La crise sanitaire provoquée par la pandémie de la Covid-19 a jeté la terre entière dans une incertitude profonde et bousculé de manière radicale presque toutes nos habitudes. Cela vaut également pour le monde de la recherche. Confinements, restrictions de voyage, couvre-feux, fermetures de bibliothèques ou de lieux d’archives et autres mesures de mise à distance et de protection ont un impact direct et parfois brutal sur un grand nombre de projets scientifiques et notamment ceux de nombreux jeunes chercheuses et chercheurs qui sont engagés dans des contrats à durée déterminée. Cette situation nous amène par conséquent à nous interroger sur les manières dont disposent les sciences humaines et sociales d’affronter le bouleversement, l’inattendu et l’imprévu, et ceci dans deux directions :
(1) Il s’agit, d’une part, de poser la question de nos propres pratiques de recherche, c’est-à-dire des techniques et méthodes dont nous disposons – ou qui restent à développer – pour nous confronter à une réalité qui a brusquement changé. Que faire notamment face à l’arrêt brutal de l’accès à un terrain ou un dépôt d’archives (que celui-ci soit provoqué par la pandémie en cours ou par un autre événement imprévu) ? Comment réagir face à des conditions extérieures qui rendent impossible la réalisation d’un projet tel qu’il a été initialement prévu ? Quelles sont les opportunités offertes par les nouveaux moyens de recherche à distance, mais quels sont aussi les risques qu’ils comportent – et comment penser ces deux phénomènes ensemble dans une réflexion méthodologique à la fois lucide et productive ?
(2) Il convient, d’autre part, de poser la question des évolutions rapides qui peuvent toucher nos objets de recherche, conduisant parfois à les reformuler radicalement. Irruption d’un événement inattendu, inversion brutale du « cours des choses », l’histoire humaine abonde en guerres, révolutions, pandémies ou autres cataclysmes qui induisent à chaque fois un renversement plus ou moins complet des normes et des pratiques en cours dans les sociétés concernées. Comment analyser les effets de ces transformations sur les sociétés d’hier ou d’aujourd’hui, tant au plan collectif qu’individuel (ruptures biographiques, etc.) et rendre compte des formes de résistance et d’adaptation ? Comment penser ces disruptions, les réactions qu’elles provoquent et notamment les formes de résilience qu’elles font naître ?
Nous invitons tous les doctorants affiliés au CEFRES, à l’EHESS ou à une université tchèque intéressés par cette thématique à nous soumettre leur candidature qui comportera, en un seul fichier PDF, un CV (deux pages maximum) ainsi qu’une brève description de l’intervention prévue (1.500 signes environ, espaces compris). La journée sera organisée autour des exposés des jeunes chercheuses et chercheurs et de leur discussion par les encadrants et les autres participants. Elle proposera en outre un temps d’échange libre à partir des expériences individuelles faites en temps de pandémie mondiale. Merci d’adresser votre dossier d’ici au 15 mars 2021 aux adresses : falk.bretschneider@ehess.fr & jerome.heurtaux@cefres.cz
Dans le cadre de la célébration du centenaire de l’Association française d’action artistique (AFAA) et de la création du Service des Œuvres, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et l’Institut français organisent, conjointement avec l’université de la Sorbonne-Nouvelle / Paris 3, un ensemble d’événements afin d’étudier l’histoire de la diplomatie culturelle française. D’autres établissements d’enseignement supérieur ou de recherche sont susceptibles de devenir partenaires de cette démarche.
Parmi ces événements, un colloque scientifique est prévu au printemps 2022 à l’université de la Sorbonne-Nouvelle, dont le champ d’étude portera sur l’histoire et l’action du réseau culturel français à l’étranger,, qui comprend les services de coopération et d’action culturelle, les instituts français, , les alliances françaises. Il portera également sur les politiques publiques qui ont sous-tendu cette action. Les actes de ce colloque feront l’objet d’une publication.
Le comité scientifique en charge de ce colloque lance un appel à communication ouvert aux chercheurs de toutes langues, nationalités et disciplines – même si la perspective générale du colloque est prioritairement historienne.
