Usages de l’analogie dans les sciences humaines et sociales

Une séance menée par Lara Bonneau.

À lire :

  • Gilbert Simondon, L’individu et sa genèse physico-biologique, Paris, PUF, 1964, p. 264-268.
  • Alan Sokal, « A Physicist Experiments with Cultural Studies », Lingua Franca, mai-juin 1996, URL : http://linguafranca.mirror.theinfo.org/9605/sokal.html
  • Aby Warburg, Miroirs de faille, A Rome avec Giordano Bruno et Edouard Manet, Paris, Presses du réel/L’écarquillé, 2011, p. 62, 64.

La transdisciplinarité peut être conçue comme le partage d’objets et de méthodes par diverses disciplines. Outre ces objets et méthodes, elle peut aussi – et c’est peut-être sa première forme –  impliquer le partage d’un vocabulaire commun. La tendance de certaines sciences humaines, et de la philosophie en particulier, à utiliser des concepts élaborés par d’autres disciplines dans d’autres contextes, a été vivement critiquée par Alan Sokal en 1994, à l’occasion de ce que l’on continue d’appeler aujourd’hui « l’affaire Sokal ». Le physicien essaya de discréditer la réappropriation par certains philosophes de concepts appartenant aux sciences naturelles, en montrant leur ignorance sur la signification réelle de ces concepts dans leur champ d’origine et ainsi faisant, en réduisant leurs travaux à de vains jeux linguistiques. En effet, le recours à l’analogie et à la métaphore dans les sciences humaines mérite une approche critique. Dans cette séance, j’essaierai de montrer que, s’il n’est pas sans danger, cet usage de l’analogie et de la métaphore est inhérent à l’activité scientifique, qui peut être à la fois légitime et fructueux. Je commencerai en donnant un exemple concret à travers les emprunts analogiques et métaphoriques au champ des sciences naturelles faits par l’historien de l’art Aby Wargurg. Je m’appuierai ensuite sur un texte plus réflexif de Simondon sur la légitimité de cette méthode, intitulé Théorie de l’acte analogique dans son ouvrage L’individuation à la lumière des notions de forme et d’information.

Séminaire historique franco-tchèque : Elisabeth Gaucher-Rémond

Lieu : Faculté des lettres, nám. Jana Palacha 2, salle 201

Organisateurs : FF UK & CEFRES

À partir de figures légendaires devenues célèbres pour leurs tribulations avec le diable, les deux conférences proposent une réflexion sur le rôle de l’altérité dans la construction du sujet. Il s’agira de souligner l’opposition entre celui qui met tous ses efforts à arracher son âme à l’emprise de Satan et celui qui se plaît à jouer avec son démon dans l’espoir de connaître la peur. En replaçant ces légendes dans les divers héritages culturels qu’elles véhiculent, sans s’interdire quelques échappées vers des réécritures postmédiévales, on interrogera l’évolution des croyances qui s’y rattachent : du diable terroriste au démon impuissant.

Robert le Diable ou le refus de l’hérédité diabolique

Après un rapide exposé des influences historiques, mythiques et littéraires dont a pu s’inspirer le récit médiéval (XIIIe siècle), on s’intéressera plus spécifiquement aux conditions de l’accès à la sainteté que retrace l’histoire de l’enfant né du diable et aux traces d’intertextualité qu’elle atteste avec d’autres récits de conversion de la même époque.

Richard sans Peur ou le jeu avec le diable

Persécuté par un démon qui l’entraîne dans des aventures nocturnes, ce héros du XVe siècle, fils supposé de Robert le Diable, se caractérise par une intrépidité qui le rend indifférent à l’enjeu métaphysique de la rencontre surnaturelle. Il s’agira de réfléchir à la signification que revêt l’absence de peur à la fin du Moyen Age, tant au niveau de la parodie littéraire qu’à celui de l’exemplum moral.

Ancienne élève de l’École Normale Supérieure (Paris), Professeur de littérature et langue françaises du Moyen Âge à l’université de Nantes, Élisabeth Gaucher-Rémond est titulaire d’une licence d’histoire et d’une agrégation de Lettres. Après une thèse sur les biographies chevaleresques du XIIIe au XVe siècle (Champion, 1994), elle continue à explorer les interférences du réel et de l’imaginaire dans des récits historico-légendaires (Robert le Diable, Richard sans Peur) et dans la représentation de l’individu (programme interdisciplinaire MEDIEVARS). Elle prépare actuellement un essai sur les Formes autobiographiques dans la littérature médiévale et une édition de Richard sans Peur.

