Marianna Szczygielska : recherche & CV

Les sangliers sauvages et les fiers éléphants :  le développement de l’habitat faunique en Europe du Centre-Est

Axe de recherche 2 : Normes & transgressions

Après une formation en philosophie, Marianna Szczygielska a soutenu sa thèse de doctorat en études de genre comparées à la Central European University (CEU). Elle est membre de Environmental Arts and Humanities Initiative (CEU) et chercheuse associée dans le cadre de “The Seed Box: Environmental Humanities Collaboratory” (Université de Linköping). Elle co-préside une session du GEXcel International Collegium for Advanced Transdisciplinary Gender Studies. Ses recherches portent sur les sciences humaines environnementales, les études animales, les études raciales critiques et la science féministe, et les études technologiques.

Le projet de Marianna est organisé en deux phases, chacune se concentrant sur une espèce dite « sauvage » dans ses diverses relations à la gestion de l’habitat faunique et à la politique subséquente mise en œuvre en Europe à travers les pratiques de la chasse et du gardiennage zoologique. À partir d’une analyse comparée des relations entre les espèces en Pologne et en République tchèque, et dans la perspective d’une étude de l’histoire et de la politique actuelle autour de l’entretien des éléphants captifs en Europe du Centre-Est, ce projet interdisciplinaire vise à problématiser la catégorie des animaux sauvages et de la conservation de l’habitat faunique dans le cadre géographique singulier de l’Europe du Centre-Est. Dans ce sens, la comparaison entre deux espèces, l’une endémique, l’autre exotique, en Europe, sera mise en perspective dans ses rapports complexes aux politiques environnementales, de même qu’au regard du nationalisme, de l’impérialisme, du post-colonialisme et du post-socialisme.

CV

Formation

2011–2017 : Doctorat en études comparées du genre sous la direction de Hadley Z. Renkin, mention très honorable – Central European University, Budapest. Titre de la thèse : Queer(ing) Naturecultures. The Study of Zoo Animals

2009–2010 : Master en études de genre, mention très honorable – CEU, Budapest. Titre du mémoire : Becoming (with) Animal Others: Is the Anthropological Machine Set up in the Zoo?

2004–2009 : Master de philosophie, mention très honorable – Université Adam Mickiewicz, Poznań. Titre du mémoire : Ethics of Responsibility in the Face of Environmental Risks

