Cet axe se fonde sur une définition de l’espace à la fois empirique et symbolique (sociale, géographique, historiographique), en tant que construction issue d’une pratique et d’une expérience.
L’expérience de l’espace est déterminée par la configuration imposée par les objets – architecturaux, instrumentaux, communs. On s’inspire ici des travaux sur la vie sociale des objets qui permettent de les saisir dans leur interaction avec les individus et les groupes. Or, ce quotidien des objets s’entrecroise avec les structures symboliques associées aux espaces : cartographie mentale par laquelle l’espace est arpenté et imaginé ; traces, qui s’offrent à une archéologie d’un événement à la fois disparu et rejaillissant, une présence-absence ; palimpsestes, qui superposent les couches temporelles ; et limites, concrètes et symboliques, par lesquelles l’espace est déterminé, classifié, organisé, approprié.
Il s’agit de dépasser l’opposition entre les niveaux microscopique et macroscopique de l’étude des espaces et de jouer sur les différentes échelles d’observation. Cet axe souhaite développer une réflexion sur l’intégration des représentations de l’espace et du local dans les paradigmes actuels des sciences sociales et humaines. Or, chaque recherche est située dans un lieu de production des savoirs, dont la place dominante ou marginale dans l’économie de la science n’est pas sans effets. Le poids et l’efficacité de ces représentations restent importants pour l’espace centre-européen, marqué par une tension persistante entre morcellement et recompositions des frontières et des territoires, mais aussi par des perceptions hétérogènes sur les appartenances.
Cet axe s’ouvre donc aux sociologues, géographes, historiens de l’art, de l’architecture, politistes, historiens, ou historiens de la littérature, qui s’interrogent sur le quotidien matériel et symbolique d’espaces concrets, palimpsestes ou fantômes. Il intègre les travaux sur l’expérience de l’espace urbain et rural, lieux de confrontation et de construction des espaces public et privé, des espaces internes et externes. Les travaux pensant les échelles spatiales peuvent bénéficier de l’élan apporté par la micro-histoire à l’histoire globale, en articulant la longue durée et l’irréductibilité de cas situés.
Les recherches dont l’objet est situé dans l’espace de l’Europe centrale, à la jonction de cet espace et d’autres espaces ou encore en comparaison avec d’autres “aires culturelles”, seront privilégiées.