Séminaire historique franco-tchèque : Elisabeth Gaucher-Rémond

Lieu : Faculté des lettres, nám. Jana Palacha 2, salle 201

Organisateurs : FF UK & CEFRES

À partir de figures légendaires devenues célèbres pour leurs tribulations avec le diable, les deux conférences proposent une réflexion sur le rôle de l’altérité dans la construction du sujet. Il s’agira de souligner l’opposition entre celui qui met tous ses efforts à arracher son âme à l’emprise de Satan et celui qui se plaît à jouer avec son démon dans l’espoir de connaître la peur. En replaçant ces légendes dans les divers héritages culturels qu’elles véhiculent, sans s’interdire quelques échappées vers des réécritures postmédiévales, on interrogera l’évolution des croyances qui s’y rattachent : du diable terroriste au démon impuissant.

Robert le Diable ou le refus de l’hérédité diabolique

Après un rapide exposé des influences historiques, mythiques et littéraires dont a pu s’inspirer le récit médiéval (XIIIe siècle), on s’intéressera plus spécifiquement aux conditions de l’accès à la sainteté que retrace l’histoire de l’enfant né du diable et aux traces d’intertextualité qu’elle atteste avec d’autres récits de conversion de la même époque.

Richard sans Peur ou le jeu avec le diable

Persécuté par un démon qui l’entraîne dans des aventures nocturnes, ce héros du XVe siècle, fils supposé de Robert le Diable, se caractérise par une intrépidité qui le rend indifférent à l’enjeu métaphysique de la rencontre surnaturelle. Il s’agira de réfléchir à la signification que revêt l’absence de peur à la fin du Moyen Age, tant au niveau de la parodie littéraire qu’à celui de l’exemplum moral.

Ancienne élève de l’École Normale Supérieure (Paris), Professeur de littérature et langue françaises du Moyen Âge à l’université de Nantes, Élisabeth Gaucher-Rémond est titulaire d’une licence d’histoire et d’une agrégation de Lettres. Après une thèse sur les biographies chevaleresques du XIIIe au XVe siècle (Champion, 1994), elle continue à explorer les interférences du réel et de l’imaginaire dans des récits historico-légendaires (Robert le Diable, Richard sans Peur) et dans la représentation de l’individu (programme interdisciplinaire MEDIEVARS). Elle prépare actuellement un essai sur les Formes autobiographiques dans la littérature médiévale et une édition de Richard sans Peur.

Sélection bibliographique

  • La Biographie chevaleresque. Typologie d’un genre (XIIIe-XVe s.), Paris, Champion, 1994 (Nouvelle Bibliothèque du Moyen Âge, 29).
  • Robert le Diable. Histoire d’une légende, Paris, Champion, 2003 (Essais sur le Moyen Âge, 29).
  • Robert le Diable, édition bilingue. Publication, traduction, présentation et notes, Paris, Champion, 2006 (Champion Classiques / Moyen Âge, 17).
  • Richard sans Peur, duc de Normandie : entre histoire et légende. Actes du colloque organisé au Havre par Laurence Mathey-Maille et Élisabeth Gaucher-Rémond, 29-30 mars 2012. Annales de Normandie, 64e année, n°1, janvier-juin 2014.
  • « La parodie du fantastique dans Richard sans Peur », « Furent les merveilles pruvees et les aventures truvees » (Hommage à Francis Dubost), Paris, Champion, 2005 (Colloques, congrès et conférences sur le Moyen Âge, 6), p.247-261.
  • « Les recettes du diable : le pouvoir et l’argent dans Richard sans Peur», Le prince, l’argent, les hommes au Moyen Âge (Mélanges offerts à Jean Kerhervé), Presses Universitaires de Rennes, 2008, p.323-330.
  • « Tentations et mariage sataniques dans Richard sans Peur : le détournement des modèles allégoriques et féeriques », Cahiers de Recherches Médiévales, 15 (La Tentation du parodique dans la littérature médiévale, études réunies par E. Gaucher), 2008, p.73-85.
  • « Robert le diable ou le ‘criminel repentant’ : la légende au miroir des récits de conversion », La légende de Robert le Diable du Moyen Âge au XXe siècle. (Actes du colloque de l’Universités de Caen (17 et 18 septembre 2009) édités par L.Mathey-Maille et H. Legros), Orléans, Paradigme, 2010, p.27-41.
  • « Les semblances du diable dans Richard sans Peur », Revue des langues romanes, CXIV, n°2 (Le déguisement dans la littérature française du Moyen Âge, textes réunis par J. Dufournet et C.Lachet), 2010(2), p.391-413.
  • « À propos des réécritures : Richard sans Peur, roman de l’ironie ?», Richard sans Peur, duc de Normandie : entre histoire et légende. Actes du colloque organisé au Havre par L.Mathey-Maille et E. Gaucher-Rémond, 29-30 mars 2012. Annales de Normandie, 64e année, n°1, janvier-juin 2014, p.215-228.
  • « Tentation de la chair, séduction de l’esprit : Richard sans Peur et le modèle érémitique », Chaire, chair et bonne Chère (Hommage à Paul Bretel), Presses Universitaires de Perpignan, 2014, p.21-34.
  • « Saint Julien l’Hospitalier et Robert le Diable », Hagiographie, Imaginaire, Littérature(Mélanges offerts à Jean-Pierre Perrot),  Université de Savoie, coll. « Écriture et représentation », n°28, 2015, p.127-143.