Les propositions pourront porter sur différents domaines de la diplomatie culturelle française (diplomatie de la langue, échanges artistiques, industries culturelles et créatives, recherche scientifique, enseignement, débats d’idées…), sur ses acteurs, figures et institutions, publics, para-publics ou privés (services et directions du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, du ministère de la Culture, alliances françaises, fondations, grands établissements culturels, entreprises des industries culturelles et créatives, portraits de grandes figures, étude des agents), sur les grands enjeux de son action (question des publics, vecteurs et moyens de diffusion, finalités et objectifs, multilatéralisme). Une approche comparatiste avec d’autres modèles nationaux peut également être proposée, de même qu’une approche par pays ou aire géographique (diplomatie culturelle de la France en Amérique latine, Asie, Europe, etc.)
Le comité scientifique privilégiera des propositions qui permettront d’exploiter le riche matériau archivistique disponible au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères dans les centres d’archives de la Courneuve et de Nantes (versements consulaires, instituts français, alliances, centres culturels, versements de l’AFAA, du Service des Œuvres françaises à l’étranger, de la Direction générale des Affaires culturelles) et qui sera encore enrichi par l’apport des différents postes diplomatiques qui ont été sollicités dans la perspective du colloque.
Les propositions, en français ou en anglais (1000 à 3000 signes, espaces compris) doivent parvenir au comité scientifique avant le 4 décembre 2020 sur cette adresse : HistDiplo2022@gmail.com. Elles seront accompagnées d’un curriculum vitae de l’auteur. Les auteurs des contributions retenues par le conseil scientifique seront avertis avant le 20 décembre 2020.
Lieu : Prague Date : 6 novembre 2020 Date-limite d’envoi des candidatures : 30 juin 2020 Contact : jakub.strelec@fsv.cuni.cz Organisateurs : CEFRES, Institut d’histoire contemporaine de l’Académie tchèque des sciences, Collegium Carolinum de Prague
Jusqu’à très récemment, l’histoire des sciences « psy » sous les régimes communistes de l’ancien bloc de l’Est, a été soit négligée, soit considérée comme étant un simple reflet des politiques soviétiques mises en place pour propager la pensée du matérialisme dialectique, et les enseignements d’I.P. Pavlov.
Date et lieu : 27 février 2020, Prague Date limite d’envoi des propositions : 15 novembre 2019 Organisateurs : Institut d’histoire de l’art de l’Académie tchèque des sciences et le CEFRES Organisé en collaboration avec : Institut d’histoire contemporaine (AV ČR) et Université Paris-Nanterre Langue : anglais
Le mouvement de photographie
activiste de gauche qui s’est épanoui dans l’Europe centrale de
l’entre-deux-guerres a généré une masse d’images documentaires dont on peine
encore aujourd’hui à mesurer l’ampleur. Conçues comme un instrument de
dénonciation des inégalités sociales, comme une “arme de classe” selon
l’argument de propagande communiste, ces photographies dépeignaient les
conditions de vie, le travail, les loisirs et l’activité politique des
travailleurs. Cette photographie – alternativement qualifiée de sociale,
prolétaire ou ouvrière par ses acteurs – avait vocation à fournir la presse
d’extrême-gauche en images, afin d’offrir une alternative à la presse illustrée
« bourgeoise ». C’est pourquoi certaines épreuves ont rejoint les fonds
iconographiques de journaux, d’iconothèques, tandis que d’autres sont restées
entre les mains de leurs auteurs.
L’occupation nazie en Europe
a conduit les communistes à détruire ou cacher leurs archives : en Allemagne,
le fonds iconographique du journal Arbeiter
Illustrierte Zeitung, en France les archives du magazine Regards, et dans de nombreuses villes de
Tchécoslovaquie, de Hongrie, de Pologne, de nombreux fonds d’agences ou
d’organisation de gauche ont fait disparaître ce matériau jugé compromettant.
Mais après la Seconde Guerre mondiale, certaines de ces images ont réapparu et
ont connu une seconde vie. Certaines ont été transférées dans les fonds documentaires
des musées du mouvement ouvrier qui ont fait florès dans les pays du bloc de
l’Est durant les années 1950. D’autres se sont retrouvées dans les collections
photographiques des musées d’art fondées à partir des années 1970. D’images de
l’actualité, ces épreuves se sont alors muées en documents historiques ou en
œuvres d’art; d’éphéméra, de représentations reproductibles à l’envi, elles
sont devenues des objets culturels à part entière. Aujourd’hui ce matériau
visuel pose de nouveaux défis liés au statut des images, aux modes de
conservations et aux usages idéologiques du passé.
