Point de vue : l’autofiction comme genre

Quatrième séance de 2018 du séminaire épistémologique commun du CEFRES et de l’IMS FSV UK.

Ania Gnot (Université d’Opole / Institut de la littérature tchèque AV ČR / CEFRES)
Point of View: Autofiction As a Genre

Où : CEFRES library – Na Florenci 3, 110 00 Prague 1
Quand : jeudi 5 avril 2018 de 15h30 à 17h
Langue anglais

Texte :

  • Małgorzata Czermińska, « ‘Point of View’ as an Anthropological and Narrative Category in Nonfiction Prose », Teksty Drugie 2012-2, p. 140-155.

Politique linguistique et sociolinguistique en Bosnie-Herzégovine

Politique linguistique et sociolinguistique en Bosnie-Herzégovine : de la différence (in)signifiante aux frontières linguistiques

5ème session du Séminaire interne du CEFRES 2023-2024.
Par la présentation de recherches en cours, l’objectif du Séminaire du CEFRES est de soulever et de soumettre à la discussion des questions de méthodes, d’approches ou de concepts, dans un esprit pluridisciplinaire, permettant à chacun de croiser ses propres perspectives avec les travaux présentés.

Lieu : CEFRES, Na Florenci 3, Prague 1
Date
: mardi 9 avril 2024, 16h30 CET
Langue : anglais
Contact / Inscription 
: cefres[@]cefres.cz

Jelena Božović (CEFRES / FSV UK)

Discutante

  • Markéta Slavková, The Prague Security Studies Institute

Résumé

La question des frontières linguistiques est souvent négligée au sein des études portant sur les politiques linguistiques. Lorsque l’on explore des contextes multilingues, les chercheurs en politique linguistique présupposent traditionnellement une pluralité de langues traitées comme des entités séparées et fixes. Travailler avec des unités linguistiques facilement identifiables et discernables permet en effet d’étudier de plus près leurs relations. Cette tâche peut nonobstant se révéler ardue dans des contextes où les langues sont structurellement similaires et se chevauchent, et où les frontières ne sont pas toujours nettes et clairement définies. Ici, déterminer les relations entre les langues (concurrentes) et les groupes linguistiques ne se révèle pas nécessairement simple. Cela est dû au fait que certaines différences sont davantage soumises aux processus de délimitation que d’autres, tandis que certaines passent complètement inaperçues. Ces observations enrichissent notre compréhension des frontières linguistiques, qui ne dépendent pas uniquement des différences formelles entre les langues et leurs significations dénotatives, généralement stables, mais également de leur fonction sociale et politique.

Au sein de ma thèse, je me concentre sur la Bosnie-Herzégovine, où la transition d’une langue standard commune à trois langues nationales standard distinctes a eu lieu à la suite de la désintégration de la Yougoslavie. Cette transition soulève inévitablement des questions cruciales sur la différenciation et des frontières linguistiques. En analysant les processus d’interprétation des politiques linguistiques officielles lors de mon étude de terrain ethnographique en Bosnie-Herzégovine, il m’est apparu évident qu’ils portaient principalement sur l’interprétation des différences et des frontières entre ces langues. Ainsi, ma recherche se concentre sur les processus de délimitation linguistiques, notamment sur la manière dont les frontières linguistiques sont construites, déconstruites, brouillées, dépassées, voire complètement ignorées par les acteurs sociaux dans divers cadres politiques linguistiques. Lors de ce séminaire, j’examinerai de près la construction de ces frontières et leur lien avec les questions de pouvoir et d’autorité, ainsi que leurs implications pour les politiques linguistiques officielles.

Voir le programme complet du séminaire 2023-2024 ici.