Choix de publications

Articles dans des revues à comité de lecture
  • “Jedząc kebaba… Zwierzęta i zwierzęcość a islamofobia,” [“Eating a kebab… Animals/Animality and Islamophobia.”] Praktyka Teoretyczna, 4(26)/2017: 238-248.
  • “Hyenas and Hormones: Transpecies Encounters and the Traffic in HumAnimals,” in: Angelaki: Journal of Theoretical Humanities, Vol. 22 (2), April 2017: 61-84.
  • “Animals Off Display,” UnderCurrents: Journal of Critical Environmental Studies, Special issue “From Queer/Nature to Queer Ecologies: Celebrating twenty years of scholarship and creativity,” Vol.19/2015.
  • “Posthumanizm: dzień po rewolucji,” Czas Kultury 2015/1 (184), pp. 140-147.
  • “Transbiological Re-imaginings of the Modern Self and the Nonhuman: Zoo Animals as Transbiological Entities,” Identities: Journal for Politics, Gender and Culture, Vol. 10/2014.
  • “Technologically Assisted Life. Between Biopolitics and Thanatopolitics,” Annali di studi religiosi, Vol. 12/2011, Bologna.
Chapitres de livres
  • (Forthcoming) “Pandas and the Reproduction of Race and Sexuality in the Zoo,” (eds.) McDonald, T. and Vandersommers, D., Zoo Studies and a New Humanities, McGill University Press, 2019.
  • “Zoos” (ed.) Salazar Parreñas, J., Gender: Animals Macmillan Interdisciplinary Handbooks. Farmington Hills: Macmillan Reference USA, 2017: pp. 247-262.
  • “The heroines of sustainable development. Gender and sustainable development in  a critical perspective”, in Proceedings from the international conference Equality, Growth & Sustainability. Do they mix?, (ed.) A. Fogelberg Eriksson, Linköping University, 2010:135-42.
Editoriaux
  • (In prep.) Cielemecka O. and Szczygielska, M. (eds.), “Plantarium: Human-Vegetal Ecologies.” Special issue of Catalyst: Feminism, Theory, and Technoscience, Fall 2019.
  • Steinbock, E., Szczygielska, M. & Wagner, A. (eds.), “Thinking Linking,” Special issue on “Tranimacies: Intimate Links between Affect, Animals, and Trans* Studies”; Angelaki: Journal of the Theoretical Humanities, Vol. 22(2), April 2017: 1-10.
  • Nitis, M., Szczygielska, M., & Stark, W. (eds.), “The Conditions of Praxis: Theory and Practice in Activism and Academia,” Graduate Journal of Social Science, Vol. 10 (3), September 2013.
Comptes rendus
  • Szczygielska, M., “Viewing the World Through the American Zoo,” a review of The Animal Game. Searching for Wildness at the American Zoo. by Daniel E. Bender in: Diplomatic History. Oxford University Press, September 2018, Vol. 42(4): 740–743.
  • “The Bittersweet Dimensions of Racial Mattering” a review of Habeas Viscus: Racializing Assemblages, Biopolitics, and Black Feminist Theories of the Human. by Alexander G. Weheliye in Parallax, November 2015, Vol. 21(3).
  • « Cloning Wild Life. Zoos, Captivity, and the Future of Endangered Animals. » by Carrie Friese in Pulse: A History, Sociology, & Philosophy of Science Journal, September 2014, Vol. 2(1).
  • « The Queer Art of Failure. » by Judith Jack Halberstam in Graduate Journal of Social Science, July 2012, Vol. 9(2).
Autres contributions

Aníbal Aguerri : recherche & CV

Animer les sangliers : arcs et flèches dans la politique écologique européenne

Projet de recherche : Déroutant sanglier

Contact: anibal.arregui(@)cefres.cz

Son domaine de recherche est l’ethnologie de l’Amazonie et les réactions corporelles aux transformations environne-mentales, technologiques et économiques. Depuis 2006, Aníbal a mené des recherche de terrain dans le bassin de l’Amazonie inférieure dans les communautés Ribeirinho et Quilombola. Dans le cadre du projet “Déroutant sanglier”, il ouvre un nouveau terrain de recherche en Espagne où il observe les reconfigurations des relations entre les humains et les sangliers sauvages « urbains ».

Projet “Le sanglier éditeur : comment l’animal modifie la relationalité péri-urbaine à Barcelone”

J’observe, tout d’abord au niveau institutionnel, l’appartion de controverses écopolitiques autour de la prolifération des sangliers dans la périphérie de Barcelone (et leurs échos dans d’autres métropoles européennes).  Je mène simultanément une ethnographie des interactions directes hommes-sangliers, observant comment les non-humains, non seulement partagent leur environnement avec les humaines, mais aussi comment ils utilisent intelligemment les infrastructures construites par les humains (réservoirs d’eau, poubelles, parcs, etc.). Tandis que l’étude macro révèle les difficultés éthiques et écopolitiques rencontrées par la tentative de contrôler cette part « récalcitrante » de la nature, l’analyse ethnographique permet de montrer que les sangliers eux-mêmes, éditeurs de leurs propres points de vue incontournables, suggèrent des « modifications » des formes habituelles des relations envers et au sein de l’environnement péri-urbain. La question est donc de savoir si les « notes éditoriales » que nous adressent les sangliers sont susceptibles de nous aider à reformuler la relationalité urbaine en général, puisqu’elles mettent en évidence la nécessité de modifier le mode de gestion actuel des espaces urbains circonscrits et des ressources naturelles de la ville de Barcelone.

