XXXIIe Université d’Été de l’Association Jan Hus. Matières et choses inutiles : détritus, déchets, ordures, restes, fragments…
Que deviennent les choses dont nous n’avons plus usage, que nous avons utilisées, usées ? La question apparaît d’entrée de jeu écologique. L’anthropocène est aussi l’âge de la production et de la consommation comme également productrices de déchets. Par-delà les injonctions pratiques et les superstitions catastrophistes on propose ici des voies de réflexion multi directionnelles.
Date : du 21 au 25 août 2024
Lieu : Košice, Slovaquie
Comité d’organisation :
- Daniel VOJTEK (Université P. J. Šafárik, Košice, Slovaquie)
- Karin SEMANÍK MIKLÓSSIOVÁ (Université P. J. Šafárik, Košice, Slovaquie)
- Zuzana MALINOVSKÁ (Université Comenius, Bratislava, Slovaquie)
Comité scientifique :
- Eva BERÁNKOVÁ (Université Charles, Prague, République tchèque)
- Sylviane COYAULT (Université Clermont-Auvergne, Clermont-Ferrand, France)
- Josef FULKA (Académie tchèque des sciences, Prague, République tchèque)
- Róbert KARUL (Académie slovaque des sciences, Bratislava, Slovaquie)
- Petr KYLOUŠEK (Université Masaryk, Brno, République tchèque)
- Zuzana MALINOVSKÁ (Université Comenius, Bratislava, Slovaquie)
- André SCALA (IDBL Digne-les-Bains, France)
- La durée de la matière.
Ni la production ni la consommation n’anéantissent leur matière première ou leurs produits. Il y a toujours des restes inorganiques. D’où le thème économique : économie du principe de Lavoisier, tout se transforme. La valeur d’échange de ce qui n’a plus de valeur d’usage (par exemple le commerce du droit d’émission de carbone ; le commerce des déchets).
Philosophiquement la persévérance de la matière n’implique-t-elle pas un renouveau du matérialisme (Dagognet) ? Déjà le poème de Lucrèce se terminait par la pandémie pestilentielle.
Anthropologiquement les déchets et la mort sont liés : incinération, enfouissement (nous traitons nos déchets comme nos morts ; périphérie des décharges comme, en général, des cimetières). D’où une réflexion psychopathologique : les reliques (restes) sont-elles là pour nous souvenir des morts ou bien pour nous assurer qu’ils sont bien morts ? Problème du deuil, pathologie des détritus, le fameux syndrome de Diogène.
La littérature offre aussi le thème d’une matière qui ne cesse de mourir (Francis Ponge).
- Le rapport matière/forme.
Quelle signification présente à l’âge des déchets massifs la question de Parménide (Platon) : y a-t-il une idée, une forme, des détritus ?
Les ordures sont-elles un pur sensible ?
Ce thème est aussi investi par l’art moderne et contemporain : par exemple le passage de la représentation à l’objectal (Utilisation d’objets chez Braque, Picasso ; le ready made de Duchamp). Les poussières de Parmiggiani ; l’art informel (Fautrier) ; affiches lacérées (Villeglé) ; la graisse de Beuys, compressions (César), etc.
3. Le rapport de l’Être à toutes les formes de déchets.
La littérature peut nous donner matière à réflexion ici (le rapport du fécal et de l’être chez Artaud, les existences dans les poubelles de Beckett, la vie dans les décharges, etc.).
On peut aussi songer aux sordidissimes de Quignard. Or le roman pourrait être comme pour son Albucius un endroit où toute chose abandonnée ou plutôt muette pourrait être recueillie.
Du point de vue formel, on songera aussi aux « restes » ou fragments inédits que les écrivains retranchent de leurs œuvres et publient ailleurs en recueils ou qui fournissent le germe d’une nouvelle œuvre.
4. Fragment
« Ce qui reste d’une chose déchirée » : De manière générale, comment la littérature en use avec les bouts de texte, pensées éparses, morceaux de mosaïques retrouvés ou prétendument recueillis, en privilégiant le discontinu, le décousu.
De même, si on reprend la parenté avec l’écologie, le recyclage est un terme très utilisé en littérature : recyclage ou remake de formes ou de textes anciens. L’écriture palimpseste peut sans doute être assimilée à du recyclage littéraire.
D’un autre point de vue les effets juridico-politiques des choses sans maître dont chaque propriétaire demeure néanmoins responsable (propriété qui survit à la possession). Ce que nous faisons de nos déchets traduit directement la porosité entre individu et communauté ; espace public et espace privé. Nous sommes sujets de droit de nos déjections, de ce dont nous nous dépossédons. L’être (de droit) survit à l’avoir.
Enfin notre être comme homo faber est interrogé par l’économie de l’innovation, de l’invention, de la destruction créatrice (Schumpeter). Avec l’obsolescence produite anticipée (programmée), l’inutilité devient indépendante de l’usure et de notre usage. Les choses ont-elles encore le temps de devenir vieilles ?
Envoi dʼune proposition de communication :
Nous invitons les personnes dont les recherches et travaux portent sur l’un des aspects du thème proposé à rédiger une proposition de communication d’environ 2 500 caractères (espaces compris) et à l’envoyer aux adresses électroniques daniel.vojtek@upjs.sk et karin.miklossiova@upjs.sk avant le 15 avril 2024, avec, en PJ, le formulaire d’inscription rempli. Les contributions en version intégrale seront sélectionnées par le comité scientifique et soumises à une évaluation en double-aveugle avant d’être publiées dans les actes de colloque. Tous les renseignements sur la mise en page des textes seront communiqués aux auteurs ultérieurement.
Frais dʼinscription :
- 100 euros – enseignants et chercheurs
- 70 euros – doctorants