Tous les articles par Cefres

Virginie Vaté : recherche & CV

Virginie Vaté est anthropologue, chargée de recherche classe normale au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), membre du GSRL (Groupe « Sociétés, Religions, Laïcités, UMR 8582). De février 2018 à août 2020, elle a été en mobilité au CEFRES, participant avec Ludek Brož, de l’Académie tchèque des sciences, au projet TANDEM 1 intitulé “Bewildering Boar: Changing Cosmopolitics of the Hunt in Europe and Beyond”. Virginie Vaté est actuellement chercheuse associée au CEFRES.

Virginie Vaté a soutenu sa thèse en 2003 au département d’ethnologie et sociologie comparative de l’Université Paris Nanterre. En 2003 et de 2004 à 2007, elle est chercheuse à l’Institut Max Planck d’anthropologie sociale de Halle, en Allemagne, auquel elle est restée associée de 2012 à 2019. En 2004, elle est post-doctorante au CIERA (Centre Interuniversitaire d’Etudes et de Recherches Autochtones) de l’Université Laval-Québec (Canada) grâce au soutien d’une bourse de la Fondation Fyssen. En 2009, elle reçoit la médaille de bronze du CNRS. De 2012 à 2016, elle siège au Comité National en tant que membre élue en section 38. En 2017, elle est nommée représentante de la France au Social and Human Sciences Working Group (SHWG) de l’International Arctic Science Committee (IASC). 

Elle a participé à de nombreux projets de recherches nationaux et internationaux. Elle est actuellement membre de l’ERC BOAR (2020-2026) « Veterinarization of Europe ? Hunting for Wild Boar Futures in the time of African Swine Fever » (P.I. : L. Brož, https://www.wildboar.cz/),  faisant suite au projet TANDEM 1. Elle est par ailleurs responsable du projet « Herman d’Alaska. Un saint au coeur de multiples revendications » (HERMAN, 2020-), soutenu par l’Institut polaire français Paul-Emile Victor (IPEV) et réalisé en collaboration avec Marie-Amélie Salabelle. Ce projet fait suite au programme “Orthodox Christianity among Indigenous People of Alaska and Chukotka” (OCIP, 2015-2018), également soutenu par l’IPEV. Elle a également participé au projet « Marquer l’espace par le religieux : une étude comparée de la présence de l’Eglise orthodoxe russe en Russie et en France » (2019-2021), dirigé par Detelina Tocheva et Jeanna Kormina.

Virginie Vaté a consacré une grande partie de ses recherches à l’exploration du religieux dans la région du Détroit de Béring (en Tchoukotka, Russie et en Alaska, Etats-Unis). Dans sa thèse et plusieurs publications, elle a abordé de façon croisée la thématique du genre et celle de la relation à la ‘nature’, en analysant les rituels des Tchouktches éleveurs de rennes et chasseurs de mammifères marins. Par la suite, ses recherches ont porté sur la conversion à différentes formes de protestantisme en Tchoukotka et comment le christianisme a pu servir de lien entre les autochtones de Tchoukotka et d’Alaska. Plus récemment, le projet OCIP a eu pour but d’analyser dans une perspective comparative la relation que les autochtones d’Alaska et ceux de Tchoukotka entretiennent avec le christianisme orthodoxe. Le projet HERMAN continue et développe un des volets du projet OCIP : il propose une étude de la façon dont certains acteurs orthodoxes à différentes échelles (locales, nationales, transnationales) revendiquent l’héritage de Saint Herman d’Alaska, une figure centrale du christianisme orthodoxe alaskien et américain. V. Vaté a effectué des recherches de terrain en Tchoukotka (régions d’Anadyr, de Providenia et d’Ioultine), en Alaska (Nome, Ile Saint-Laurent, Kodiak) et, plus récemment, en France (en particulier dans le Grand Est) dans le cadre de l’ERC BOAR. Ce projet conduit V. Vaté à s’intéresser à nouveau au thème des relations humains-animaux, prolongeant ses questionnements sur les représentations du sauvage et du domestique initiés en Tchoukotka. Elle analyse comment certaines controverses actuelles autour des relations humains-sangliers reflètent les diversités de perspectives sur la place que doivent occuper les animaux dits « sauvages » dans nos sociétés aujourd’hui. 