CV

Formation

2013 : Doctorat en anthropologie sociale (Université de Barcelone)
2008 : Master d’Études avancées en anthropologie (UB)
2006 : licence d’anthropologie (UB)
2005 : licence de psychologie (UB)

Recherche de terrain

06-07/ 2016 : Communautés Quilombola sur la rivière Erepecurú (Pará, Brésil)
01-08/ 2009 : Communautés Quilombola sur les rivières Erepecurú et Trombetas  (Pará, Brésil) et communautés des Ribeirinhos sur le lac Zé Açú (Amazonas, Brésil)
09/2006- 02/2007 : Communautés Quilombola sur la rivière Erepecurú (Pará, Brésil) et sur l’île Itaparica (Bahía, Brésil)

Recherche sur projet

2013-2015 : Université de Rostock. Agentive Environments: From Amazonian to High-Tech Societies (projet de recherché financé par la DFG)

2008-2011 : Université de Barcelone La Selva Tecnológica. Sistemas Sociotécnicos y Antropología Simétrica en Comunidades Ribereñas del Bajo Amazonas (FI-AGAUR-Generalitat de Catalunya, contrat pré-doctoral de recherche et d’enseignement)

2006-2007 : Université de Barcelone et Roca Sanitario S.A. La Tecnología en el Cuerpo: Biomecánica de los Quilombolas en dos Selvas Brasileñas (financé par Roca Sanitario S.A avec la collaboration de U Barcelona)

Publications
Monographie
  • in preparation  

    Corporeal Amazonia. Essays on socio-climatic futurism

  • 2013 La Selva Tecnológica: Sistemas Sociotécnicos y Antropología Simétrica en Comunidades Ribereñas del Bajo Amazonas, Barcelone, Tesis Doctorals en Xarxa (TDX).
Direction d’ouvrages
  • 2018 avec Gesa Mackenthun et Stephanie Wodianka (dir.), Decolonial Heritage: Natures, Cultures and the Spoils of Memory, Münster, Waxmann.
Articles et chapitres de livres dans des volumes à comité de lecture
  • This Mess is a ‘World’! Environmental Diplomats in the Mud of Anthropology, in : The End of the World? Creating and Amerindian Cosmopolitics of  Climate Change. Palgrave Studies in Anthropology of Sustainability. Rosalyn Bold (Ed). London: Palgrave Macmillan. (to appear in 2019)
  • 2018  Embodying equivocations: Ecopolitical Mimicries of Climate Science and Shamanism. Anthropological Theory. https://doi.org/10.1177/1463499617753335
  • 2018 Ribeirinho Hunting Techno-Animism. On the Inexact Lines of Amazonian Modernity », in Ernst Halbmayer (dir.), South-American Indigenous Modernities, Herefordshire, Sean Kingston Publishing, p. 164-183.
  • 2015 « Amazonian Quilombolas and the Technopolitics of Aluminum », Journal of Material Culture, 20(3), p. 149-172.
    2014 « ‘Teoría’, ‘Inteligencia’ y ‘Ciencia’ como Índices Bajo Amazónicos del Conocimiento Incorporado », Amazônica – Revista de Antropologia, 6 (1), p. 90- 108
  • 2011 Too ‘High’ Tech: Metonymical Fallacies and Fetishism in the Perception of Technology”, Journal of Contemporary Anthropology, 2(1), p. 46-62.
  • 2008 « La Tecnología en el Cuerpo: Biomecánica de los Quilombolas en dos Selvas Brasileñas », (Con)textos: Revista d’Antropologia i Investigació Socialn° 1, p. 23-40.

