Le travail académique. Histoire d’une tension essentielle entre la recherche et l’enseignement

Conférence de Pierre-Michel Menger, professeur au Collège de France

Cette conférence est organisée par le Département de sociologie historique (FHS UK) dans le cadre de son programme Historicko-sociologických konfrontací.

Organisateurs : HISO FHS UK & CEFRES
Où : CEFRES, Na Florenci 3, bâtiment C, 3e étage, salle de conférence
Langue : anglais

Pierre-Michel Menger (1953) est un sociologue français connu pour ses travaux en sociologie de l’art et de la création. Professeur au Collège de France (Chaire de Sociologie du Travail Créateur) et à l’EHESS, il est notamment l’auteur de Le Travail créateur. S’accomplir dans l’incertain (Paris, Gallimard / Seuil, 2009) et de Portrait de l’artiste en travailleur (Paris, République des Idées & Seuil, 2003).
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Résumé (en anglais)

During the last fifteen years, European reforms in higher education have introduced differentiation in the fabric of academia, and triggered transformations in academic careers even if the various scientific disciplines and generations of academic researchers have been unequally exposed to the main impact of these reforms, that of a pervasive growth of individual and institutional competition on a national and international scale. Competition alters the architecture of organizations, the principles underpinning the evaluation of academic work and workers, the coupling of teaching and research, the incentive tools for scientific production, and the correlation between working conditions and salary levels.

How is the functional link between teaching and research still to be understood in a context of heightened competition between and within universities? Three options surface: complementarity; substitution; sheer dissimilarity and nil correlation between quality of teaching and research.

Analyzing the asymmetrical relationship between the two tasks seems to provide a fruitful agenda of investigation. There are striking dissimilarities between them: the production function of teaching is additive, while that of research is multiplicative. This is why management of research activities has granted increasing importance to the concentration of critical masses of talent to leverage the faculty’s research potential. Meanwhile, teaching staff becomes more substitutable once they move (or are moved) away from the frontiers of advanced research. Unsurprisingly, given the crucial importance of reputational capital to higher education institutions, tension between research and teaching missions is mounting.

My main argument is as follows. In research, the distribution of individual productivity and professional visibility has a highly skewed, Pareto-like profile, whereas individual performance in teaching has a normal, Gaussian, distribution. Since the chances of success in each activity are distributed very differently, their conjunction functions like a risk management mechanism, both individually and collectively. Yet given the differential return on effort and ability in the two tasks, complementarity is best understood when redefined as complementarity under asymmetry.

Philippe Descola : Du pluralisme anthropologique au pluralisme ontologique

Une conférence de Philippe Descola organisée par l’Institut de Philosophie de l’Académie des Sciences et le CEFRES avec la coopération de l’Institut français de Prague.

Lieu : salle de conférence, Jilská 1, Prague 1
Langue : anglais

Résumé (en anglais)

The key concept and methodological tool of Lévi-Straussian structural anthropology is the group of transformation. A structure, understood as a system of contrastive oppositions, only acquires an analytical dynamism thanks to its capacity to organize the transformations between the models of a same group of phenomena. For a structure to be differentiated from a mere system, then, invariant relations must be brought to light between the elements and the relations of different sets so that each of these is connected to another by the means of a transformation. However, there are different ways to conceive a structural transformation in anthropology. The lecture will explore some of them, particularly those used by the lecturer in his book Beyond Nature and Culture (2013), and will build on these results to approach the epistemological consequences of apprehending ontological pluralism as a group of transformation.

Philippe Descola est anthropologue et philosophe, formé à l’École normale supérieure de Saint-Cloud, à l’Université Paris X et à l’EPHE. Il est aujourd’hui directeur d’études à l’EHESS et, depuis 2000, titulaire de la chaire d’Anthropologie de la nature au Collège de France. Il dirige le Laboratoire d’anthropologie sociale (Collège de France,  EHESS, CNRS). Spécialiste de l’anthropologie de la nature, il a notamment collaboré à l’écriture de Nature and Society (Routledge, 1996, traduit en espagnol), coédité avec G. Pálsson, ou encore du Dictionnaire de l’ethnologie et de l’anthropologie (PUF, 1991). Son anthropologie comparative des rapports entre humains et non-humains l’a conduit à publier de nombreux livres majeurs où il cherche à remettre en cause et dépasser l’opposition entre nature et sociétés, par exemple dans Par-delà nature et culture, en 2005.
Pour en savoir plus, voir le site du Collège de France.

Les développements dans les études post-soviétiques sur les Juifs soviétiques

Une conférence du Professor Yaacov Ro’i (Université de Tel Aviv)

Lieu : Bibliothèque du CEFRES – Na Florenci 3
Langue : anglais

Le professeur Yaacov Ro’i du Cummings Center for Russian and East European Studies à l’université de Tel Aviv est un grand spécialiste de l’histoire des Juifs en Union soviétique. Ses publications récentes incluent toutefois également des ouvrages sur l’histoire de l’Islam dans l’Union soviétique de l’après-guerre.

La conférence sera suivie d’un atelier au cours duquel Kamil Kijek, Kateřina Čapková et Stephan Stach présenteront leurs projets sur l’histoire des Juifs en Pologne et en Tchécoslovaquie. Leurs textes seront discutés par le professeur Ro’i.

Pour participer à l’atelier, merci d’écrire à  Kateřina Čapková : capkova@usd.cas.cz

Une manifestation co-organisée par l’Institut d’histoire contemporaine de l’Académie des sciences de République tchèque et le CEFRES.

