Quand tous les chemins menaient à Paris. Les échanges artistiques entre la France et l’Europe médiane au cours du XIXe siècle

Date limite d’envoi des propositions : 18 mars 2018
Organisatrices : Kristýna Hochmuth (UDU FF UK, NG) et Adéla Klinerová (CEFRES / ÚDU FF UK & EPHE)
Partenaires : CEFRES, ÚDU FF UK, ÚDU AV ČR, NG
Dates et lieu : 26-27 juin 2018, AV ČR, Národní 1009/3, Prague 1, salle 205
Langues : français, anglais

Aspects pratiques

La présente journée d’étude organisée par le CEFRES, l’Institut d’Histoire de l’Art de la Faculté des Lettres de l’Université Charles (ÚDU FF UK), la Galerie nationale de Prague (NG) et l’Institut d’Histoire de l’Art de l’Académie des sciences de la République tchèque (ÚDU AV ČR) est destinée aux doctorants, post-doctorants et jeunes chercheurs. Les échanges seront ouverts par une conférence inaugurale du professeur  Marek Zgórniak (Institut de l’Histoire de l’Art, Université Jagellonne, Cracovie)  et se prolongeront au cours d’un programme complémentaire destiné aux participants actifs et ouvert au public. Les communications n’excéderont pas 25 minutes et seront suivies de discussions.

Merci de faire parvenir aux deux organisatrices vos propositions de communications de 1800 à 3600 signes, en français ou en anglais, avant le 18 mars 2018, avec le formulaire de candidature rempli. Le comité de sélection contactera les candidats retenus au plus tard le 20 avril 2018. Les frais de déplacement et d’hébergement des participants ne peuvent être pris en charge par les organisateurs, mais nous proposons notre aide pour réserver le logement à Prague. La publication des travaux de la journée est prévue.

Télédécharger le formulaire de candidature ici

Argumentaire

La présente journée d’étude sera centrée sur les échanges artistiques au cours du long XIXe siècle (1789-1914) entre la France et l’Europe médiane (de l’Allemagne à la Russie).
On le sait, Paris a incarné une capitale culturelle éminente au XIXe siècle, et plus encore vers le tournant du siècle. Du moins est-ce ainsi qu’elle a souvent été évoquée par les artistes de l’Europe médiane qui souhaitaient en franchir les boulevards. Un imaginaire de la modernité française en Europe médiane a vu dans la France, et Paris surtout, une maturité de la vie culturelle et une richesse dans ses réalisations architecturales grandioses, dont l’Opéra Garnier était paradigmatique, mais aussi le lieu de l’émergence de courants artistiques novateurs.

Le but de cette rencontre est de reprendre ce sujet classique en histoire de l’art qu’est le rayonnement de la France artistique, et de l’analyser du point de vue de la théorie des transferts culturels. Il est ainsi question des différents aspects de la diffusion de la culture française à travers le domaine des beaux-arts (peinture, sculpture, architecture, arts appliqués, muséologie et protection du patrimoine).

D’abord, il faut s’interroger davantage sur les phénomènes propres au milieu français ou parisien qui ont retenu un tel intérêt auprès de la communauté artistique européenne et donc, sur les motivations des échanges culturels. Ceux-ci incluent la circulation de modèles, savoirs, pratiques, idées, motifs et formes, ou encore l’assimilation des structures institutionnelles.
Ensuite, il est question des réseaux permettant ces échanges, qui se constituent à partir des lieux de médiation et grâce à des médiateurs. Mentionnons ainsi le rôle des ateliers, musées, colonies d’artistes, revues artistiques ou professionnelles, associations artistiques, salons et cercles intellectuels, etc. Les médiateurs individuels ne se réduisent quant à eux pas aux artistes eux-mêmes, mais incluent les commanditaires, marchands d’art, galeristes, théoriciens et critiques d’art.
Enfin, la réception, l’appropriation et la réinterprétation des données au sein des cultures d’accueil doit être analysée. Les conditions dans lesquelles se produisent les échanges artistiques peuvent être déterminées par la situation politique et économique, selon l’ouverture d’une société vers le cosmopolitisme ou son rejet, l’accentuation ou non des idées nationales, ou encore par le fonctionnement du cadre institutionnel.

Le XIXe siècle est une époque fondatrice à bien des égards. Dans le contexte des beaux-arts, il faut souligner le développement du cadre institutionnel, qui touche à la fondation de musées et galeries, de sociétés d’artistes, architectes et ingénieurs, à la création des revues artistiques, au déploiement du marché de l’art ou encore à la naissance du système de la protection du patrimoine. Le XIXe siècle représente en même temps une époque de changements profonds. Les capitales européennes vivent une transformation urbaine importante et se trouvent souvent en chantier. L’architecture doit ainsi répondre aux nouveaux besoins de la société. L’aristocratie européenne, tout en gardant une place considérable parmi les commanditaires, joue désormais son rôle aux côtés de la nouvelle bourgeoisie, pour ne nommer que quelques phénomènes pertinents pour notre focus. Enfin, dans le contexte respectif des échanges culturels, il est important de prendre en considération la polarité entre la volonté de sauvegarder la tradition locale et celle d’assimiler des éléments novateurs.

