Mémoires des vaincus – Lancement du projet TANDEM

Lancement du projet TANDEM, dirigé par Michèle Baussant (CNRS, CEFRES), Johana Wyss (CAS) et Maria Kokkinou (CEFRES) avec le CEFRES et l’Université Charles de Prague. 

Sujet : Mémoire des vaincus. L’Europe « désimpériale » : une confédération de vaincus ?

Date : vendredi 20 novembre, de 9h à 11h 
Lieu : la séance se déroulera en ligne.
Veuillez accéder à la conférence zoom via le lien suivant : https://us02web.zoom.us/j/81054592971?pwd=UkJjZW90T0lDK0MwNm5PZit2S2U3QT09
Langue : anglais

Participants :
Sylvie Démurger, directrice scientifique adjointe, Europe et Affaires Internationales (CNRS)
Jérôme Heurtaux, directeur du CEFRES
Taťána Petrasová, membre du Conseil académique et coordinatrice du programmeTANDEM à l’Académie tchèque des sciences 

Discutants :
Catherine Perron, CERI, Sciences Po (Paris)
Valérie Rosoux, directrice de recherche et enseignante à l’Université Catholique de Louvain
Thomas Van de Putte, post-doctorant, Département de sociologie, Université de Trente

Extrait du projet :

Le lancement en ligne du nouveau projet Tandem est consacré aux paysages mémoriels fantomatiques, matériels et symboliques des minorités vaincues qui ont été déplacées et dispersées après l’effondrement successif des entités impériales et multinationales au cours du XXe siècle,.

L’objectif du projet est d’offrir une nouvelle perspective critique sur les formes multiples, persistantes et parfois connectées, des passés (post)impériaux européens le long des anciennes frontières extra- et intra-européennes et sur leurs utilisations diverses et enchevêtrées.

Ce projet s’appuie sur un choix de cas différents (Allemands expulsés de Prusse orientale et de Silésie, Européens d’Algérie, minorités « étrangères » ou « locales » d’Égypte, Portugais d’Angola et du Mozambique) et sur un ancrage profond dans le travail ethnographique de terrain.

Il traversera la mémoire des populations déplacées, et de celles qui ont repeuplé ou ont continué à vivre dans les espaces physiques qu’ils ont quittés, de manière inédite, en offrant des images miroir, des images décalées, déformées ou aveugles.

Initié par Michèle Baussant, anthropologue et directrice de recherche au CNRS, ce projet Tandem est également mené, côté tchèque, par Johana Wyss, anthropologue et chercheuse à l’Académie des sciences de République tchèque. Maria Kokkinou, anthropologue et post-doctorante au CEFRES et à l’Université Charles, fait également partie de l’équipe Tandem.

Au-delà de 1989 : Promesses et désillusions après les révolutions

Au-delà de 1989 : Promesses et désillusions après les révolutions (Une approche globale)

Colloque international – Projection du film

Date : 6 et 7 décembre 2019
Lieu
 : Prague (Karolinum, Faculté des lettres de l’Université Charles & Institut français de Prague)
Organisateurs : CEFRES, Faculté des lettres de l’Université Charles, Faculté des sciences sociales de l’Université Charles, Institut d’histoire contemporaine de l’Académie tchèque des sciences et le projet ERC « Tarica »
Organisé en collaboration avec : l’Institut français de Prague, le Centre de civilisation française et d’études francophones (CCFEF) de l’Université de Varsovie, la Faculté des sciences humaines de l’Université Charles, le Centre scientifique de l’Académie polonaise des sciences à Paris, l’Institut de culture polonaise de l’Université de Varsovie (IKP),  l’UMR LADYSS (CNRS-Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et GDR Europe Médiane (CNRS)
Langue : anglais

➤  Un email d’inscription est obligatoire pour assister aux conférences du vendredi, il est à envoyer à  l’adresse : cefres@cefres.cz

Résumé

L’année 2019 est à la fois un symbole important et un élément de commémoration majeur dans l’histoire de l’Europe. Cette année marque les trente ans de la chute du régime communiste en Europe centrale et en Europe de l’est et les quinze ans de leur intégration à l’union européenne. Cet anniversaire a donné naissance à des initiatives politiques ; académiques et commémoratives à travers l’Europe.