Quantifier la vie et la mort : statistiques sociales et espérance de vie sous la Double Monarchie

Dans le cadre du séminaire commun IMS – CEFRES « Entre aires et disciplines », Mátyás Erdélyi (CEU, Budapest & CEFRES) présentera ses recherches de doctorat sur la formation d’une classe moyenne productiviste dans la monarchie habsbourgeoise. Sa présentation sera discutée par Wolf Feuerhahn, chercheur au CNRS, co-directeur du Centre Alexandre Koyré et rédacteur en chef de la Revue d’histoire des sciences humaines.

: Bibliothèque du CEFRES, Na Florenci 3.

Langue : anglais.

Étudier l’État à travers le scandale : de la valeur épistémique de la transgression

Une séance menée par Jana Vargovčíková.

À lire :

  • Damien de Blic & Cyril Lemieux, « Le scandale comme épreuve », Politix 71 (3), 2005, p. 9-38.
  • Akhil Gupta, « Blurred Boundaries: The Discourse of Corruption, the Culture of Politics, and the Imagined State », American Ethnologist 22 (2), 1995, p. 375-402.
  • Chris Jenkins, « Transgression: The Concept »,  Architectural Design 83 (6), 2013.

‘In olden days a glimpse of stocking was looked on as something shocking. Now, heaven knows, anything goes.’ (Cole Porter).

Loin d’être de simples anomalies ou des accidents, les transgressions sont conditionnées et rendues signifiantes par les normes. Aussi les normes réaffirment-elles constamment leur légitimité et leur sens propre en s’opposant aux transgressions. Ce que l’on considère comme une transgression, et le moment où celle-ci gagne la possibilité d’être transformée en scandale, sont tout relatifs, comme le dit la chanson. Compte tenu de l’imbrication entre normes et transgressions, les philosophes et les chercheurs en sciences sociales se sont intéressés à des cas de transgression afin de comprendre l’ordre, les normes sociales et les institutions et d’analyser la nature de la distinction qui les sépare (cf. Foucault, Becker, Hughes, Goffman). En mettant de côté les préconceptions normatives, le sociologue ou le politologue peuvent apprendre de l’anthropologue et considérer les transgressions dans le champ politique comme des indicateurs de la structure (symbolique, mais pas seulement) de l’État. Les scandales politiques, en tant que récits d’événement taxés de transgressifs, représentent justement un chemin pour comprendre la façon dont un corps politique organise les limites de ses normes (De Blic & Lemieux) et la façon dont les citoyens se positionnent face à l’ordre politique (Gupta).

Inventer les chiffres justes : statistiques sociales, raison commerciale et bien public

Séance menée par Mátyás Erdélyi.