CV

Diplômes 

Doctorat en Ethnologie de l’Université Paris X Nanterre (2003) ;
D.E.A. d’Ethnologie et Sociologie Comparative (1996) ;
Maîtrise d’Ethnologie et Sociologie Comparative (1995) ;
Licence Langues et Civilisations Étrangères (LCE) Russe (1993) ;
DEUG Langues et Civilisations Etrangères (LCE) Anglais et Russe (1991).

Sélection de publications, à partir de 2012

Direction de numéro spécial de revue à comité de lectures : 

Dmitriy Oparin & Virginie Vaté (eds), 2021 (publication en 2022), direction d’un numéro spécial de la revue canadienne Etudes Inuit Studies, 45 (1-2), Tchoukotka : comprendre le passé, les pratiques contemporaines et les perceptions du présent, 571 pages.
https://www.etudes-inuit-studies.ulaval.ca/fr/numero/1490
https://www.erudit.org/fr/revues/etudinuit/2021-v45-n1-2-etudinuit07097/

Direction d’ouvrage à comité de lectures :

David Anderson, Rob Wishart & Virginie Vaté (eds), 2013 [et réédition au format paperback en 2015], About the Hearth: Perspectives on the Home, Hearth and Household in the Circumpolar North, New York & Oxford, Berghahn, 324 pp.

Articles dans des revues à comité de lecture : 

2021 (sortie en 2022) (avec D. Oparin), Introduction, In : Etudes Inuit Studies, 45 (1-2), Tchoukotka : comprendre le passé, les pratiques contemporaines et les perceptions du présent, pp. 9-35 (en français), pp. 37-61 (en anglais).

2021 (sortie en 2022), « ‘Quand les racines des saules commencent à dégeler, les gens reviennent à la vie… ». Relation aux végétaux chez les Tchouktches éleveurs de rennes, In : V. Vaté, D. Oparin (eds), Etudes Inuit Studies, 45 (1-2), Tchoukotka : comprendre le passé, les pratiques contemporaines et les perceptions du présent, pp. 439-478. 

2021 (sortie en 2022) (avec John Eidson), “The anthropology of Ontology in Siberia – a Critical Review”, In: Anthropologica (Journal of Canadian Anthropological Association), 63 (2), Thematic section: “The ‘Ontological Turn’ in Russian Anthropology”, 27 p. 

2021 “Vozvrashenie k chukotskim duxam / Revisiting Chukchi spirits”, Sibirskie istoricheskie issledovaniia / Siberian Historical Research, 4, pp. 55-75.

2018 (avec E. Davydova), « Pishsha, èmotsii i sotsial’nye otnosheniia u Amguèmskix Chukchei [en russe, Alimentation, émotions et relations sociales chez les Tchouktches d’Amgouema] », Kunstkamera, 2, p. 119-126. 

2017, Participation au « Forum : Religion, Anthropology and the « Anthropology of Religion », In : Antropologičeskij forum/Forum for Anthropology and Culture, 34-35 [version en anglais, version originale], pp. 121-130. / [version en russe, traduction de l’anglais], pp. 59-68.

2013 (avec P. Plattet, & T. Wendling), « La prise du don. Jeux rituels et prix dans le Nord-Est sibérien », In : K. Buffetrille, J.-L. Lambert, N. Luca, et A. de Sales (eds), D’une anthropologie du chamanisme vers une anthropologie du croire. Hommage à l’œuvre de Roberte Hamayon, numéro hors-série des Etudes Mongoles, Sibériennes, Centrasiatiques et Tibétaines, pp. 483-514.

Chapitres de livres (à comité de lecture) : 

2021 « Vera’s tajn’ykvyt and other stories of ritual strings. Constructing and deconstructing religion among Chukchi reindeer herders (northeastern Siberia)”, In: Nomad lives: from Prehistoric Times to the Present Day, A. Averbouh, N. Goutas, & S. Mery (eds), Paris, Museum d’histoire naturelle, pp. 505-523.

2013 « Building a Home for the Hearth: An Analysis of a Chukchi Reindeer Herding Ritual », In : D.G. Anderson, R.P. Wishart et V. Vaté (eds), About the Hearth: Perspectives on the Home, Hearth and Household in the Circumpolar North, New York & Oxford, Berghahn, pp. 183-199. 

