Michèle Baussant est anthropologue, directrice de recherches au CNRS, après des études à l’Université Paris Nanterre, puis un post doctorat au Canada, entre 2003 et 2005, à l’Université Laval (Québec). Ayant une formation universitaire en histoire et en anthropologie, son parcours croise, depuis ses débuts, une perspective anthropologique articulée à d’autres approches disciplinaires (histoire, sociologie politique, géographie, digital humanities…) et une vision comparative et connectée de ses différents terrains qui lui permettent de penser sa thématique principale de recherche : le rôle de la mémoire comme ressource pour d’un côté créer des solidarités fondées sur un passé vécu et/ou transmis, et de l’autre, produire des mécanismes de rejet, d’exclusion et de désaffiliation. Ce parcours se caractérise ainsi par la continuité de ses terrains d’enquête, de l’Algérie dans ses liens avec la France, à l’Égypte et au Liban et enfin aux espaces israélo-palestiniens.
Mémoires des minorités vaincues dans l’Europe postimpériale
Axe de recherche 1 – Déplacements, « dépaysements » et divergences. Personnes, connaissances et pratiques
Contact : johana.wyss@gmail.com
Johana Wyss est chercheuse associée au CEFRES et à l’Institut d’ethnologie de l’Académie tchèque des sciences depuis Février 2020. Actuellement, elle travaille avec Michèle Baussant sur le projet TANDEM « Europe : une confédération rancunière des peuples vaincus ? Souvenirs bruts et caducs des minorités post-impériales (européennes) ». Elle est également membre de recherche du réseau V4 de l’Institut Max Planck d’anthropologie sociale à Halle/Saale dans le cadre de son projet postdoctoral « Mémoire et commémoration en Silésie tchèque ».
Assurance, banque et modernité capitaliste dans la dernière monarchie des Habsbourg
Axe de recherche 1 : Déplacements, » Dépaysements » et décalages
Contact : matyas.erdelyi(@)cefres.cz
Mátyás Erdélyi explore l’histoire sociale et intellectuelle des clercs privés dans la monarchie disparue des Habsbourg : leur lutte pour la légitimation sociale, l’autorité intellectuelle et l’identité de classe moyenne entre l’années 1860 et le début de la Première Guerre mondiale. Il étudie les pratiques bureaucratiques et la production de connaissances dans le domaine des banques et des assurances à Prague, Vienne et Budapest. Il examine en particulier la façon dont les agents, dans les prémices d’un environnement urbain capitaliste, ont négocié et renégocié les questions d’intérêt public et ont conduit à définir ce qui pouvait être qualifié de bien public. Il pose la question de savoir pourquoi et qui a donné un sens à des problèmes sociaux jusqu’alors inexistants, et comment les agents de l’économie privée ont essayé d’assurer et de monopoliser l’autorité sociale contre la concurrence des étrangers et des experts. La raison d’être de cette recherche est de fournir un récit alternatif au processus de modernisation et d’enrichir notre compréhension de la modernité capitaliste à travers l’histoire d’un groupe social marginalisé.
Mémoires des minorités vaincues dans l’Europe postimpériale
Axe de recherche 1 – Déplacements, « dépaysements » et divergences. Personnes, connaissances et pratiques
Maria Kokkinou vient de terminer un doctorat en anthropologie sociale et ethnologie dans le laboratoire de recherche de l’IIAC (Institut Interdisciplinaire de l’Anthropologie du Contemporain) à l’EHESS à Paris. Au CEFRES, elle est chercheuse post-doctorante dans le cadre du projet TANDEM intitulé « L’Europe des ressentiments et des décombres : une confédération de vaincus ? »
Colloque international « Au-delà de 1989 : promesses et désillusions après les révolutions », Prague, 6-7 décembre 2019
Les 6 et 7 décembre 2019, le Centre français de recherche en sciences sociales (CEFRES) a organisé, avec la Faculté des Lettres et la Faculté des Sciences sociales de l’Université Charles, ainsi qu’avec l’Institut d’histoire contemporaine de l’Académie tchèque des sciences, un colloque international intitulé « Au-delà de 1989 : promesses et désillusions après les révolutions ». Ouvert de manière exceptionnelle par les discours du ministre des Affaires étrangères de la République tchèque, M. Tomáš Petříček, et du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de la République française, M. Jean-Yves Le Drian, sur les héritages de 1989 en Europe et les enjeux de souveraineté européenne et de sécurité, ce colloque a réuni plus de 300 personnes (étudiants, universitaires, diplomates, etc.).
