Francouzsko-český historický seminář

Serge LUSIGNAN (professeur émérite de l’Université de Montréal) prononcera deux conférences:

9 h 10 – Français, latin et anglais : communication écrite et communication orale dans l’Angleterre des XIVe et XVe siècles

10 h 50 – Aux portes de l’Université de Paris : la place de la langue française dans le monde universitaire

Lieu : au CEFRES

Organisateurs : Le Séminaire franco-tchèque en histoire est organisé par l’Université Charles de Prague, Faculté des lettres, en partenariat avec le CEFRES.

Français, latin et anglais : communication écrite et communication orale dans l’Angleterre des XIVe et XVe siècles
Cette conférence vise à explorer les mécanismes de la communication entre les autorités publiques qui utilisaient à l’écrit deux langues, le français et le latin, et la population qui en bonne partie les ignorait. Je vais montrer à quel point un tel processus de communication reposait sur la présence partout en Angleterre de relais capables de traduire en anglais local la parole royale exprimée dans les deux langues d’écriture et qui pouvaient également mettre par écrit dans ces deux mêmes langues les volontés des sujets exprimées dans leur vernaculaire local. Je suggérerai que ce mode de communication fondée sur la traduction s’inspirait de celui que l’Église pratiquait depuis des siècles en Europe. En Angleterre, ce mode de communication eut une influence profonde sur la langue anglaise dont le lexique s’est largement romanisé durant cette période. Au surplus, cette présentation fera ressortir la relation indissociable entre l’histoire de la France et de l’Angleterre au Moyen Âge.

Aux portes de l’Université de Paris :
la place de la langue française dans le monde universitaire
Une lecture renouvelée des sources laisse soupçonner que la langue française occupa une certaine place au côté du latin dans une institution dont le discours idéologique semble la bannir complètement. On a longtemps insisté sur le caractère diglossique de leur rapport entre les deux langues. Je voudrais mettre en lumière le caractère de langues en contact qui fut le leur, même dans un milieu comme l’université qui revendiquait le latin comme sa langue unique et identitaire. Pourtant, plusieurs œuvres littéraires vernaculaires sont nées en milieu universitaire à partir du XIIIe siècle. Il arrive à l’occasion que la connaissance du français vienne éclairer certains propos doctrinaux latins. Enfin, il faut prendre en compte que la langue de travail des étudiants formés en latin allait être le français ; pensons aux juristes ou à ceux qui se destinaient aux activités pastorales au sein du clergé. Ma conférence va explorer les différentes facettes de la question et tenter de dégager un portrait d’ensemble. Elle permettra également de poser de façon plus générale la question du rapport entre le latin et le français dans la France du Moyen Âge.

Serge Lusignan a enseigné l’histoire du Moyen Âge pendant 35 ans à l’Université de Montréal où il a été élu professeur émérite en 2009. Il est membre associé du Laboratoire de Médiévistique Occidentale de Paris (LAMOP Université de Paris I – CNRS). Professeur à l’Université de Paris XII de 1990 à 1992 et Mundus Visiting Fellow de l’Université de Saint Andrews d’octobre à décembre 2005, il a aussi obtenu la prestigieuse bourse de recherche Killam du Conseil des arts du Canada de 2002 à 2004. Parmi ses conférences en tant que professeur invité, signalons celle qu’il a prononcée le 28 septembre 2007 devant l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, sous le patronage de Philippe Contamine et André Crépin.

Choix de publications récentes

  • Essai d’histoire sociolinguistique. Le français picard au Moyen Âge, Recherches littéraires médiévales, 13, Paris, Classique Garnier, 2012, 340 pages.
  • L’introuvable unité du français. Normes, contacts et variations linguistiques en Europe et en Nouvelle France (XIIe– XVIIIe siècle), Québec, Presses de l’Université Laval, 2011, 318 pages, avec France Martineau, Yves-Charles Morin et Paul Cohen.
  • Le formulaire d’Odart Morchesne dans la version du ms BnF fr. 5024, Mémoires et documents de l’École des chartes 80, École des chartes, Paris, 2005, 480 pages, avec Olivier Guyotjeannin, avec le concours des étudiants de l’École nationale des chartes et la collaboration d’Eduard Frunzeanu.
  • La langue des rois au Moyen Âge. Le français en France et en Angleterre, Presses Universitaires de France, Paris, 2004, 296 pages.
  • « Vérité garde le roy » La construction d’une identité universitaire en France (XIIIe -XVe siècle), Paris, Publications de la Sorbonne, 1999, 332 pages.
  • Parler vulgairement. Les intellectuels et la langue française aux XIIIe et XIVe siècles, Paris-Montréal, Vrin-Presses de l’Université de Montréal, 1986, 2e éd. 1987, 204 pages.
  • Préface au Speculum maius de Vincent de Beauvais : réfraction et diffraction, Montréal-Paris, Bellarmin-Vrin, 1979, 146 pages.

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