Chapitres de livre :

2019 (avec Y. Borjon-Privé, A., R. Hamayon, C. Jacquemoud, J.-L. Lambert), « Chamanismes et christianismes en Sibérie », In : J. Baubérot, Ph. Portier, J.-P. Willaime (eds), La sécularisation en question. Religions et laïcités au prisme des sciences sociales, Garnier, pp. 503-514.

2014 « Une journée d’automne de Lena Ragtytvaal », In : M. Julien et C. Karlin (ed.), Un automne à Pincevent. Le campement du niveau IV20, Mémoires de la Société Préhistorique Française, n°57, pp. 611-616.

2013, « Epilogue. L’enfer, c’est les autres ? Distance, relation à autrui et à Jésus des convertis au protestantisme évangélique », In : C. Pons (ed.), Jésus, moi et les autres. La construction collective d’une relation personnelle à Jésus dans les Églises évangéliques : Europe, Océanie, Maghreb, Paris, CNRS éditions, pp. 259-271.

Autres Publications : 

2019 “L’orthodoxie aux confins de la Russie arctique : le marquage religieux d’un territoire stratégique”, In : Bulletin de l’observatoire international du religieux, Avril 2019, N°28, pp. 3-7. 

2019 (avec L. Brož, J. Heurtaux, C. Madl, & C. Royer), « Trois questions à Clara Royer, Virginie Vaté, Ludĕk Brož et Jérôme Heurtaux sur le programme TANDEM », Lettre de l’INSHS, mai (59), pp. 10-11.

2019 (avec M.-A. Salabelle) « Autochtones et christianisme orthodoxe au Détroit de Béring. Contribution des études arctiques à l’anthropologie du religieux », Lettre de l’INSHS, mars (58), pp. 27-29.

2013 Articles « La chenillette en Tchoukotka » (p. 77), « La iaranga tchouktche » (pp. 84-86), « Le pot de chambre » (p. 86), « Les rituels saisonniers des éleveurs de rennes tchouktches » (p. 116), « La transmission des rôles sexués chez les Tchouktches éleveurs de rennes » (pp. 132-133), « Le chien chez les éleveurs de rennes tchouktches » (pp. 206-207), In : Stépanoff C., Ferret C., Lacaze G., Thorez J. (eds), Nomadismes d’Asie centrale et septentrionale, Paris, Armand Colin.

Voltaire, du Rhin au Danube (XVIIIe-XIXe siècles)

Journées Voltaire

Date-limite pour l’envoi des propositions : 20 février 2018
Organisateur : Guillaume Métayer (CELLF – CNRS)
Partenaires : CELLF (UMR 8599), Société des Études Voltairiennes, CEFRES, CERCLL (Université Jules Verne de Picardie)
Dates et lieu : 22-23 juin 2018, Université Paris-Sorbonne
Langue : français, interventions en anglais possibles
Contact : gme.metayer@gmail.com

Argumentaire

S’il est un écrivain et philosophe français des Lumières qui a entretenu d’intenses relations avec le monde germanique, c’est bien Voltaire. Outre ses nombreux séjours en Allemagne, et son célèbre appointement à la cour de Prusse auprès de Frédéric II, Voltaire a fréquenté Gotha, ou encore Aix-la-Chapelle. Surtout, de ses visites et relations et, plus encore, de ses lectures, sont nées de nombreuses œuvres de genres divers, parmi lesquelles la plus célèbre, Candide (1759), ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. Par-delà cette fameuse Westphalie de fantaisie et de philosophie, L’Essai sur les Mœurs (1756) consacre des chapitres essentiels à cette histoire, dont Voltaire a donné ailleurs, à la demande de la duchesse de Saxe-Gotha, une autre version, plus détaillée : Les Annales de l’Empire (1753). L’Histoire de la guerre de 1741 (fondue et réaménagée dans le Précis du Siècle de Louis XV) ménage également une grande place à cet ensemble politique et culturel aux frontières mouvantes. Des questions aussi essentielles que la lutte du pouvoir temporel et spirituel, notamment entre la papauté et le Saint-Empire, la problématique de la Réforme et plus généralement de l’identité religieuse et politique de l’Europe sont donc placées au cœur de ses réflexions et de son travail d’historien.