Pompiers, orchestres de Tsiganes, cavaliers-paysans, cantines : les sociétés locales post-impériales en Europe du Centre-Est dans le monde des États-nations, 1918-1930

Une conférence de Gábor Egry (Institut d’histoire – Académie hongroise des sciences)

Discutant : Rudolf Kučera (Institut Masaryk – AV ČR)

: Na Florenci 3, bâtiment C, 3e étage, salle de conférence

La fin de la Première Guerre mondiale a conduit à des développements similaires dans toute l’Europe du Centre-Est : l’écroulement des empires et l’émergence d’États-nations. Mais derrière la façade de transformations apparemment uniformes et la tendance à la nationalisation dans les nouveaux États, les sociétés locales et les micro-régions étaient parfois moins limitées dans leur influence sur les conditions spécifiques de transition que ce qu’on considère habituellement dans le cadre du récit dominant sur la chute des empires et la création des États-nations. Le passé impérial n’a pas disparu sans laisser de trace ; de plus, les nouvelles entités agissaient souvent comme de « mini-empires » reprenant ou conservant des acteurs, des méthodes et des structures de la gestion impériale du pouvoir et de la population.

A gypsy band from Sannicolau Mare. Source: romaniainterbelica.memoria.ro
Orchestre tsigane de Sannicolau Mare. Source:
romaniainterbelica.memoria.ro

Comparer des études de cas de la transition au niveau local permet un aperçu des contextes locaux, de la manière dont différentes constellations sociales locales, des préhistoires impériales, ont aidé certains groupes à négocier leur position dans les nouveaux États. Si certaines pratiques, habitudes ou institutions furent maintenues et souvent employées pour coopter les nouvelles élites dans le cercle des anciennes, certaines figures particulières de l’époque impériale parvinrent à se déplacer de manière fluide entre les États successeurs, et des changements sociaux de large portée affectèrent l’équilibre général et conférèrent de l’agency à des groupes jusqu’alors désavantagés. Dans ma conférence, je désignerai les plus importants facteurs régissant les différents types de transition et montrerai comment les individus se sont situés dans le nouveau monde des États-nations.

Prague et ses mythes

Prague et ses mythes

Lieu : CEFRES, Na Florenci 3, Prague 1
Date
: 5 avril 2024, 10h00 CET
Langue : anglais et français

Organisateurs

  • CEFRES (Centre français de recherche en sciences sociales)
  • Institut des études sociologiques, Faculté des Sciences sociales, Université Charles
  • Institut de littérature tchèque de l’Académie tchèque des sciences

Comité scientifique et comité d’organisation

  • Mateusz Chmurski
  • Michèle Baussant
  • Alessandro Testa

Intervenants

  • Jean Boutan, Eur’ORBEM, CNRS-Sorbonne Université
  • Tomáš Bubík, Palacky University Olomouc
  • Stanislav Holubec, Czech Academy of Sciences
  • Michèle Baussant, ISP CNRS-Paris Nanterre-ENS/CEFRES
  • Richard Müller, Czech Academy of Sciences
  • Marco Pasi, University of Amsterdam
  • Jiří Pelán, FF Charles University
  • Alessandro Testa, FSV Charles University

Programme

10.00: Introduction

10.15-11.15:  Prague magique

Marco PASI (University of Amsterdam, Faculty of Humanities), Prague: The City of Magic and Occultism
Alessandro TESTA (Charles University, ISS FSV UK/CEFRES), Praga Magica: The Late Modern Evolutions of a Cultural Myth

11.15-11.30: break 

11.45-12.45: Religious Prague

Tomáš BUBíK (Palacký University Olomouc, KSAKA FF UPol), Religious’ Prague : Scenes from selected Public Spaces (a Cemetery, a Square, a Museum)
Michèle BAUSSANT (Institut des sciences sociales du politique, ISP CNRS-Paris Nanterre-ENS/CEFRES), Une Prague des absent.es ? Entre renaissance de l’héritage juif et recréation d’une vie cultu(r)elle

12.45-13.00: Discussion

13.00- 14.30: Lunch break

14.30-16.00: Modern Prague

Jean BOUTAN (Cultures d’Europe orientale, balkanique et médiane, Eur’ORBEM, CNRS-Sorbonne Université), Libuše reine de Cacanie: la postérité d’un mythe d’un autre temps après 1918
Richard MÜLLER (Czech Academy of Sciences, ÚČL AVČR), Kafka, Simmel, and Writing of the Metropole Sciences
Stanislav HOLUBEC (Czech Academy of Sciences, HIÚ AVČR), The Myth of Working Class Prague: Between Communist Sacralization and Postcommunist Forgetting

