Changements rituels en Asie du sud : circulations, transferts et transgressions

Une journée d’étude organisé par le CEFRES et la Faculté des lettres de l’Université Charles de Prague.

Lieu : CEFRES, Narodni 18, salle de conférences, 7e étage.

Organisatrice : Cécile Guillaume-Pey (CEFRES-FMSH).

Langue : anglais.

Programme

Session 1 – Modératrice : Barbora Spalová (Assistant Professor, Charles University, Prague)

9h45 – Max Stille (Ph.D. student, University of Heidelberg) : Bengali Islamic sermons between ritual and non-ritual frames of interpretation

10h20 – Alexis Avdeeff (Maître de Conférences, Université de Poitiers) : Chanting destiny: the commercialization of a traditional “divinatory art”

10h55 – Pause café

11h25 – Martin Hříbek (Assistant Professor, Charles University, Prague) : Animating images of Durga: Art, ritual and technologies of enchantment on the streets of Calcutta

12h – Déjeuner

Session 2 – Modérateur : Luděk Brož (Institute of Ethnology, The Czech Academy of Sciences)

14h – Lidia Guzy (Assistant Professor, University College Cork) : From ritual music to stage, museums and politics. Ritual transfers in Western Odisha, India

14h35 – Rhadika Borde (Ph.D. Student, Wageningen University) : Politicized rituals of worship: Activist involvement in the Dongaria Kondhs’ worship of the Niyamgiri Mountain in Odisha, India

15h10 – Pause

15h30 – Soňa Bendíková (Assistant Professor, Charles University, Prague) : The Kota funeral: change of rituals in time

16h05 – Cécile Guillaume-Pey (Postdoctoral research fellow, IIAC, Paris) : Drinking letters or talking with spirits? Ritual change in a Sora religious movement

Présentation

Les rites ne sont pas des machines intemporelles aux rouages bien huilés qui « marchent » à tous les coups, quelles que soient les motivations individuelles ou collectives des participants. Ils sont au contraire des constructions sociales et historiques qui peuvent parfois « échouer » ou du moins être considérées comme insatisfaisantes ou obsolètes, et être alors rejetées, remplacées par d’autres, ou faire l’objet de réajustements. En soulignant la flexibilité et la polysémie qui caractérisent les rituels, de récentes études ont révélé la pertinence d’une approche diachronique qui inclut l’expérience des acteurs engagés dans la réalisation du rite, et s’interroge sur la façon dont ils le critiquent, le réinventent, s’appropriant parfois des modèles rituels alternatifs.

Notre journée d’étude souhaite explorer les processus de transformation, circulation et transferts de rites en Asie du Sud. Les présentations, qu’elles portent sur une forme rituelle « traditionnelle » ajustée à un nouveau contexte social, politique ou religieux, ou sur une forme intégrant de nouveaux media – écrits ou audiovisuels – pour diffuser un message religieux, mettront en valeur les différentes façons dont les acteurs remodèlent leurs pratiques et inventent de nouvelles formes liturgiques.

La régulation du lobbying en Europe centrale

Dans le cadre du séminaire commun IMS – CEFRES « Entre aires et disciplines », Jana Vargovčíková (CEFRES-FF UK) présentera ses recherches de doctorat sur Les modes de la légitimation du lobbying en Europe centrale et leurs ambivalences. Sa présentation sera discutée par Pierre Lascoumes, directeur de recherche émérite du Centre d’études européennes (CEE), spécialiste notamment de la corruption politique, les évolutions récentes des politiques de développement durable et de ses institutions, et les formes contemporaines de criminalité économique.

: Bibliothèque du CEFRES, Na Florenci 3.

Langue : anglais.

Les élites peuvent-elles être délinquantes ?

LascoumesDans le cadre des Grandes conférences de la Plateforme CEFRES, le sociologue Pierre Lascoumes, directeur de recherche émérite du CNRS, donnera une conférence sur « Les élites peuvent-elles être délinquantes ? » Sa présentation sera discutée par Pavol Frič (ISS FSV UK), spécialiste de la corruption dans les relations entre les élites et la sphère publique en République tchèque.

Langue : en français, traduction simultanée en tchèque.

Lieu : au CEFRES, Národní 18, Prague 1, salle de conférence, 7e étage.

Juriste et sociologue de formation, Pierre Lascoumes (CNRS et Centre d’Etudes européennes de Sciences-Po Paris) a mené des travaux majeurs sur les perceptions de la corruption et des délinquances économiques et financières. Il a aussi mené des recherches sur l’histoire et la mise en œuvre des politiques environnementales et de gestion des risques. Son récent livre, Sociologie des élites délinquantes : de la criminalité en col blanc à la corruption politique, coécrit avec Carla Nagels, professeure de criminologie, se penche sur des affaires récentes (Bettencourt, HSBC) très médiatisées mais qui révèlent à quel point la délinquance des élites bénéficie d’une certaine acceptation sociale en France. Homme de théâtre, Pierre Lascoumes a aussi monté en 2015 une pièce autour d’un texte de Mazarin, évoquant l’affaire Cahuzac.

