Un Moyen Âge européen. Circulation des objets, des pratiques et des techniques entre Europe centrale et Europe occidentale (1000-1600)
Quatrième journée d’étude doctorale organisée dans le cadre de la Convention de coopération entre l’EHESS, le CEFRES, l’Université Charles et l’Académie tchèque des sciences.
Date : 24 avril 2025
Lieu : CEFRES, Na Florenci 3, Prague 1 (et en ligne)
Date limite d’envoi des candidatures : 31 janvier 2025
Réponse aux candidatures : 28 février 2025
Langue de la journée d’étude : anglais
Responsables scientifiques :
- Lise Saussus, Centre de recherches historiques, UMR 8558, École des hautes études en sciences sociales (CRH, EHESS)
- Jakub Sawicki, Institut d’archéologie de l’académie tchèque des sciences, Prague
- Tomasz Cymbalak, Institut national des Monuments historiques, Prague
- Nicolas Thomas, Institut national de recherches archéologiques préventives, Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris
Cet atelier doctoral vise à explorer les approches qui interrogent les flux d’objets, de pratiques et de techniques dans le domaine de la culture matérielle au sens large, dans des contextes de production ou de consommation. Le titre de cet atelier considère l’Europe géographique, mais l’accent mis sur le Moyen Âge européen est avant tout une manière de rendre compte d’une unité matérielle à l’échelle européenne, au-delà des entités politiques. Tout d’abord, il s’avère que lorsque des objets quotidiens utilisés par un grand nombre de personnes deviennent des produits de consommation de masse, il faut s’interroger sur les formes et les conséquences de la standardisation mise en place à une large échelle spatiale, c’est-à-dire sur un certain nombre de similitudes. Ces similitudes se retrouvent dans la forme des objets eux-mêmes, mais aussi dans leurs matériaux et leurs modes de fabrication, enfin dans la manière dont des objets différents sont produits selon des méthodes de façonnage similaires. Deuxièmement, même en l’absence de consommation de masse, les motifs, les représentations et les usages traversent l’Europe; des réseaux de pratiques émergent, que la culture matérielle transporte avec elle, comme le montre A united Europe of things. Portable material culture across medieval Europe (eds. J. Sawicki, M. Lewis, M. Vargha).
Il s’agit donc d’examiner les similitudes et les différences dans la production et la consommation de la culture matérielle en Europe, d’Est en Ouest et vice versa. Nous serons particulièrement attentifs à ne pas dissoudre les notions de transfert, de circulation et de diffusion dans une réalité unique et à considérer les pratiques et les techniques dans leur hétérogénéité également, en évitant une vision linéaire dans laquelle la diffusion serait homogène. En d’autres termes, il ne s’agit pas d’invisibiliser les variations locales, les formes de distinction par rapport aux voisins ou les formes de rejet de la nouveauté. Les obstacles à la circulation des pratiques et des techniques doivent également être étudiés, de même que les adaptations et les traductions des pratiques en circulation (cf. L. Hilaire-Pérez, C. Verna in Technology and culture, 2006).
Là où l’archéologie tend à se concentrer sur des cas particuliers, en raison de l’organisation du travail archéologique et de la nécessité de monographies de sites, il s’agit de réfléchir à une échelle interrégionale et à une approche comparative, en utilisant divers types de sources, y compris les artefacts archéologiques et les archives écrites. Mais l’approche comparative entre ces zones n’exclut pas une attention portée aux influences, imitations, adaptations, caractéristiques exogènes ou autres preuves de la circulation des personnes, des objets, des pratiques ou des techniques dans des situations plus locales. La circulation des pratiques et des techniques, ainsi que la mobilité des objets, qui peuvent aussi être des vecteurs de transferts techniques, comme la diffusion des modes de consommation, seront idéalement examinées sur une base multiscalaire en passant de l’échelle micro (du document ou du site) à l’échelle macro, celle de l’Europe médiévale, et vice-versa. D’un point de vue méthodologique, ce sera aussi l’occasion d’explorer les allers-retours entre les différentes échelles d’analyse et la prise en compte des transferts techniques et culturels.
L’atelier s’adresse aux jeunes chercheurs, chercheuses, doctorantes et doctorants dans le cadre de leur thèse de doctorat ou d’autres projets. Les participants sont invités à présenter des communications sur un large éventail d’objets, de techniques et de matériaux qui constituent la culture matérielle du Moyen Âge. Ce champ d’application s’étend au-delà de l’objectif traditionnel des archéologues et englobe tous les aspects de la matérialité, y compris ceux qui ont été examinés plus récemment par les historiens du texte à la suite du tournant matériel des années 2000. Les contributions sur les objets patrimoniaux au sens large, des boucles de ceinture aux céramiques archéologiques en passant par les objets de musée, les parchemins et les matériaux gravés, sont les bienvenues, dès lors qu’elles prennent en compte la circulation, qu’il s’agisse des objets eux-mêmes, des techniques et des savoir-faire qu’ils impliquent, ou des pratiques qui résultent de leur usage.
Eligibilité
Les étudiant.e.s inscrit.e.s en doctorat en sciences humaines et sociales et affilié.e.s au CEFRES, à l’EHESS, à une université en République tchèque ou ailleurs en Europe centrale et orientale sont invités à soumettre leur candidature.
Détails pratiques :
- Soumettre un résumé (max. 300 mots, en anglais) à Lise Saussus : lise.saussus[@]ehess.fr
- Le résumé doit être complété par votre affiliation universitaire et le nom de votre (vos) directeur(s) de thèse.
- Lieu de l’atelier : Centre français de recherche en sciences sociales (CEFRES), Na Florenci 3 CZ-110 00 Prague
- Un remboursement partiel des frais de voyage pourra être proposé, sur demande, par le CEFRES aux doctorants (en cas d’impossibilité dans leur établissement principal).