Microhistoire d’une ville polonaise-juive : 1918-1956

Conférence de Agnieszka Wierzcholska (Université Libre de Berlin) dans le cadre du séminaire d’histoire moderne des Juifs, organisé par l’Institut d’histoire contemporaine (Académie tchèque des sciences) et le CEFRES en partenariat avec l’Institut Masaryk (Académie tchèque des sciences).

Lieu : Na Florenci 3, 110 00 Prague 1
Horaires : 17h30-19h00
Langue : anglais

Présentation

Durant des siècles, Tarnów fut une ville polonaise-juive du sud de la Pologne. Avant la seconde Guerre mondiale, les Juifs représentaient près de 50 % de la population et l’autre moitié des habitants était des catholiques. Les relations entre Juifs et non-Juifs relevaient de la vie quotidienne, entre voisins, entre élèves, et de la vie politique locale. Avec la Shoah, le meurtre des Juifs de la ville a été perpétré dans les rues mêmes de la ville, sous les yeux de leurs voisins non-Juifs. Sur les 25 000 Juifs qui vivaient à Tarnów avant la guerre, moins d’un millier y retournèrent et seules quelques centaines y restèrent.

Que se passe-t-il lorsque l’occupant allemand détruit le Lebenswelt d’une ville polonaise-juive ? Le tissu social fut dramatiquement bouleversé après 1939 et la communauté locale sous occupation. L’antisémitisme grandissant de la fin des années 1930 croisa les politiques allemandes anti-juives de multiples façons. Du fait de la proximité de la violence, les Polonais non-Juifs furent compromis dans la Shoah. D’un autre côté, nous devons nous demander si certains réseaux locaux n’ont pas été résilients ? Quelles amitiés ont pu sauver des vies et quels contacts au contraire se sont révélés dangereux. Enfin, qu’arriva-t-il à la ville lorsque l’occupant allemand la quitta en janvier 1945 et que la moitié de ses habitants, les Juifs, avaient disparu ?

La conférence retracera la vie quotidienne d’une ville polonaise juive et la continuité de l’avant et de l’après deuxième Guerre mondiale et des histoires de vies, au sein des bouleversements

Qu’est-ce que le hassidisme ?

Conférence de Marcin Wodziński (Université de Wroclaw) dans le cadre du séminaire d’histoire moderne des Juifs, organisé par l’Institut d’histoire contemporaine (Académie tchèque des sciences) et le CEFRES en partenariat avec l’Institut Masaryk (Académie tchèque des sciences).

Lieu : Na Florenci 3, 110 00 Prague 1
Horaires : 17h30-19h00
Langue : anglais

Présentation

Qu’est-ce que le hassidisme ? Pourquoi savons-nous si peu de ce phénomène qui fut l’un des plus étudiés de l’histoire juive ? Quels présupposés historiographiques handicapent notre connaissance du hassidisme ? Cela est-il lié aux sources disponibles et aux approches méthodologiques ? À quoi ressemblerait le hassidisme si nous l’abordions d’un point de vue différent, anti-élitiste, à partir d’un shitbl de province plutôt que de la cour d‘un tsadik.

Ces questions seront au cœur de la conférence du professeur Wodziński, un des spécialistes les plus éminents du Hassidisme, auteur entre autres de : Hasidism. Key questions (Oxford University Press, 2018) et Historical Atlas of Hasidism (Princeton University Press, 2017, directeur de la publication).

La question des minorités et le problème des discours libéraux. Penser l’histoire de la culture juive / yiddish dans le contexte polonais

Conférence de Karolina Szymaniak (Université de Wroclaw) dans le cadre du séminaire d’histoire moderne des Juifs, organisé par l’Institut d’histoire contemporaine (Académie tchèque des sciences) et le CEFRES en partenariat avec l’Institut Masaryk (Académie tchèque des sciences).

Lieu : Na Florenci 3, 110 00 Prague 1
Horaires : 17h30-19h00
Langue : anglais

Présentation

Quand en 1988, dans un poème aujourd’hui célèbre, le poète Marcin Świetlicki émit une critique acérée de la rhétorique de l’opposition culturelle et de son appropriation par l’histoire, il écrivit :

Instead of saying: I have a toothache, I’m
hungry, I’m lonely (…)
they say quietly: Wanda
Wasilewska, Cyprian Kamil Norwid,
Józef Piłsudski, the Ukraine, Lithuania
Thomas Mann, the Bible, and at the end a little something
in Yiddish”
(trans. W. Martin).

Comme l’a montré Eugenia Prokop-Janiec, à partir des années 1980, le yiddish a été considéré comme une partie d’un code appartenant à une culture indépendante et tout investissement qui lui était consacré devint une forme de résistance. Mais qu’est-ce que „ce petit quelque chose“ (little something) et quelle tradition sous-tend sa présence dans le discours polonais ? De quelle signification et de quel contenu était-il investi ? Comment cette tradition joue-t-elle encore dans les représentations contemporaines du passé juif polonais et dans la façon dont nous écrivons l’histoire de la culture en Pologne ?

Nous examinerons les approches aussi bien actuelles que possibles de l’étude des contacts culturels yiddish-polonais au XXe siècles, leurs limites et leurs ramifications. Dans ce qui est un projet en cours, nous essayons de penser d’autres manières de conceptualiser l’histoire de la culture en Pologne en nous tournant vers l’histoire des relations culturelles yiddish-polonaises et de leurs discours, en les interprétant au prisme particulier des cultural studies. Cette approche englobe la question des minorités, respecte leur indépendance et crée un espace où „le petit quelque chose“ devient un phénomène à part entière, polyphonique et complexe.

