Dans le cadre du séminaire commun IMS – CEFRES « Entre aires et disciplines », Jana Vargovčíková (CEFRES-FF UK) présentera ses recherches de doctorat sur Les modes de la légitimation du lobbying en Europe centrale et leurs ambivalences. Sa présentation sera discutée par Pierre Lascoumes, directeur de recherche émérite du Centre d’études européennes (CEE), spécialiste notamment de la corruption politique, les évolutions récentes des politiques de développement durable et de ses institutions, et les formes contemporaines de criminalité économique.
Où : Bibliothèque du CEFRES, Na Florenci 3.
Langue : anglais.
Dans le cadre des Grandes conférences de la Plateforme CEFRES, le sociologue Pierre Lascoumes, directeur de recherche émérite du CNRS, donnera une conférence sur « Les élites peuvent-elles être délinquantes ? » Sa présentation sera discutée par Pavol Frič (ISS FSV UK), spécialiste de la corruption dans les relations entre les élites et la sphère publique en République tchèque.
Langue : en français, traduction simultanée en tchèque.
Lieu : au CEFRES, Národní 18, Prague 1, salle de conférence, 7e étage.
Juriste et sociologue de formation, Pierre Lascoumes (CNRS et Centre d’Etudes européennes de Sciences-Po Paris) a mené des travaux majeurs sur les perceptions de la corruption et des délinquances économiques et financières. Il a aussi mené des recherches sur l’histoire et la mise en œuvre des politiques environnementales et de gestion des risques. Son récent livre, Sociologie des élites délinquantes : de la criminalité en col blanc à la corruption politique, coécrit avec Carla Nagels, professeure de criminologie, se penche sur des affaires récentes (Bettencourt, HSBC) très médiatisées mais qui révèlent à quel point la délinquance des élites bénéficie d’une certaine acceptation sociale en France. Homme de théâtre, Pierre Lascoumes a aussi monté en 2015 une pièce autour d’un texte de Mazarin, évoquant l’affaire Cahuzac.
Une séance menée par Lara Bonneau.
À lire :
- Gilbert Simondon, L’individu et sa genèse physico-biologique, Paris, PUF, 1964, p. 264-268.
- Alan Sokal, « A Physicist Experiments with Cultural Studies », Lingua Franca, mai-juin 1996, URL : http://linguafranca.mirror.theinfo.org/9605/sokal.html
- Aby Warburg, Miroirs de faille, A Rome avec Giordano Bruno et Edouard Manet, Paris, Presses du réel/L’écarquillé, 2011, p. 62, 64.
La transdisciplinarité peut être conçue comme le partage d’objets et de méthodes par diverses disciplines. Outre ces objets et méthodes, elle peut aussi – et c’est peut-être sa première forme – impliquer le partage d’un vocabulaire commun. La tendance de certaines sciences humaines, et de la philosophie en particulier, à utiliser des concepts élaborés par d’autres disciplines dans d’autres contextes, a été vivement critiquée par Alan Sokal en 1994, à l’occasion de ce que l’on continue d’appeler aujourd’hui « l’affaire Sokal ». Le physicien essaya de discréditer la réappropriation par certains philosophes de concepts appartenant aux sciences naturelles, en montrant leur ignorance sur la signification réelle de ces concepts dans leur champ d’origine et ainsi faisant, en réduisant leurs travaux à de vains jeux linguistiques. En effet, le recours à l’analogie et à la métaphore dans les sciences humaines mérite une approche critique. Dans cette séance, j’essaierai de montrer que, s’il n’est pas sans danger, cet usage de l’analogie et de la métaphore est inhérent à l’activité scientifique, qui peut être à la fois légitime et fructueux. Je commencerai en donnant un exemple concret à travers les emprunts analogiques et métaphoriques au champ des sciences naturelles faits par l’historien de l’art Aby Wargurg. Je m’appuierai ensuite sur un texte plus réflexif de Simondon sur la légitimité de cette méthode, intitulé Théorie de l’acte analogique dans son ouvrage L’individuation à la lumière des notions de forme et d’information.