Sélection bibliographique

  • La Biographie chevaleresque. Typologie d’un genre (XIIIe-XVe s.), Paris, Champion, 1994 (Nouvelle Bibliothèque du Moyen Âge, 29).
  • Robert le Diable. Histoire d’une légende, Paris, Champion, 2003 (Essais sur le Moyen Âge, 29).
  • Robert le Diable, édition bilingue. Publication, traduction, présentation et notes, Paris, Champion, 2006 (Champion Classiques / Moyen Âge, 17).
  • Richard sans Peur, duc de Normandie : entre histoire et légende. Actes du colloque organisé au Havre par Laurence Mathey-Maille et Élisabeth Gaucher-Rémond, 29-30 mars 2012. Annales de Normandie, 64e année, n°1, janvier-juin 2014.
  • « La parodie du fantastique dans Richard sans Peur », « Furent les merveilles pruvees et les aventures truvees » (Hommage à Francis Dubost), Paris, Champion, 2005 (Colloques, congrès et conférences sur le Moyen Âge, 6), p.247-261.
  • « Les recettes du diable : le pouvoir et l’argent dans Richard sans Peur», Le prince, l’argent, les hommes au Moyen Âge (Mélanges offerts à Jean Kerhervé), Presses Universitaires de Rennes, 2008, p.323-330.
  • « Tentations et mariage sataniques dans Richard sans Peur : le détournement des modèles allégoriques et féeriques », Cahiers de Recherches Médiévales, 15 (La Tentation du parodique dans la littérature médiévale, études réunies par E. Gaucher), 2008, p.73-85.
  • « Robert le diable ou le ‘criminel repentant’ : la légende au miroir des récits de conversion », La légende de Robert le Diable du Moyen Âge au XXe siècle. (Actes du colloque de l’Universités de Caen (17 et 18 septembre 2009) édités par L.Mathey-Maille et H. Legros), Orléans, Paradigme, 2010, p.27-41.
  • « Les semblances du diable dans Richard sans Peur », Revue des langues romanes, CXIV, n°2 (Le déguisement dans la littérature française du Moyen Âge, textes réunis par J. Dufournet et C.Lachet), 2010(2), p.391-413.
  • « À propos des réécritures : Richard sans Peur, roman de l’ironie ?», Richard sans Peur, duc de Normandie : entre histoire et légende. Actes du colloque organisé au Havre par L.Mathey-Maille et E. Gaucher-Rémond, 29-30 mars 2012. Annales de Normandie, 64e année, n°1, janvier-juin 2014, p.215-228.
  • « Tentation de la chair, séduction de l’esprit : Richard sans Peur et le modèle érémitique », Chaire, chair et bonne Chère (Hommage à Paul Bretel), Presses Universitaires de Perpignan, 2014, p.21-34.
  • « Saint Julien l’Hospitalier et Robert le Diable », Hagiographie, Imaginaire, Littérature(Mélanges offerts à Jean-Pierre Perrot),  Université de Savoie, coll. « Écriture et représentation », n°28, 2015, p.127-143.

La sémantique historique dans une perspective transnationale et transdisciplinaire : le cas du « milieu »

Wolf FeuerhahnDans le cadre des Grandes conférences de la Plateforme CEFRES,  Wolf Feuerhahn, chercheur au CNRS, directeur adjoint du Centre Alexandre Koyré et directeur de la Revue d’histoire des sciences humaines, prononcera une conférence sur « La Sémantique historique dans une perspective transnationale et transdisciplinaire » en étudiant le cas du « milieu ».

Langue : anglais.

Lieu : CEFRES, Národní 18, Prague 1, salle de conférence, 7e étage.

L’histoire transdisciplinaire est aujourd’hui un domaine de recherche florissant. Dans les dix dernières années, l’histoire des concepts a été influencée  par ce tournant historiographique. Bien plus qu’auparavant, l’accent est mis sur les problèmes de re-sémantisation transnationale et transculturelle des concepts. L’émergence et le succès de nouvelles expressions comme « travelling concepts » (Mieke Bal) ou « nomadic concepts » (Olivier Christin) témoignent bien de ce changement.

