Anciennes formes de violence, nouvelles formes de violence

Quatrième session du séminaire épistémologique commun du CEFRES et de l’Institut d’études internationales de la Faculté des sciences sociales de l’Université Charles (FSV UK)

Pavel Baloun (FHS UK / CEFRES)
Martin Pjecha (CEU / CEFRES)
Sujet : Anciennes formes de violence, nouvelles formes de violence

Lieu : bibliothèque du CEFRES, Na Florenci 3, 110 00 Prague 1
Date : mercredi 5 décembre 2018, à partir de 16h30
Langue : anglais

Texte :

  • Zygmunt Bauman: Modernity and the Holocaust, Polity Press, Cambridge 1989: 46-72.

Microhistoire d’une ville polonaise-juive : 1918-1956

Conférence de Agnieszka Wierzcholska (Université Libre de Berlin) dans le cadre du séminaire d’histoire moderne des Juifs, organisé par l’Institut d’histoire contemporaine (Académie tchèque des sciences) et le CEFRES en partenariat avec l’Institut Masaryk (Académie tchèque des sciences).

Lieu : Na Florenci 3, 110 00 Prague 1
Horaires : 17h30-19h00
Langue : anglais

Présentation

Durant des siècles, Tarnów fut une ville polonaise-juive du sud de la Pologne. Avant la seconde Guerre mondiale, les Juifs représentaient près de 50 % de la population et l’autre moitié des habitants était des catholiques. Les relations entre Juifs et non-Juifs relevaient de la vie quotidienne, entre voisins, entre élèves, et de la vie politique locale. Avec la Shoah, le meurtre des Juifs de la ville a été perpétré dans les rues mêmes de la ville, sous les yeux de leurs voisins non-Juifs. Sur les 25 000 Juifs qui vivaient à Tarnów avant la guerre, moins d’un millier y retournèrent et seules quelques centaines y restèrent.

Que se passe-t-il lorsque l’occupant allemand détruit le Lebenswelt d’une ville polonaise-juive ? Le tissu social fut dramatiquement bouleversé après 1939 et la communauté locale sous occupation. L’antisémitisme grandissant de la fin des années 1930 croisa les politiques allemandes anti-juives de multiples façons. Du fait de la proximité de la violence, les Polonais non-Juifs furent compromis dans la Shoah. D’un autre côté, nous devons nous demander si certains réseaux locaux n’ont pas été résilients ? Quelles amitiés ont pu sauver des vies et quels contacts au contraire se sont révélés dangereux. Enfin, qu’arriva-t-il à la ville lorsque l’occupant allemand la quitta en janvier 1945 et que la moitié de ses habitants, les Juifs, avaient disparu ?

La conférence retracera la vie quotidienne d’une ville polonaise juive et la continuité de l’avant et de l’après deuxième Guerre mondiale et des histoires de vies, au sein des bouleversements

Présentation de livre. Ethnographies pré-textuelles

Pre-textual Ethnographies. Challenging the phenomenological level of anthropological knowledge-making,
par Tomasz Rakowski & Helena Patzer (dir.)

Horaire et lieu : 30 novembre 2018, CEFRES, Na Florenci 3, Prague 1 (salle de conférence, 3e étage)
O
rganisateurs :  Institut d’ethnologie de l’Académie tchèque des sciences et CEFRES
Langue : anglais

Avec la participation des auteurs :
Tomasz Rakowski
 (Institut d’ethnologie et d’anthropologie culturelle, Université de Varsovie)
Helena Patzer (post-doctorante à l’Institut d’ethnologie de l’Académie tchèque des sciences, Prague)

Discutants :
Daniel Sosna (Université de Bohême de l’Ouest, Plzeň)
Ewa Klekot (Université de Varsovie/Poznan School of Form)

Modérateur :
Luděk Brož
 (Institut d’ethnologie de l’Académie tchèque des sciences, Prague)

