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Sabina Vassileva – Recherche & CV

« Le genre du métabolisme : constituer des corps sexués à l’intersection des hormones sexuelles et métaboliques »

Axe de recherche 2 – Normes et transgressions

Contact : sabina.vassileva@soc.cas.cz

Sabina Vassileva est doctorante à l’Université Charles de Prague.

Sa thèse de doctorat, intitulée Le genre du métabolisme : constituer des corps sexués à l’intersection des hormones sexuelles et métaboliques, contribue à l’axe de recherche 2 – Normes et transgression.

Mon projet de thèse part de la conviction de plus en plus répandue que la fréquence croissante des maladies métaboliques comme le diabète et l’obésité est l’effet de l‘interaction complexe entre des facteurs bio-sociaux. Parmi ces-derniers figurent l'(épi)génétique,  un environnement alimentaire  saturé d’aliments ultra-transformés, la précarité socio-économique, la détresse psychosociale, outre, comme je le soutiens, des normes, rôles et relations de genre, parmi lesquels le travail reproductif. Je suis particulièrement intéressée par la manière dont les organismes connaissant des fluctuations hormonales sont soumis à des risques accrus de complications métaboliques en raison des « intra-actions“ entre la baisse des taux d’œstrogène et de testostérone, le métabolisme du glucose, la résistance et la sensibilité à l’insuline, les changements du microbiome et les normes genrées du soin. Ces dynamiques demeurent sous-explorées car la recherche biomédicale, dans la conception de ces travaux et pour les essais cliniques, a par le passé privilégié les corps stabilisés (masculins).

Dans ma thèse, j’explore comment les relations biosociales genrées influencent la santé métabolique et les diagnostics tels ceux du diabète et de l’obésité. J’examine comment le genre se manifeste dans la santé métabolique selon trois axes : les pratiques de soin personnelle, le soin clinique et la recherche biomédicale. Mon attention se porte sur les « intra-actions » hormonales entre hormones métaboliques et stéroïdes sexuels. Je me base sur le cadre matériel et sémiotique fourni par Karen Barad et sur l’anthropologie critique féministe des hormones qui a mis en évidence que les hormones ne sont pas seulement porteuses d’imaginaires genrés mais fonctionnent aussi comme des outils technoscientifiques de régulation sexuelle et de gouvernance corporelle. Tandis que les hormones sexuelles telles que l’œstrogène et la testostérone sont souvent étudiées de manière isolée, leurs « intra-actions » avec les hormones métaboliques comme l’insuline ou les peptides de type glucagon restent largement marginales dans la recherche sociologique. Pour combler cette lacune, mon travail combine l’anthropologie féministe des hormones avec la notion de métabolisme post-industriel qui me permet de retracer les constitutions mutuelles du genre et du métabolisme.

Sur le plan méthodologique, mon doctorat adopte une approche mixte. Je combine l’ethnographie qualitative (entretiens semi-structurés et observation des participants)— en explorant les expériences corporelles et les pratiques quotidiennes du « faire métabolisme » et du « faire genre »— avec une analyse critique du discours de la recherche biomédicale sur le métabolisme. Mes partenaires ethnographiques incluent des personnes diabétiques ou obèses qui suivent des traitements hormonaux synthétiques : personnes en période de ménopause ou andropause, ou suivant un traitement hormonal pour affirmer leur identité sexuelle. Ces transitions corporelles sont des situations critiques où la régulation genrée et métabolique est négociée. Par cette recherche, j’enquête sur la manière dont les normes métaboliques genrées sont non seulement répétées de manière discursive, mais aussi matériellement métabolisées, s’intégrant dans la conception des technologies métaboliques et des médicaments utilisés au cours des soins.  Dans ce cadre, j’utilise des outils d’ethnographie visuelle comme la cartographie hormonale.

En retraçant comment le genre est matériellement métabolisé dans les corps, les pratiques de soin et la connaissance biomédicale, mon projet offre une nouvelle réflexion féministe du métabolisme comme un processus profondément genré et politiquement régulé. En se concentrant sur les „intra-actions“ hormonales, le projet met en lumière les processus corporels fluides et dynamiques et donne la parole aux corps qui sont marginalisés par la recherche biomédicale sur le métabolisme, et dont l’influence réciproque sur les incarnations sexuelles et sur la vie prise dans des relations sociales genrées n’est pas suffisamment prise en compte.