Usages de l’analogie dans les sciences humaines et sociales

Une séance menée par Lara Bonneau.

À lire :

  • Gilbert Simondon, L’individu et sa genèse physico-biologique, Paris, PUF, 1964, p. 264-268.
  • Alan Sokal, « A Physicist Experiments with Cultural Studies », Lingua Franca, mai-juin 1996, URL : http://linguafranca.mirror.theinfo.org/9605/sokal.html
  • Aby Warburg, Miroirs de faille, A Rome avec Giordano Bruno et Edouard Manet, Paris, Presses du réel/L’écarquillé, 2011, p. 62, 64.

La transdisciplinarité peut être conçue comme le partage d’objets et de méthodes par diverses disciplines. Outre ces objets et méthodes, elle peut aussi – et c’est peut-être sa première forme –  impliquer le partage d’un vocabulaire commun. La tendance de certaines sciences humaines, et de la philosophie en particulier, à utiliser des concepts élaborés par d’autres disciplines dans d’autres contextes, a été vivement critiquée par Alan Sokal en 1994, à l’occasion de ce que l’on continue d’appeler aujourd’hui « l’affaire Sokal ». Le physicien essaya de discréditer la réappropriation par certains philosophes de concepts appartenant aux sciences naturelles, en montrant leur ignorance sur la signification réelle de ces concepts dans leur champ d’origine et ainsi faisant, en réduisant leurs travaux à de vains jeux linguistiques. En effet, le recours à l’analogie et à la métaphore dans les sciences humaines mérite une approche critique. Dans cette séance, j’essaierai de montrer que, s’il n’est pas sans danger, cet usage de l’analogie et de la métaphore est inhérent à l’activité scientifique, qui peut être à la fois légitime et fructueux. Je commencerai en donnant un exemple concret à travers les emprunts analogiques et métaphoriques au champ des sciences naturelles faits par l’historien de l’art Aby Wargurg. Je m’appuierai ensuite sur un texte plus réflexif de Simondon sur la légitimité de cette méthode, intitulé Théorie de l’acte analogique dans son ouvrage L’individuation à la lumière des notions de forme et d’information.

Séminaire historique franco-tchèque : Elisabeth Gaucher-Rémond

Lieu : Faculté des lettres, nám. Jana Palacha 2, salle 201

Organisateurs : FF UK & CEFRES

À partir de figures légendaires devenues célèbres pour leurs tribulations avec le diable, les deux conférences proposent une réflexion sur le rôle de l’altérité dans la construction du sujet. Il s’agira de souligner l’opposition entre celui qui met tous ses efforts à arracher son âme à l’emprise de Satan et celui qui se plaît à jouer avec son démon dans l’espoir de connaître la peur. En replaçant ces légendes dans les divers héritages culturels qu’elles véhiculent, sans s’interdire quelques échappées vers des réécritures postmédiévales, on interrogera l’évolution des croyances qui s’y rattachent : du diable terroriste au démon impuissant.

Robert le Diable ou le refus de l’hérédité diabolique

Après un rapide exposé des influences historiques, mythiques et littéraires dont a pu s’inspirer le récit médiéval (XIIIe siècle), on s’intéressera plus spécifiquement aux conditions de l’accès à la sainteté que retrace l’histoire de l’enfant né du diable et aux traces d’intertextualité qu’elle atteste avec d’autres récits de conversion de la même époque.

Richard sans Peur ou le jeu avec le diable

Persécuté par un démon qui l’entraîne dans des aventures nocturnes, ce héros du XVe siècle, fils supposé de Robert le Diable, se caractérise par une intrépidité qui le rend indifférent à l’enjeu métaphysique de la rencontre surnaturelle. Il s’agira de réfléchir à la signification que revêt l’absence de peur à la fin du Moyen Age, tant au niveau de la parodie littéraire qu’à celui de l’exemplum moral.

Ancienne élève de l’École Normale Supérieure (Paris), Professeur de littérature et langue françaises du Moyen Âge à l’université de Nantes, Élisabeth Gaucher-Rémond est titulaire d’une licence d’histoire et d’une agrégation de Lettres. Après une thèse sur les biographies chevaleresques du XIIIe au XVe siècle (Champion, 1994), elle continue à explorer les interférences du réel et de l’imaginaire dans des récits historico-légendaires (Robert le Diable, Richard sans Peur) et dans la représentation de l’individu (programme interdisciplinaire MEDIEVARS). Elle prépare actuellement un essai sur les Formes autobiographiques dans la littérature médiévale et une édition de Richard sans Peur.