Autres articles

  • 2018 Displaced Bodies, Imprinted worlds ». Video-essay (10 min) for Displacements. The 2018 Biennial Conference of the Society of Cultural Anthropology, 19-21 April 2018. Available at:
    https://displacements.jhu.edu/tradition-and-performance-displacements-of-the-present-in-latin-america/
  • 2018 Introduction. In: Decolonial Heritage: Natures, Cultures and the Asymmetries of Memory.pp: 7-28. Münster: Waxmann. (with Gesa Mackenthun and Stephanie Wodianka).
  • 2018 Cultivating the Sky. In: Decolonial Heritage: Natures, Cultures and the Asymmetries of Memory. pp: 257-273. Münster: Waxmann
  • 2012 Paz implícita y violencia imaginada en comunidades quilombolas del río Erepecurú. In: La paz dede abajo. Perspectivas antropológicas sobre la paz en contextos indígenas y afroamericanos. Canals, R; Celigueta, G; & Orobitg, G. (ed.). Pp. 39-43. Barcelona: Publicacions de la Universitat de Barcelona.
  • 2014 Digging into the Smartness: A Short Technopolitical History of Vienna’s Urban Lakeside. Proceedings of the 19th International Conference on Urban Planning and Regional Development in the Information Society. 21-23 May, Vienna, Austria. http://www.corp.at
  • 2012 Book review: MARTÍNEZ MAURI, Mònica; LARREA KILLIGER, Cristina (2011) Antropología social, desarrollo y cooperación internacional. Introducción a los fundamentos básicos y debates actuales”. AIBR Revista de Antropología Iberoamericana 7 (2), p. 248-253
  • 2011 La Selva Parcelada: Reforma Agraria y Fragmentación Social en el Bajo Amazonas”. In: Horizontes do Brazil- Escenarios, Intercambios y Diversidad, Barcelona: Ediciones APEC, p. 389-403. Websites

 

Thomas Clément Mercier : Recherche et CV

Les Europes de Derrida: Déconstruction, marxisme, démocratie

Axe de recherche 1 : Déplacements, dépaysements et décalages : hommes, savoirs et pratiques

Contact : thomas.mercier@cefres.cz

Thomas Clément Mercier a obtenu un doctorat de philosophie en théorie politique au King’s College London (War Studies Department) en mai 2017. Il se spécialise dans l’étude de la violence, de la légitimité démocratique, de la résistance politique, qu’il analyse en combinant des réflexions de théorie politique internationale et de déconstruction. Ses travaux récents ont trait à la théorie critique des relations internationales, à la pensée postcoloniale et décoloniale, à la biopolitique déconstructive, aux études queer et de genre, à l’éthique animale et environnementale.

Son projet de recherche au CEFRES porte sur les rapports de Jacques Derrida à l’Europe centrale et orientale, en se concentrant sur ses voyages dans le dit « Bloc de l’Est », avant et après la fin de la Guerre froide. Un intérêt particulier est accordé à l’arrestation de Derrida à Prague en 1981, alors qu’il participait à des séminaires clandestins en soutien aux dissidents Tchécoslovaques – intellectuels, philosophes et professeurs – dans le contexte de ses engagements politico-institutionnels en tant que Vice-Président de l’Association Jan Hus.

La recherche de Thomas Clément Mercier se fonde largement sur des documents d’archives, des lettres et séminaires inédits, ainsi que sur des analyses biographiques, historiques et politico-théoriques dans le but d’élucider une série de problèmes relatifs à la nature des engagements politico-institutionnels de Derrida :

  1. L’articulation entre déconstruction de la philosophie et transformation pratique des institutions socio-politiques, à commencer par la critique par Derrida de l’institution de la philosophie, et de ses complicités possibles avec des forces politiques et idéologiques ;
  2. Les engagements critiques de Derrida avec la pensée et la politique marxistes, tel qu’il en témoigne dans de nombreux séminaires inédits des années 1960 et 1970. Ces travaux annoncent l’ouvrage Spectres de Marx (1993), dans lequel Derrida réévalue les apports de la philosophie marxiste pour en faire un élément essentiel de l’héritage et de la promesse européenne. Parallèlement, Derrida déconstruit le récit téléologique dominant, présentant le triomphe du néolibéralisme comme le destin d’une Europe enfin devenue homogène à la suite du prétendu dépérissement de la promesse émancipatrice marxiste. Cela conduit Derrida à remettre en question le discours de la Guerre froide, opposant diamétralement les traditions marxistes et libérales, l’Europe de l’Est à l’Europe de l’Ouest.
  3. La déconstruction de Derrida de l’idée d’Europe – ou, plutôt, des « Europes » – comprise à la fois comme concept philosophique et comme notion politique. Dans des textes d’avant et après 1989, Derrida remit en question l’homogénéité et l’unité du legs européen, et pluralisa ses héritages dans l’optique d’offrir une analyse déconstructrice de la démocratie à venir – fondée sur un concept d’Europe plus ouvert à sa propre hétérogénéité.