L’objectif de ce workshop
sera d’examiner le devenir institutionnel, muséographique et historiographique
de la photographie sociale en Europe centrale de 1945 jusqu’à nos jours. Nous
espérons ainsi engager la réflexion d’une part sur les usages historiques de
cette production et leur patrimonialisation après 1945, et d’autre part sur la
gestion actuelle de sa mémoire dans les musées d’Europe centrale.
Le workshop fait partie des
rencontres internationales et interdisciplinaires organisées par le Centre de
Recherche en Photographie à l’Institut d’Histoire de l’Art de l’Académie des
Sciences de République tchèque
(https://www.udu.cas.cz/en/photography-research-centre/). Fondé en 2018, ce
Centre a pour ambition de devenir une plateforme unique de la recherche
interdisciplinaire en République tchèque, et a pour objectif de surmonter les
approches nationales, sectorielles et mono-institutionnelles de la photographie
et de l’histoire de la photographie en Europe centrale.
Axes de réflexion :
Quelles stratégies de patrimonialisation et d’historisation ont guidé le transfert de ces images vers les collections des musées du mouvement ouvrier ? Dans quel contexte s’inscrivaient-elles (commémoration, célébration, dénonciation) ? À quels acteurs les doit-on ?
Quels protocoles de conservation, de classement et d’indexation ont été mis en place quand ces photographies ont rejoint les collections des musées ?
Sous quelle forme ces photographies ont-elles été exposées ? Comment ont-elles été mises en espace ?
Quels usages politiques, idéologiques et culturelles de la photographie ouvrière dans les musées ?
Questions d’historiographie : l’utilisation des photographies ouvrières dans les discours officiels ou les histoires de la photographie ouvrière, qu’elles soient locales ou transnationales.
Quels pouvoirs (d’immédiateté, de contestation, d’attestation) et quelles valeurs (artistique, documentaire, historique) ces photographies ont-elles perdu ou au contraire gagné lors de leur transfert ?
Quels passages du privé au public, de l’album à la cimaise, de l’argentique à l’imprimé, voir au numérique peut-on observer ?
Échanges internationaux entre institutions et circulation des photographies.
Études comparatives sur les collections de photographies ouvrières dans les musées d’Europe centrale et orientale après 1945.
L’appel s’adresse aux chercheurs,
conservateurs, archivistes et responsables de collection travaillant sur les
questions de conservation, collection, exposition, et d’historiographie de la
photographie ouvrière dans les musées d’Europe centrale et orientale après 1945.
Date limite pour le dépôt des candidatures : 15 novembre 2019
Propositions de contributions : résumé de 300 mots maximum pour un exposé en anglais d’environ 20 minutes, ainsi qu’une courte biographie (environ 150 mots) sont à envoyer à Fedora Parkmann (parkmann@udu.cas.cz).
Défraiement des participants : Une aide financière pour couvrir le coût du transport et du logement peut être offerte aux participants qui ne sont pas capables d’assurer un financement de la part de leurs établissements respectifs.
Le workshop se déroulera à Prague le 27 février
2020 au CEFRES (Centre français de Recherches en Sciences humaines et sociales)
et sera dispensé en anglais.
Organisation
Fedora Parkmann (Institut d’histoire de l’art, Académie tchèque des sciences / CEFRES)
Christian Joschke (Université Paris-Nanterre, Paris) – collaboration scientifique
Comité scientifique
Jérôme Heurtaux (CEFRES)
Petr Roubal (Institut d’histoire contemporaine, Académie tchèque des sciences)
Petra Trnková (Photographic History Research Centre, De Montfort University, Leicester / Centre de Recherche en Photographie, Institut d’histoire de l’art, Académie tchèque des sciences)
Espoirs et désillusions post-révolutionnaires. Interpréter, promouvoir et discréditer les révolutions.
