De la Bohême à l’Adriatique et retour : l’invention de la topographie du patrimoine centre-européen, entre paradigme impérial et contingences nationales (1900-1940)

Conférence de Daniel Baric 

Lieu : Institut d’Histoire de l’Art (Husova 4, Prague 1)
Date et horaires : 22 mai 2019  à 16h30
Organisateurs : CEFRES, ÚDU AV ČR

Daniel Baric

Après des études en histoire et dans les domaines germanique, slave et hongrois à Paris, Berlin et Budapest, Daniel Baric a enseigné au département d’allemand de l’université de Tours avant de rejoindre au sein de l’UFR d’Études slaves de Sorbonne Université le département de BCMS (bosniaque-croate-monténégrin-serbe).
Ses recherches portent sur les transferts culturels et l’interculturalité en Europe centrale, en particulier dans l’Empire des Habsbourg.

Contenu de la conférence

La question de l’élaboration d’une politique du patrimoine et son appropriation par les acteurs locaux prend place dans une réflexion plus large sur la nature des liens entre le centre du pouvoir impérial, en l’occurrence autrichien, et ses périphéries orientales.

Le cadre géographique et historique de la recherche menée actuellement par Daniel Baric est double, à la fois danubien, centré sur les institutions impériales viennoises à l’origine de cette politique patrimoniale, et sud-est européen, en prenant pour terrain d’étude privilégié les provinces les plus périphériques de l’Autriche-Hongrie, la Bosnie-Herzégovine sous administration austro-hongroise (1878-1918) et la côte adriatique.

La réflexion porte sur les conséquences matérielles et intellectuelles de la césure que représente la disparition du cadre impérial austro-hongrois dans la politique de catalogage et de mise en valeur du patrimoine.

Ce sont en effet les mêmes archéologues (Carl Patsch à Sarajevo puis Vienne, Anton Gnirs à Pula puis à Loket) qui durent trouver dans un cadre étatique bouleversé, ayant subi les conséquences de l’écroulement des structures impériales, des formes nouvelles de protection du patrimoine à travers la création de nouveaux musées et de nouvelles chaires universitaires.

Dans les deux cas, il s’agit de savants nés en Bohême, formés à Prague, qui furent envoyés dans les provinces slavophones du Sud de l’Autriche-Hongrie et qui achevèrent leurs travaux une fois retournés en Bohême et en Autriche.

L’empreinte décisive des travaux archéologiques consacrés à la présence romaine se trouva modifiée par un éloignement de leurs premiers terrains d’exploration et plus fondamentalement encore par les bouleversements politiques : l’importance stratégique des études sur la romanisation et la latinité impériale à l’époque austro-hongroise s’estompe au profit d’un paradigme archéologique médiéval et national.

On examinera par conséquent le lien entre biographie et topographie à la lumière de nouvelles recherches autour de manuscrits (en particulier de nature autobiographique) en voie de publication.

Bibliographie de Daniel Baric 

Publication
1. Langue allemande, identité croate. Au fondement d’un particularisme culturel, Paris, Armand Colin, 2013. (Croatian translation : Zagreb, Leykam, 2015)

En tant qu’éditeur
2. Identités juives en Europe centrale, des Lumières à l’entre-deux-guerres, with Tristan Coignard and Gaëlle Vassogne, Tours, Presses universitaires François-Rabelais, 2014.

3. Archéologies méditerranéennes, Revue germanique internationale, 2012.

4. Mémoire et histoire en Europe centrale et orientale, with Jacques Le Rider and Drago Roksandić, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.

http://lettres.sorbonne-universite.fr/BARIC-Daniel?lettre=b

 

Théologies de la révolution. L’Europe du Moyen Âge aux Temps modernes

Journées d’étude

Date : 20 et 21 mai 2019
Lieu
: Academic Conference Center (AKC, Husova 4a,
Prague 1) et Faculté des Lettres de l’Université Charles, salle 104 (FF UK, náměstí Jana Palacha 2, Prague 1)
Organisateur : Martin Pjecha (CEU / CEFRES)
Organisée en collaboration avec : CEFRES, Centre for Medieval Studies (CMS), Central European University (CEU)
Langue : anglais

Conférences plénières : 
  • Phillip Haberkern (Boston University) : When did Christians Become Revolutionary? A Reflection on Hannah Arendt

  • Matthias Riedl (Central European University, Budapest) : Apocalyptic Platonism: The Thought of Thomas Müntzer

Voir l’appel à contribution.