Lieu : Faculté des lettres, nám. Jana Palacha 2, salle 201
Organisateurs : FF UK & CEFRES
À partir de figures légendaires devenues célèbres pour leurs tribulations avec le diable, les deux conférences proposent une réflexion sur le rôle de l’altérité dans la construction du sujet. Il s’agira de souligner l’opposition entre celui qui met tous ses efforts à arracher son âme à l’emprise de Satan et celui qui se plaît à jouer avec son démon dans l’espoir de connaître la peur. En replaçant ces légendes dans les divers héritages culturels qu’elles véhiculent, sans s’interdire quelques échappées vers des réécritures postmédiévales, on interrogera l’évolution des croyances qui s’y rattachent : du diable terroriste au démon impuissant.
Robert le Diable ou le refus de l’hérédité diabolique
Après un rapide exposé des influences historiques, mythiques et littéraires dont a pu s’inspirer le récit médiéval (XIIIe siècle), on s’intéressera plus spécifiquement aux conditions de l’accès à la sainteté que retrace l’histoire de l’enfant né du diable et aux traces d’intertextualité qu’elle atteste avec d’autres récits de conversion de la même époque.
Richard sans Peur ou le jeu avec le diable
Persécuté par un démon qui l’entraîne dans des aventures nocturnes, ce héros du XVe siècle, fils supposé de Robert le Diable, se caractérise par une intrépidité qui le rend indifférent à l’enjeu métaphysique de la rencontre surnaturelle. Il s’agira de réfléchir à la signification que revêt l’absence de peur à la fin du Moyen Age, tant au niveau de la parodie littéraire qu’à celui de l’exemplum moral.
Ancienne élève de l’École Normale Supérieure (Paris), Professeur de littérature et langue françaises du Moyen Âge à l’université de Nantes, Élisabeth Gaucher-Rémond est titulaire d’une licence d’histoire et d’une agrégation de Lettres. Après une thèse sur les biographies chevaleresques du XIIIe au XVe siècle (Champion, 1994), elle continue à explorer les interférences du réel et de l’imaginaire dans des récits historico-légendaires (Robert le Diable, Richard sans Peur) et dans la représentation de l’individu (programme interdisciplinaire MEDIEVARS). Elle prépare actuellement un essai sur les Formes autobiographiques dans la littérature médiévale et une édition de Richard sans Peur.
Sélection bibliographique
- La Biographie chevaleresque. Typologie d’un genre (XIIIe-XVe s.), Paris, Champion, 1994 (Nouvelle Bibliothèque du Moyen Âge, 29).
- Robert le Diable. Histoire d’une légende, Paris, Champion, 2003 (Essais sur le Moyen Âge, 29).
- Robert le Diable, édition bilingue. Publication, traduction, présentation et notes, Paris, Champion, 2006 (Champion Classiques / Moyen Âge, 17).
- Richard sans Peur, duc de Normandie : entre histoire et légende. Actes du colloque organisé au Havre par Laurence Mathey-Maille et Élisabeth Gaucher-Rémond, 29-30 mars 2012. Annales de Normandie, 64e année, n°1, janvier-juin 2014.
- « La parodie du fantastique dans Richard sans Peur », « Furent les merveilles pruvees et les aventures truvees » (Hommage à Francis Dubost), Paris, Champion, 2005 (Colloques, congrès et conférences sur le Moyen Âge, 6), p.247-261.
- « Les recettes du diable : le pouvoir et l’argent dans Richard sans Peur», Le prince, l’argent, les hommes au Moyen Âge (Mélanges offerts à Jean Kerhervé), Presses Universitaires de Rennes, 2008, p.323-330.
- « Tentations et mariage sataniques dans Richard sans Peur : le détournement des modèles allégoriques et féeriques », Cahiers de Recherches Médiévales, 15 (La Tentation du parodique dans la littérature médiévale, études réunies par E. Gaucher), 2008, p.73-85.