Colloque international – Workshop d’étudiants en Doctorat et Master
Date : 6 et 7 décembre 2019 Lieu : Prague Date limite d’envoi des propositions : 30 octobre 2019 Organisateurs : CEFRES, Faculté des lettres de l’Université Charles, Faculté des sciences sociales de l’Université Charles, Institut d’histoire contemporaine de l’Académie tchèque des sciences et le projet ERC « Tarica« Organisé en collaboration avec : l’Institut français de Prague, le Centre de civilisation française et d’études francophones (CCFEF) de l’Université de Varsovie, le Centre de civilisation polonaise de Sorbonne Université, le Centre scientifique de l’Académie polonaise des sciences à Paris, l’UMR LADYSS (CNRS-Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et l’Institut polonais de Prague Langue : anglais
Dans le cadre de la conférence internationale « Espoirs et désillusions post-révolutionnaires. Interpréter, promouvoir et disqualifier les révolutions », une session particulière est organisée à l’adresse des étudiants en Doctorat ou Master. L’objectif sera de débattre des problématiques et perceptions des situations post-révolutionnaires en Europe centrale et orientale, mais aussi ailleurs. Cette séance se déroulera en plus d’une discussion académique ainsi que d’une séance de débat public sur le sujet.
Important symbole, l’année 2019 est un moment commémoratif primordial en Europe. En effet, marquant les trente ans de la chute des régimes communistes dans les pays d’Europe centrale et de l’Est ainsi que la quinzième année de leur intégration dans l’Union européenne, cette année anniversaire suscite des initiatives politiques, mémorielles et universitaires à travers l’Europe. En un sens, ces interventions cristallisent incontestablement les tensions et controverses qui existent autour des interprétations de « l’événement 1989 », tout comme cela permet de renouveler les analyses existantes concernant les transformations des pays de la région depuis la Révolution de Velours.
Les pays post-communistes présentent aujourd’hui des paysages politiques contrastés. Certes, dans un contexte européen d’universalisation du libéralisme, la démocratie et l’État de droit se sont partout imposés. Néanmoins, certaines sociétés font face à des bouleversements souvent qualifiés d’illibéraux, autoritaires, populistes, ou encore de « révolutions conservatrices ».
Les travaux effectués sur ces sociétés, grâce à des méthodes d’enquête et d’analyse éprouvées, nous invitent ainsi à examiner à nouveau frais « l’événement 1989 », qui demeure un moment clef de notre histoire contemporaine, de même que les transformations intervenues dans les pays d’Europe centrale et dans l’Union européenne.
Ce trentième anniversaire est l’occasion de penser les expériences révolutionnaires et les changements de régime dans des contextes historiques variés. Cette conférence se donne en effet pour objectif d’ouvrir de nouvelles perspectives sur la transformation des régimes politiques et sur les transitions démocratiques. L’Europe post-communiste sera au centre de notre intérêt, de même que le monde arabe ayant connu les mouvements révolutionnaires de 2011 ou encore les pays de l’Afrique sub-saharienne en transition politique. Nous proposons donc pour la première fois de considérer ces révolutions dans une analyse comparative sans hiérarchiser ces mouvements selon s’ils ont abouti ou échoué.
Nous questionnerons la « révolution » comme faisant l’objet d’investissements contradictoires de la part d’une variété d’acteurs et analyserons les multiples interprétations dont elle a fait l’objet : de sa promotion à sa sublimation ou au contraire sa disqualification voire son rejet catégorique.
Les expressions de désillusion qui accompagnent les épisodes révolutionnaires sont loin d’être rares. Il pourrait s’agir d’une règle, si règle il y a en matière de révolution. Presque toujours apparaît un discours de la déception, quelle que soit la trajectoire du changement de régime. Il naît des reculs marqués par les acteurs politiques, des recyclages du régime précédent, des mouvements contre-révolutionnaires et de l’absence de changements sociaux prégnants ou simplement parce que les espoirs portés par la révolution ne se traduisent pas par des actes politiques. Bien que l’espace public soit rempli de ces expressions de déception, jusqu’ici elles ont été très peu prises pour objet par la recherche.
Plusieurs questions justifient pleinement une approche comparative :
I. Décrire et représenter les espoirs et les déceptions
Les expressions d’espoirs, d’attentes, de déception de désenchantement et de désillusion sont multiples : discursives, politiques, aussi bien qu’artistiques, littéraires ou cinématographiques. Quelles formes prennent-elles en contexte centre-européen, arabe ou africain ? Quels sont leurs registres lexicaux et moraux ?