20 Mai 2019

 

10:00 – Conférence introductive

10:30-12:00  Panel 1: Urban and noble rebellion in the 17th century

  • Rik Sowden (University of Birmingham): Religion and rebellion in Nottingham during the British Civil wars – (intervenant: Vladimír Urbánek)
  • Márton Zászkaliczky (Hungarian Academy of Sciences, Institute for Literary Studies, Budapest): Calvinist Political Theology in the Bocskai Rebellion (1604-1606) – (intervenant: Vladimír Urbánek)

12:00-13:00 – Pause déjeuner 

13:00-14:20 – Panel 2: 20th century interpretations

  • Behrang Pourhosseini (University Paris 8): From Christian Victimary Politics to Shi’ite Messianism : A Debate around the Iranian Revolution – (discussant: Thomas C. Mercier)
  • Giacomo Maria Arrigo (KU Leuwen/University of Calabria): Gnosticism and Revolution: Towards an Explanatory Pattern – (discussant: Matthias Riedl)

14:20-14:40Pause Café

14:40-16:00  Panel 3: Imperial and Soviet Russia

  • Anastasia Papushina (CEU, Budapest): Martyrs and heroes: revisiting religious patterns in revolutionary times – (discussant: Hanuš Nykl)
  • Daniel García Augusto Porras (Universitat Ramon Llull (Barcelona)/Universidad Pontificia Comillas ):  Revolution as political religion in Russia: Dostoevsky’s Grand Inquisitor and its interpreters in Russian religious thought – (discussant: Hanuš Nykl)

16:00-16:20 Pause Café

16:30-18:00 – 1ère Conférence plénière 

  • Matthias Riedl (CEU, Budapest): Apocalyptic Platonism: The Thought of Thomas Müntzer

21 Mai 2019 

 

10:00-11:20  Panel 4: The French Revolution

  • Mathias Sonnleithner (MLU, Halle-Wittenberg) : Robespierre’s Belief to Be God’s Chosen – A Key Element of the Political Theology of the Terror – (discussant: Jakub Štofaník)
  • Amirpash Tavakkoli (EHESS, Paris) : French revolution, a Christian reading – (discussant: Jakub Štofaník)

11:20-11:50 –Pause Café

11:50-13:10  Panel 5: Violence and bliss in medieval Bohemia

  • Pavlína Cermanová (CMS, Prague): The Theology of Hussite Innocence – (discussant: Phillip Haberkern)
  • Martin Pjecha (CEU, Budapest/CEFRES, Prague): “Cosmic” revolution in radical Hussitism – (discussant: Phillip Haberkern)

13:10-14:30 Pause déjeuner

14:30-16:30 – Panel 6: Intellectual transfers and comparisons in early modernity

  • Sam Gilchrist Hall (Károli Gáspár University of the Reformed Church in Hungary, Budapest): “But I do not doubt the people”: Thomas Müntzer and King Lear – (discussant: Matthias Riedl)
  • Luke Collison (Kingston University London): Hobbes and ‘Religion’ on the Threshold of Modernity – (discussant: Matthias Riedl)
  • Benjamin Heidenreich (University of Würzburg): Huldrich Zwingli´s influence on the “Peasants´ War” of 1525 – (discussant: Phillip Haberkern)

16:30-16:50 –Pause Café

17:30-19:00 –  2ème Conférence plénière 

  • Phillip Haberkern (Boston University): When did Christians Become Revolutionary? A Reflection on Hannah Arendt
    FF UK, salle 104 (náměstí Jana Palacha 2, Prague 1)

19:00  Conférence finale 

 

Médecine, valeur et savoirs transversaux aux espèces

Gellner Seminar

Médecine, valeur et savoirs transversaux aux espèces : la médecine vétérinaire américaine contemporaine comme pratique culturelle

Jane Desmond (University of Illinois) donnera une conférence dans le cadre du séminaire Gellner co-organisé par l’Association tchèque d’Anthropologie sociale (CASA– Česká Asociace pro Sociální Antropologii) et la Société tchèque de Sociologie, en coopération avec l’Institut d’Ethnologie de l’Académie des Sciences de République tchèque et le CEFRES.

Date et horaire : 16 mai 2019, à partir de 16h30
Lieu : Institut d’ethnologie de l’AV ČR, Na Florenci 3, Prague 1, salle de conférence, 5ème étage
Langue : anglais

Résumé (EN)

Medicine, Value, and Knowledge Across the Species Line:  Contemporary U.S. Veterinary Medicine as Cultural Practice

Although the anthropological study of human medicine is a well developed field, research by anthropologists and sociologists on the structures and practice of medicine for animals around the world is a nascent field of inquiry.  Yet, whether caring for cherished pets or working to contain the spread of zoonoses, or monitoring a nation’s food supply, veterinarians play a central role in most countries.  In this presentation, based on preliminary fieldwork in two U.S. colleges of veterinary medicine, I map the relationships between client, patient, doctor, and technology, and the intersections of affect, species, money, scientific knowledge and cultural value when the patient is a dog… or a horse, or a cow, or even a snake. I conclude by raising questions about how the medical humanities and social sciences will have to expand to accommodate new notions of subjectivity, agency, narrativity, and ethnography in analyzing a more-than-human medicine.

