces mobilités. Le trope du nomadisme reste présent dans les discussions comme concept fondateur (souvent sous la forme d’un simple lieu commun) que les chercheurs adoptent ou combattent dans leurs argumentations. Nous invitons les chercheurs à remettre en question l’utilité et les limites de cette dualité et à la dépasser en considérant qu’une grande partie des communautés roms appartiennent en Europe à la population sédentaire locale et en analysant à nouveau frais, à l’aide de nouveaux concepts, le mouvement, les circulations et les migrations de l’après-Seconde Guerre mondiale, ainsi que les mobilités sociales et existencielles qui les accompagnent.
La conférence souhaite apporter une contribution au champ de recherche aujourd’hui naissant des études comparées des mobilités roms en portant un regard croisé sur la seconde moitié du XXe siècle. Tandis que les recherches les plus récentes ont mit en lumière les souffrances et les persécutions des Roms durant la Seconde Guerre mondiale, l’après-guerre n’a pas bénéficié de la même attention. C’est le cas, par exemple, de la question du retour des Roms dans leurs foyers détruits, des tentatives gouvernementales de réinstallation ou de dispersion forcées des Roms, mais aussi des migrations internes, de travail ou autres, d’individus en quête d’une vie meilleure et séduits par les multiples opportuniés offertes par les grandes villes industrialisées. C’est le cas encore des trajectoires induites par les « programmes de compensation » mis en place par différents organismes étatiques ou internationaux.
Au sein des minorités persécutées, dont les Roms, beaucoup placèrent l’espoir d’un avenir meilleur dans les projets massifs de restructuration des États européens. En Europe centrale, orientale et sud-orientale, la plupart des Roms, comme d’autres, aspiraient à une plus grande mobilité sociale et une participation entière à la société socialiste. Néanmoins, les projets socialistes d’égalité sociale et d’améloriation du « bien commun » s’accompagnèrent eux aussi de déplacements forcés et de diciplination des corprs pour transformer les membres des communautés roms/tsiganes en citoyens des classes laborieuses.
Les aspirations et les trajectoires des mobilités (sociales) des Roms de l’ouest de l’Europe demeurent elles aussi largement méconnues ainsi que la part des mobilités Est-Ouest des Roms dans l’Europe divisée. Nous disposons encore de peu d’études plaçant les mobilités sociales roms dans le cadre des grandes transformations de l’après-guerre, qu’il s’agisse des relations de genre, des (re)négociation des traditions à l’intérieur et entre les communautés, ou encore des mécanismes et des dispositifs de renégociations identitaires roms, en particulier face aux stigmatisations.
Nous invitons donc les participants à analyser les mobilités les plus variées et la façon dont elles entrent en conflit ou en phase avec l’évolution de ce qui constitue les conditions de ces mobilités, aussi bien comprises comme des mouvements physiques de populations que comme des changements de position sociale. Les organisateurs souhaient initier en particulier une discussion théorique et empirique sur les mobilités comme modes de dispersion et de regroupement entre les mobilités forcées et celles, arrachées au contraire, qui initient des mouvements et des espaces autonomes.
Thèmes et de la conférence
La conférence souhaite rassembler des études ancrées dans des recherches empiriques historiques explorant différents types de mobilités en Europe et au-delà. En plaçant ces mobilités dans un contexte politique, social, historique et culturel élargi, les participants sont invités à rendre compte de migrations volontaires aussi bien que forcées et à dégager des types de mobilités saisonnières ou autres (existencielles, physiques, sociales par exemple) réagissant soit à une oppression soit à l’ouverture de nouvelles possibilités.
Nous engageons en particuliers les personnes intéressées à envisager plusieurs ou une des questions suivantes :
- Les diverses trajectoires et modes des mobilités roms depuis 1945
- Le mouvement comme façon d’échapper à l’oppression ou à l’asymétrie des conditions et de saisir de nouvelles possiblités de mobilité sociale
- Etudes croisant mobilités et différenciations de genre, de classes ou ethniques ou d’autres dimensions de domination sociale
- Les interconnexions entre les mobilités et les formes de violences (physique, symbolique, quotidienne, structuelle)
- Les migrations roms et les politiques socialistes modernistes : les stratégies déployées en vue d’une ascension sociales ; programmes de déplacements et de relocalisations forcés
- La mobilité entre, d’un côté, les politiques d’oppression et les regroupements ou dispersions raciales, et de l’autre la resistance et résilience des individus et des groupes roms
- Les mouvements pour les droits civiques et politiques des Roms et leur relation avec les mobilités sociales et physiques
- Continuités et ruptures dans les migrations : situer les mouvements actuels dans les trajectoires passées des migrations et mobilités
- Les problèmes méthodologiques de l’histoire du présent des migrations et des mobilités roms
- Essai de conceptualisation et de révision critique des migrations et des mobilités au-delà du concept de nomadisme et des tropes étatiques traditionnels ; remise en question des différents modes de vie, au-delà de l’affirmation d’une « promptitude des Roms/Tsiganes au mouvement »
La conférence consacrera un panel aux recherches issues des fonds d’archives de l’International Tracing Service (ITS). L’ITS possède plus de 35 millions de documents datant de l’Holocauste et rassemblant des informations sur le destin de plus de 17 millions de personnes incarcérées, soumises au travail forcé et déplacées durant la Seconde Guerre mondiale. Son fonds concerne aussi les victimes et les survivants roms ainsi que leurs interactions avec les organismes de relocalisations et les programmes de réparation. Les propositions qui présenteraient des recherches menées dans les fonds de l’ITS seront particulièrement prises en considération.