16.00-16.15: Final discussion 

Résumé

Cette journée d’étude explorera les différentes déclinaisons de l’idée de Prague à l’époque moderne et contemporaine, en mettant l’accent sur la littérature, les pratiques sociales, les phénomènes religieux et les processus de patrimonialisation. Ces motifs ou tropes sont ici définis comme des « mythes », empruntant à la fois aux formes de la culture élitiste et populaire. Ils renvoient à des imagines spécifiques et à des traces des passés contrastés et complexes de Prague, et de son histoire. Le patrimoine religieux et ésotérique de la ville, en particulier, en sus de son bagage multiculturel et « hinternational », pour reprendre le terme d’Urzidil, trouvent désormais une valeur nouvelle en tant que symboles d’une identité et d’une histoire tchèques partagées, certains lieux étant honorés en tant que « lieux de mémoire », d’autres, ignorés ou tus (« lieux de l’oubli »), leurs significations historiques en partie reformulées.

Certains de ces mythes fournissent également un tremplin important pour le tourisme de masse, ce qui, paradoxalement, ravive les sites juifs, mais également d’autres lieux religieux ou mythiques comme espaces romantiques ou « disneyifiés », consommés et déconnectés en partie des milieux vivants de la mémoire.

Cette journée d’étude vise à repenser ces passés mythifiés et leur renaissance à Prague, en mettant particulièrement l’accent sur :

  • Le mythe de « Praga magica », la ville mystique
  • Le mythe de Prague, le « Traumreich » (Kafka, Meyrink, Ajvaz, Kubin, Crawford, etc.)
  • Le mythe de Prague, la ville juive
  • Le mythe de Prague, la ville de confrontation entre le catholicisme et ses dissidents
  • Le mythe de Prague, la ville multiculturelle et cosmopolite
  • Le mythe de Prague en tant que trope littéraire
  • Le mythe de Prague, la ville post-communiste du tourisme de masse

Quelles tendances culturelles ont conduit à la valorisation d’un passé mystique et ésotérique dans un pays qui revendique être le plus athée en Europe ? Ou encore d’un passé juif, dans un lieu où il n’y a que peu de Juifs ? Voire d’un cosmopolitisme pourtant en partie éradiqué après la Seconde Guerre mondiale ? En usant du célèbre livre de Ripellino, Praga Magica, publié il y a 50 ans, au pic de la normalizace imposée par les Soviétiques, comme point de départ, nous avons l’intention de réexaminer les dynamiques sociales et culturelles souvent ambivalentes ainsi que les transformations de Prague telles qu’elles se reflètent dans la littérature, l’art, les politiques identitaires, les anciennes et nouvelles formes de religiosité et de spiritualité, et la patrimonialisation. Nous projetons d’explorer ces aspects et dynamiques dans le contexte du passé communiste de la ville et du présent néolibéral.

Pratique pénale et altérité confessionnelle : le bannissement dans le Saint-Empire germanique moderne

Falk Bretschneider (maître de conférence à l’EHESS) animera une session du Séminaire historique franco-tchèque.

Date : Jeudi 15 avril, 9h-12h30
Lieu 
: CEFRES et en ligne (voir ci-dessous)
Organisateur 
: CEFRES et Institut d’histoire de la Faculté des lettres de l’Université Charles
Langue
 : français

Le thème de l’atelier : Vie de bannis

Voyez le programme du Séminaire historique franco-tchèque (FFUK et CEFRES)

Pour accéder à la réunion Zoom, cliquez sur le lien suivant : https://cesnet.zoom.us/j/96694269885

Pour vous inscrire, contactez Jaroslav.svatek@ff.cuni.cz

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Présences sociales : propositions pour une approche temporelle et sexuée des interdépendances

Dans le cadre des Grandes conférences de la Plateforme CEFRES,  le sociologue Marc Bessin, directeur de l’IRIS – Institut de Recherche Interdisciplinaire sur les enjeux Sociaux (UMR8156 CNRS – EHESS – U997 Inserm – UP13), donnera une conférence sur les « Présences sociales ».

Langue : en français, traduction simultanée en tchèque.

Lieu : au CEFRES, Národní 18, Prague 1, salle de conférence, 7e étage.