Mémoire de la Shoah, vie juive et aspects générationnels – Tchécoslovaquie, les années 1980

Conférence de Peter Hallama (EHESS) dans le cadre du séminaire d’histoire moderne des Juifs, organisé par l’Institut d’histoire contemporaine (Académie tchèque des sciences) et le CEFRES en partenariat avec l’Institut Masaryk (Académie tchèque des sciences).

Lieu : Na Florenci 3, 110 00 Prague 1
Horaires : 17h00-18h30
Langue : anglais

Présentation

Cette conférence vise à réévaluer l’intérêt grandissant pour la culture, la religion et l’histoire juives dans la dernière décennie du socialisme d’État connue par la Tchécoslovaquie. Elle se penchera sur trois aspects : les conflits générationnels au sein de la communauté juive, alors que les membres de la jeune génération interrogeaient le passé et la religiosité de leurs familles ; les appropriations par les dissidents de l’histoire et de la culture juives ; et le début d’une nostalgie pour la Mitteleuropa, dont le souvenir s’opposait aux tendances homogénéisantes du régime communiste en faveur d’un idéal d’hétérogénéité culturelle, nationale et religieuse. Cette conférence discutera donc des principales façons dont les Tchèques, juifs et non juifs, ont redéfini alors la judéité, tout en cherchant à éviter une affirmation normative d’une identité juive « virtuelle » vs une identité « authentique ».

Juifs, mobilité sociale et antisémitisme en Moldavie dans la période tardive du stalinisme

Conférence de Diana Dumitru (Ion Creanga State Pedagogical Institute, Chisinau) dans le cadre du séminaire d’histoire moderne des Juifs, organisé par l’Institut d’histoire contemporaine (Académie tchèque des sciences) et le CEFRES en partenariat avec l’Institut Masaryk (Académie tchèque des sciences).

Lieu : Na Florenci 3, 110 00 Prague 1
Horaires : 17h00-18h30
Langue : anglais

L’histoire des Juifs soviétiques dans la période d’après-guerre est généralement perçue comme un épisode sombre, à cause de la répression, de l’expulsions des Juifs de l’appareil d’état, et de la coexistence d’antisémitisme d’état et des masses. Une analyse de la situation des Juifs dans la Moldavie soviétique interroge la vue monolithique de l’expérience juive dans la période tardive du stalinisme, et démontre que les circonstances locales d’après-guerre ont encouragé une forte promotion des Juifs dans les postes clefs de cette république.
Parallèlement, la présentation cherchera à mettre en évidence les conséquences de cette nouvelle visibilité publique des Juifs dans la relation triangulaire qui unie Juifs, institutions de l’état et des partis, et non-Juifs en Moldavie soviétique.

Illustration : Moses Chubat and his Friends (Kishinev 1947)

Un petit quelque chose en Yiddish. Cadre(s) conceptuel(s) pour l’étude des échanges culturels polono-yiddish au XXe siècle

Conférence de Karolina Szymaniak (Université de Wrocław) dans le cadre du séminaire d’histoire moderne des Juifs, organisé par l’Institut d’histoire contemporaine (Académie tchèque des sciences) et le CEFRES en partenariat avec l’Institut Masaryk (Académie tchèque des sciences).

Lieu : Na Florenci 3, 110 00 Prague 1
Horaires : 17h00-18h30
Langue : anglais

Lorsqu’en 1988 le poète Marcin Świetlicki a formulé, dans son désormais célèbre poème, sa critique sévère de la rhétorique de l’opposition culturelle et de son appropriation par l’histoire, il écrivit : « plutôt que de dire : j’ai mal aux dents, j’ai/ faim, je suis seul (…)/ ils disent calmement : Wanda/ Wasilewska, Cyprian Kamil Norwid,/ Józef Piłsudski, Ukraine, Lituanie/ Thomas Mann, la Bible, et finalement un petit quelque chose/ en Yiddish ». Comme  Eugenia Prokop-Janiec  l’a montré dans les années 1980, le Yiddish a été considéré comme faisant partie du code de la culture indépendante, et s’y intéresser est devenu une forme de résistance. Mais quel était ce « petit quelque chose » indéfini, et quelle tradition était alors sous-jacente à sa présence dans le discours polonais ? Quelle signification et quel contenu lui était-il conféré ? Comment cette tradition met-elle sous pression les représentations du passé juif polonais et la manière dont nous écrivons l’histoire de la culture en Pologne ?

L’exposé prendra la forme d’une discussion sur les approches existantes et à venir concernant l’étude des contacts culturels polonais-yiddish au cours du XXe siècle, sur leurs limites et leurs ramifications. Il s’agit d’un travail de présentation sur un projet en cours. En s’intéressant à l’histoire des relations culturelles du polonais-yiddish et aux discours, en les interprétant par le prisme  de différentes études culturelles, cette étude cherche aussi à proposer d’autres manières de conceptualiser l’histoire de la culture en Pologne. Cette approche prend en compte les perspectives des minorités, tout en respectant leur indépendance, et crée un espace où un « petit quelque chose » peut se transformer en un phénomène polyphonique complexe régit par ses propres règles.