Pourtant, l’intensité de l’intérêt de Voltaire pour l’Allemagne est lestée d’une ambiguïté et d’une ambivalence profondes : elle concerne avant tout la politique, l’histoire de l’Empire et l’espoir tout contemporain et tourné vers l’avenir de l’avènement d’un « roi philosophe » à Berlin, au détriment de la littérature, la langue ou les arts allemands, qu’il tient en piètre estime et raille volontiers. Or, à ce déséquilibre répond certainement à la fois la richesse et la nature souvent polémique de la réception de Voltaire dans le monde germanique : après une période où dominent ses imitateurs, Voltaire est devenu, à de rares exceptions près et sans négliger les nuances (Schiller, Goethe, Heine), la cible privilégiée du renouveau littéraire et philosophique allemand. Avant même le romantisme, Lessing avait donné le ton d’une tradition critique acharnée dont August Wilhelm Schlegel reprit le cinglant héritage. Il faut, semble-t-il, attendre les années 1870 pour qu’autour de David Friedrich Strauss, Dubois-Reymond, et surtout Nietzsche, la figure de Voltaire se transforme et redevienne, dans cette aire culturelle, une grande référence des Lumières européennes.

C’est cette interaction, dans le temps, entre la perception du monde germanique chez Voltaire et la réception allemande et centre-européenne de l’écrivain philosophe, dont ces Journées, quarante ans après le colloque de Mannheim*, souhaiteraient rouvrir le chantier, en s’appuyant tant sur les études de réception, de diffusion, de traduction, que sur des monographies séminales, en dialectisant, autant que possible, les deux pans de cette Wechselwirkung herméneutique. Le cas des possessions de l’Autriche (la Hongrie, la Galicie, etc.) pourra être également abordé.

* Voltaire und Deutschland. Quellen und Untersuchungen zur Rezeption der Französischen Aufklärung. Internationales Kolloquium der Universität Mannheim zum 200. Todestag Voltaires [Mannheim, 1978], Stuttgart 1979.

Marianna Szczygielska : recherche & CV

Les sangliers sauvages et les fiers éléphants :  le développement de l’habitat faunique en Europe du Centre-Est

Axe de recherche 2 : Normes & transgressions

Après une formation en philosophie, Marianna Szczygielska a soutenu sa thèse de doctorat en études de genre comparées à la Central European University (CEU). Elle est membre de Environmental Arts and Humanities Initiative (CEU) et chercheuse associée dans le cadre de “The Seed Box: Environmental Humanities Collaboratory” (Université de Linköping). Elle co-préside une session du GEXcel International Collegium for Advanced Transdisciplinary Gender Studies. Ses recherches portent sur les sciences humaines environnementales, les études animales, les études raciales critiques et la science féministe, et les études technologiques.

Le projet de Marianna est organisé en deux phases, chacune se concentrant sur une espèce dite « sauvage » dans ses diverses relations à la gestion de l’habitat faunique et à la politique subséquente mise en œuvre en Europe à travers les pratiques de la chasse et du gardiennage zoologique. À partir d’une analyse comparée des relations entre les espèces en Pologne et en République tchèque, et dans la perspective d’une étude de l’histoire et de la politique actuelle autour de l’entretien des éléphants captifs en Europe du Centre-Est, ce projet interdisciplinaire vise à problématiser la catégorie des animaux sauvages et de la conservation de l’habitat faunique dans le cadre géographique singulier de l’Europe du Centre-Est. Dans ce sens, la comparaison entre deux espèces, l’une endémique, l’autre exotique, en Europe, sera mise en perspective dans ses rapports complexes aux politiques environnementales, de même qu’au regard du nationalisme, de l’impérialisme, du post-colonialisme et du post-socialisme.

CV

Formation

2011–2017 : Doctorat en études comparées du genre sous la direction de Hadley Z. Renkin, mention très honorable – Central European University, Budapest. Titre de la thèse : Queer(ing) Naturecultures. The Study of Zoo Animals

2009–2010 : Master en études de genre, mention très honorable – CEU, Budapest. Titre du mémoire : Becoming (with) Animal Others: Is the Anthropological Machine Set up in the Zoo?