Ce trentième anniversaire est une occasion unique de penser aux expériences révolutionnaires et aux changements de régimes dans divers contextes historiques. Par conséquent/Ainsi cette conférence a pour but d’offrir à travers une approche comparative, des perspectives académiques nouvelles et élargies sur le sujet des transformations de régimes et des transitions démocratiques.

L’Europe post-communiste sera indubitablement l’un des sujets au cœur du colloque, mais nous nous pencherons aussi sur la question du monde arabe à la suite du printemps arabe de 2011 ainsi que sur les transitions politiques en Afrique sub-saharienne. Par conséquent, cette conférence inédite a pour objectif d’offrir une analyse comparative de ces révolutions sans distinction ni classement en fonction de la réussite de l’échec.

Le but ici étant d’interroger la notion de révolution à travers les multiples interprétations que celle-ci soulève, c’est-à-dire : la promotion voire même la sublimation, mais aussi les disqualifications ou rejet total.

Vendredi 6 décembre
Karolinum
Modrá posluchárna, Charles University, Ovocný trh 560/5

13:30-14:00: Inscriptions

14:00-15:00: Discours d’ouverture
Traduction simultannée CZ / FR / EN
Mr. Tomáš Petříček, Ministre des Affaires étrangères de la République tchèque
Mr. Jean-Yves Le Drian, Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de la République française

15:00-15:30: Introduction
Lenka Rovná, Vice-recteure des Affaires européennes de l’Université Charles
Miroslav Vaněk, Directeur de ÚSD AV ČR
Jérôme Heurtaux, Directeur du CEFRES

15:30-16:15: 1er discours académique
Moderation: Michal Pullmann, Doyen de la Faculté des Arts de l’Université Charles
Adéla Gjuričová (ÚSD AV ČR): The Unbearable Lightness of Women’s Rights: On Gender Order in Post-Socialist Transformation

16:15-16:45: Pause café

16:45-17:30: 2e discours académique
Georges Mink (Collège d’Europe / CNRS): 1989 Revisited in the Light of its Consequences. Thoughts of a Committed Observer

17:30-18:45: Table ronde : Hopes and Disillusions towards European Integration
Ivo Šlosarčík (FSV UK)
Marie-Elizabeth Ducreux (CNRS / EHESS)
Marion Van Renterghem, Journaliste / Prix Albert-Londres
Michael Žantovský, Directeur de la Bibliothèque Václav Havel

18:45: Réception

Samedi 7 décembre
Faculty of Arts / nám. Jana Palacha 1/2
Room 104

9:30-10:15: 3e discours académique
Moderation: Eliška Tomalová (FSV UK)
Michal Kopeček (ÚSD AV ČR): Democratic Hopes and Liberal Illusions: the 1989, Post-Dissident Politics of Memory and the Challenge to “Liberal Consensus” in East Central Europe

10:15-12:00: Tableau 1: Promoting Revolutions
Moderation: Pavel Mücke (ÚSD AV ČR)
Federico Tarragoni (Paris-Diderot University): From Revolutions to Revolutionary Subjectivities. Some Sociological Tracks
Matěj Spurný (FF UK / ÚSD AV ČR): Environment in Capitalism. Paths to a Neoliberal Consensus
Ester Sigillò (ERC Tarica): Engaging in Civil Society in Response to the Failure of Political Parties in Tunisia
Eliška Tomalová (FSV UK): Velvet Revolution in Cultural Diplomacy and Nation Branding
Jana Wohlmuth Markupová (FHS UK): Meaning of 17th November 1989 in the Memory of Former Student Protagonists in Czech Republic
Emmanuelle Boulineau (ENS Lyon): Spatial Illusions and Disillusions in Central Europe: Borders, Flows, and Territorial Cooperation