En analysant des matériaux d’archives, Thomas Clément Mercier souhaite éclairer de manière novatrice le rapport entre déconstruction, théorie démocratique et pensée marxiste, et mettre à jour les implications éthico-politiques de la pensée de Derrida, telles qu’elles apparaissent dès les années 1970.

Trois articles sur le sujet ont été publiés, et quatre autres sont actuellement en cours de publication. Une monographie est également en préparation.

CV

Formation

2017 : Doctorat,  King’s College, London (War Studies Dpt.) Titre de la thèse :  « The Violence of Legitimacy: Democracy, Power, Antagonism« , sous la direction de Prof. Vivienne Jabri et Prof. Mervyn Frost.

2007 : Maîtrise d’études conjoints de Relations internationales (diplôme professionnel) et Sciences politiques (diplôme recherche) à Sciences-Po Paris.

2005 : Maîtrise de Littérature et Linguistique à l’Université Paris-III (Sorbonne Nouvelle).

Choix de publications

Volumes édités
Chapitre de livre
  • ‘Resisting Legitimacy’, in Contending Legitimacy in World Politics: The State, Civil Society and the International Sphere in the Twenty-First Century, edited by Bronwyn Winter and Lucia Sorbera (London and New York: Routledge, 2017).
Articles
Traductions
Analyses

L’équipe des chercheurs au CEFRES 2017-2018

István Pál Ádám

Contact : istvan.adam@cefres.cz

est depuis le 1er janvier 2016 et jusqu’au 31 décembre 2017 post-doctorant au CEFRES grâce à un cofinancement de l’Université Charles de Prague. Sa recherche s’attache à l’étude du contrôle spatial des concierges centre-européens et s’inscrit dans le 3e axe de recherche du CEFRES.

Chiara Mengozzi

Contact : chiara.mengozzi@cefres.cz

est depuis le 1er janvier 2016 et jusqu’au 31 décembre 2017 post-doctorante au CEFRES grâce à un cofinancement de l’Université Charles de Prague. Depuis le 1er janv. 2018, elle est chercheuse associée au CEFRES.  Sa recherche, intitulée Animal matters : Différence anthropologique et normes littéraires en question s’inscrit dans le 2e axe de recherche du CEFRES.

AAC – (In)Capacité, santé et handicap dans les sciences humaines et sociales

Journée d’étude interdisciplinaire

Organisateurs: Kateřina Kolářová (Faculté des Humanités, Université Charles, Prague – FHS UK), Martina Winkler (Christian-Albrechts-Universität, Kiel), Filip Herza (FHS UK / CEFRES), Kamila Šimandlová (FHS UK)
Quand
: 17-2-2018
: Akademické Centrum, Husova 4a, Prague 1
Langue: tchèque
Date limite d’envoi des propositions : 20-12-2017

Conceptualiser la santé et la maladie, la précarité biologique, les formes de stigmatisation, le handicap et les discriminations a fait l’objet d’importants débats au sein des sciences humaines et sociales. Continuer la lecture de AAC – (In)Capacité, santé et handicap dans les sciences humaines et sociales

AAC : Penser en paroles : la philosophie à la loupe de ses manuscrits et archives

Penser en paroles : la philosophie à la loupe de ses manuscrits et archives – méthodologies, histoire(s) et horizons