Résumé

Dans leurs ouvrages, les anthropologues ne rendent pas compte de  leurs expériences de terrain, bien que ces dernières aient un impact décisif sur leurs analyses ainsi que sur leurs travaux à plus longue échéance. Cet ouvrage explore ces strates de la construction du savoir que sont les études de terrain.
Les auteurs relèvent le défi de reconstituer la façon dont ils ont originellement pénétré les mondes qui constituent leurs objets d’analyse (leurs Autres anthropologiques) en scrutant les processus « pré-textuels » profondément phénoménologiques que sont la prise de note, l’écoute et autres perceptions sensorielles. À partir d’un large éventail d’expériences de recherche – avec les Dogons au Mali, les joueurs de footballs immigrés en Espagne, les Inuits du Grand Nord, les familles transnationales des Philippines, les mineurs de Pologne et les étudiants en Ecosse – l’ouvrage va au-delà d’une simple exploration d’une sensibilité ethnographique exacerbée envers les mots et les pratiques. Il a l’ambition de lancer la mise en place d’une nouvelle langue pour rendre compte des travaux anthropologiques. Cette langue puise à l’expérience récurrente de la participation et s’ancre dans le monde pré-textuel du non-dit et souvent du non-visible ainsi que dans les expériences intenses qui sortent des limites des rapports textuels conventionnels.

“These edifying essays lay the groundwork for an
anthropology that not only overcomes old antinomies
of body-mind, text-context, representation-reality, but
encourages us to see how participatory method, social
attentiveness, and new forms of ethnographic writing can
enhance our understanding of the affective, intersubjective,
and conceptual complexities of life as lived,”
Michael Jackson, Distinguished Professor of World Religions, Harvard University

Le pouvoir des sans-pouvoir au 21e siècle. Manifestations non-violentes en Europe centrale et orientale

Table ronde

Date et horaires : 20 novembre 2018, de 10h à 12h
Lieu : Bibliothèque du CEFRES
Organisateurs : Institut de relations internationales de la Faculté des sciences sociales de l’Université Charles (IMS FSV UK), CEFRES et Prague Civil Society Centre
Langue : anglais

Intervenants
  • Jérôme Heurtaux (directeur du CEFRES)
  • Valeria Korablyova (Senior Fellow au Département d’études russes et d’Europe orientale, IMS FSV UK, domaine : Ukraine)
  • Igor Blaževič (directeur de programme à Prague Civil Society Centre)
  • Jiří Kocián (chercheur au Département d’études russes et d’Europe orientale, IMS FSV UK, domaine : Roumanie)

Modéré par Kateřina Králová  (directrice du Département d’études russes et d’Europe orientale, IMS FSV UK)

En Arménie, les récentes protestations de masse qui ont renversé le régime installé de longue date à la tête du pays ont été baptisées « Révolution de velours ». Ce qualificatif faisait-il référence aux événements survenus en Europe centrale il y a 30 ans ? Si oui, qu’est-ce que ces derniers ont légué à notre 21e siècle ? Le « pouvoir des sans-pouvoir » offre-t-il toujours un outil de transformation politique et sociale ? Autre question cruciale :  les mouvements non-violents de protestation sont-ils capables de mettre en œuvre des programmes à long terme ou bien, une fois l’événement passé, le retour aux « affaires quotidiennes » est-il inévitable ? Enfin, quels sont les traits communs de ces mouvements populaires nés dans des espaces et des moments variés.

Cette table ronde permettra de confronter et d’expliciter les particularités de mouvements de masse spécifiques, ceux de Pologne, d’Ukraine, et de Roumanie, mais aussi de les comparer à la récente vague de protestations apparue en Allemagne, aux États-Unis et ailleurs. La question placée au centre de la discussion est celle de la transformation politique fondée sur « le pouvoir des sans-pouvoir » ainsi que celle de l’écho que peuvent avoir des mouvements de protestation locaux dans un monde global.

Voir l’invitation ici

Cuisiner dans la pénombre et inventer des affinités. Derrière la porte « réservé au personnel »

Séminaire Gellner

Nafsika Papacharalampous (School of Oriental and African Studies, Université de Londres) donnera une conférence dans le cadre du séminaire Gellner co-organisé par l’Association tchèque d’Anthropologie sociale (CASA– Česká Asociace pro Sociální Antropologii) et la Société tchèque de Sociologie, en coopération avec l’Institut d’Ethnologie de l’Académie des Sciences de République tchèque et le CEFRES.

Date et horaire : 19 novembre, à partir de 17h
Lieu : Bibliothèque du CEFRES, Na Florenci 3, Prague 1
Langue : anglais

Résumé 

Cuisiner dans la pénombre et inventer des affinités. Derrière la porte « réservé au personnel »
En observant la vie de chefs cuisiniers à l’intérieur de l’espace circonscrit des cuisines de restaurants athéniens, cette intervention rend compte du sens ethnographique du contexte professionnel et du travail d’équipe. A partir des travaux de Turner (1967a et 1995) et de Goffman (1956), nous présentons la réalité souvent pénible des conditions de travail des cuisiniers et du comportement des chefs de cuisines.

