La sixième rencontre du séminaire « Nature(s) et normes » (NaNo), dans le cadre du programme de recherche SAMSON (Sciences, Arts, Médecine et Normes Sociales), développé par l’Université de la Sorbonne (Paris), la Faculté des lettres de l’Université Charles (Prague), l’Université de Varsovie et le CEFRES, accueille deux participantes : Irina Tcherneva (CNRS) et Olga Kaczmarek (Université de Varsovie).
Lieu : Paris, Bibliothèque du CEFRES et en ligne (zoom)
Pour obtenir le lien, merci de nous contacter à cefres[@]cefres.cz
Date : Vendredi 24 mars, 16:30.
Langue : Anglais.
Première partie :
Le paysage dans la compréhension des crimes : pratiques des producteurs de films soviétiques
Irina Tcherneva, CNRS, Eur’ORBEM
Résumé : Cette intervention abordera les paysages et la dimension spatiale des films et photographies documentaires produits par les soviétiques entre 1941 et 1945, pendant la libération des territoires occupés par les Nazis. La localisation des crimes de guerre nazis fait du terrain soviétique un lieu unique dans l’histoire de l’Holocauste. Jusqu’à présent, il n’a pas été fait recours à l’analyse visuelle pour examiner ces traces dans les environnements ruraux et urbains.
Il s’agira de mêler des corpus visuels et textuels assemblés par les producteurs de films, par la Commission Extraordinaire d’État qui a rassemblé les données relatives aux crimes nazis, ainsi que par certains docteurs et journalistes pratiquant la photographie. Ce faisant, il s’agit d’examiner la valeur informationnelle des paysages pour le caméra-man et les agences de presse qui s’appuient sur les outils visuels pour documenter la violence de masse. L’intervenante insistera sur l’évolution des pratiques des producteurs de films et des photographes, et plus particulièrement sur l’évolution de leur perception de l’environnement et de la manière dont ils le représentent dans leurs images et leurs récits.
Irina Tcherneva, historienne, est spécialiste des films et photographies documentaires soviétiques au CNRS (Eur’ORBEM). Sa recherche est axée sur l’histoire socioéconomique du cinéma documentaire, sur l’histoire des audiences et techniques cinématographiques et sur le rôle des documents visuels et des oeuvres d’art durant la Seconde Guerre Mondiale et durant les procès d’après-guerre. Elle a récemment participé aux projets “Visual History of the Holocaust” (2019–2023, coordonné par Ludwig Boltzmann, Institut pour l’Histoire Digitale et Musée du Cinéma Autrichien), “CINESOV — Le cinéma en Union soviétique et la guerre, 1939–1945” (CNRS), “WW2CRIMESONTRIAL1943–1991” (CERCEC) et “Images de la justice : Nazis et collaborateurs en procès dans l’Europe libérée” (Université Paris 1). Parmi ses publications récentes, figurent : Seeking Accountability for Nazi and War Crimes in East and Central Europe: A People’s Justice? (Presses Universitaires de Rochester, 2022 ; avec Eric Le Bourhis et Vanessa Voisin) ; Perezhit’ vojnu: Kinoindustrija v SSSR 1939–1949 (Rosspen, 2018 ; avec Vanessa Voisin et Valérie Pozner) ; et le numéro spécial de la revue Conserveries mémorielles « Le cinéma s’en va-t-en guerre, Écrans et propagande en URSS (1939-1949) » (24, 2020 ; avec Valérie Pozner).
Deuxième partie :
“Juste derrière cette forêt” : les bois comme paysage de l’ambivalence de la Pologne durant la Shoah dans les films polonais sur l’Holocauste
Olga Kaczmarek, Institut de la Culture Polonaise, Université de Varsovie
Résumé : Dans l’imagerie culturelle polonaise, la forêt est récemment devenue un des véhicules mémoriels de la position tenue par les Polonais durant la Shoah. Depuis 30 ans, la forêt apparaît comme telle dans de nombreuses productions cinématographiques. Le terme « films sur l’Holocauste » n’est d’ailleurs pas tout à fait adapté, puisqu’il suggère des descriptions franches, alors que les paysages boisés protègent et révèlent les ambivalences de l’attitude des Polonais à l’égard des Juifs durant la Seconde Guerre Mondiale. L’intervention explorera la manière dont cette imagerie médie la production de discours sur les relations entre Polonais et Juifs durant la guerre, au sein du cinéma populaire et aussi du cinéma moins populaire.
Olga Kaczmarek est la directrice générale du Forum pour le Dialogue, la plus grande et plus ancienne organisation à but non-lucratif engagée dans la promotion du dialogue Polonais/Juif. Elle possède un doctorat en études culturelles de l’Institut de Culture Polonaise de l’Université de Varsovie. Elle est l’auteure d’un livre : Otherwise than Writing: Levinas and Postmodern Anthropology (2016, publié en polonais par Wydawnictwa Uniwersytetu Warszawskiego). Ces dernières années, elle a étudié les discours sur les relations entre Polonais et Juifs en temps de guerre en Pologne. Elle a participé à l’écriture du volume Traces of the Holocaust in the imagery of Polish culture (2017, publié en polonais par Wydawnictwo Krytyka Polityczna).
Voir le programme complet du séminaire ici.