Une conférence de Sabine Arnaud (Centre Alexandre Koyré, EHESS)
Quand : mercredi 3 mai, 18h30-20h
Où : Institut français de Prague, 5e étage, Štěpánská 35, Prague 1
Langue : anglais
Résumé
La fascination qu’exerça l’invention d’une machine parlante fait se croiser deux sujets majeurs du dix-huitième siècle : l’articulation comme signe de civilisation et la polémique autour de l’homme-machine. Alors que se développe l’enseignement de la parole aux élèves dits « sourds-muets », certains ont pu considérer la machine comme un complément de l’œuvre de la nature susceptible de fournir de nouveaux moyens de communiquer à l’humanité. D’autres en vinrent à présenter la machine comme un modèle pour enseigner l’articulation et les rouages de la voix humaine. C’est ainsi que la machine parlante a, d’une part, représenté une source d’enchantement et de terreur : si les machines pouvaient parler, le langage pouvait-il être considéré comme une caractéristique strictement humaine ? D’autre part, si l’articulation était mécanique, qu’est-ce qui distinguait les hommes des animaux ? J’analyserai comment les philosophes, les ingénieurs, hommes de lettres et pédagogues français du XVIIIe siècle ont médité à l’acquisition du langage et comment ils ont articulé la relation entre corps, machine et langage en rapport à leurs idées sur l’humanité en tant que telle.
Illustration : Affiche des Têtes parlantes de l’Abbé Mical.