Quelles formes prend la désillusion qui suit le « retour de l’ancien régime » ? Ce retour est-il un fait objectif ou simplement perçu comme tel ?
Quel est l’impact de la persistance des inégalités sociales, du manque de réformes économiques, de la disparition de la souveraineté ?
Quels individus, professionnels et groupes sociaux expriment davantage leurs espoirs et lesquels leurs déceptions ? Les expriment-ils individuellement ou collectivement ?
Quelles sont les temporalités des déceptions post-révolutionnaires ? Sont-elles exprimées immédiatement ou de manière différée ?
Toutes les déceptions sont-elles exprimées ?
II – Compréhension et explication des espoirs et des déceptions
Il va sans dire que l’expression des espoirs et des déceptions n’est pas une simple affaire de mécanismes psychologiques collectifs ou individuels.
Sur quels mécanismes l’espoir et la déception se construisent-ils ? Quels sont les acteurs spécifiques, les stratégies ou circonstances qui sont en jeu ? Quelles sont les particularités des cadres moraux, éthiques et politiques à partir desquels les désenchantements se développent ?
Comme le mentionnait Bronislaw Baczko évoquant le « climat émotionnel créé par les faits révolutionnaires », mais aussi « la recrudescence des peurs et espoirs dirigeant nécessairement la production des imaginaires sociaux », dans quelle mesure le sur-investissement émotionnel fait-il partie de l’effervescence politique ?
La désillusion est-elle seulement le produit naturel d’une illusion préalable ? La déception s’imposerait alors d’elle-même comme un miroir des espoirs révolutionnaires. Toutefois, la déception ne peut être réduite à cela tant qu’elle n’est pas la conséquence naturelle des espoirs révolutionnaires. Ainsi les créations et exploitations de déceptions doivent-elles faire l’objet d’investigations.
Comment se traduit la déception en termes matériels ? Comment les politiques, émotions, psychologies et vecteurs sociaux s’articulent-ils entre eux ?
III – Emplois et répercussions de la déception
Quelles sont les pratiques sociales concrètes de la déception ? Sont-elles communes à toute la société, ou bien seulement à une part de celle-ci ? Comment des entrepreneurs politiques les exploitent-ils, pour en faire une stratégie d’action ?
Quelles sont les conséquences de ces déceptions sur la perception des chercheurs et experts concernant les processus post-révolutionnaires ?
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Grâce à la richesse et à la diversité de ces questions, cette conférence vise à rassembler des spécialistes issus de différentes disciplines en sciences humaines et sociales, sans tenir compte des frontières, quelles soient temporelles ou spatiales. Nous nous consacrerons malgré tout à l’Europe centrale contemporaine, au monde arabe et à l’Afrique sub-saharienne. La contribution devra mobiliser des sources originales, et s’appuyer sur des méthodes d’exposé claires (analyse littéraire, histoire orale, sociologie politique, psychologie sociale, etc.). Les étudiants doctorants et jeunes chercheurs sont particulièrement encouragés à soumettre une contribution.
Calendrier
Date limite pour la proposition d’une contribution écrite (500 mots maximum) : 30 octobre 2019. Sélection des contributions et retours des organisateurs de la conférence : 10 novembre 2019.
Les propositions de contribution (500 mots maximum) doivent être envoyées à jerome.heurtaux @ cefres.cz, au plus tard le 30 octobre 2019.
Ce colloque international est organisé par le CEFRES, la Faculté des lettres de l’Université Charles, la Faculté des sciences sociales de l’Université Charles, l’Institut d’histoire contemporaine de l’Académie tchèque des sciences , et le projet ERC « Tarica ». En collaboration avec l’Institut français de Prague, le Centre de civilisation française et d’études francophones de l’Université de Varsovie, le Centre de civilisation polonaise de l’Université de la Sorbonne, le Centre scientifique de l’Académie des sciences polonaise de Paris, l’unité de recherche LADYSS du CNRS (Université Paris I Panthéon-Sorbonne), ainsi que l’Institut polonais de Prague.