12:00-12:15: Pause café

12:15-13:45: Tableau 2: Disillusions after Revolution
Moderation: Jérôme Heurtaux (CEFRES)
Éric Aunoble (Université de Genève): Post-Revolutionary Syndromes: The Case of Ukrainian Communists after 1920
Clément Steuer (ERC Tarica): Discrediting the Revolution in Political Discourse: the Role of Counter-Revolutionary Parties in Egypt
Alia Gana (CNRS / ERC Tarica), Maher Ben Rebah (ERC Tarica): Political Disenchantment in Post-Revolutionary Tunisia in the Light of Electoral Processes
Nicolas Maslowski (CCFEF): Post-Dissent: Between Social Resource and Source of Disillusion
Marcel Tomášek (FHS UK): Scholars and Experts’ Disillusions on Post-1989 Dynamics in East-Central Europe

13:45-14:45: Déjeuner

14:45-17:30: Présentations des étudiants
Moderation: Paweł Rodak (Université de Varsovie), Marie-Elizabeth Ducreux (EHESS / CNRS)
Michal Louč (FHS UK / ÚSTR): The Former Czechoslovak Political Prisoners from the 1950s and their Perceptions of the Velvet Revolution and Dealing with Communism
Václav Rameš (ÚSD / FF UK): The 1989 as an Opportunity for a New Economic Order. Expectations and Disillusionments in the Czechoslovak Postcommunist Ownership Transformation
Marek Skála (FHS UK): The Beginnings of Small Businesses during the Economic Transformation Period
Martin Babička (Université d’Oxford): “We are Buying the Future”: Neoliberalism, Historicity, and the Case of Voucher Privatization in Postsocialist Czechoslovakia
Filip Keller (FF UK): And Then Wolves Have Come. Czechoslovakian Technical Intelligentsia on The Postcommunist Transformation
Pavel Jonák (FHS UK): Great Expectations? Czech Post-Revolutionary Way of Teaching Creative Writing from the Perspective of its Actors
Eliška Černovská (FSV UK): The Role of Guy Erismann in French-Czech(oslovakian) Musical Relations before and after the Velvet Revolution
Igor Zavorotchenko (FHS UK): One Example the 1989/1991 Revolution could not Change the Historical Assessment, Although we did Hope So

16:30-16:45: Pause café

Klára Žaloudková (FSV UK): Preying on the State: Oligarchization of Bulgaria after 1989
Jiří Kocián (FSV UK): Persistent Burden: Post-1989 Romania and The Quest for Democratic Maintenance
Marek Suk (FF UK): Were Dissidents Representing the Alternative to the Normalisation Regime? Their Political Performance before and shortly after November 1989
Claire Laurent (Université de Strasbourg): “Polszczyzna”: The Hope of a Nation without a State and the Disillusion of a Post-Revolutionary Nation-State

17:30-18:30: Pause. Déplacement à l’Institut français

French Institute, Stepanska 35
Kino 35

18:30-20:00 Projection du film d’Anna Szczepanska Solidarnosc. How Solidarity Changed Europe, LOOKSfilm/Arte-NDR, Germany, 2019, 52 mn (English subtitles).
Moderation: Luc Lévy, Directeur de l’Institut français de Prague
Débat avec Anna Szczepanska et Georges Mink

20-20:30 Remarques de clôture
Nicolas Maslowski (CCFEF), Paweł Rodak (Warsaw University), Aneta Bassa (Polish Academy of Sciences), Jérôme Heurtaux (CEFRES), Eliška Tomalová (FSV UK), Michal Pullmann (FF UK), Pavel Mücke (ÚSD AV ČR), Alia Gana (CNRS, ERC Tarica)

Lire plus sur le sujet: https://cefres.cz/fr/11961

Déroutant sangliers : L’évolution de la population des sangliers et son impact sur les écosystèmes européens

Colloque organisé par l’Institut d’ethnologie AV ČR et le CEFRES avec le soutien du programme Stratégie AV21 – Diversité de la vie et de la santé des écosystèmes

Lieu : Vila Lanna, V Sadech 1, 160 00 Prague 6
Date et horaires : 8 novembre 2019, 10h-16h

Les porcs sauvages eurasiens (Sus scrofa), dont la population a spectaculairement augmenté sur tout le continent, s’invitent régulièrement dans le discours public européen. Si cette espèce synanthropique suscite désormais ici ou là la sympathie, dans d’autres contextes les humains ont déclaré la guerre aux sangliers pour les dégâts qu’ils infligent aux paysages, à l’agriculture, aux réseaux de communication, etc. Il s’agit d’interroger les modes d’intégration du porc sauvage eurasien dans la vie des humains et vice versa,  dans des contextes socio-environnementaux aux évolutions dynamiques.