2004–2009 : Master de philosophie, mention très honorable – Université Adam Mickiewicz, Poznań. Titre du mémoire : Ethics of Responsibility in the Face of Environmental Risks

Choix de publications

Articles dans des revues à comité de lecture
  • “Jedząc kebaba… Zwierzęta i zwierzęcość a islamofobia,” [“Eating a kebab… Animals/Animality and Islamophobia.”] Praktyka Teoretyczna, 4(26)/2017: 238-248.
  • “Hyenas and Hormones: Transpecies Encounters and the Traffic in HumAnimals,” in: Angelaki: Journal of Theoretical Humanities, Vol. 22 (2), April 2017: 61-84.
  • “Animals Off Display,” UnderCurrents: Journal of Critical Environmental Studies, Special issue “From Queer/Nature to Queer Ecologies: Celebrating twenty years of scholarship and creativity,” Vol.19/2015.
  • “Posthumanizm: dzień po rewolucji,” Czas Kultury 2015/1 (184), pp. 140-147.
  • “Transbiological Re-imaginings of the Modern Self and the Nonhuman: Zoo Animals as Transbiological Entities,” Identities: Journal for Politics, Gender and Culture, Vol. 10/2014.
  • “Technologically Assisted Life. Between Biopolitics and Thanatopolitics,” Annali di studi religiosi, Vol. 12/2011, Bologna.
Chapitres de livres
  • (Forthcoming) “Pandas and the Reproduction of Race and Sexuality in the Zoo,” (eds.) McDonald, T. and Vandersommers, D., Zoo Studies and a New Humanities, McGill University Press, 2019.
  • “Zoos” (ed.) Salazar Parreñas, J., Gender: Animals Macmillan Interdisciplinary Handbooks. Farmington Hills: Macmillan Reference USA, 2017: pp. 247-262.
  • “The heroines of sustainable development. Gender and sustainable development in  a critical perspective”, in Proceedings from the international conference Equality, Growth & Sustainability. Do they mix?, (ed.) A. Fogelberg Eriksson, Linköping University, 2010:135-42.
Editoriaux
  • (In prep.) Cielemecka O. and Szczygielska, M. (eds.), “Plantarium: Human-Vegetal Ecologies.” Special issue of Catalyst: Feminism, Theory, and Technoscience, Fall 2019.
  • Steinbock, E., Szczygielska, M. & Wagner, A. (eds.), “Thinking Linking,” Special issue on “Tranimacies: Intimate Links between Affect, Animals, and Trans* Studies”; Angelaki: Journal of the Theoretical Humanities, Vol. 22(2), April 2017: 1-10.
  • Nitis, M., Szczygielska, M., & Stark, W. (eds.), “The Conditions of Praxis: Theory and Practice in Activism and Academia,” Graduate Journal of Social Science, Vol. 10 (3), September 2013.
Comptes rendus
  • Szczygielska, M., “Viewing the World Through the American Zoo,” a review of The Animal Game. Searching for Wildness at the American Zoo. by Daniel E. Bender in: Diplomatic History. Oxford University Press, September 2018, Vol. 42(4): 740–743.
  • “The Bittersweet Dimensions of Racial Mattering” a review of Habeas Viscus: Racializing Assemblages, Biopolitics, and Black Feminist Theories of the Human. by Alexander G. Weheliye in Parallax, November 2015, Vol. 21(3).
  • « Cloning Wild Life. Zoos, Captivity, and the Future of Endangered Animals. » by Carrie Friese in Pulse: A History, Sociology, & Philosophy of Science Journal, September 2014, Vol. 2(1).
  • « The Queer Art of Failure. » by Judith Jack Halberstam in Graduate Journal of Social Science, July 2012, Vol. 9(2).
Autres contributions

Thomas Clément Mercier : Recherche et CV

Les Europes de Derrida: Déconstruction, marxisme, démocratie

Axe de recherche 1 : Déplacements, dépaysements et décalages : hommes, savoirs et pratiques

Contact : thomas.mercier@cefres.cz

Thomas Clément Mercier a obtenu un doctorat de philosophie en théorie politique au King’s College London (War Studies Department) en mai 2017. Il se spécialise dans l’étude de la violence, de la légitimité démocratique, de la résistance politique, qu’il analyse en combinant des réflexions de théorie politique internationale et de déconstruction. Ses travaux récents ont trait à la théorie critique des relations internationales, à la pensée postcoloniale et décoloniale, à la biopolitique déconstructive, aux études queer et de genre, à l’éthique animale et environnementale.