CV

Formation

  • de 2024 à aujourd’hui : Doctorat de sociologie, Université Charles, Prague
  • 2021-2024: Master d’anthropologie, Université Charles, Prague
  • 2017-2021: Licence de philosophie, , Université Charles, Prague

Participation dans des projets de recherche

  • Depuis 2024 : « Technocultures des métabolismes étendus », [GA24-12497S], projet basé à l’Académie tchèque des sciences.
  • Depuis 2025 : « Strategie AV21: Umělá inteligence pro vědu a společnost, Využití AI při managementu diabetu 1. typu », projet basé à l’Académie tchèque des sciences.
  • Depuis 2025 : « Les travailleurs de plateformes sur le marché du travail tchèque », projet basé à l’Académie Tchèque des Sciences.

Contribution à des conférences (sélection)

  • Juin 2025 : « Looped in within algorithms: A biosocial case study of a diabetic living with artificial pancreas », article présenté durant la Nordic STS Conference, Stockholm, Suède
  • Juin 2025 : « Unwriting design injustice: hormonal-algorithmic tinkering with open-source diabetes care technology », article présenté à la SIEF Conference, Aberdeen, Royaume-Uni
  • Mai 2025 : « Attending to risky attachments: a study of a DIY loop for diabetes care, paper presented at an academic workshop “STS concepts for the life as aftermath », Munich, Allemagne
  • Mars 2025 : « Queer metabolism: de/stabilizations of sex and gender binaries in biomedical research on gender affirming care and metabolism », article présenté à la STS HUB Conference, Berlin, Allemagne
  • Novembre 2024 : « Opening the black box of algorithms », conférencière invitée dans le cadre d’un cours de premier cycle,
    « Společnost, technologie, tělenost », Faculté des Humanités, Université Charles, Prague
  • Juillet 2024 : « Digital interfaces, real inequalities: exploring algorhitmic opacity in the platformised Czech delivery sector », article presenté à la EASA conference, Barcelone, Espagne
  • Juillet 2024 : « Chrononormativita z perspektivy genderu a politiky těla », conférencière invitée au symposium de Woods,
    « Time at the tips of conifers”, monts Orlické, République tchèque
  • Juin 2024 : « More than Numbers: Health, Digitalization, and Bioethnography », article présenté au 15th MAYS Annual Meeting, Bologne, Italie.

Publications récentes

  • Borisova V., Vassileva S. 2025. „Caring for more-than-human metabolic health: Self-tracking technologies as tools of calculation and communication in obesity and type 1 diabetes care“. Archivio antropologico mediterraneo. 27 (1). http://journals.openedition.org/aam/10112
  • Canovas O, Conan L, Gille P, Martinez A, Miranda CK, Palmea K, Roubi T, Suarez M, Vassileva S & Aline Wiame, 2024. « La nature en guerre contre la vie. Une expérimentation d’écriture cyborg entre Guattari et Haraway », Sextant, 41. http://journals.openedition.org/sextant/11409

Paper Bonds

Paper Bonds
Bookmaking for Kin, Friends and Self in Contemporary Europe and the Middle East

A project developed within AV ČR-CNRS Tandem Program supported by the Czech Academy of Sciences, CNRS and CEFRES

Project principal investigators:
Hélène Martinelli (ENS Lyon / CEFRES): helene.martinelli[@]ens-lyon.fr
Giedrė Šabasevičiūtė (Oriental Institute, Czech Academy of Sciences): saba[@]orient.cas.cz

ANNOTATION

The project explores self-made books and private bookmaking practices in contemporary Europe and the Middle East, focusing on their material, symbolic and social dimensions. Adopting a genealogical perspective, it examines how non-commercial publishing and book production shape relationships, express identity and responds to political and technological change. Drawing from the disciplines of anthropology, book history and sociology of literature, the project aims to reappraise the social significance of the print book in the era of digital publishing.

PROJECT DESCRIPTION

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Ioana Cîrstocea : Recherche et CV

Le genre comme plateforme transnationale. Pour une sociologie de la diffusion des savoirs féministes en Europe de l’Est pendant la décennie 1990

Axe de recherche 1: Déplacements, Dépaysements et Décalages.