Résumé
Cette conférence s’appuie sur des travaux empiriques sur les prises en charge sanitaires, sociales ou parentales, qui seront rapidement présentées pour alimenter les débats sur les dimensions morales et pratiques des activités de care, en insistant sur les enjeux de sexuation et de temporalisation. On postulera que ces pratiques d’accompagnement n’épargnent pas l’espace académique, qui sera abordé au prisme des tensions temporelles entre l’accélération qui affecte nos pratiques de recherche et la Slow Science à laquelle se réfère la sociologie des présences sociales.
Cette sociologie des présences sociales s’inscrit dans la tradition féministe qui observe la division sexuée du travail de prise en charge des besoins d’autrui. Mais elle intègre aussi les dimensions morales des diverses formes de soutiens, assistances, aides et interventions sociales, dans la tradition des politiques et éthiques du care. Dans cette combinaison, tout en suivant certaines approches en termes d’économies morales qui rappellent que les politiques publiques ou sociales s’opèrent dans une tension entre protéger et punir, la sociologie des présences sociales précise que cette distorsion s’étend aux attentions profanes et aux prises en charges privées et souligne surtout que cette polarité des interventions pour autrui est genrée. Loin de naturaliser la protection maternelle de la main gauche de l’Etat et l’autorité paternelle de ses fonctions régaliennes, c’est une approche temporelle des interdépendances qui permet de comprendre la division sexuée du travail social, sanitaire et sécuritaire. La tendance néolibérale contemporaine à la pénalisation de l’Etat social et sa re-masculinisation est la résultante des renoncements à la temporalisation de l’intervention publique et à la généralisation de l’esprit gestionnaire et de son présentisme, jusque dans les secteurs sanitaire, éducatif et social.
En considérant ainsi la temporalité au principe du genre, suivant en cela la problématisation des rapports sociaux de sexe, on peut dès lors définir les présences sociales comme des activités morales ou pratiques, profanes ou professionnelles, de veille ou d’intervention, sécuritaires ou protectrices, destinées à répondre aux besoins d’autrui. La notion de présence permet d’appréhender le processus au-delà de sa dimension matérielle, en ne se limitant pas à l’action présente ni à une relation dyadique. L’impact des présences sociales peut être différé ou s’inscrire dans des logiques de circulation, de don et de dette. Le genre féminin étant caractérisé par une disponibilité temporelle et la responsabilité de la durée, les activités de care sont féminisées et ce sont les femmes qui sont assignées pour en assurer la transmission.
On pourra enfin tirer les conséquences de ces propositions quant à l’engagement du chercheur sur son terrain et dans le monde académique. Ainsi, loin d’un rapport fondé sur la distance censée produire une connaissance neutre de la réalité sociale, ce sont des présences qu’assument les chercheur-e-s en sciences sociales sur le terrain. Elles sont faites de compassion, d’empathie, d’attentes, d’accompagnement et de soutien qui les engagent dans une relation de care. Celle-ci n’est pas unilatérale et peut s’engager dans la durée, allant vers une co-production de savoirs, voire de la recherche-action. La sociologie du travail de l’espace social où les chercheurs restituent, divulguent et transmettent les recherches issues de ce terrain est également caractérisé par d’autres présences. Le monde académique est tout aussi inégalitaire et traversé par les différents rapports sociaux de domination. Une lecture en termes de présences sociales peut en termes descriptifs mettre au jour le travail invisible et déconsidéré de nombre de ses acteurs, qui sont le plus souvent des actrices. En termes normatifs, parler de présences académiques, assumer les relations de care dans le monde de l’enseignement et la recherche, et ainsi objectiver les interdépendances de ses protagonistes, permet d’envisager d’autres formes de circulation du savoir, en prenant soin cependant d’y observer la perpétuation des rapports de pouvoir.
Quoi qu’il en soit, cette attention aux présences académiques impose de s’interroger sur l’esprit gestionnaire qui affecte l’univers de l’enseignement supérieur et de la recherche, se traduisant par une stigmatisation importante du temps long de nos activités et de sa dimension collective. Comment résister à ces tendances fortes tout en ne traduisant pas cette posture par un retrait du chercheur dans sa Tour d’Ivoire ? La sociologie des présences sociales entend contribuer à réfléchir à ces enjeux cruciaux pour les sciences sociales.