Pompiers, orchestres de Tsiganes, cavaliers-paysans, cantines : les sociétés locales post-impériales en Europe du Centre-Est dans le monde des États-nations, 1918-1930

Une conférence de Gábor Egry (Institut d’histoire – Académie hongroise des sciences)

Discutant : Rudolf Kučera (Institut Masaryk – AV ČR)

: Na Florenci 3, bâtiment C, 3e étage, salle de conférence

La fin de la Première Guerre mondiale a conduit à des développements similaires dans toute l’Europe du Centre-Est : l’écroulement des empires et l’émergence d’États-nations. Mais derrière la façade de transformations apparemment uniformes et la tendance à la nationalisation dans les nouveaux États, les sociétés locales et les micro-régions étaient parfois moins limitées dans leur influence sur les conditions spécifiques de transition que ce qu’on considère habituellement dans le cadre du récit dominant sur la chute des empires et la création des États-nations. Le passé impérial n’a pas disparu sans laisser de trace ; de plus, les nouvelles entités agissaient souvent comme de « mini-empires » reprenant ou conservant des acteurs, des méthodes et des structures de la gestion impériale du pouvoir et de la population.

A gypsy band from Sannicolau Mare. Source: romaniainterbelica.memoria.ro
Orchestre tsigane de Sannicolau Mare. Source:
romaniainterbelica.memoria.ro

Comparer des études de cas de la transition au niveau local permet un aperçu des contextes locaux, de la manière dont différentes constellations sociales locales, des préhistoires impériales, ont aidé certains groupes à négocier leur position dans les nouveaux États. Si certaines pratiques, habitudes ou institutions furent maintenues et souvent employées pour coopter les nouvelles élites dans le cercle des anciennes, certaines figures particulières de l’époque impériale parvinrent à se déplacer de manière fluide entre les États successeurs, et des changements sociaux de large portée affectèrent l’équilibre général et conférèrent de l’agency à des groupes jusqu’alors désavantagés. Dans ma conférence, je désignerai les plus importants facteurs régissant les différents types de transition et montrerai comment les individus se sont situés dans le nouveau monde des États-nations.

Forme et énergie dans l’œuvre d’Aby Warburg

Une conférence de Lara BONNEAU  (CEFRES & Université Paris I) dans le cadre du séminaire Collegium historiae artium de l’Institut d’Histoire de l’art de l’Académie des sciences de République tchèque.

Lieu : UDÚ AV ČR, Husova 4, Prague 1, salle 117
Langue : anglais

L’œuvre de l’historien de l’art Aby Warburg (1866-1929) s’est élaborée dans un corpus philosophique et théorique souvent négligé. Son esthétique s’inscrivait toutefois dans un projet plus ample : l’élaboration d’une « Psychologie » fondée sur les relations entre les diverses formes symboliques forgées par les hommes. Sa méthode oscille ainsi entre une attention extrême aux détails des œuvres d’art et l’ambition plus large de fonder une « science de la culture ». Mon propos s’attachera à explorer sa notion d’énergie en l’associant à l’usage fait par Warburg du concept de « polarité ». Il s’agira donc de mieux appréhender le rôle des influences philosophiques joué dans le développement de ses travaux.

La sémantique historique dans une perspective transnationale et transdisciplinaire : le cas du « milieu »

Wolf FeuerhahnDans le cadre des Grandes conférences de la Plateforme CEFRES,  Wolf Feuerhahn, chercheur au CNRS, directeur adjoint du Centre Alexandre Koyré et directeur de la Revue d’histoire des sciences humaines, prononcera une conférence sur « La Sémantique historique dans une perspective transnationale et transdisciplinaire » en étudiant le cas du « milieu ».

Langue : anglais.

Lieu : CEFRES, Národní 18, Prague 1, salle de conférence, 7e étage.

L’histoire transdisciplinaire est aujourd’hui un domaine de recherche florissant. Dans les dix dernières années, l’histoire des concepts a été influencée  par ce tournant historiographique. Bien plus qu’auparavant, l’accent est mis sur les problèmes de re-sémantisation transnationale et transculturelle des concepts. L’émergence et le succès de nouvelles expressions comme « travelling concepts » (Mieke Bal) ou « nomadic concepts » (Olivier Christin) témoignent bien de ce changement.

Cette présentation se propose d’aller plus loin en s’appuyant sur l’histoire transnationale du terme « milieu ». Après avoir voyagé de la France à l’Allemagne, de l’histoire littéraire à la biologie et à la sociologie, on en est venu à faire du mot milieu une théorie française. On l’a vu comme l’expression d’une forme de déterminisme, d’un lien entre l’essor des sciences naturelles et celui du socialisme. La grande majorité des chercheurs allemands réfutent cette théorie et le mot Umwelt  a été créé pour s’opposer au terme français. Mais Umwelt  a précisément été retraduit par le terme français « milieu », devenant ainsi l’étendard d’une philosophie anti-déterministe et postmoderne (Deleuze).

À travers cette étude de cas, je voudrais promouvoir ce que j’appellerais une « sémantique transnationale et historique », à l’opposé de l’Histoire des concepts de Koselleck qui distingue a priori les mots et les concepts, et réfléchir sur la façon dont les mots sont sémantiquement affectés par leur trajectoire transnationale et interdisciplinaire.