Son projet de recherche au CEFRES porte sur les rapports de Jacques Derrida à l’Europe centrale et orientale, en se concentrant sur ses voyages dans le dit « Bloc de l’Est », avant et après la fin de la Guerre froide. Un intérêt particulier est accordé à l’arrestation de Derrida à Prague en 1981, alors qu’il participait à des séminaires clandestins en soutien aux dissidents Tchécoslovaques – intellectuels, philosophes et professeurs – dans le contexte de ses engagements politico-institutionnels en tant que Vice-Président de l’Association Jan Hus.

La recherche de Thomas Clément Mercier se fonde largement sur des documents d’archives, des lettres et séminaires inédits, ainsi que sur des analyses biographiques, historiques et politico-théoriques dans le but d’élucider une série de problèmes relatifs à la nature des engagements politico-institutionnels de Derrida :

  1. L’articulation entre déconstruction de la philosophie et transformation pratique des institutions socio-politiques, à commencer par la critique par Derrida de l’institution de la philosophie, et de ses complicités possibles avec des forces politiques et idéologiques ;
  2. Les engagements critiques de Derrida avec la pensée et la politique marxistes, tel qu’il en témoigne dans de nombreux séminaires inédits des années 1960 et 1970. Ces travaux annoncent l’ouvrage Spectres de Marx (1993), dans lequel Derrida réévalue les apports de la philosophie marxiste pour en faire un élément essentiel de l’héritage et de la promesse européenne. Parallèlement, Derrida déconstruit le récit téléologique dominant, présentant le triomphe du néolibéralisme comme le destin d’une Europe enfin devenue homogène à la suite du prétendu dépérissement de la promesse émancipatrice marxiste. Cela conduit Derrida à remettre en question le discours de la Guerre froide, opposant diamétralement les traditions marxistes et libérales, l’Europe de l’Est à l’Europe de l’Ouest.
  3. La déconstruction de Derrida de l’idée d’Europe – ou, plutôt, des « Europes » – comprise à la fois comme concept philosophique et comme notion politique. Dans des textes d’avant et après 1989, Derrida remit en question l’homogénéité et l’unité du legs européen, et pluralisa ses héritages dans l’optique d’offrir une analyse déconstructrice de la démocratie à venir – fondée sur un concept d’Europe plus ouvert à sa propre hétérogénéité.

En analysant des matériaux d’archives, Thomas Clément Mercier souhaite éclairer de manière novatrice le rapport entre déconstruction, théorie démocratique et pensée marxiste, et mettre à jour les implications éthico-politiques de la pensée de Derrida, telles qu’elles apparaissent dès les années 1970.

Trois articles sur le sujet ont été publiés, et quatre autres sont actuellement en cours de publication. Une monographie est également en préparation.

CV

Formation

2017 : Doctorat,  King’s College, London (War Studies Dpt.) Titre de la thèse :  « The Violence of Legitimacy: Democracy, Power, Antagonism« , sous la direction de Prof. Vivienne Jabri et Prof. Mervyn Frost.

2007 : Maîtrise d’études conjoints de Relations internationales (diplôme professionnel) et Sciences politiques (diplôme recherche) à Sciences-Po Paris.

2005 : Maîtrise de Littérature et Linguistique à l’Université Paris-III (Sorbonne Nouvelle).

Choix de publications

Volumes édités
Chapitre de livre
  • ‘Resisting Legitimacy’, in Contending Legitimacy in World Politics: The State, Civil Society and the International Sphere in the Twenty-First Century, edited by Bronwyn Winter and Lucia Sorbera (London and New York: Routledge, 2017).
Articles
Traductions
Analyses

L’équipe des chercheurs au CEFRES 2017-2018

István Pál Ádám

Contact : istvan.adam@cefres.cz

est depuis le 1er janvier 2016 et jusqu’au 31 décembre 2017 post-doctorant au CEFRES grâce à un cofinancement de l’Université Charles de Prague. Sa recherche s’attache à l’étude du contrôle spatial des concierges centre-européens et s’inscrit dans le 3e axe de recherche du CEFRES.