Contact : ioana.cirstocea@cefres.cz

Ioana CirstoceaMes travaux portent sur la diffusion et l’institutionnalisation des savoirs sur le genre dans le contexte postsocialiste. Au titre de la démocratisation et, plus largement, de l’intégration des sociétés est-européennes dans des dynamiques globalisées pendant la décennie 1990, appuyés par la promotion technocratique des droits des femmes via des programmes internationaux (philanthropiques, européens, onusiens), ces savoirs ont fait  l’objet d’une diversité d’appropriations et usages localisés qui traduisent également des processus sociaux de construction de communautés transnationales de pensée et de préoccupations.

Je formule donc l’hypothèse que le genre émerge et devient une problématique intellectuelle légitime en Europe de l’Est par le biais d’une « plateforme » transnationale qui obéit simultanément à des logiques académiques, militantes et technocratiques. Il s’agit d’un espace social défini par les parcours d’une diversité d’acteurs (pionnières féministes, fondatrices de nouveaux programmes d’enseignement et centres de recherche, expertes de l’égalité) situés dans des cadres nationaux différents. Sans être objectivé sous la forme de collectifs formalisés, cet espace transnational s’agence autour de lieux institutionnels (réseaux militants, initiatives académiques, programmes d’organisations internationales) et d’événements (mobilisations, manifestations scientifiques, projets et publications collectives).

Pour en étudier le périmètre et les dynamiques structurantes, je fais appel à l’approche prosopographique, à une pluralité de lieux et d’échelles d’observation, à des outils théoriques provenant de l’histoire des sciences humaines et sociales et de la sociologie des circulations internationales.

CV

Situation actuelle

  • Chargée de recherche au CNRS, membre de l’UMR 8209 CESSP Paris (CNRS EHESS-Paris 1, équipe CSE).
  • Coordinatrice du programme ANR « GLOBALGENDER. Regards croisés sur la globalisation du genre » (2013-2016, Maison interuniversitaire des sciences de l’homme MISHA Strasbourg).
  • Membre du comité scientifique de la revue L’Homme et la société.

Coordonnées

EHESS (bureau 503), 190-198, Avenue de France, 75013 Paris.
Contact: Ioana.Cirstocea@misha.fr
Page personnelle : http://www.cessp.cnrs.fr/spip.php?rubrique262

Formation

2004 : Doctorat (sociologie), École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris.

2000 : DEA (sociologie), École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris.

1996 : Master (études culturelles), Université de Bucarest.

1995 : Maîtrise (lettres françaises), Université de Bucarest.

Prix et distinctions

2013 : Prix de la Francophonie pour jeunes chercheurs.

2004 : Mention spéciale, Prix de la meilleure thèse soutenue à l’EHESS.

Expérience professionnelle

Recherche

Depuis 2006 : chargée de recherche au CNRS (section 40) ; membre de l’UMR 8209 CESSP Paris depuis le 1er octobre 2015, précédemment membre de l’UMR 7363 SAGE Strasbourg ; chargée de recherche de première classe depuis 2011.

2013-2016 : coordinatrice du programme ANR « GLOBALGENDER. Regards croisés sur la globalisation du genre » (Maison interuniversitaire des sciences de l’homme Alsace MISHA Strasbourg).

2011-2013 : Coresponsable avec Dorota Dakowska (Université de Strasbourg) du projet « L’Académie en chantier. Transformations des universités centre-est européennes depuis 1989 » (Programme formation-recherche du CIERA Centre interdisciplinaire d’études et de recherches sur l’Allemagne).

2013-2015 : Membre du programme « Réformer l’Etat par le marché. L’’économisation’ du secteur public dans l’Europe postcommuniste » (MISHA Strasbourg coordonné par Valérie Lozac’h).

2010-2013 : Membre du programme ANR « EureQUA. Quantifier l’Europe » (Université de Nantes-ENS Paris, coordonné par Martine Mespoulet)

Séjours de recherche internationaux

2014 (septembre-novembre) : Center for European and Mediterranean Studies, New York University (programme « Soutien à la mobilité internationale du CNRS »).

2010 (septembre-octobre) : Institute for Research on Women, Rutgers State University, New Jersey (programme « Visiting Global  Scholars » ; bourse Fulbright).

2008 (février-juin): Central European University, Gender Studies Department, Budapest (visiting scholar in residence).

2005-2006 (octobre-juillet): Faculté des sciences sociales, politiques et économiques, Université libre de Bruxelles (bourse postdoctorale de l’Agence Universitaire de la Francophonie).