Jane Desmond is Professor of Anthropology and of Gender and Women’s Studies, and Co-founder and Executive Director of the International Forum for U.S. Studies: a Center for the Transnational Study of the United States, at the University of Illinois at Urbana-Champaign, U.S.A.(website: www.anthro.illinois.edu/people/desmondj).

Her primary areas of interest focus on issues of embodiment, display, and social identity, as well as transnational U.S. Studies. Her areas of expertise include performance studies, visual culture, the analysis of the U.S. in global perspectives, and the political economy of human/animal relations.  She is the Founding Resident Director of the international Summer Institute in Animal Studies at UIUC, and Founding Editor of the _Animal LIves_ Book Series at the University of Chicago Press.  In addition to academic publications, she has written about human-animal relations for a number of public venues such as CNN.com, The Washington Post.com, and the Huffington Post. The author or editor of five scholarly books,  she holds a Ph.D. in American Studies from Yale, and most recently published the monograph _Displaying Death and Animating Life:  Human-Animal Relations in Art, Science, and Everyday Life_ (University of Chicago Press, 2016).  Her current book project is called Medicine Across the Species Line:  Cultural Dimensions of Veterinary Medicine. 

Gouvernementalité transnationale

Neuvème session du séminaire épistémologique commun du CEFRES et de l’Institut d’études internationales de la Faculté des sciences sociales de l’Université Charles (FSV UK)

Felipe K. Fernandes (EHESS / associé au CEFRES)
Gouvernementalité transnationale

Lieu : bibliothèque du CEFRES, Na Florenci 3, 110 00 Prague 1
Date : mercredi 15 mai 2019, à partir de 16h30
Langue : anglais

Textes :

  • Ferguson, J. & Gupta, A., « Spatializing States: Towards an Ethnography of Neo-Liberal Governmentality », American Ethnologist, 29–4, 2002, p. 981-1002

 

Comment les écrivains yiddish sont-ils devenus des écrivains yiddish

Conférence de Carmen Reichert (Université d’Augsbourg) dans le cadre du séminaire d’histoire moderne des Juifs, organisé par l’Institut d’histoire contemporaine (Académie tchèque des sciences) et le CEFRES en partenariat avec l’Institut Masaryk (Académie tchèque des sciences).

Lieu : Na Florenci 3, 110 00 Prague 1
Horaires : 17h30-19h00
Langue : anglais

Présentation

Le choix de la langue yiddish dans les récits autobiographiques après Peretz
Il n’est pas surprenant que les autobiographies littéraires nous racontent comment des écrivains sont devenus écrivains. Depuis les Confessions de Rouseau jusqu’au roman de formation de Goethe, lire et écrire – les lectures et les premiers essais d’écriture – de l’auteur sont deux topoï du genre. Toutefois, les écrivains yiddish du début du XXe siècles ont grandi sans savoir que leur langue maternelle était une langue littéraire. C’était l’hébreu et non le yiddish qui fut la langue de leurs apprentissages au sein des écoles juives. C’est pourquoi l’écriture yiddish de cette période s’est épanouie quelque part entre le système d’enseignement traditionnel dominé par l’hébreu des Cheders et des Yeshivas et les bibliothèques non juives. Selon la tradition, les textes écrits en yiddish étaient destinés aux femmes et aux hommes sans éducation. Ainsi les hommes et les femmes développèrent des stratégies d’écriture différentes lorsqu’ils écrivaient en yiddish: tandis que les femmes pouvaient situer leurs écrits dans la longue tradition des écrits autobiographiques de femmes comme les ceux de Glikl ou les « mémoires » (“Zikhroynes”) de Hameln, les hommes préféraient suivrent des traditions occidentales. Les autobiographies yiddish relient souvent les vies individuelles à l’histoire du yiddish. Lorsque Sholem Aleichem, par exemple, compare sa vie à un marché (“yarid”), il prête sa voix à la « langue du marché », au Yiddish.  I. L. Peretz, le « père » de la littérature yiddish a eu beaucoup d’influence à cet égard. Il n’a pas seulement encouragé les écrivains à employer leur langue de naissance, mais son autobiographie “Mayne zikhroynes” (Mes mémoires), qui puise son inspiration au romantisme, a aussi inspiré un grand nombre de textes autobiographiques de jeunes auteurs.

