Les premières cartes du monde

Les premières cartes du monde?
Les origines mythiques et géographiques de la naissance de l’Europe et de l’idée des continents

Premième session du Séminaire interdisciplinaire francophone du CEFRES 2023-2024 : La carte et la frontière
En 2023, nous souhaiterions commencer par interroger l’acte même de délimiter et de représenter (un territoire, une période, une trajectoire), bref, à l’aide du feu croisée de nos disciplines respectives, interroger la carte et la frontière.

Lieu : Bibliothèque du CEFRES, Na Florenci 3, Prague 1
Date : le vendredi 13 octobre de 10h à 11h30
Langue : français

Sylva Fischerová
faculté des Lettres de l’Université Charles de Prague

Nous vivons dans un monde divisé en continents. Ce fait est évident pour nous, mais un examen plus attentif de la carte du monde peut faire douter de cette évidence, conduisant même certains à parler du « mythe des continents ».

L’objectif de ma contribution est de présenter le contexte plus large dans lequel le concept des continents émerge : en particulier, la création des premières cartes du monde, l’Imago mundi babylonien (British Museum 92687), et les premières cartes du monde de provenance grecque, attribuées à Anaximandre de Milet et ensuite à Hécatée de Milet, dont les idées géographiques peuvent être reconstruites à partir des fragments conservés de son œuvre Periegesis, et aussi sur la base d’autres témoignages, y compris l’œuvre d’Hérodote.

Ce qui est décisif ici, ce sont les facteurs suivants : raisonnement dichotomique ; oppositions binaires ; constructivisme géométrique (selon les mots de Gehrke, « la terre est mise au lit de Procruste de la géométrie ») aussi bien que les récits mythiques et l’expérience politique.

Je ris, quand je vois que beaucoup déjà ont dessiné des images d’ensemble de la terre, sans qu’aucun n’en ait donné un commentaire raisonnable ; ils représentent l’Océan enveloppant de son cours la Terre, qui serait toute ronde comme si elle était faite au tour, et s’imaginent Asie égale à l’Europe. (…) Je ne puis pas non plus m’expliquer à quelle occasion la terre, étant une, a reçu trois dénominations distinctes, tirées de noms de femmes (scil. Europe, Asie, Libye), et ont été fixés entre ses parties comme lignes de démarcation le Nil, fleuve d’Égypte, et le Phase de Colchide (d’autres disent le Tanaïs, fleuve du pays des Maiotes, et les détroits Cimmériens) ; pas davantage, savoir les noms de ceux qui tracèrent ces démarcations, ni d’où ils ont tiré les dénominations des parties. 

– Hérodote, Histoires IV, 36 ; 44 ;  trad. par Ph.–E. Legrand.

Voir le programme complet du séminaire ici.