Ce colloque est le troisième dans le cadre du cycle de trois colloques intitulé « 1989-2019 : au-delà de l’anniversaire, les questionnements autour de 1989 » tenu consécutivement à Paris, Varsovie et Prague, coordonné par Maciej Forycki (Centre scientifique de Paris de l’Académie polonaise des sciences), Jérôme Heurtaux (CEFRES), Nicolas Maslowski (Centre d’études françaises (CCFEF), Université de Varsovie) et Paweł Rodak (Centre de civilisation polonaise, Université de la Sorbonne).
Coûts du colloque
En raison de fonds limités, les organisateurs pourront prendre en charge les candidats ou participants sous-financés seulement. Il est par conséquent conseillé aux participants de chercher d’éventuels moyens de soutien financier auprès de leurs établissements respectifs, ou de sources de financement extérieures.
Date et lieu : 16-18 septembre 2019, Villa Lanna, Prague Date limite d’envoi des propositions : 28 février 2019 Organisateurs : Prague Forum for Romani Histories, en collaboration avec le CEFRES Langue : anglais
Le Prague Forum for Romani Histories de l’Institut d’histoire contemporaine de l’Académie tchèque des sciences publie un appel à contribution pour une conférence internationale consacrée aux migrations des Roms et à leurs mobilités depuis 1945 et jusqu’à aujourd’hui. Le colloque rassemblera des chercheurs d’horizons disciplinaires diverses pour rendre compte à partir d’études empiriques des dimensions multiples des mobilités roms depuis 1945 et analyser les interconnexions existant entre les différentes formes de mobilité des groupes roms par le passé et celles des mouvements récents. La conférence se tiendra à Prague des 16 au 18 septembre 2019. Elle est organisée en collaboration avec le Séminaire d’études roms du département des études centre-européennes de l’Université Charles, la Faculté de sciences sociales et d’économique de l’Université Valle ainsi qu’avec le Jack, Joseph and Morton Mandel Center for Advanced Holocaust Studies du United States Holocaust Memorial Museum.
Depuis une dizaine d’années, un nombre croissant de projets de recherche, de publications et de média se sont penchés sur les migrations et les mobilités des Roms. Ces études n’ont néanmoins que rarement envisagé les continuités historiques et les trajectoires sociales qui donnent aux mouvements migratoires leurs formes actuelles. Des études sociologiques et anthropologiques ont rendu compte des stratégies contemporaines des migrants roms, de la construction de classifications et des politiques dont dépendent ces mobilités. Le trope du nomadisme reste présent dans les discussions comme concept fondateur (souvent sous la forme d’un simple lieu commun) que les chercheurs adoptent ou combattent dans leurs argumentations. Nous invitons les chercheurs à remettre en question l’utilité et les limites de cette dualité et à la dépasser en considérant qu’une grande partie des communautés roms appartiennent en Europe à la population sédentaire locale et en analysant à nouveau frais, à l’aide de nouveaux concepts, le mouvement, les circulations et les migrations de l’après-Seconde Guerre mondiale, ainsi que les mobilités sociales et existencielles qui les accompagnent.
La conférence souhaite apporter une contribution au champ de recherche aujourd’hui naissant des études comparées des mobilités roms en portant un regard croisé sur la seconde moitié du XXe siècle. Tandis que les recherches les plus récentes ont mit en lumière les souffrances et les persécutions des Roms durant la Seconde Guerre mondiale, l’après-guerre n’a pas bénéficié de la même attention. C’est le cas, par exemple, de la question du retour des Roms dans leurs foyers détruits, des tentatives gouvernementales de réinstallation ou de dispersion forcées des Roms, mais aussi des migrations internes, de travail ou autres, d’individus en quête d’une vie meilleure et séduits par les multiples opportuniés offertes par les grandes villes industrialisées. C’est le cas encore des trajectoires induites par les « programmes de compensation » mis en place par différents organismes étatiques ou internationaux.
Au sein des minorités persécutées, dont les Roms, beaucoup placèrent l’espoir d’un avenir meilleur dans les projets massifs de restructuration des États européens. En Europe centrale, orientale et sud-orientale, la plupart des Roms, comme d’autres, aspiraient à une plus grande mobilité sociale et une participation entière à la société socialiste. Néanmoins, les projets socialistes d’égalité sociale et d’améloriation du « bien commun » s’accompagnèrent eux aussi de déplacements forcés et de diciplination des corprs pour transformer les membres des communautés roms/tsiganes en citoyens des classes laborieuses.