Contact : broz@eu.cas.cz

Trajectories des migrations roms et mobilités en Europe ou hors d’Europe

Colloque international

Date et lieu : 16-18 septembre 2019, Villa Lanna, Prague
Organisateurs : Prague Forum for Romani Histories, en collaboration avec le Séminaire d’études roms du département des études centre-européennes de l’Université Charles, la Faculté de sciences sociales et d’économique de l’Université Valle ainsi qu’avec le Jack, Joseph and Morton Mandel Center for Advanced Holocaust Studies du United States Holocaust Memorial Museum et le CEFRES
Langue : anglais

Le colloque rassemblera des chercheurs d’horizons disciplinaires diverses pour rendre compte à partir d’études empiriques des dimensions multiples des mobilités roms depuis 1945 et analyser les interconnexions existant entre les différentes formes de mobilité des groupes roms par le passé et celles des mouvements récents.

Depuis une dizaine d’années, un nombre croissant de projets de recherche, de publications et de média se sont penchés sur les migrations et les mobilités des Roms. Ces études n’ont néanmoins que rarement envisagé les continuités historiques et les trajectoires sociales qui donnent aux mouvements migratoires leurs formes actuelles. Des études sociologiques et anthropologiques ont rendu compte des stratégies contemporaines des migrants roms, de la construction de classifications et des politiques dont dépendent ces mobilités. Le trope du nomadisme reste présent dans les discussions comme concept fondateur (souvent sous la forme d’un simple lieu commun) que les chercheurs adoptent ou combattent dans leurs argumentations. Nous invitons les chercheurs à remettre en question l’utilité et les limites de cette dualité et à la dépasser en considérant qu’une grande partie des communautés roms appartiennent en Europe à la population sédentaire locale et en analysant à nouveau frais, à l’aide de nouveaux concepts, le mouvement, les circulations et les migrations de l’après-Seconde Guerre mondiale, ainsi que les mobilités sociales et existencielles qui les accompagnent.

La conférence souhaite apporter une contribution au champ de recherche aujourd’hui naissant des études comparées des mobilités roms en portant un regard croisé sur la seconde moitié du XXe siècle.  Tandis que les recherches les plus récentes ont mit en lumière les souffrances et les persécutions des Roms durant la Seconde Guerre mondiale, l’après-guerre n’a pas bénéficié de la même attention. C’est le cas, par exemple, de la question du retour des Roms dans leurs foyers détruits, des tentatives gouvernementales de réinstallation ou de dispersion forcées des Roms, mais aussi des migrations internes, de travail ou autres, d’individus en quête d’une vie meilleure et séduits par les multiples opportuniés offertes par les grandes villes industrialisées. C’est le cas encore des trajectoires induites par les « programmes de compensation » mis en place par différents organismes étatiques ou internationaux.

Au sein des minorités persécutées, dont les Roms, beaucoup placèrent l’espoir d’un avenir meilleur dans les projets massifs de restructuration des États européens. En Europe centrale, orientale et sud-orientale, la plupart des Roms, comme d’autres, aspiraient à une plus grande mobilité sociale et une participation entière à la société socialiste. Néanmoins, les projets socialistes d’égalité sociale et d’améloriation du « bien commun » s’accompagnèrent eux aussi de déplacements forcés et de diciplination des corprs pour transformer les membres des communautés roms/tsiganes en citoyens des classes laborieuses.

Les aspirations et les trajectoires des mobilités (sociales) des Roms de l’ouest de l’Europe demeurent elles aussi largement méconnues ainsi que la part des mobilités Est-Ouest des Roms dans l’Europe divisée. Nous disposons encore de peu d’études plaçant les mobilités sociales roms dans le cadre des grandes transformations de l’après-guerre, qu’il s’agisse des relations de genre, des (re)négociation des traditions à l’intérieur et entre les communautés, ou encore des mécanismes et des dispositifs de renégociations identitaires roms, en particulier face aux stigmatisations.