Organisatrice : Benedetta Zaccarello, CEFRES (CNRS-MEAE)
Dates et lieu : 7-9 juin 2018, Prague
Date-limite des candidatures : 21 janvier 2018
Langue : anglais
Partenaires : ITEM, IMEC, Archives Patočka (Académie tchèque des sciences), FHS UK

Merci d’adresser vos propositions (titre et argumentaire de 300 mots) et notices bio-bibliographiques à l’adresse suivantebenedetta.zaccarello@cefres.cz

La philosophie s’écrit, se pratique, se vit : elle est la traduction de l’expérience d’une subjectivité pensante dans un alphabet conceptuel et dans un tissu verbal. Le « je » de la philosophie est une chimère dont la tête effleure les hauteurs des concepts abstraits et des discours universels, tandis que le corps baigne dans cette expérience vécue qui seule peut mettre à l’épreuve la volonté de dire ce qui, depuis Kant au moins, ambitionne d’être valable pour chacun. À la charnière entre ces deux règnes, convoqués par l’effort de la spéculation, se situe la matière verbale dont le sens ne peut à son tour être déterminé qu’en relation aux contextes, aux pratiques d’écriture et de lecture qui la régissent, aux horizons de sens et aux même cibles polémiques qui ont marqué et marquent toute énonciation philosophique. De même, la spécificité de chaque écriture théorique est à la fois condition nécessaire pour que la discipline continue de vivre en se rénovant et transcendant ses propres catégories, et l’aspect le plus subjectif et personnel d’un travail qui vise traditionnellement le « neutre » de l’abstraction.

La « fabrique du texte » philosophique, comprise aussi bien comme son ancrage dans des dispositifs culturels et dans des facteurs sociétaires contingents, se heurte à une idée de la discipline qui pense son histoire comme liée à une suite de trouvailles abstraites, et d’intuitions novatrices échelonnant l’évolution de notre manière de penser. Le philosophe qui écrit est le premier à avoir tendance à effacer ce jeu complexe de négociations, entre existence et théorie, entre innovation conceptuelle et partage terminologique héritant d’une tradition séculaire, alors que manifestement les dynamiques de la production et de la réception philosophiques sont un objet complexe dont un des enjeux cruciaux se trouve dans la nature scripturale du phénomène.

Comme Derrida le rappelle en lisant Valéry, ce dernier aspect du métier du philosophe fait l’objet d’un oubli systématique et presque physiologique dans la manière dont nous nous représentons les ambitions de la discipline. Des frontières fortes semblent traverser des domaines qui sont facilement perçus comme divergents voire incompatibles entre eux : philosophie et littérature sont souvent considérées comme des sœurs ennemies, et leurs horizons respectifs ne prennent pas facilement en compte certains éléments qui se révèlent nécessaires pour comprendre — d’un point de vue dynamique et historico-culturel — la production de la prose théorique. Pareillement, et contrairement aux usages de l’âge romantique par exemple, il est rare que le métier intellectuel conjugue philologie et philosophie.

Pour toutes ces raisons, le manuscrit de philosophie est un objet étrange, auquel on a commencé à une époque assez récente d’attribuer une véritable valeur. Cependant, en Europe surtout, la création d’importantes archives réunissant de corpus philosophiques majeurs – tels Nietzsche, Benjamin ou Kierkegaard – a pérennisé la mémoire de l’écriture philosophique et permis à ces « arches » de traverser le temps en l’attente du moment où, notamment grâce au développement de nouveaux outils numériques, ces matériaux auraient pu trouver l’attention qu’ils méritaient. Le terrain de l’édition de manuscrits philosophiques apprend beaucoup sur l’importance des informations que ces supports sont susceptibles de donner, au-delà même des textes véhiculés par ces documents. Ce qui anime et structure le geste herméneutique fondé sur le travail sur manuscrits est une ontologie différente. À partir d’une telle perspective, l’évolution d’une écriture théorique devient une aventure vivante et spécifique, alors que l’histoire de la discipline peut être perçue comme un processus dynamique, pluridimensionnel et choral à la fois. Cependant, tous les documents d’archives, véritables traces d’autant de pratiques de la discipline disparates et peu connues, ne se prêtent pas à la « forme-livre » et restent par là cachés aux regards du public, alors qu’il est indéniable que l’accès aux archives permet souvent de comprendre l’allure, la méthode, la démarche et même les sources, les cibles critiques, les allusions que la publication a tendance à normaliser, à gommer, à estomper.