Carmen Reichert est post-doctorante à l’Université d’Augsbourg et son projet de recherche actuel est consacré aux débats littéraires et linguistiques dans le contexte de la conférence de Czernowitz sur le langage. Pour plus d’information, voir ici.

Les communistes tchèques et sud-africains

Séminaire Gellner
Le professeur Tom Lodge (University of Limerick) donnera une conférence dans le cadre du Séminaire Gellner organisé par l’Association tchèque d’anthropologie sociale, la Société tchèque de sociologie, en coopération avec l’Institut d’ethnologie de l’Académie des Sciences de République Tchèque et et CEFRES.

Date et horaire : 14 mai 2019, à partir de 16h30
Lieu : Salle de conférence de l’Institut de la littérature tchèque, Na Florenci 3, Prague 1 – Rez-de-chaussée, à côté de la bibliothèque du CEFRES.
Langue : anglais

Résumé 

Les rencontres entre communistes sud-africains et tchèques ont été sporadiques et accidentelles au début de l’histoire des deux partis communistes. Plusieurs années plus tard, le pionnier du syndicalisme sud-africain, Ray Alexander, s’est rappelé de sa rencontre avec Klement Gottwald dans une école de formation clandestine de son pays d’origine, la Lettonie, peu de temps avant sa migration vers le Cap en 1930. La crise tchèque de 1939 a entrainé la démission d’une personnalité du parti sud-africain. Des jeunes communistes sud-africains se sont rendus à Prague juste après la Seconde Guerre mondiale et ont par la suite été actifs dans le mouvement étudiant international affilié aux communistes basé dans la capitale tchèque. Le gouvernement tchèque a maintenu une présence diplomatique en Afrique du Sud jusqu’en 1962, la dernière administration communiste a l’avoir été et les responsables tchèques ont été invités par les communistes sud-africains à soutenir les sanctions commerciales. Dans les années 1960, le contact entre les partis «fraternels» était plus institutionnalisé. À ce stade, l’armée tchèque commençait à enseigner une formation aux recrues communistes dans la force insurgée dirigée par Nelson Mandela, Umkhonto we Sizwe. Le Parti communiste sud-africain, relégué depuis 1965, a tenu une réunion clé organisée par les communistes tchèques à Prague cette année. Au cours des deux prochaines décennies, le parti sud-africain va être représenté localement à Prague au comité de rédaction de la World Marxist Review. Les communistes sud-africains ont été divisés intérieurement par les événements du Printemps de Prague, bien qu’en public ils aient affirmé leur soutien à la «normalisation». La conférence va explorer plus en profondeur des échanges entres les deux partis. La « démocratie populaire » tchèque des années 1950 a été une source d’inspiration essentielle pour le développement de la notion sud-africaine de révolution « nationale démocratique ». Le soutien tchèque à ce programme dans les années 1960 et 1970 a néanmoins été à la fois source de confiance et de fragilité. La conférence examinera les liens sud-africains-tchèques dans le contexte des préoccupations stratégiques plus larges qui ont éclairé et façonné le soutien de l’Union soviétique et de l’Europe de l’Est à la politique de libéralisation de l’Afrique du Sud.

Tom Lodge est un professeur d’Études sur la paix et les conflits à l’université de Limerick.

Issu d’une famille avec une mère et un père nés respectivement à Calcutta et à Brno, Tom Lodge a passé son enfance entre le Nigeria, Bornéo et la Grande-Bretagne. Il a obtenu un doctorat en études sud-africaines à l’université de York et il est membre de l’académie royale d’Irlande. Après avoir travaillé comme assistant de recherche au centre d’études sud-africaines, il commença a enseigné dans le département de sciences politiques à l’université du Witwatersrand à Johannesburg en 1978. Il y reste jusque 2005, en dirigeant le département tout au long des années 1990. En 2005, il poursuit sa carrière à l’université de Limerick en tant que professeur d’études sur la paix et les conflits. Il se rend encore en Afrique du Sud deux à trois fois par an pour assurer ses fonctions de membre directif de l’Institut électoral, une ONG basée à Johannesbourg. Il a publié de nombreux ouvrages sur les questions politiques sud-africaines. parmi ses livres se trouvent notamment Nelson Mandela: A Critical Life (Oxford University Press, 2005) et Sharpeville: An Apartheid Massacre and its Consequences (Oxford University Press, 2017). Par ailleurs, il termine un livre concernant l’histoire du Parti communiste sud africain depuis le début des années 1900, retraçant ainsi son développement pour devenir un parti de masse. Il est sur le point de commencer un livre commandé par Routledge intitulé « La corruption politique en Afrique ».