Où et quand : Bibliothèque du CEFRES, Na Florenci 3, les jeudis 3 et 24 mars, 7 et 21 avril, et 5 mai 2016, de 16h30 à 18h
Modérateur : Filip Vostal (CEFRES & FLÚ AV ČR)
Langue : anglais
Emploi du temps et bibliographie du semestre 2
Emploi du temps et bibliographie du semestre 1
L’interdisciplinarité peut se définir comme un dialogue entre champs de savoir de sorte qu’il les réorganise et les restructure en partie. On la distingue en général tant de la « pluridisciplinarité », qui serait une juxtaposition des approches disciplinaires et les laisserait intactes, que de la « transdisciplinarité », intégrant plusieurs disciplines.
D’un côté, la prolifération du terme interdisciplinarité manifeste sans conteste une attitude autocritique parmi les disciplines scientifiques traditionnelles et signale clairement une volonté de croisements, associations et coopérations entre les méthodologies, les modes d’enquête, les cadres et reconstructions théoriques et même le passage de la théorie à la pratique. Les chercheurs sont poussés à penser, agir et travailler en synergie. Ces dernières décennies – en particulier sous les auspices de la dite « économie du savoir » post-industrielle –, l’interdisciplinarité est devenue une pratique scientifique et de politique publique largement répandue. L’OCDE dès les années 1960 puis l’UE l’ont mise en avant contre un « académisme » de la recherche publique décrié comme autocentré et pour souligner les impact socio-économiques de la recherche scientifique. Ce discours politique qui met en valeur l’innovation, l’application pratique du savoir et le renforcement des liens entre science et société – la « socialisation de la science » et la « scientifisation de la société » – a particulièrement dominé les années 1990 lorsque la recherche publique s’est retrouvée structurée non plus autour des disciplines mais autour de problèmes et de « défis globaux » à diagnostiquer et résoudre. Les initiatives de la politique européenne tel Horizon 2020 gardent cet impératif d’une recherche conduite dans « le contexte de son application » (Mode 2).
De l’autre côté, les sceptiques affirment que la désintégration des frontières disciplinaires remet en cause la notion même de discipline en tant qu’unité de base de la science – c’est-à-dire la discipline (au sens de « discipliner ») méthodologique, théorique et discursive qui serait au fondement de l’entreprise scientifique et de la rationalité. D’autres arguments font de l’interdisciplinarité une force irrépressible agissante qui dissimule plus qu’elle ne révèle. Le concept ne remplace-t-il pas tout simplement une coopération scientifique souvent naturelle et évidente par-delà les frontières disciplinaires ? Les disciplines n’ont-elles pas toujours d’une façon ou d’une autre été interdisciplinaires ? L’interdisciplinarité n’est-elle pas un puissant instrument de politique scientifique plutôt qu’un ensemble de pratiques intégrées au comportement scientifique ? Et s’il s’agit d’étudier et d’expliquer le monde contemporain, n’est-il pas de toute façon impossible de l’éviter ?
Il ne fait pas de doute que l’interdisciplinarité transforme les disciplines, mais la nature de ces transformations demeure un champ d’investigation. Ce séminaire permettra de discuter ces questions et d’explorer les promesses et les écueils de l’interdisciplinarité en tant que pratique, discours et impératif de la recherche.
Le séminaire est ouvert aux étudiants et chercheurs des institutions partenaires du CEFRES. Chaque session sera ouverte par le commentaire d’un texte sur l’interdisciplinarité en français ou en anglais (à choisir dans la liste indicative) par un chercheur du CEFRES. Bibliographie et textes seront mis à disposition par voie électronique.