Des savoirs à repenser, des approches à questionner ?

Des savoirs à repenser, des approches à questionner ?
Les États baltes, l’Ukraine, la Biélorussie et la Moldavie entre Europe médiane et espace ex-soviétique

Colloque organisé par les Groupements de recherche CEM et Est avec le soutien du ministère français de la Recherche et de l’enseignement supérieur et du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) – Sciences humaines et sociales.

Date : 12-13 février 2025
Lieu : INALCO et Institut d’études slaves, Paris

Comité scientifique : Olga Bronnikova, Mateusz Chmurski, Anna Colin-Lebedev, Iryna Dmytrychyn, Galyna Dranenko, Catherine Géry, Alexandra Goujon, Catherine Gousseff, Paul Gradvohl, Luba Jurgenson, Emilia Koustova, Éric Le Bourhis, Anne Le Huérou, Florent Parmentier (tbc), Ioana Popa, Nadège Ragaru, Kathy Rousselet, Clara Royer, Laurent Tatarenko

Comité d’organisation : Olga Bronnikova, Françoise Daucé, Paul Gradvohl, Valéri Kossov, Emilia Koustova, Nadège Ragaru, Kathy Rousselet, Clara Royer, Tatyana Shukan

Avec la participation, pour le CEFRES, de : Pavlo Khudish, Valeriia Korablyova

Programme

Mercredi 12 février

Matin

Ouverture des représentants du MESR, CNRS (W. Berthomière), MAE, INALCO, Léa Dupuis InSHS-réseaux

Introduction

1/ Conséquences de la guerre sur la construction des savoirs

Yurchuk Yuliya (Södertörn University), Rethinking humanities in the shadow of Russo-Ukrainian war. The case of memory studies and Ukraine

Ousmanova Almira (European Humanities University, Vilnius), The production of knowledge as a « crime »: Belarusian scholars under the condition of political repression, war, exile and deterritorialization (2020 – 2024)

Trencsényi Balázs (CEU Vienna/Budapest), Contextualizing, Transnationalizing, Decolonizing? Repositioning Ukrainian History as Emergency Pedagogy

Ragaru Nadège (Sciences Po) Penser/classer : l’Ukraine et ses attaches dans les rayonnages des librairies parisiennes

Discussion : Anna Colin-Lebedev et Ioulia Shukan

Après-midi

2/ Décolonial

Bogumił Zuzanna (University of Warsaw), Central Europe at the Crossroads: A Polish (De)Colonial Perspective on Between-ness of the West and East

Korablyova Valeriia (Université Charles), Strategic inter-imperiality: de-centering Eastern Europe, creolizing the theory

Riabchuk Mykola (Institute of Political and Nationalities’ Studies, Kyiv), Mapping « Nowhere Nations »: Imperial Knowledge and Challenges of Decolonization

Robert-Bœuf Camille (Université de Vilnius), La géographie pour comprendre les espaces ruraux lituaniens en 2024 : entre postcolonialisme et fantômes géographiques

Discussion : Romain Bertrand; Hamit Bozarslan

***

Jeudi 13 février

Matin

3/ Disparition d’empires et reconfiguration de la science

Daucé Françoise, Kirtchik Olessia (EHESS), Gouvernance numérique et souveraineté à l’Est de l’Europe

Górny Maciej (Académie polonaise des sciences), Cordon sanitaire through science: 19th and 20th century approaches to the limits of Russia in the times of war

Smalkyte Justina (USHMM), Le « passé subalterne » et les « conflits mémoriels » : récits historiens sur la Seconde Guerre mondiale en Lituanie après 1990

Discussion : Jean-Frédéric Schaub, Ioana Popa, Sylvie Archaimbault

Après-midi

4/ Frontières/Limites

Dmytrychyn Iryna (Inalco), Dranenko Galyna (Sorbonne Université), « Frontières-cicatrices » : les traces d’un effacement du réel et du savoir sur l’Ukraine dans le roman de Sofia Andrukhovych Amadoca (2020)

Moutier-Bitan Marie (Université de Caen), Décloisonner les études sur la Shoah en Moldavie et en Ukraine de l’Ouest : réflexions autour des usages du fleuve-frontière Dniestr dans les politiques
génocidaires nazie et roumaine.