- « Robert le diable ou le ‘criminel repentant’ : la légende au miroir des récits de conversion », La légende de Robert le Diable du Moyen Âge au XXe siècle. (Actes du colloque de l’Universités de Caen (17 et 18 septembre 2009) édités par L.Mathey-Maille et H. Legros), Orléans, Paradigme, 2010, p.27-41.
- « Les semblances du diable dans Richard sans Peur », Revue des langues romanes, CXIV, n°2 (Le déguisement dans la littérature française du Moyen Âge, textes réunis par J. Dufournet et C.Lachet), 2010(2), p.391-413.
- « À propos des réécritures : Richard sans Peur, roman de l’ironie ?», Richard sans Peur, duc de Normandie : entre histoire et légende. Actes du colloque organisé au Havre par L.Mathey-Maille et E. Gaucher-Rémond, 29-30 mars 2012. Annales de Normandie, 64e année, n°1, janvier-juin 2014, p.215-228.
- « Tentation de la chair, séduction de l’esprit : Richard sans Peur et le modèle érémitique », Chaire, chair et bonne Chère (Hommage à Paul Bretel), Presses Universitaires de Perpignan, 2014, p.21-34.
- « Saint Julien l’Hospitalier et Robert le Diable », Hagiographie, Imaginaire, Littérature(Mélanges offerts à Jean-Pierre Perrot), Université de Savoie, coll. « Écriture et représentation », n°28, 2015, p.127-143.
Dans le cadre des Grandes conférences de la Plateforme CEFRES, Wolf Feuerhahn, chercheur au CNRS, directeur adjoint du Centre Alexandre Koyré et directeur de la Revue d’histoire des sciences humaines, prononcera une conférence sur « La Sémantique historique dans une perspective transnationale et transdisciplinaire » en étudiant le cas du « milieu ».
Langue : anglais.
Lieu : CEFRES, Národní 18, Prague 1, salle de conférence, 7e étage.
L’histoire transdisciplinaire est aujourd’hui un domaine de recherche florissant. Dans les dix dernières années, l’histoire des concepts a été influencée par ce tournant historiographique. Bien plus qu’auparavant, l’accent est mis sur les problèmes de re-sémantisation transnationale et transculturelle des concepts. L’émergence et le succès de nouvelles expressions comme « travelling concepts » (Mieke Bal) ou « nomadic concepts » (Olivier Christin) témoignent bien de ce changement.
Cette présentation se propose d’aller plus loin en s’appuyant sur l’histoire transnationale du terme « milieu ». Après avoir voyagé de la France à l’Allemagne, de l’histoire littéraire à la biologie et à la sociologie, on en est venu à faire du mot milieu une théorie française. On l’a vu comme l’expression d’une forme de déterminisme, d’un lien entre l’essor des sciences naturelles et celui du socialisme. La grande majorité des chercheurs allemands réfutent cette théorie et le mot Umwelt a été créé pour s’opposer au terme français. Mais Umwelt a précisément été retraduit par le terme français « milieu », devenant ainsi l’étendard d’une philosophie anti-déterministe et postmoderne (Deleuze).
À travers cette étude de cas, je voudrais promouvoir ce que j’appellerais une « sémantique transnationale et historique », à l’opposé de l’Histoire des concepts de Koselleck qui distingue a priori les mots et les concepts, et réfléchir sur la façon dont les mots sont sémantiquement affectés par leur trajectoire transnationale et interdisciplinaire.
Dans le cadre du séminaire commun IMS – CEFRES « Entre aires et disciplines », Mátyás Erdélyi (CEU, Budapest & CEFRES) présentera ses recherches de doctorat sur la formation d’une classe moyenne productiviste dans la monarchie habsbourgeoise. Sa présentation sera discutée par Wolf Feuerhahn, chercheur au CNRS, co-directeur du Centre Alexandre Koyré et rédacteur en chef de la Revue d’histoire des sciences humaines.
Où : Bibliothèque du CEFRES, Na Florenci 3.
Langue : anglais.