Nous invitons donc les participants à analyser les mobilités les plus variées et la façon dont elles entrent en conflit ou en phase avec l’évolution de ce qui constitue les conditions de ces mobilités, aussi bien comprises comme des mouvements physiques de populations que comme des changements de position sociale. Les organisateurs souhaient initier en particulier une discussion théorique et empirique sur les mobilités comme modes de dispersion et de regroupement entre les mobilités forcées et celles, arrachées au contraire, qui initient des mouvements et des espaces autonomes.

Thèmes et de la conférence

La conférence souhaite rassembler des études ancrées dans des recherches empiriques historiques explorant différents types de mobilités en Europe et au-delà. En plaçant ces mobilités dans un contexte politique, social, historique et culturel élargi, les participants sont invités à rendre compte de migrations volontaires aussi bien que forcées et à dégager des types de mobilités  saisonnières ou autres (existencielles, physiques, sociales par exemple) réagissant soit à une oppression soit à l’ouverture de nouvelles possibilités.

Nous engageons en particuliers les personnes intéressées à envisager plusieurs ou une des questions suivantes :

  • Les diverses trajectoires et modes des mobilités roms depuis 1945
  • Le mouvement comme façon d’échapper à l’oppression ou à l’asymétrie des conditions et de saisir de nouvelles possiblités de mobilité sociale
  • Etudes croisant mobilités et différenciations de genre, de classes ou ethniques ou d’autres dimensions de domination sociale
  • Les interconnexions entre les mobilités et les formes de violences (physique, symbolique, quotidienne, structuelle)
  • Les migrations roms et les politiques socialistes modernistes : les stratégies déployées en vue d’une ascension sociales ; programmes de déplacements et de relocalisations forcés
  • La mobilité entre, d’un côté, les politiques d’oppression et les regroupements ou dispersions raciales, et de l’autre la resistance et résilience des individus et des groupes roms
  • Les mouvements pour les droits civiques et politiques des Roms et leur relation avec les mobilités sociales et physiques
  • Continuités et ruptures dans les migrations : situer les mouvements actuels dans les trajectoires passées des migrations et mobilités
  • Les problèmes méthodologiques de l’histoire du présent des migrations et des mobilités roms
  • Essai de conceptualisation et de révision critique des migrations et des mobilités au-delà du concept de nomadisme et des tropes étatiques traditionnels ; remise en question des différents modes de vie, au-delà de l’affirmation d’une « promptitude des Roms/Tsiganes au mouvement »

La conférence consacrera un panel aux recherches issues des fonds d’archives de l’International Tracing Service (ITS). L’ITS possède plus de 35 millions de documents datant de l’Holocauste et rassemblant des informations sur le destin de plus de 17 millions de personnes incarcérées, soumises au travail forcé et déplacées durant la Seconde Guerre mondiale. Son fonds concerne aussi les victimes et les survivants roms ainsi que leurs interactions avec  les organismes de relocalisations et les programmes de réparation. Les propositions qui présenteraient des recherches menées dans les fonds de l’ITS seront particulièrement prises en considération.

Une session publique sera en outre organisée en coopération avec le US Holocaust Memorial Museum in Washington, DC, au cours de laquelle des experts travaillant sur les fonds de l’ITS présenteront les ressources mises à la disposition du public et aideront les participants et les visiteurs à retrouver des documents concernant leurs ancêtres.

