Il s’agit de réfléchir aux déplacements relatifs aux hommes, savoirs et pratiques en prenant en compte les transformations qui affectent ces derniers dans le temps et l’espace. Par déplacement, nous entendons couvrir l’éventail des mobilités, flux et circulations de personnes ou de productions matérielles et culturelles. Le déplacement entraîne renégociations et adaptations des contenus qu’il concerne. En effet, il se fonde sur un franchissement de frontières, aussi bien symboliques que concrètes, où se jouent interactions et échanges, contacts et frictions.
Aussi les notions de « dépaysement » et de « décalage » nous semblent-elles clés pour en faire l’étude. Le dépaysement, entendu ici à la fois comme un transport dans un ailleurs et une démarche intellectuelle, ouvre sur la question des adaptations, des transferts culturels et sur l’analyse de la réception.
L’étude des décalages inhérents aux déplacements comprend tant la différenciation et le croisement des chronologies que les modifications des contenus à la faveur de ces processus. Pour donner un exemple emprunté à l’histoire des idées, le terme « naturalisme » renvoie à des acceptions diverses en France et en Europe centrale, dont on ne saurait restituer les significations sans appréhender le travail opéré sur lui.
L’axe se situe ici à la croisée de plusieurs disciplines : la philosophie, l’anthropologie, l’économie, la géographie, la science politique, la sociologie, l’histoire, l’histoire littéraire, l’histoire des sciences, l’histoire de l’art, la musicologie, etc.
Les objets d’étude peuvent concerner :
- les déplacements de personnes : voyages, flux migratoires et touristiques, trajectoires professionnelles, déplacements pendulaires, errances, etc.
- les circulations de pratiques intellectuelles ou culturelles : écrits, biens culturels et/ou économiques, scientifiques, etc.
- les réseaux : institutionnels, marchands ou de sociabilités (sociétés savantes, réseaux d’artistes, diasporas, etc.).
- les contextes de réceptions et les décalages dans les représentations sociales qui influencent les modes d’appropriations, de traductions et d’adaptations.
Les recherches dont l’objet est situé dans l’espace de l’Europe centrale, à la jonction de cet espace et d’autres espaces ou encore en comparaison avec d’autres “aires culturelles”, seront privilégiées.