« Agency et émancipation. Une analyse décoloniale de l’expérience des femmes Hazara exilées en Europe »
Contact: seema.sridhar@cefres.cz
Axe de recherche 1 : Déplacements, dépaysements, décalages
Ma recherche se concentre sur les expériences vécues du conflit, de l’intervention internationale et du déplacement des communautés persécutées de l’Afghanistan d’aujourd’hui, en examinant les récits des femmes de la diaspora Hazara qui vivent dans un choix de villes européennes. En m’appuyant sur les liens entre le pays d’accueil et le pays d’origine, en reliant les expériences vécues par les femmes en matière de changement pendant l’intervention en Afghanistan, les circonstances qui ont conduit au déplacement et leur capacité à faire face à la réinstallation, ainsi que leur implication dans des initiatives de défense et d’autonomisation (empowerment), je trace le cercle de la participation et de l’agentivité par dessus un continuum de violence.
Dans le cadre de mes recherches, je tente de tirer du silence les voix marginalisées et de porter à la lumière leurs récits de résistance et de résilience. En recueillant des histoires orales et des conversations sur la vie quotidienne parmi la diaspora, j’essaie de comprendre comment les imaginaires formés à l’intersection des souvenirs du passé et de l’adaptation à l’incertitude actuelle, contribuent à forger les identités et les aspirations collectives. Ce projet ambitionne de construire un pont entre l’effet cumulatif de l’intervention internationale libérale, les espaces, les conflits, les opportunités, les hiérarchies qu’elle a créés ou perturbés, et les redéfinitions d’eux-mêmes et du monde qui les entoure auxquelles se livrent les personnes réinstallées.
D’un point de vue méthodologique, grâce à l’analyse narrative et à la phénoménologie, j’espère mieux comprendre les innombrables façons dont la colonialité, la résistance et la décolonialité s’entremêlent dans les relations globales Nord-Sud, dans le double contexte de l’intervention internationale et de la réinstallation des populations déplacées touchées par les conflits. Un objectif clé de ma recherche et d’examiner minutieusement le pouvoir performatif de la représentation du « bon réfugié » qui passe par l’incarnation des valeurs laïques et libérales et l’autonomisation (empowerment) des femmes, et la façon dont l’agentivité est façonnée par l’interiorisation des structures de pouvoir libérales et internationales, créant ainsi des espaces d’auto-émancipation. Je cherche à saisir en profondeur les transformations de l’agentivité en examinant les dimensions spatiales et temporelles du conflit, en analysant les expériences placées et incarnées des femmes exilées. Mon objectif est d’apporter un éclairage réflexif sur la complexité de ces processus inextricablement liés qui peuvent être conceptualisés comme un phénomène plus large à l’intersection du colonial et du décolonial, qui peut se métamorphoser en reconstitutions émancipatrices et/ou excluantes basées sur des constructions narratives évolutives.
CV
Avant d’entamer mes études doctorales à l’Université d’Europe centrale, j’ai obtenu un master en Politique internationale à New Delhi et j’ai travaillé comme journaliste au journal national The Times of India.
J’ai été chercheuse invitée au Tampere Peace Research Institute (TAPRI, Finlande).