Chiara Mengozzi

Contact : chiara.mengozzi@cefres.cz

est depuis le 1er janvier 2016 et jusqu’au 31 décembre 2017 post-doctorante au CEFRES grâce à un cofinancement de l’Université Charles de Prague. Depuis le 1er janv. 2018, elle est chercheuse associée au CEFRES.  Sa recherche, intitulée Animal matters : Différence anthropologique et normes littéraires en question s’inscrit dans le 2e axe de recherche du CEFRES.

AAC : Penser en paroles : la philosophie à la loupe de ses manuscrits et archives

Penser en paroles : la philosophie à la loupe de ses manuscrits et archives – méthodologies, histoire(s) et horizons

Organisatrice : Benedetta Zaccarello, CEFRES (CNRS-MEAE)
Dates et lieu : 7-9 juin 2018, Prague
Date-limite des candidatures : 21 janvier 2018
Langue : anglais
Partenaires : ITEM, IMEC, Archives Patočka (Académie tchèque des sciences), FHS UK

Merci d’adresser vos propositions (titre et argumentaire de 300 mots) et notices bio-bibliographiques à l’adresse suivantebenedetta.zaccarello@cefres.cz

La philosophie s’écrit, se pratique, se vit : elle est la traduction de l’expérience d’une subjectivité pensante dans un alphabet conceptuel et dans un tissu verbal. Le « je » de la philosophie est une chimère dont la tête effleure les hauteurs des concepts abstraits et des discours universels, tandis que le corps baigne dans cette expérience vécue qui seule peut mettre à l’épreuve la volonté de dire ce qui, depuis Kant au moins, ambitionne d’être valable pour chacun. À la charnière entre ces deux règnes, convoqués par l’effort de la spéculation, se situe la matière verbale dont le sens ne peut à son tour être déterminé qu’en relation aux contextes, aux pratiques d’écriture et de lecture qui la régissent, aux horizons de sens et aux même cibles polémiques qui ont marqué et marquent toute énonciation philosophique. De même, la spécificité de chaque écriture théorique est à la fois condition nécessaire pour que la discipline continue de vivre en se rénovant et transcendant ses propres catégories, et l’aspect le plus subjectif et personnel d’un travail qui vise traditionnellement le « neutre » de l’abstraction.

La « fabrique du texte » philosophique, comprise aussi bien comme son ancrage dans des dispositifs culturels et dans des facteurs sociétaires contingents, se heurte à une idée de la discipline qui pense son histoire comme liée à une suite de trouvailles abstraites, et d’intuitions novatrices échelonnant l’évolution de notre manière de penser. Le philosophe qui écrit est le premier à avoir tendance à effacer ce jeu complexe de négociations, entre existence et théorie, entre innovation conceptuelle et partage terminologique héritant d’une tradition séculaire, alors que manifestement les dynamiques de la production et de la réception philosophiques sont un objet complexe dont un des enjeux cruciaux se trouve dans la nature scripturale du phénomène.

Comme Derrida le rappelle en lisant Valéry, ce dernier aspect du métier du philosophe fait l’objet d’un oubli systématique et presque physiologique dans la manière dont nous nous représentons les ambitions de la discipline. Des frontières fortes semblent traverser des domaines qui sont facilement perçus comme divergents voire incompatibles entre eux : philosophie et littérature sont souvent considérées comme des sœurs ennemies, et leurs horizons respectifs ne prennent pas facilement en compte certains éléments qui se révèlent nécessaires pour comprendre — d’un point de vue dynamique et historico-culturel — la production de la prose théorique. Pareillement, et contrairement aux usages de l’âge romantique par exemple, il est rare que le métier intellectuel conjugue philologie et philosophie.