Les aspirations et les trajectoires des mobilités (sociales) des Roms de l’ouest de l’Europe demeurent elles aussi largement méconnues ainsi que la part des mobilités Est-Ouest des Roms dans l’Europe divisée. Nous disposons encore de peu d’études plaçant les mobilités sociales roms dans le cadre des grandes transformations de l’après-guerre, qu’il s’agisse des relations de genre, des (re)négociation des traditions à l’intérieur et entre les communautés, ou encore des mécanismes et des dispositifs de renégociations identitaires roms, en particulier face aux stigmatisations.
Nous invitons donc les participants à analyser les mobilités les plus variées et la façon dont elles entrent en conflit ou en phase avec l’évolution de ce qui constitue les conditions de ces mobilités, aussi bien comprises comme des mouvements physiques de populations que comme des changements de position sociale. Les organisateurs souhaient initier en particulier une discussion théorique et empirique sur les mobilités comme modes de dispersion et de regroupement entre les mobilités forcées et celles, arrachées au contraire, qui initient des mouvements et des espaces autonomes.
Thèmes et de la conférence
La conférence souhaite rassembler des études ancrées dans des recherches empiriques historiques explorant différents types de mobilités en Europe et au-delà. En plaçant ces mobilités dans un contexte politique, social, historique et culturel élargi, les participants sont invités à rendre compte de migrations volontaires aussi bien que forcées et à dégager des types de mobilités saisonnières ou autres (existencielles, physiques, sociales par exemple) réagissant soit à une oppression soit à l’ouverture de nouvelles possibilités.
Nous engageons en particuliers les personnes intéressées à envisager plusieurs ou une des questions suivantes :
Les diverses trajectoires et modes des mobilités roms depuis 1945
Le mouvement comme façon d’échapper à l’oppression ou à l’asymétrie des conditions et de saisir de nouvelles possiblités de mobilité sociale
Etudes croisant mobilités et différenciations de genre, de classes ou ethniques ou d’autres dimensions de domination sociale
Les interconnexions entre les mobilités et les formes de violences (physique, symbolique, quotidienne, structuelle)
Les migrations roms et les politiques socialistes modernistes : les stratégies déployées en vue d’une ascension sociales ; programmes de déplacements et de relocalisations forcés
La mobilité entre, d’un côté, les politiques d’oppression et les regroupements ou dispersions raciales, et de l’autre la resistance et résilience des individus et des groupes roms
Les mouvements pour les droits civiques et politiques des Roms et leur relation avec les mobilités sociales et physiques
Continuités et ruptures dans les migrations : situer les mouvements actuels dans les trajectoires passées des migrations et mobilités
Les problèmes méthodologiques de l’histoire du présent des migrations et des mobilités roms
Essai de conceptualisation et de révision critique des migrations et des mobilités au-delà du concept de nomadisme et des tropes étatiques traditionnels ; remise en question des différents modes de vie, au-delà de l’affirmation d’une « promptitude des Roms/Tsiganes au mouvement »
La conférence consacrera un panel aux recherches issues des fonds d’archives de l’International Tracing Service (ITS). L’ITS possède plus de 35 millions de documents datant de l’Holocauste et rassemblant des informations sur le destin de plus de 17 millions de personnes incarcérées, soumises au travail forcé et déplacées durant la Seconde Guerre mondiale. Son fonds concerne aussi les victimes et les survivants roms ainsi que leurs interactions avec les organismes de relocalisations et les programmes de réparation. Les propositions qui présenteraient des recherches menées dans les fonds de l’ITS seront particulièrement prises en considération.
Une session publique sera en outre organisée en coopération avec le US Holocaust Memorial Museum in Washington, DC, au cours de laquelle des experts travaillant sur les fonds de l’ITS présenteront les ressources mises à la disposition du public et aideront les participants et les visiteurs à retrouver des documents concernant leurs ancêtres.
Les personnes intéressées sont priées d’envoyer aux organisateurs Jan Grill et Helena Sadílková une présentation de leur contribution résumée en 350 mots maximum et un court CV de 150 mots maximum d’ici au 28 février 2019. Le comité d’organisation fera part de ses décisions avant le 30 mars 2019. La version écrite des contribution devra être envoyée au plus tard le 1er juillet 2019.