Nano #2 | Conscience environnementale avant et après 1989

La deuxième session du séminaire NANO : Natures and Normes, organisée dans le cadre du projet SAMSON (Sciences, Arts, Médecine et Normes Sociales) et développée par l’Université la Sorbonne (Paris), la Faculté des lettres de l’Université Charles (Prague), l’Université de Varsovie et le CEFRES accueillera trois intervenants, Marta Kolářová, Weronika Parfianowicz et Matěj Spurný autour du thème:

Conscience environnementale avant et après 1989

: bibliothèque du CEFRES et en ligne
Quand : vendredi 25 novembre 2022, 16h30–18h30
Langue : anglais
Contact: cefres[@]cefres.cz

Marta KOLÁŘOVÁ (Institut de sociologie, Académie tchèque des sciences)
Genre et éco-domesticité. Valeurs de durabilité, normes et pratiques en République tchèque dans les années 2010

Le virage vers la durabilité est étroitement lié à de nouvelles normes : changement des modes de consommation, diminution de l’empreinte écologique et carbone, et limitation de la surconsommation. Mais alors comment les normes durables sont-elles liées au genre ? Cette présentation se concentre principalement sur les discours et les pratiques spécifiques en fonction du sexe de  « l’éco-domesticité » tchèque, qui comprend la consommation durable, la consommation verte et la garde alternée des enfants. Elle montre comment les valeurs de durabilité et d’autonomie sont pratiquées par les femmes et les hommes dans la vie quotidienne. La recherche est basée sur un examen sociologique qualitatif utilisant des entretiens approfondis, l’observation des participants et des analyses des médias.

Weronika PARFIANOWICZ (Université de Varsovie)
“Développer une nouvelle forme de frugalité ». Normes de consommation et conscience environnementale en Pologne au temps du socialisme

Dans les années 1970, les États socialistes d’Europe centrale et orientale ont été marqués, entre autres, par le développement du secteur des biens de consommation et l’émergence d’une culture consumériste. Cela a suscité diverses préoccupations sur la manière de concilier ce nouveau mode de vie, ses valeurs et ses pratiques avec les idéaux de l’humanisme socialiste. La critique traditionnelle du fétichisme de la marchandise s’accompagnait d’une dimension importante : la prise de conscience des coûts environnementaux du modèle de développement économique contemporain. Dans ma présentation, je me concentrerai sur les travaux des intellectuels et universitaires polonais qui ont tenté d’aborder le problème de la surconsommation et de la crise écologique dans le cadre de l’idéologie socialiste. Les discussions menées par les sociologues, les historiens et les spécialistes des sciences naturelles polonais dans les années 1970 mettent en exergue certaines questions importantes et certaines approches théoriques pertinentes des crises écologiques et climatiques contemporaines.

Matěj Spurný (Institut d’histoire économique et sociale, Faculté des lettres, Université Charles, Prague)
Une révolution silencieuse dans une « époque d’intemporalité ». Les transformations du rapport à l’environnement en Tchécoslovaquie 1968-1989

Les destructions du milieu naturel infligées par l’extraction du charbon ainsi que la pollution atmosphérique produite par les centrales électriques du nord de la Bohême sont habituellement créditées du rôle déterminant que les écologistes et les critiques écologiques ont pu jouer lors de la phase ultime de la délégitimisation de la dictature communiste en Tchécoslovaquie. Mon point de vue est tout à fait différent.
Je considère que la critique écologique de la seconde moitié des années 1980 n’est que la partie émergée de l’iceberg que constituent les transformations fondamentales qui marquèrent la majeure partie de la société tchèque et slovaque durant une période que Václav Havel a cependant pu qualifier de « hors du temps ». Sous la surface en apparence immuable d’une culture politique figée dans la « normalisation », se déroulait un processus que l’on attribue, dans le cas de l’Europe occidentale et des Etats Unis, à la fin des années 1960. Du point de vue de l’histoire sociale, ce processus peut être qualifié de crise d’une modernité achevée ou organisée (ou de passage à une modernité réflexive, selon les termes d’Ulrich Beck). Mon intervention ne souhaite pas se contenter d’une réflexion théorique. Je tenterai de montrer les mutations en jeu dans la perception des paradigmes fondamentaux, tels la modernisation ou le progrès, que donnent à voir les transformations du rapport à la nature, au paysage culturel mais aussi à l’environnement urbain, les voix de l’opposition, tout comme le discours officiel, se déplaçant progressivement de la modernisation vers la conservation du patrimoine. Je m’appuierai sur une recherche menée sur le long terme dans la région de Most et d’études plus réduites portant sur les communités épistémiques d’écologistes et de défenseurs du patrimoine, sur leurs publications périodiques et sur leur influence pour la transformation des discours concernant les thèmes clés de l’occupation humaine de la terre.

Voir le programme du séminaire NANO 2022-2023.

Seminaire SAMSON Nature(s) & Norms #1

Le séminaire accueillera deux présentations :

Astrid Greve KRISTENSEN ( doctorante, Sorbonne Université – CEFRES)
Points d’entrées e(co)schatologiques : l’abject et l’anthropocène dans le roman de Bianca Bellová, Jezero  [Le lac]

Matylda SZEWCZYK (Université de Varsovie)
Sur l’obscurité et la lumière : images de puissance nucléaire et de reproduction

: bibliothèque du CEFRES et en ligne
Quand : vendredi 21 Octobre 2022, 16:30–18:30
Langue : anglais
Contact: cefres[@]cefres.cz

Résumés

Partie 1 : Points d’entrées e(co)schatologiques : l’abject et l’anthropocène dans le roman de Bianca Bellová, Jezero  [Le lac] – Astrid Greve KRISTENSEN

Le roman de formation Jezero [Le lac] de l’autrice tchèque Bianca Bellová, publié en 2016, conjugue l’assèchement d’un lac vital avec une quantité obscène de fluides corporels qui sugissent de son protagoniste adolescent. Ce sujet écocritique combiné, conjugué à une interprétation relativement littérale de l’abject, constitue la base de mon interprétation de ce récit orphelin.

Partie 2 : Sur l’obscurité et la lumière : images de puissance nucléaire et de reproduction – Matylda SZEWCZYK

La juxtaposition apparemment contre-intuitive d’images d’énergie nucléaire – centrales électriques, essais atomiques, apocalypses nucléaires – avec des visions de la reproduction (fécondation biologique, parentalité, figurations symboliques des parents et des enfants) apparaît dans l’histoire de nos cultures avec une récurrence et une fréquence surprenantes. Cela soulève des questions concernant l’attitude des sociétés envers la technologie, la science et les « faits de la vie » fondamentaux. Cette problématique a déjà fait l’objet de discussions universitaires, depuis l’analyse féministe d’Evelyn Fox Keller jusqu’aux reconstitutions historiques de Spencer R. Weart. Le fonctionnement contemporain et historique de ces motifs dans la culture visuelle constitue l’arrière-plan de ma présentation qui se concentrera sur les images d’apocalypse nucléaire et de parentalité/reproduction dans les romans Sakhalin Island d’Eduard Verkin (2018) et Brightness de Maja Wolny (2019).

Voyez le calendrier du Séminaire SAMSON Nature(s) & Norms

Image à la une : P. Christopher Staecker.