Réclamer les droits des femmes. JDE CEFRES-CNRS

Réclamer les droits des femmes, encore et toujours

Une journée d’étude organisée par le CEFRES en collaboration avec le Groupement de Recherche « Connaissance de l’Europe médiane » (GDR 3607, CNRS).

Lieu : CEFRES, Na Florenci 3, Prague 1 et en ligne (pour recevoir le lien, écrivez à l’adresse cefres@cefres.cz
Date : le 11 octobre 2024 de 9 h 30 à 13 h 30
Langue : anglais et français

Organisation : Ioana Cîrstocea (CNRS, CESSP Paris et CEFRES) et Natasza Quelvennec (EHESS, CESSP Paris)
Institutions partenaires :
CEFRES, CNRS

Programme

9.30-9.40 : Introduction, Ioana Cîrstocea (CNRS, CESSP Paris et CEFRES Prague)

9.40-10.10 : Hélène Martinelli (ENS de Lyon et CEFRES Prague) et Mateusz Chmurski (Sorbonne Université et CEFRES Prague) :
« Histoire d’anthologie : Devenir-sœur. Repères dans un siècle de féminisme polonais »

10.10-10.40 : Chiara Bonfiglioli (Université Ca’Foscari de Venise, zoom) :
“The Conference for the social activity of women and women-friendly politics at the local level in 1970s Yugoslavia: a micro-historical approach »

10.40-11.10 : Discussion, Libuše Heczková (Faculté des Lettres, Université Charles de Prague)

11.10-11.30 : Pause

11.30-12.00 : Julia Laureau (Laboratoire d’Anthropologie Prospective de l’Université de Louvain) :
« Des manifestations de 2020/21 aux élections législatives de 2023. Stratégies, leadership et agentivité du mouvement des femmes en Pologne »

12.00-12.30 : Hana Hašková (Institut de Sociologie, Académie tchèque des sciences) :
« Persistence of gender conservative values in Czech childcare policies »

12.30-13.00 : Alexandra Ana (Département de Sociologie, Université de Montréal, zoom) :
« Les mouvements féministes en Roumanie : entre ONG-isation et résistance aux mouvements anti-genre »

13.00-13.30 : Discussion, Natasza Quelvennec (EHESS, CESSP Paris)

Présentation

La région dite « de l’Europe médiane » est relativement peu visible dans le paysage des féminismes « historiques », malgré la richesse des luttes des femmes rattachées aux trajectoires de construction nationales depuis le 19e siècle. Elle apparaît également en décalage à la fois temporel et idéologique par rapport aux historiographies des féminismes du 20e siècle, qui mobilisent le concept de « vagues » et privilégient la perspective des militantes occidentales. Par ailleurs, cette région a connu pendant les régimes socialistes des formes exceptionnelles d’expérimentation politique en matière d’égalité des sexes, démantelées et dénoncées dans les années 1990 et suivies par l’importation massive des mots d’ordre du « gender mainstreaming » portés par les programmes de démocratisation et d’européanisation. Enfin, plus récemment, les sociétés est-européennes ont été secouées par les offensives « anti-genre » des gouvernements « illibéraux » face auxquelles les femmes se sont amplement mobilisées.

Issues de travaux très récents et pour certains en cours, les 5 interventions programmées proposent des cas d’étude circonstanciés pour analyser les régimes de genre en Europe médiane, chacune depuis une perspective disciplinaire différente et sur la base de contextes nationaux aussi contrastés que la Pologne des 20e et 21e siècles, la Yougoslavie socialiste, la Roumanie et la République tchèque des dernières décennies. Les invitées vont aborder des contraintes structurelles et les modes de contestation des inégalités imaginées par les femmes dans leurs pratiques historiquement situées, soient-elles militantes, intellectuelles, bureaucratiques ou expertes.

Il sera ainsi question de micropolitiques locales donnant naissance à des mesures « favorables aux femmes » au sein de l’Etat socialiste pendant la décennie 1970 en Yougoslavie ; de l’activisme professionnalisé et internationalisé de groupes défendant les droits des femmes dans les interstices des bureaucraties roumaine et européenne pendant les années 2010 ; de prises de position publiques et d’amples mobilisations de féministes polonaises pour dénoncer des politiques conservatrices et imposer le changement des lois restreignant leurs droits; enfin, de spécialistes en sciences sociales participant à la négociation de projets normatifs pour infléchir les configurations inégalitaires produites par l’Etat social tchèque libéralisé.