2019 est un moment commémoratif majeur pour l’histoire de l’Europe. Quatre thématiques principales ont été explorées cette année dans les milieux académiques : la genèse de l’effondrement du communisme, le « moment 89 », la postérité de 1989 et les conflits mémoriels, le bilan des trente ans. Le colloque de Prague s’est inscrit dans la continuité de ces questionnements en proposant un élargissement dans le temps et dans l’espace et en envisageant les phénomènes post-révolutionnaires dans une visée comparative. Le trentième anniversaire est en effet une occasion unique de penser aux expériences révolutionnaires et aux changements de régimes dans divers contextes historiques. L’angle choisi a été d’étudier les après-révolutions et en particulier les émotions, les représentations et les interprétations paradoxales que ces moments historiques produisent. Le but était donc de réinterroger la notion de révolution à travers les pratiques et les narrations qui concourent aussi bien à sa promotion qu’à son rejet.
Outre la séquence inaugurale à laquelle ont participé les ministres français et tchèque des Affaires étrangères, le colloque a été introduit par Lenka Rovná, vice-rectrice aux affaires européennes de l’Université Charles, Miroslav Vaněk, directeur de l’Institut d’histoire contemporaine de l’Académie tchèque des sciences, et Jérôme Heurtaux, directeur du CEFRES. Après avoir mentionné la genèse de cette conférence, M. Heurtaux a rappelé qu’elle faisait partie d’un cycle de trois conférences internationales organisé conjointement avec le Centre de civilisation française et d’études francophones de l’Université de Varsovie, le Centre de civilisation polonaise à Sorbonne Université et le Centre parisien de l’Académie polonaise des sciences. Le premier colloque s’est tenu à Paris en juin 2019 (Revisiter l’événement 1989 en Europe centrale. Marges sociales, pratiques d’écriture, nouvelles archives) et le second à Varsovie en septembre 2019 (1989 Contested Legacies. The Challenges of the Ideological, Institutional and (Geo)political Heritage).
La conférence s’est poursuivie par les keynote speeches d’Adéla Gjuričová sur les inégalités de genre avant et après la chute des régimes communistes, et de Georges Mink, qui a proposé de revisiter 1989 comme un spectateur engagé de ce moment particulier de l’histoire européenne. Une table-ronde sur un bilan de l’intégration dans l’Union européenne, offrant des points de vue différents et complémentaires (Ivo Šlosarčík, Marie-Elizabeth Ducreux, Marion Van Renterghem, Michael Žantovský) a conclu cette première journée.
La seconde journée a débuté par le keynote speech de Michal Kopeček, qui a revisité les trente dernières années sous l’angle de l’histoire des idées, et s’est poursuivie avec deux sessions académiques, l’une sur le thème « Promouvoir les révolutions », l’autre sur « Les désillusions après la révolution ». Ces deux sessions ont donné à voir la diversité des approches possibles et ouvert un dialogue comparatif entre les expériences postcommunistes et celles du Monde arabe suite à la chute des régimes autoritaires en 2011. Une session doctorale permettant d’entrevoir les thèmes abordés par la « jeune recherche », ainsi que la projection du documentaire d’Anna Szczepanska « La chute du Mur a commencé en Pologne » (LOOKSfilm/Arte-NDR, 2019), à l’Institut français de Prague, ont conclu cette conférence placée sous le sceau de la richesse des thématiques et de la diversité des formats.
Organisé à l’initiative de l’UMIFRE CEFRES (Centre français de recherche en sciences sociales, fondé à Prague en 1991) conjointement avec l’Université Charles et l’Académie tchèque des sciences, ce colloque est pour le CEFRES son événement public majeur de l’année 2019. Il illustre l’excellente coopération du trio formé par le CEFRES avec l’Université Charles et l’Académie des sciences, réuni depuis 2015 dans une « Plateforme CEFRES » dont la convention vient d’être prolongée pour cinq ans. Cet événement franco-tchèque souligne la qualité des relations des deux pays dans les milieux académiques et la reconnaissance de la place du CEFRES comme centre de recherche et de réflexion au cœur du quadrilatère de Visegrád.
Ce colloque a en outre une dimension centre-européenne, puisqu’il mobilise des institutions polonaises et des chercheurs polonais et slovaques. Il a également une dimension européenne au sens large, impliquant une équipe de recherche financée par un grant du Conseil européen de la recherche (l’équipe « Tarica » spécialisée sur les révolutions arabes) et mobilisant des chercheurs d’autres pays européens (Italie, notamment). Le colloque a réuni quarante-deux participants issus de six pays. Il a eu pour partenaires sept autres institutions, dont l’Institut français de Prague.
Le Centre français de recherche en sciences sociales (CEFRES) accueille régulièrement des chercheurs du CNRS pour une affectation d’une année renouvelable.