Sélection bibliographique

  • La Biographie chevaleresque. Typologie d’un genre (XIIIe-XVe s.), Paris, Champion, 1994 (Nouvelle Bibliothèque du Moyen Âge, 29).
  • Robert le Diable. Histoire d’une légende, Paris, Champion, 2003 (Essais sur le Moyen Âge, 29).
  • Robert le Diable, édition bilingue. Publication, traduction, présentation et notes, Paris, Champion, 2006 (Champion Classiques / Moyen Âge, 17).
  • Richard sans Peur, duc de Normandie : entre histoire et légende. Actes du colloque organisé au Havre par Laurence Mathey-Maille et Élisabeth Gaucher-Rémond, 29-30 mars 2012. Annales de Normandie, 64e année, n°1, janvier-juin 2014.
  • « La parodie du fantastique dans Richard sans Peur », « Furent les merveilles pruvees et les aventures truvees » (Hommage à Francis Dubost), Paris, Champion, 2005 (Colloques, congrès et conférences sur le Moyen Âge, 6), p.247-261.
  • « Les recettes du diable : le pouvoir et l’argent dans Richard sans Peur», Le prince, l’argent, les hommes au Moyen Âge (Mélanges offerts à Jean Kerhervé), Presses Universitaires de Rennes, 2008, p.323-330.
  • « Tentations et mariage sataniques dans Richard sans Peur : le détournement des modèles allégoriques et féeriques », Cahiers de Recherches Médiévales, 15 (La Tentation du parodique dans la littérature médiévale, études réunies par E. Gaucher), 2008, p.73-85.
  • « Robert le diable ou le ‘criminel repentant’ : la légende au miroir des récits de conversion », La légende de Robert le Diable du Moyen Âge au XXe siècle. (Actes du colloque de l’Universités de Caen (17 et 18 septembre 2009) édités par L.Mathey-Maille et H. Legros), Orléans, Paradigme, 2010, p.27-41.
  • « Les semblances du diable dans Richard sans Peur », Revue des langues romanes, CXIV, n°2 (Le déguisement dans la littérature française du Moyen Âge, textes réunis par J. Dufournet et C.Lachet), 2010(2), p.391-413.
  • « À propos des réécritures : Richard sans Peur, roman de l’ironie ?», Richard sans Peur, duc de Normandie : entre histoire et légende. Actes du colloque organisé au Havre par L.Mathey-Maille et E. Gaucher-Rémond, 29-30 mars 2012. Annales de Normandie, 64e année, n°1, janvier-juin 2014, p.215-228.
  • « Tentation de la chair, séduction de l’esprit : Richard sans Peur et le modèle érémitique », Chaire, chair et bonne Chère (Hommage à Paul Bretel), Presses Universitaires de Perpignan, 2014, p.21-34.
  • « Saint Julien l’Hospitalier et Robert le Diable », Hagiographie, Imaginaire, Littérature(Mélanges offerts à Jean-Pierre Perrot),  Université de Savoie, coll. « Écriture et représentation », n°28, 2015, p.127-143.

La sémantique historique dans une perspective transnationale et transdisciplinaire : le cas du « milieu »

Wolf FeuerhahnDans le cadre des Grandes conférences de la Plateforme CEFRES,  Wolf Feuerhahn, chercheur au CNRS, directeur adjoint du Centre Alexandre Koyré et directeur de la Revue d’histoire des sciences humaines, prononcera une conférence sur « La Sémantique historique dans une perspective transnationale et transdisciplinaire » en étudiant le cas du « milieu ».

Langue : anglais.

Lieu : CEFRES, Národní 18, Prague 1, salle de conférence, 7e étage.

L’histoire transdisciplinaire est aujourd’hui un domaine de recherche florissant. Dans les dix dernières années, l’histoire des concepts a été influencée  par ce tournant historiographique. Bien plus qu’auparavant, l’accent est mis sur les problèmes de re-sémantisation transnationale et transculturelle des concepts. L’émergence et le succès de nouvelles expressions comme « travelling concepts » (Mieke Bal) ou « nomadic concepts » (Olivier Christin) témoignent bien de ce changement.

Cette présentation se propose d’aller plus loin en s’appuyant sur l’histoire transnationale du terme « milieu ». Après avoir voyagé de la France à l’Allemagne, de l’histoire littéraire à la biologie et à la sociologie, on en est venu à faire du mot milieu une théorie française. On l’a vu comme l’expression d’une forme de déterminisme, d’un lien entre l’essor des sciences naturelles et celui du socialisme. La grande majorité des chercheurs allemands réfutent cette théorie et le mot Umwelt  a été créé pour s’opposer au terme français. Mais Umwelt  a précisément été retraduit par le terme français « milieu », devenant ainsi l’étendard d’une philosophie anti-déterministe et postmoderne (Deleuze).

À travers cette étude de cas, je voudrais promouvoir ce que j’appellerais une « sémantique transnationale et historique », à l’opposé de l’Histoire des concepts de Koselleck qui distingue a priori les mots et les concepts, et réfléchir sur la façon dont les mots sont sémantiquement affectés par leur trajectoire transnationale et interdisciplinaire.