Activités pédagogiques

Depuis 2013 : Séminaire de recherche « Regards croisés sur la globalisation du genre », EHESS, Paris (avec Delphine Lacombe et Elisabeth Marteu, dans le cadre du programme ANR « GLOBALGENDER » et du master « Genre, politique, sexualités » (mention Sociologie) de l’EHESS).

2008-2015 : Cours à l’Université de Strasbourg (Institut d’études politiques, Institut des hautes études européennes) : « Initiation à la recherche en sciences sociales » ; « Genre et politique » ; coordination d’une douzaine de mémoires de recherche d’étudiants.

Publications (sélection)

Ouvrage

Faire et vivre le postcommunisme. Les femmes roumaines face à la « transition », Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2006.

Articles
  • « La ‘sororité’ à l’épreuve – pratiquer l’internationalisme féministe au lendemain de la guerre froide », Critique internationale 66, janvier-mars 2015 (dossier thématique « Communismes et circulations transnationales » coordonné par Paul Boulland et Isabele Gouarné), p. 85-104
  • « Soi-même comme un autre » : l’individu aux prises avec l’encadrement biographique communiste (Roumanie, 1960-1970),  Bernard Pudal (dir.), Le sujet communiste. Identités militantes et laboratoires du « moi », Presses Universitaires de Rennes, 2014, p. 59-78
  • « Les restructurations de l’enseignement supérieur en Roumanie après 1990 : apprentissage international de la gestion, professionnalisation de l’expertise et politisation de l’enjeu universitaire », Revue d’études comparatives Est-Ouest, Vol. 45, 2014, n° 1, p. 125-163
  •   « Cooptation et adhésion des femmes au Parti communiste roumain », in Rose-Marie Lagrave (dir.), Fragments du communisme en Europe centrale, Paris, Editions de l’EHESS, 2011, p. 143-191.
  • « The Transnational Feminism in the Making: the Case of Post-communist Eastern Europe », in C. Fillard, F. Orazi (dir.), Exchanges and Correspondence: the Construction of Feminism, Cambridge, Cambridge Scholars Publishing, 2010, p. 64-83.
  • « Eléments pour une sociologie des études féministes en Europe centrale et orientale », International Review of Sociology/ Revue internationale de sociologie, 20, n° 2, 2010, p. 321-346.

L’Invité Visegrad 1: Michel Wieviorka, entre Prague et Varsovie

Dans le cadre du Forum Visegrad, le CEFRES est heureux d’accueillir en coopération avec la Faculté des sciences humaines de l’Université Charles (coordinateur : Nicolas Maslowski), le Centre de civilisation française et d’études francophones de l’Université de Varsovie (coordinateur : Paul Gradvohl) et le Collegium Civitas le sociologue Michel Wieviorka du 24 au 28 février 2016!

Voir le programme sur le calendrier du CEFRES.

M WierviorkaAdministrateur depuis 2009 de la Fondation Maison des sciences de l’homme, Michel Wieviorka a présidé l’Association internationale de sociologie AIS/ISA de 2006 à 2010 et dirigé, entre 2003 et 2009, le Centre d’analyse et d’intervention sociologiques (CADIS) à l’EHESS. Il a été co-directeur, avec Georges Balandier, de la revue Cahiers Internationaux de Sociologie de 1991 à 2011. Après avoir dirigé la collection « Voix et Regards » aux Editions Balland, il dirige aujourd’hui la collection « Le monde comme il va » aux Editions Robert Laffont.

Prônant la prise en compte de la globalisation et de la subjectivité des acteurs dans la recherche sociologique, Michel Wieviorka a construit une sociologie de l’action depuis ses travaux sur les mouvements de consommateurs dans les années 1970 (par ex., L’État le patronat et les consommateurs. Étude des mouvements de consommateurs, PUF, 1977) et sur des phénomènes comme le racisme, la violence ou l’antisémitisme (par ex., Les Juifs, la Pologne et Solidarność, Denoël, 1984 ; L’Antisémitisme, Balland,‎ 2005). Ses travaux sur le terrorisme (prix spécial du jury européen d’Amalfi 1989 pour son livre Sociétés et terrorisme, Fayard, 1988), sur le multiculturalisme et la globalisation, lui ont donné une grande reconnaissance internationale.

Voir son carnet de recherche.

Derniers ouvrages :