Cette présentation se propose d’aller plus loin en s’appuyant sur l’histoire transnationale du terme « milieu ». Après avoir voyagé de la France à l’Allemagne, de l’histoire littéraire à la biologie et à la sociologie, on en est venu à faire du mot milieu une théorie française. On l’a vu comme l’expression d’une forme de déterminisme, d’un lien entre l’essor des sciences naturelles et celui du socialisme. La grande majorité des chercheurs allemands réfutent cette théorie et le mot Umwelt  a été créé pour s’opposer au terme français. Mais Umwelt  a précisément été retraduit par le terme français « milieu », devenant ainsi l’étendard d’une philosophie anti-déterministe et postmoderne (Deleuze).

À travers cette étude de cas, je voudrais promouvoir ce que j’appellerais une « sémantique transnationale et historique », à l’opposé de l’Histoire des concepts de Koselleck qui distingue a priori les mots et les concepts, et réfléchir sur la façon dont les mots sont sémantiquement affectés par leur trajectoire transnationale et interdisciplinaire.

Quantifier la vie et la mort : statistiques sociales et espérance de vie sous la Double Monarchie

Dans le cadre du séminaire commun IMS – CEFRES « Entre aires et disciplines », Mátyás Erdélyi (CEU, Budapest & CEFRES) présentera ses recherches de doctorat sur la formation d’une classe moyenne productiviste dans la monarchie habsbourgeoise. Sa présentation sera discutée par Wolf Feuerhahn, chercheur au CNRS, co-directeur du Centre Alexandre Koyré et rédacteur en chef de la Revue d’histoire des sciences humaines.

: Bibliothèque du CEFRES, Na Florenci 3.

Langue : anglais.

L’Europe centrale aux carrefours

Journées doctorales franco-tchèques organisées par le laboratoire junior Passage avec le soutien de l’UMR Eur’Orbem et de l’ED IV (Université Paris-Sorbonne), de l’Université Charles de Prague (Filozofická fakulta Univerzity Karlovy) et du CEFRES.

Lieux :
14 avril : au CEFRES, 3 rue Na Florenci, escalier C, 3e étage, salle de conférence.
15 avril : à la Faculté des Lettres (FF UK), nám. Jana Palacha, salle 104.

Voir l’appel à communication ici.

Programme
Jeudi 14 avril : CEFRES, 3 rue Na Florenci, Prague 1, escalier C, 3e étage, salle de conférences.

9h-9h30 : Accueil des participants et ouverture des journées doctorales
–  Xavier Galmiche, directeur d’Eur’Orbem (Université Paris-Sorbonne)
–  Clara Royer, directrice du CEFRES
– Eva Voldřichová-Beránková, vice-directrice pour les relations internationales, Filozofická fakulta Univerzity Karlové

9h30-10h30. Session 1 : Transferts littéraires et intertextualités en Europe centrale
Modérateur : Claire Delaunay
Jean Boutan (Université Paris-Sorbonne) : « Czechs and Germans in the poetical rewritings of the Maidenwar in the romantic era: stanzas and stances on nation ».
Nicolas Porta (Université Paris-Sorbonne) : « Intertextualité centre-européenne et évolution dans les littératures tchèques contemporaines ».

Pause

11h-12h. Session 2 : La Tchécoslovaquie au XXe siècle, entre Est et Ouest
Modérateur : Clara Royer
Stéphanie Cirac (Université Paris-Sorbonne) : « Epistolarité et exil. Le réseau de correspondance d’un émigré russe en Tchécoslovaquie (1920-1944) ».
Lucie Dušková (Université Charles de Prague) : « Prague et la Tchécoslovaquie de nuit dans l’après-guerre : entre l’Occident et l’Orient, l’imaginaire et la pratique sociale de la fin de la guerre à la constitution socialiste ».

Déjeuner

14h-15h. Session 3 : Perception de l’« autre » européen dans les littératures slaves
Modérateur : Jean Boutan
Leandre Lucas (Université Paris-Sorbonne) : « Gontcharov et l’ailleurs européen ».
Jana Kantoříková (Université Charles de Prague / Université de Ratisbonne) : « Odkud to přišlo ?! La réception tchèque d’un décadent français ».