Une session publique sera en outre organisée en coopération avec le US Holocaust Memorial Museum in Washington, DC, au cours de laquelle des experts travaillant sur les fonds de l’ITS présenteront les ressources mises à la disposition du public et aideront les participants et les visiteurs à retrouver des documents concernant leurs ancêtres.
PROGRAMME
16 septembre 2019
14:30 Introduction
Helena Sadílková (Charles University) & Jan Grill (University of Valle): Introducing Trajectories of Romani Mobilities
15:00-17:00 Séance I
Displacement, Survival, and Migration in the Aftermath of World War II and the Holocaust: Romani Trajectories in the Arolsen Archives
Elizabeth Anthony, Visiting Scholar Programs, Jack, Joseph and Morton Mandel Center for Advanced Holocaust Studies, U.S. Holocaust Memorial Museum
Using the Records of the International Tracing Service Digital Archive for Scholarly Research on Roma Victims of the Nazis
Ari Joskowicz, Vanderbilt University and 2013-14 Diane and Howard Wohl Fellow (USHMM)
Romani Refugees between National and International Migration Regimes (1945-1960)
Jury: Jo-Ellyn Decker, Holocaust Survivor and Victims Research Center, U.S. Holocaust Memorial Museum
Discutant: Kateřina Čapková, Institute for Contemporary History, Czech Academy of Sciences
17 septembre 2019
9:30-11:00 Séance II
Manipulation of „Gypsy Nomadism“ in Post-War Europe
Huub van Baar, Institute of Political Science, Justus-Liebig University Giessen, Amsterdam Centre for Globalisation Studies, University of Amsterdam
The Ambiguous Politics of Protection in Post-War Europe: Irregularizing Citizenship of Roma through Mobile Governmentalities
Stefánia Toma – László Fosztó, Romanian Institute for Research on National Minorities in Cluj-Napoca
The mobility of the Roma as Resource and/or Obstacle for Social Integration in Romania
Filip Pospíšil, City University of New York, Anthropology Department of John Jay College of Criminal Justice
Nomads from the Neighboring Village – The Intrastate Mobility of the Unwanted
Jury: Yasar Abu Ghosh, Department of Anthropology, Faculty of Humanities Charles University
Discutant: Ari Joskowicz
11:00-11:30 Pause café
11:30-13:00 Séance III
Negotiating Intrastate Policies During Socialism
Ana Chiritoiu, Department of Sociology and Social Anthropology, Central European University
‘Capable’, ‘Free’, and ‘Universal’: The Circulation of Roma Between Idioms of Resistance and Difference. A Case-Study from Southern Romania
Markéta Hajská, Seminar for Romani Studies, Department for Central European Studies, Faculty of Arts, Charles University
The Assimilation Policies of 1950s Czechoslovakia Towards Itinerant Groups as Viewed by Romani Witnesses: The Case of Žatec and Louny
Jan Ort, Seminar for Romani Studies, Department for Central European Studies, Faculty of Arts, Charles University
The Policy of “Controlled Dispersal” of the Roma in the 1960s in the Former Czechoslovakia. A Case Study of Humenné District
Jury: Helena Sadílková
Discutant: László Fosztó
13:00-14:00 Pause déjeuner
14:00-15:30 Séance IV
Challenging Borders and Closed Concepts
Licia Porcedda, École des hautes études en sciences sociales
The Trajectory of Croatian Roma in 1940s and 1950s Italy. Citizenship, Social Control and Inclusion Through the History of Rosa Raidich
Sabrina Steindl-Kopf – Sanda Üllen, Institute of Modern and Contemporary History at the Austrian Academy of Sciences
Intersections of Participatory Action and Migration Biographies of Romani Migrants in Vienna
Dušan Slačka, Museum of Romani Culture
Effects of Political and Administrational Situation on Territorial Movement and Life of the Roma in Moravian-Slovak Borderlands – Example of Districts of Hodonín and Senica till 1970s
Jury: Ilsen About, National Centre for Scientific Research (CNRS) in Paris
Discutant: Eszter Varsa, Leibniz Institute for East and Southeast European Studies, Regensburg
15:30-16:00 Pause café
16:00-17:30 Discussion/Forum
Interrogating Analytical Categories: On Pitfalls and Hopefulness in the Emerging Research Field (‘Mobilities’, ‘Migrations’, ‘Trajectories’ and Beyond)
Jan Grill (University of Valle), Yasar Abu Ghosh (Charles University), Helena Sadílková, (Charles University), Martin Fotta, Goethe University, Frankfurt
Jury: Krista Hegburg, U.S. Holocaust Memorial Museum
18 septembre 2019
9:30-11:30 Séance V
Beyond the Binary of Nomadism and Settlement
Kamila Fiałkowska – Michał P. Garapich – Elżbieta Mirga-Wójtowicz, Centre of Migration Research, University of Warsaw
Migration Regimes, Kinship and Ethnic Boundaries Impact on Migration Strategies and Practices: Case Study of Roma Migrants from Poland to the UK
Judit Durst (University College London) – Zsanna Nyírő (Corvinus University of Budapest)
Interrupted Continuity: The Role of Kinship in Migration among (Trans)nationally Mobile Roma Factory Workers from Rural Hungary at the Global Assembly Line
Daniel Škobla (Slovak Academy of Sciences – Institute of Ethnology and Social Anhtropology) – Mario Rodriguéz Polo (Palacký University in Olomouc – Department of Sociology, Andragogy and Cultural Anthropology)
Escaping Ethnic Traps. Cyclical Migration from Slovakia to Austria as a Way to Escape Poverty and Oppression
Jury: Jan Grill
Discutant: Huub van Baar