Retour sur l’expérience de l’échec dans les sociétés de croissance et son fondement Hégélien

Retour sur l’expérience de l’échec dans les sociétés de croissance et  son fondement Hégélien

4ème session du Séminaire interne du CEFRES 2023-2024.
Par la présentation de recherches en cours, l’objectif du Séminaire du CEFRES est de soulever et de soumettre à la discussion des questions de méthodes, d’approches ou de concepts, dans un esprit pluridisciplinaire, permettant à chacun de croiser ses propres perspectives avec les travaux présentés.

Lieu : bibliothèque du CEFRES, Na Florenci 3, Prague 1
Dates
: mardi 3 décembre 2024, 16 h 30
Langue : anglais
Contact / Inscription
: cefres[@]cefres.cz

Le séminaire sera mené par :
Josefína Formanová (Faculté des lettres, Université Charles)
Discutant : Ivan LANDA (Institut de philosophie, Académie tchèque des sciences)

Le texte suivant servira de base à la discussion:
Wiliiam DESMOND: « Philosophy and Failure » Journal of Speculative Philosophy, 1988, New Series, vol. 2. No. 4 (1988)

Résumé

La philosophie sociale contemporaine souligne que notre civilisation consumériste contemporaine manque de « l’expérience du seuil » (Deleuze 1990, Géryk 2023), et vit dans un mode de “stabilisation dynamique ” (Rosa 2005), qui a cependant des effets déstabilisateurs à long terme sur l’économie, la société et l’environnement. La société actuelle évolue donc toujours plus
efficacement vers une croissance illimitée, en évitant toute contrainte ou limite. Néanmoins, les fins et les limites sont généralement irremplaçables, car elles permettent de surmonter les inégalités qui se manifestent dans différents pans de la société ou des écosystèmes, et conditionnent la possibilité d’une réflexion efficace, voire d’un changement social (Bělohradský 2007). En fin de compte, l’absence de limites peut faire perdre son sens à la croissance, et l’idée de progrès peut ainsi devenir une simple position normative, ne répondant plus au besoin général d’optimisation des structures systémiques. Face à cette situation, il peut être intéressant de considérer que l’optimisation ou la stabilisation des modes d’existence individuels et sociaux nécessite une révision de l’expérience de l’échec, longtemps dévalorisée, plutôt que la poursuite d’une confiance aveugle dans le progrès. Dans ma présentation, je propose de concevoir l’« échec » comme un point de départ pour la réhabilitation de la signification des seuils et des contraintes sociales, et de notre expérience du monde en tant que réseau de relations supra-individuelles. L’assise philosophique de cette révision a déjà été travaillée par le père de la philosophie moderne, Georg W. F. Hegel, et est maintenant reprise par la philosophie sociale et politique, dédiée à la critique de l’éthique méritocratique et à l’analyse de la reconnaissance sociale (par exemple Han 2010, Sandel, 2022). A la suite de cette tradition, je présente d’abord quelques principes de la philosophie Hégélienne comme point de départ de la construction de la notion d’échec, puis je développe cette notion au regard de notre société de croissance actuelle.

Voir le programme complet du séminaire 2024-2025 ici.