Pause

15h30-16h30. Session 4 : La science-fiction centre-européenne et ses échos d’Est en Ouest
Modérateur : Xavier Galmiche
Natalia Chumarova (Université Paris-Sorbonne) : « Stanislav Lem: une personnalité polonaise de la science-fiction soviétique ».
Alžběta Tichá (Université Charles de Prague) : « Des reflets de l’œuvre R.U.R. de l’écrivain tchèque Karel Čapek dans la pièce Frénésire ! ou le nouvel Orphée du dramaturge suisse David France Jakubec ».

18h. Projection du film Le Fils de Saul (avec sous-titres anglais). Filozofická fakulta Univerzity Karlovy, salle 131.

Vendredi 15 avril : Filozofická fakulta Univerzity Karlovy, salle 104, náměstí Jana Palacha 1/2, 116 38 Praha 1.

9h30-11h. Session 5 : Echanges, réseaux et élites politiques et économiques
Modérateur : Eva Voldřichová-Beránková
Svetlana Skvortsova (Université Paris-Sorbonne) : « Les étapes de la formation du marché de l’art en Allemagne du XIXe siècle à nos jours ».
Matyas Erdélyi (CEFRES) : « Les écoles supérieures de commerce et les sciences du commerce : un projet national dans l’espace habsbourgeois (1867-1918) ».
Marián Lóži (Université Charles de Prague) : « French and Czech Communism in History and Historiography: Similarities, Influences and Possible Inspirations ».

Pause

11h30-12h30. Session 6 : Territoires et frontières au cœur de tensions
Modérateur : Ségolène Plyer
Ksenia Smolovic (Université Panthéon-Sorbonne) : « Discours français au lendemain de l’attentat de Sarajevo (1914) ».
Laura-Jane Duquesney (Université Paris-Sorbonne) : « La frontière entre la Moldavie et la Roumanie : une ex-frontière soviétique devenue frontière de l’Union européenne ».

Déjeuner

14h-15h. Session 7 : Politique

Marián Lozi : « Francouzský a český komunismus v historii i historiografii: Podobnosti, průniky a možné inspirace »
Lucie Dušková : « Prague et Tchécoslovaquie de nuit de l’après-guerre : entre l’Occident et l’Orient : l’imaginaire et la pratique sociale de la fin de la guerre à la constitution socialiste »

Pause

15h30-16h30. Table ronde : l’Europe centrale aux carrefours.

Forum Visegrad : Ioana Popa, entre Prague et Bratislava

Programme

POPA_ISPLundi 11 avril – Prague

18h-20h
Conférence-débat grand public coorganisée par le CEFRES et l’Institut français de Prague.
Sujet : Traductions de la Guerre froide : acteurs et pratiques de la circulation des livres par-delà le rideau de fer et de leur réception en France.
Discutante : Jovanka Šotolová, maître de conférence au département de traductologie de la Faculté des lettres de l’Université Charles et traductrice du français.
Langue : en français, traduction simultanée en tchèque.
Lieu : Institut français de Prague, salle de conférences, 5e étage.

Mardi 12 avril – Bratislava

18h-20h
Conférence grand public coorganisée par l’Institut de littérature mondiale de l’Académie slovaque des sciences et l’Institut français de Bratislava.
Sujet : Traduire sous contraintes : une approche sociologique des transferts des littératures d’Europe de l’Est en France pendant la Guerre froide.
Langue : en français.
Lieu : Institut français de Bratislava.

Mercredi 13 avril – Bratislava

10h30-12h30
Séminaire mensuel de l’Institut de littérature mondiale de l’Académie slovaque des sciences.
Sujet : Institutionnalisation et construction internationale des études sur les aires culturelles pendant la Guerre froide. Le programme sur l’espace est-européen de la 6e Section de l’Ecole Pratique des Hautes Études.
Langue : en anglais.
Lieu : Institut de littérature mondiale de l’Académie slovaque des sciences.

Jeudi 14 et vendredi 15 avril – Prague

de 10h
Colloque international « La Traduction entre Langue, culture et histoire » organisé par le Département d’études sud-slaves et balkaniques de la Faculté des lettres de l’Université Charles, l’Institut de littérature mondiale de l’Académie slovaque des sciences et l’Institut Cultural Romaness de Praga.
Ouverture du colloque par Ioana PopaCircuits de traduction : une sociologie des transferts littéraires Est/Ouest pendant la Guerre froide.
Organisatrices : Libuša Vajdová (IWL SAV) et Libuše Valentová (FF UK).
Lieu : Hybernská 3, Prague 1 (Faculté des Lettres).
Le programme complet du colloque sera mis bientôt en ligne !