Affects, pratiques d’écriture quotidienne et les origines de l’autoanalyse. Le cas de Julian Ochorowicz et Sigmund Freud
4e session 2022 du Séminaire du CEFRES
Date : mercredi 30 mars 2022 à 16h30
Lieu : CEFRES et en ligne (pour vous inscrire, écrivez à l’adresse : claire(@)cefres.cz)
Langue : anglais
Avec : Agnieszka Sobolewska (Université de Varsovie / Sorbonne Université / CEFRES)
Résumé
De quelle façon les différentes pratiques d’écriture quotidienne (tenir un journal ou écrire des lettres par exemple) sont-elles liées aux sciences dans la deuxième moitié du dix-neuvième siècle ? Comment les différences de technique d’autoréflexion (l’introspection ou l’autoanalyse) sont-elles reflétées dans les divergences génériques entre journal et pratique épistolaire ? Au cours de cette présentation, j’analyserai les changements importants de la littérature psycho-médicale du dix-neuvième siècle laquelle était étroitement liée à la question de l’introspection psychologique et l’émergence de l’autoanalyse psychanalytique à la fin des années 1890. Ces changements peuvent être observés de près dans les écrits sur la vie de psychologistes, de physiciens et de futurs psychanalystes du dix-neuvième siècle, des écrits qui seront également importants pour la future compréhension du soi au vingtième siècle.
Dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle, les journaux ont souvent servi d’espace de pratique de l’introspection. Pendant plus de cinquante ans, le scientifique polonais Julian Ochorowicz (1850-1917) – l’une des figures les plus importantes de la réflexion psychanalytique en Pologne – a tenu un journal dans lequel il pratiquait l’introspection, écrivant plus de vingt-quatre mille pages. Freud a lui aussi expérimenté l’autoréflexion, mais son autoanalyse était basée sur un dialogue avec autrui. Pour Freud, les correspondances – plus que les journaux – sont devenus un outil parfait d’autoanalyse. La lecture des journaux d’Ochorowicz et des correspondances de Freud avec Wilhelm Fliess (1858-1928) montre que l’introspection et l’autoanalyse sont intimement liées aux pratiques d’écriture quotidienne – journaux (dans le cas d’Ochorowicz) et lettres (dans le cas de Freud).
Au cours de ma présentation, j’explorerai le rôle crucial joué par les écrits de vie dans la formation d’un corpus de connaissance en psychologie et lors des débuts de la psychanalyse. En analysant les cas d’Ochorowicz et de Freud, je veux montrer comment la pensée psychologique et psychanalytique moderne ont été influencées par les écrits de vie et comment la psychologie du dix-neuvième siècle a permis une compréhension nouvelle des pratiques d’écriture quotidienne définies comme proches de l’autoanalyse.