Souvent ce ne sont que les spécialistes travaillant à l’édition critique des œuvres d’un écrivain-penseur, ou encore les conservateurs en charge d’un fonds spécifique, qui sont amenés à développer une connaissance véritable d’un tel type de matériaux, car le travail sur manuscrits impose un temps lent de travail souvent incompatible avec les rythmes de la recherche et de la production intellectuelle. De ce fait, la créativité exprimée par les chercheurs dans la mise au point d’outils pensées ad hoc pour l’édition ou l’exégèse des manuscrits appartenant souvent à un seul un corpus philosophique n’a pas encore pu être mise en valeur à travers une approche comparative et visant à l’établissement de principes méthodologiques communs. Si la critique génétique a développée à partir des années 1970 un outillage important et une méthode philologique spécifique pour les manuscrits d’auteur, peu a été fait dans l’élaboration de lignes d’orientation dans le traitement des archives philosophiques.

Ce colloque vise ainsi à établir un dialogue entre spécialistes en provenance de différents pays et continents et ayant travaillé à des corpus différents de sorte à esquisser de premières lignes méthodologique et à établir un réseau collaboratif prêt à continuer dans ce travail de friche. La publication des actes du colloque fournira ainsi une première publication et la constitution d’un consortium de recherche en ce sens.
De plus, en portant à la lumière l’histoire de plusieurs archives philosophiques et leur ancrage dans l’histoire des hommes tout court, nous espérons valoriser ce genre de lieux en tant que sources de savoir et d’apprentissage sur le terrain, en même temps que sensibiliser à l’apport de ce genre de matériaux pour une différente approche à l’histoire et à l’exégèse de la théorie.

Les travaux seront articulés en quatre sections :

1 – Histoire(s) d’archives. Ce volet vise à recueillir des contributions concernant l’histoire de la création d’archives philosophiques ou de leur vies, en soulignant par là l’ancrage de ces institutions dans le paysage culturel et social de leur temps. En « contre-champs » ce même volet cherche à réunir des considérations sur l’idée d’histoire de la philosophie dégagée par le travail sur manuscrits.

2 – Conservation et édition. Ce deuxième volet du colloque a comme ambition de recueillir de témoignage de professionnels ayant travaillé à la conservation et/ou ) l’édition de manuscrits de philosophie pour mieux comprendre les difficultés relatives aux spécificités de chaque écriture théorique et la manière dont ces mêmes ont été affrontées. De même, nous traiterons en ce volet des questions liées à la numérisation des fonds théoriques et à l’intelligibilité de ses produits. Nous espérons recueillir un certain nombre de cas exemplaires ouvrant également à la session suivante du colloque.

3 – Editions et exégèses : approches et méthodologies. Ce volet du colloque vise à ouvrir des perspectives méthodologiques communes à partir de l’observation de plusieurs corpus de philosophe et sera articulé en une suite de contributions et en une table ronde de partage. Nous essayerons par là d’esquisser des lignes d’orientation pour le travail sur manuscrit philosophique, qu’il s’agisse d’édition ou d’exégèse.

4 – Les archives de la théorie. Cette dernière section du colloque aspire à recueillir des contributions concernant des corpus théoriques mais non proprement philosophiques tels la théorie littéraire, l’histoire de l’art, des sciences, la sémiotique… Par là nous espérons dégager des spécificités de ce genre de documents dans leur relation aux matériaux spécifiquement philosophiques.

Centre français de recherche en sciences sociales – Prague