Pour toutes ces raisons, le manuscrit de philosophie est un objet étrange, auquel on a commencé à une époque assez récente d’attribuer une véritable valeur. Cependant, en Europe surtout, la création d’importantes archives réunissant de corpus philosophiques majeurs – tels Nietzsche, Benjamin ou Kierkegaard – a pérennisé la mémoire de l’écriture philosophique et permis à ces « arches » de traverser le temps en l’attente du moment où, notamment grâce au développement de nouveaux outils numériques, ces matériaux auraient pu trouver l’attention qu’ils méritaient. Le terrain de l’édition de manuscrits philosophiques apprend beaucoup sur l’importance des informations que ces supports sont susceptibles de donner, au-delà même des textes véhiculés par ces documents. Ce qui anime et structure le geste herméneutique fondé sur le travail sur manuscrits est une ontologie différente. À partir d’une telle perspective, l’évolution d’une écriture théorique devient une aventure vivante et spécifique, alors que l’histoire de la discipline peut être perçue comme un processus dynamique, pluridimensionnel et choral à la fois. Cependant, tous les documents d’archives, véritables traces d’autant de pratiques de la discipline disparates et peu connues, ne se prêtent pas à la « forme-livre » et restent par là cachés aux regards du public, alors qu’il est indéniable que l’accès aux archives permet souvent de comprendre l’allure, la méthode, la démarche et même les sources, les cibles critiques, les allusions que la publication a tendance à normaliser, à gommer, à estomper.

Souvent ce ne sont que les spécialistes travaillant à l’édition critique des œuvres d’un écrivain-penseur, ou encore les conservateurs en charge d’un fonds spécifique, qui sont amenés à développer une connaissance véritable d’un tel type de matériaux, car le travail sur manuscrits impose un temps lent de travail souvent incompatible avec les rythmes de la recherche et de la production intellectuelle. De ce fait, la créativité exprimée par les chercheurs dans la mise au point d’outils pensées ad hoc pour l’édition ou l’exégèse des manuscrits appartenant souvent à un seul un corpus philosophique n’a pas encore pu être mise en valeur à travers une approche comparative et visant à l’établissement de principes méthodologiques communs. Si la critique génétique a développée à partir des années 1970 un outillage important et une méthode philologique spécifique pour les manuscrits d’auteur, peu a été fait dans l’élaboration de lignes d’orientation dans le traitement des archives philosophiques.

Ce colloque vise ainsi à établir un dialogue entre spécialistes en provenance de différents pays et continents et ayant travaillé à des corpus différents de sorte à esquisser de premières lignes méthodologique et à établir un réseau collaboratif prêt à continuer dans ce travail de friche. La publication des actes du colloque fournira ainsi une première publication et la constitution d’un consortium de recherche en ce sens.
De plus, en portant à la lumière l’histoire de plusieurs archives philosophiques et leur ancrage dans l’histoire des hommes tout court, nous espérons valoriser ce genre de lieux en tant que sources de savoir et d’apprentissage sur le terrain, en même temps que sensibiliser à l’apport de ce genre de matériaux pour une différente approche à l’histoire et à l’exégèse de la théorie.

Les travaux seront articulés en quatre sections :

1 – Histoire(s) d’archives. Ce volet vise à recueillir des contributions concernant l’histoire de la création d’archives philosophiques ou de leur vies, en soulignant par là l’ancrage de ces institutions dans le paysage culturel et social de leur temps. En « contre-champs » ce même volet cherche à réunir des considérations sur l’idée d’histoire de la philosophie dégagée par le travail sur manuscrits.

2 – Conservation et édition. Ce deuxième volet du colloque a comme ambition de recueillir de témoignage de professionnels ayant travaillé à la conservation et/ou ) l’édition de manuscrits de philosophie pour mieux comprendre les difficultés relatives aux spécificités de chaque écriture théorique et la manière dont ces mêmes ont été affrontées. De même, nous traiterons en ce volet des questions liées à la numérisation des fonds théoriques et à l’intelligibilité de ses produits. Nous espérons recueillir un certain nombre de cas exemplaires ouvrant également à la session suivante du colloque.

3 – Editions et exégèses : approches et méthodologies. Ce volet du colloque vise à ouvrir des perspectives méthodologiques communes à partir de l’observation de plusieurs corpus de philosophe et sera articulé en une suite de contributions et en une table ronde de partage. Nous essayerons par là d’esquisser des lignes d’orientation pour le travail sur manuscrit philosophique, qu’il s’agisse d’édition ou d’exégèse.

4 – Les archives de la théorie. Cette dernière section du colloque aspire à recueillir des contributions concernant des corpus théoriques mais non proprement philosophiques tels la théorie littéraire, l’histoire de l’art, des sciences, la sémiotique… Par là nous espérons dégager des spécificités de ce genre de documents dans leur relation aux matériaux spécifiquement philosophiques.