À lire :

  • Theodore M. Porter, « Life Insurance, Medical Testing, and the Management of Mortality », dans Lorraine Daston (ed), Biographies of Scientific Objects, Chicago, University of Chicago Press, 2000, p. 226-246.
  • Alain Desrosières, La Politique des Grands Nombres: Histoire de la Raison Statistique, Paris, La Découverte, 1993.

Cette session s’intéresse à la façon dont les statistiques sociales ont été créées, saisies et utilisées pour des buts commerciaux et publics dans la Hongrie de la Double monarchie. Elle explore les divers modes de quantification, les perspectives inter- ou pré-disciplinaires de la production scientifique, et les relations de pouvoir entre des experts et des professions naissantes rivaux. Au cœur de cette enquête, l’analyse des relations entre les statisticiens et d’autres notables (i.e. toute personne digne d’intérêt qui prit part au débat, qu’il fût homme politique, industriel ou lettré) qui affirmèrent leur autorité sur la création et l’usage politique et économique des statistiques sociales. Cette session contribuera aux discussions générales sur la nature de l’interdisciplinarité, en décrivant ces tout premiers ateliers interdisciplinaires et en montrant comment la recherche de vérités éternelles et de l’objectivité peut être déviée par les intérêts politiques et économiques au sein de la compétition entre disciplines.

 

Les relations tchécoslovaco-portugaises dans les années 1960-1980

Dans le cadre du séminaire commun IMS – CEFRES « Entre aires et disciplines », Barbora Mencová (FSV UK) présentera ses recherches sur les relations tchécoslovaco-portugaises dans les années 1960-1980.

: Bibliothèque du CEFRES, Na Florenci 3.

Langue : anglais.

Séminaire historique franco-tchèque : Estelle Doudet

Lieu : CEFRES, Na Florenci 3

Organisateurs : Université Charles de Prague, Faculté des lettres / CEFRES

« Le théâtre et la communication politique au Moyen Âge »

La présente enquête interroge le tournant des XVe et XVIe siècles, où se sont développés ensemble théâtre et imprimerie, en s’intéressant au théâtre de langue française. Peut-on parler à cette époque d’un « théâtre politique » ? Quelles circonstances, quels auteurs et acteurs, quels types de pièces, quels publics pouvait impliquer une telle communication publique, et avec quelle efficacité ?

« L’auteur et sa signature en français, de Chrétien de Troyes à la Renaissance ».

La signature est aujourd’hui considérée comme un élément essentiel de la « fonction-auteur » définie naguère par Michel Foucault. Comme on le sait, l’anonymat fréquent de la littérature médiévale a conduit à penser que la signature et donc l’auteur n’y existaient pas. Pourtant, du XIIe au XVIe siècle, les écrivains en français ont réfléchi à la signature, à ses formes et à ses fonctions. La signature reflète le statut de l’auteur, noble ou intellectuel, homme ou femme. Elle définit les genres où elle apparaît, roman, poésie, autobiographie. Elle construit la relation entre l’écrivain et le lecteur.

Normalienne, Estelle Doudet est professeure de langue et de littérature françaises du Moyen Âge à l’Université de Grenoble Alpes et membre de l’Institut universitaire de France. Ses travaux portent sur l’archéologie des media et de la communication publique en français, notamment sur l’éloquence et sur les arts du spectacle aux XVe et XVIe siècles.
Membre du laboratoire Litt&Arts où elle est responsable du groupe « études de media comparés », elle dirige le pôle de recherche Arts, Lettres, Langues, Sciences humaines, cognitives et sociales de Grenoble.

Sélection de publications :

  • Recueil général de moralités d’expression française, volume 1, sous la direction d’E. Doudet, Paris, Garnier, 2012, 696 p.
  • Chrétien de Troyes, Paris, Tallandier, 2009, 363 p.
  • Un cristal mucié en un coffre. Poétique de George Chastelain, Paris, Champion, « Bibliothèque du XVe siècle » n° 67,  2005, 881 p.
  • Jean Molinet et son temps, dir. E. Lecuppre-Desjardin, J. Devaux et E. Doudet, Turnhout, Brepols, 2013, 287 p.
  • 58 articles publiés, dont un certain nombre consultables en ligne sur Academia.edu