PROGRAMME
16 septembre 2019

14:30 Introduction
Helena Sadílková (Charles University) Jan Grill (University of Valle): Introducing Trajectories of Romani Mobilities

15:00-17:00 Séance I
Displacement, Survival, and Migration in the Aftermath of World War II and the Holocaust: Romani Trajectories in the Arolsen Archives


Elizabeth Anthony, Visiting Scholar Programs, Jack, Joseph and Morton Mandel Center for Advanced Holocaust Studies, U.S. Holocaust Memorial Museum
Using the Records of the International Tracing Service Digital Archive for Scholarly Research on Roma Victims of the Nazis

Ari Joskowicz,  Vanderbilt University and 2013-14 Diane and Howard Wohl Fellow (USHMM)
Romani Refugees between National and International Migration Regimes (1945-1960)

Jury: Jo-Ellyn Decker, Holocaust Survivor and Victims Research Center, U.S. Holocaust Memorial Museum
Discutant: Kateřina Čapková, Institute for Contemporary History, Czech Academy of Sciences

17 septembre 2019

9:30-11:00 Séance II
Manipulation of „Gypsy Nomadism“ in Post-War Europe

Huub van Baar, Institute of Political Science, Justus-Liebig University Giessen, Amsterdam Centre for Globalisation Studies, University of Amsterdam
The Ambiguous Politics of Protection in Post-War Europe: Irregularizing Citizenship of Roma through Mobile Governmentalities

Stefánia Toma – László Fosztó, Romanian Institute for Research on National Minorities in Cluj-Napoca
The mobility of the Roma as Resource and/or Obstacle for Social Integration in Romania

Filip Pospíšil, City University of New York, Anthropology Department of John Jay College of Criminal Justice
Nomads from the Neighboring Village – The Intrastate Mobility of the Unwanted

Jury: Yasar Abu Ghosh, Department of Anthropology, Faculty of Humanities Charles University
Discutant: Ari Joskowicz

11:00-11:30 Pause café

11:30-13:00 Séance
III
Negotiating Intrastate Policies During Socialism

Ana Chiritoiu, Department of Sociology and Social Anthropology, Central European University
‘Capable’, ‘Free’, and ‘Universal’: The Circulation of Roma Between Idioms of Resistance and Difference. A Case-Study from Southern Romania

Markéta Hajská, Seminar for Romani Studies, Department for Central European Studies, Faculty of Arts, Charles University
The Assimilation Policies of 1950s Czechoslovakia Towards Itinerant Groups as Viewed by Romani Witnesses: The Case of Žatec and Louny

Jan Ort, Seminar for Romani Studies, Department for Central European Studies, Faculty of Arts, Charles University
The Policy of “Controlled Dispersal” of the Roma in the 1960s in the Former Czechoslovakia. A Case Study of Humenné District

Jury: Helena Sadílková
Discutant:
László Fosztó

13:00-14:00 Pause déjeuner

14:00-15:30 Séance IV
Challenging Borders and Closed Concepts

Licia Porcedda, École des hautes études en sciences sociales
The Trajectory of Croatian Roma in 1940s and 1950s Italy. Citizenship, Social Control and Inclusion Through the History of Rosa Raidich

Sabrina Steindl-Kopf – Sanda Üllen, Institute of Modern and Contemporary History at the Austrian Academy of Sciences
Intersections of Participatory Action and Migration Biographies of Romani Migrants in Vienna

Dušan Slačka, Museum of Romani Culture
Effects of Political and Administrational Situation on Territorial Movement and Life of the Roma in Moravian-Slovak Borderlands – Example of Districts of Hodonín and Senica till 1970s

Jury: Ilsen About, National Centre for Scientific Research (CNRS) in Paris
Discutant: Eszter Varsa,
Leibniz Institute for East and Southeast European Studies, Regensburg

15:30-16:00 Pause café

16:00-17:30 Discussion/Forum
Interrogating Analytical Categories: On Pitfalls and Hopefulness in the Emerging Research Field (‘Mobilities’, ‘Migrations’, ‘Trajectories’ and Beyond)

Jan Grill (University of Valle), Yasar Abu Ghosh (Charles University), Helena Sadílková, (Charles University), Martin Fotta, Goethe University, Frankfurt
Jury: Krista Hegburg, U.S. Holocaust Memorial Museum

18 septembre 2019

9:30-11:30 Séance V
Beyond the Binary of Nomadism and Settlement

Kamila Fiałkowska – Michał P. Garapich – Elżbieta Mirga-Wójtowicz, Centre of Migration Research, University of Warsaw
Migration Regimes, Kinship and Ethnic Boundaries Impact on Migration Strategies and Practices: Case Study of Roma Migrants from Poland to the UK