Dans la première partie, nous présentons la division entre l’avant et l’arrière dans les restaurants, en convoquant les travaux de Goffman (1956) et révélons, à l’intérieur des récits ethnographiques, le travail et la vie quotidienne des cuisiniers. Dans la seconde partie, nous observons et analysons les relations entre les cuisiniers et le chef qui se jouent dans la cuisine du restaurant. A partir des travaux de Turner sur la liminalité (1967a, 1995) et ceux de Carsten (1995) sur l’affinité, nous examinons l’humiliation et les injustices que les cuisiniers subissent de la part de leur chef, la construction d’une communitas et les modes de création et de définition de l’affinité. Dans les cuisines des restaurants d’une Athènes-en-crise, la notion de travail d’équipe est mise en valeur et révèle comment les liens se tissent dans un environnement soumis à de fortes pressions.

Bibliographie :
Carsten, J., 1995. The Substance of Kinship and the Heat of the Hearth: Feeding, Personhood, and Relatedness among Malays in Pulau Langkawi. Am. Ethnol. 22, 223–241.
Goffman, E., 1956. The Presentation of Self in Everyday Life. University of Edinburgh, Edinburgh.
Turner, V., 1995. The Ritual Process: Structure and anti-structure. Transaction Publishers.
Turner, V., 1967. The Forest of Symbols, Aspects of Ndembu Ritual. Cornell University Press, Ithaca and London

Les médias transnationaux et la politique de fundraising de la diaspora arménienne

Séminaire Gellner

Rik Adriaans (Central European University, Budapest) donnera une conférence dans le cadre du séminaire Gellner co-organisé par l’Association tchèque d’Anthropologie sociale (CASA– Česká Asociace pro Sociální Antropologii) et la Société tchèque de Sociologie, en coopération avec l’Institut d’Ethnologie de l’Académie des Sciences de République tchèque et le CEFRES.

Date et horaire : 15 novembre, à partir de 17h
Lieu : Bibliothèque du CEFRES, Na Florenci 3, Prague 1
Langue : anglais

Résumé 

Les médias transnationaux et la politique de fundraising de la diaspora arménienne
Cela fait longtemps que les spectacles et dîners de gala organisés à des fins de fundraising sont des institutions de la diaspora arménienne et de sa culture. Depuis le début des années 1990, le transferts de fonds au bénéfice d‘un groupe ethnique prend des formes de plus en plus transnationales et médiatisées. Ainsi mon enquête porte-t-elle sur le Théléthon pour le fonds de l’Arménie, un spectacle pan-américain diffusé à partir de Los Angeles et destiné à rassembler des dons destinés à l’équipement infrastructurel de la République, non reconnue officiellement, du Nagorno-Karabakh installée sur le territoire officiel de l’Azerbaïdjan. La construction d‘une sphère transnationale grâce à des rituels médiatiques qui relient les Arméniens dispersés sur différents continents, permet de transformer l’occupation d’un territoire autrefois occupé par des Azerbaïdjanais en la célébration diasporique d’une éthique humanitaire et d’un patrimoine culturel. Parallèlement, les activistes de la diaspora arménienne de Los Angeles organisent des manifestations concurrentes et appellent à boycotter le téléthon annuel dont ils estiment qu’il apporte son soutien aux intérêts des oligarques post-soviétiques. Les initiatives de ces activistes sont analysées et mises en corrélation avec la violence sous-jacente qui menace de surgir dans la „mère patrie“.

Rik Ariaans

Rik Ariaans est docteur en sociologie et en anthropologie sociale de l’Université centre-européenne de Budapest. Sa thèse de doctorat analysait les interfaces entre la production d’image, la médiatisation technologique et les luttes pour la reconnaissance diasporique au sein des réseaux qui relient l’Arménie post-soviétique à la diaspora arménienne de Los Angeles. Il mène également des recherches dans les enjeux politiques de la musique populaire arménienne. Il a publié dans les revues suivantes : Social Analysis, Nationalities Papers, Caucasus Survey et Identities: Global Studies in Culture and Power.