Segal Raz, Csősz László, Khudish Pavlo , Jews and Roma in the Subcarpathian Region. Uncovering Entangled Histories and their Contemporary Significance

Discussion : Luba Jurgenson, Béatrice Von Hirschhausen

Table ronde : Fait(s) religieux et frontières politiques aux confins de l’Europe médiane et orientale : perspectives croisées sur un champ en renouvellement

Ivan Almes, Denys Brylov, Ovidiu Olar, Kathy Rousselet, Laurent Tatarenko et Maksym Yaremenko

Présentation du colloque

Ces deux journées de colloque porteront sur les évolutions des savoirs en SHS dans et sur la Biélorussie, l’Ukraine, la Moldavie et les pays baltes. Ces États, anciennement républiques soviétiques, ont en commun d’avoir appartenu avant 1917 à des empires différents (Empire austro-hongrois, Empire ottoman, Empire russe) en fonction des époques ; ils font partie d’une région de confins ballottée entre l’Est et l’Ouest. La guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine a poussé à repenser les savoirs sur l’Ukraine et accélérer leur « décolonisation », pour étudier l’histoire et la société ukrainiennes dans leur spécificité et dans leurs relations avec les pays d’Europe médiane. Et les savoirs sur la Biélorussie et la Moldavie sont eux aussi sujets au décentrement. Dans les États baltes, ce processus avait commencé bien avant, mais la situation actuelle pose de nouvelles questions. Ces trois pays deviennent par ailleurs un lieu de refuge pour les scientifiques ukrainiens, biélorusses et russes.

Objectifs du colloque

  • d’étudier l’évolution des limites territoriales de la région, telles qu’elles furent ou sont définies par et dans les pratiques scientifiques passées et présentes. Les sciences humaines et sociales n’ont cessé de dessiner et de remettre en question des grands ensembles, censés partager des caractéristiques géographiques, historiques, politiques, culturelles, linguistiques : Europe de l’Est, PECO, Mitteleuropa, Europe médiane, espace post-soviétique. Leurs noms et les tracés de leurs contours en disent long aussi bien des objets ainsi définis que des observateurs. La Biélorussie, l’Ukraine, la Moldavie et les États baltes ont été étudiés en tant que parties des espaces différents en fonction des époques, des pays et des disciplines. Comment cette question des périmètres est-elle abordée dans ces pays, mais aussi chez leurs voisins européens (notamment en Pologne) et dans les États qui étaient des républiques soviétiques ? Qu’en est-il en France ?
  • de saisir les enjeux des SHS en Biélorussie, Ukraine, Moldavie et dans les États baltes, en s’intéressant tout particulièrement à la façon dont ces recherches inscrivent leurs espaces nationaux dans des ensembles plus vastes ou contrastés (groupes nationaux et transnationaux minoritaires ; contexte autoritaire, guerre et recherches en exil ; décolonisation et tentation du roman national ; agenda politique, et notamment rapprochement avec l’Union européenne ; place de l’expertise et son rapport à la recherche…)
  • d’interroger les recherches sur la Biélorussie, l’Ukraine, la Moldavie et les États baltes portées par des chercheurs des États d’Europe centrale et orientale, du Caucase et de l’Asie centrale au cours de ces trois dernières décennies. Alors qu’en URSS le savoir sur les aires culturelles la composant était largement centralisé, comment celui-ci évolue-t-il aujourd’hui, dans les États qui étaient anciennement des républiques soviétiques ? Les relations nouées entre les institutions à l’époque soviétique ont-elles disparu ? Dans quelle mesure les recherches se concentrent-elles désormais plus sur les circulations et les connexions entre les pays, loin de Moscou, et comment cette nouvelle horizontalité dans la production du savoir influe-t-elle sur le contenu de ce dernier ? Dans quelle mesure la perspective de la « décolonisation » y est-elle présente et voit-on se dessiner des études comparées sur ce processus ? Étudie-t-on, et comment, les rapports de la Biélorussie, l’Ukraine, la Moldavie et les États baltes avec le reste des espaces qui composaient l’URSS ?

Nous aimerions que le colloque se termine par une table ronde, intitulée « Les savoirs au service des politiques européennes de voisinage et d’élargissement », avec des responsables de nos deux aires au ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche et au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Ce colloque donnera lieu également à une publication.