Un petit quelque chose en Yiddish. Cadre(s) conceptuel(s) pour l’étude des échanges culturels polono-yiddish au XXe siècle

Conférence de Karolina Szymaniak (Université de Wrocław) dans le cadre du séminaire d’histoire moderne des Juifs, organisé par l’Institut d’histoire contemporaine (Académie tchèque des sciences) et le CEFRES en partenariat avec l’Institut Masaryk (Académie tchèque des sciences).

Lieu : Na Florenci 3, 110 00 Prague 1
Horaires : 17h00-18h30
Langue : anglais

Lorsqu’en 1988 le poète Marcin Świetlicki a formulé, dans son désormais célèbre poème, sa critique sévère de la rhétorique de l’opposition culturelle et de son appropriation par l’histoire, il écrivit : « plutôt que de dire : j’ai mal aux dents, j’ai/ faim, je suis seul (…)/ ils disent calmement : Wanda/ Wasilewska, Cyprian Kamil Norwid,/ Józef Piłsudski, Ukraine, Lituanie/ Thomas Mann, la Bible, et finalement un petit quelque chose/ en Yiddish ». Comme  Eugenia Prokop-Janiec  l’a montré dans les années 1980, le Yiddish a été considéré comme faisant partie du code de la culture indépendante, et s’y intéresser est devenu une forme de résistance. Mais quel était ce « petit quelque chose » indéfini, et quelle tradition était alors sous-jacente à sa présence dans le discours polonais ? Quelle signification et quel contenu lui était-il conféré ? Comment cette tradition met-elle sous pression les représentations du passé juif polonais et la manière dont nous écrivons l’histoire de la culture en Pologne ?

L’exposé prendra la forme d’une discussion sur les approches existantes et à venir concernant l’étude des contacts culturels polonais-yiddish au cours du XXe siècle, sur leurs limites et leurs ramifications. Il s’agit d’un travail de présentation sur un projet en cours. En s’intéressant à l’histoire des relations culturelles du polonais-yiddish et aux discours, en les interprétant par le prisme  de différentes études culturelles, cette étude cherche aussi à proposer d’autres manières de conceptualiser l’histoire de la culture en Pologne. Cette approche prend en compte les perspectives des minorités, tout en respectant leur indépendance, et crée un espace où un « petit quelque chose » peut se transformer en un phénomène polyphonique complexe régit par ses propres règles.