Les propositions peuvent s’inscrire dans les thématiques suivantes :

Enseignement et formation artistique : L’enseignement poursuivi dans les établissements en Europe a pu, dans certains cas, contribuer à l’acquisition d’une meilleure connaissance de l’art français et de son histoire. D’un autre côté, beaucoup d’artistes ont voulu se rendre à Paris pour bénéficier de l’enseignement à l’Académie des beaux-arts ou bien dans des ateliers privés. Pour cette raison, la composition sociologique des élèves se situera au cœur de nos réflexions. Les pratiques quotidiennes dans les ateliers, y compris les aides pédagogiques utilisées (modèles, publications diverses), constituent également un important aspect à traiter.

Migration artistique : La migration artistique représente le véhicule majeur du flux culturel. L’enseignement est un des phénomènes qui la provoquent, mais il faut en identifier d’autres : les commandes reçues à l’étranger ou bien le pouvoir d’attraction des grandes expositions, des personnages artistiques renommés, des courants artistiques à la mode. La migration a lieu à diverses échelles : voyages de courte durée, séjours plus longs, voire installation des artistes à l’étranger. Il est souhaitable que les contributions valorisent des sources témoignant de la migration artistiques (carnets, agendas et récits de voyage, correspondance, catalogues d’exposition).

Style et expression artistiques : Quels sont les éléments novateurs qui ont initié une fascination pour l’art français ? De quelle façon les échanges effectués ont-ils marqué la production artistique dans l’espace des pays de l’Europe médiane ? Comment la référence à l’art français était-elle reçue à l’étranger ? Que signifiait-elle ? Comment le phénomène évolue-t-il par rapport aux générations successives ?

Topographie des transferts culturels : Il est ici question de la restitution des voies de transmission au sens géographique, et de l’importance du réseau des villes. La portée des villes de Paris, Vienne, Berlin ou Munich comme à la fois centres culturels et nœuds d’information et de transport pourra ainsi être prise en compte.

Bibliographie indicative

  • BIRKE Ernst : Frankreich und Ostmitteleuropa im 19. Jahrhunderts. Cologne/Graz, 1960.
  • CHARLE Christophe : La Dérégulation culturelle. Essai d’histoire des cultures en Europe au XIXe siècle, Paris, 2015.
  • CHARLE Christophe (éd.) : Le temps des capitales culturelles. XVIIIe-XXe siècles, Seyssel (Ain), 2009.
  • ESPAGNE Michel, WERNER Michaël (dir.) : Transferts. Les relations interculturelles dans l’espace franco-allemand (XVIIIe et XIXe siècle), Paris, 1988.
  • FERENČUHOVÁ Bohumila (dir.) : La France et l’Europe centrale. Les relations entre la France et l’Europe centrale en 1867-1914. Impacts et images réciproques, Bratislava, 1995.
  • FERENČUHOVÁ Bohumila, GEORGET Jean-Louis (éds.) : Politické a kultúrne transfery medzi Francúzskom, Nemeckom a strednou Európou (1840-1945). Prípad Slovenska, Bratislava, 2010.
  • HUEMER Christian : Paris – Vienna. Modern art markets and the transmission of culture, 1873–1939, Dissertation, City University of New York, 2013.
  • HORSKÁ Pavla : Prague – Paris, Prague, 1990.
  • HORSKÁ Pavla : Sladká Francie, Prague, 1996.
  • MARÈS Antoine (dir.) : La France et l’Europe centrale. Médiateurs et médiations, Paris, 2015.
  • NERLICH France : La peinture française en Allemagne, 1815-1870), Paris, 2010.
  • NERLICH France, BONNET Alain (dir.) : Apprendre à peindre. Les ateliers privés à Paris, 1780-1863, Actes du colloque (Tours juin 2011), Tours, 2013.
  • NERLICH France, SAVOY Bénédicte et al. (dir.) : Pariser Lehrjahre. Ein Lexikon zur Ausbildung deutscher Maler in der französischen Hauptstadt, Bd II, 1844-1870, Berlin/ Boston, 2015.
  • SAVICKÝ Nikolaj : Francouzské moderní umění a česká politika v letech 1900-1939, Prague, 2011.
  • ZGÓRNIAK Marek : Wokół neorenesansu w architekturze XIX wieku, Cracovie, 1987, rééd. Cracovie, 2013.
  • ZGÓRNIAK Marek : « Polscy uczniowie Académie Julian do roku 1919 / Polish students at the Académie Julian until 1919 », in: RIHA Journal, août 2012 (sans numéros de pages).

Illustration : Viktor Barvitius, Place de la Concorde à Paris, étude, détail, 1866, NG Prague