Judit Durst (University College London) – Zsanna Nyírő (Corvinus University of Budapest)
Interrupted Continuity: The Role of Kinship in Migration among (Trans)nationally Mobile Roma Factory Workers from Rural Hungary at the Global Assembly Line

Daniel Škobla (Slovak Academy of Sciences – Institute of Ethnology and Social Anhtropology) – Mario Rodriguéz Polo (Palacký University in Olomouc – Department of Sociology, Andragogy and Cultural Anthropology)
Escaping Ethnic Traps. Cyclical Migration from Slovakia to Austria as a Way to Escape Poverty and Oppression

Jury: Jan Grill
Discutant: Huub van Baar

Revisiter l’événement 1989 en Europe Centrale : Marges sociales, pratiques d’écriture, nouvelles archives

Colloque international

Lieu : Centre scientifique de l’Académie polonaise des sciences à Paris (74, rue Lauriston) et Sorbonne Université (salle des actes, 17, rue de la Sorbonne)
Dates : 7-8 juin 2019
Organisateurs : Centre scientifique de l’Académie polonaise des sciences à Paris, Centre de civilisation polonaise de la Sorbonne Université, CEFRES, Centre de civilisation française et d’études francophones de l’Université de Varsovie, Polish Science Contact Agency “PolSCA” de l’Académie polonaise des sciences à Bruxelles
Langue : français et anglais

Premier colloque d’une série de conférences internationales intitulée « 1989-2019: Au-delà de l’anniversaire, réinterroger 1989 » se déroulant à Paris, à Varsovie et à Prague. 

Vous pouvez consulter le programme détaillé ici.

Argumentaire

Que sait-on de et sur 1989, série d’événements majeurs qui ont bouleversé la carte de l’Europe et du monde ? L’effondrement des régimes communistes a été abondamment étudié et commenté. Les sciences humaines et sociales se sont penchées de longue date sur l’énigme de 1989, qui a vu s’effondrer sans avoir été anticipé, en quelques mois seulement, la partie européenne du bloc soviétique. Pourtant, les travaux sur 1989 ont rapidement laissé la place à d’autres agendas de recherche, se proposant d’étudier les transformations en cours en Europe centrale et orientale. Car contrairement à ce que peuvent faire accroire le nombre important de récits sur 1989, peu nombreux sont les travaux empiriques sur cet objet et pour cause. Par sa situation historique comme moment final de la période communiste et comme moment inaugural de la « transition démocratique », 1989 a finalement été peu abordé en tant que tel. Les analyses rétrospectives sur les raisons de la chute du bloc communiste et les études prospectives sur la démocratisation des sociétés est-européennes ont rapidement marginalisé l’événement comme objet d’investigation au profit d’écrits plus centrés sur l’interprétation. Plus récemment, c’est davantage un questionnement sur les controverses mémorielles autour de 1989 qui a mobilisé l’attention des chercheurs. Ce colloque propose par conséquent un retour à l’événement-même. Revenir au terrain, se replonger dans le passé, mobiliser des sources inédites, sans sacrifier bien sûr à une religion du fait : telle est la perspective retenue, consistant à interroger l’événement par ses marges sociales, des acteurs qui sont restés jusqu’à présent plutôt dans l’ombre (par exemple les ouvriers ou femmes), à travers des pratiques d’écriture ou culturelles et en engageant un débat sur les archives sur 1989, suscitant des questionnements inédits ou trop longtemps ignorés. Plusieurs pistes semblent pouvoir être dégagées :

  • 1989 et les marges sociales. Qu’a représenté 1989 pour les classes ouvrières est-européennes, les communautés rurales, les habitants de milieux urbains éloignés du cœur des événements, les femmes, les jeunes ou encore les élites du régime ? Croiser l’événement politique et les mondes sociaux offre une perspective originale sur les dynamiques de l’effondrement et permet de repenser les relations entre « processus révolutionnaire » et classes sociales, dont on sait qu’elles sont centrales dans la théorie marxiste.
  • Les pratiques d’écriture et culturelles. Comment a-t-on figuré, documenté et co-construit 1989, tant pendant qu’après, à travers des pratiques d’écriture variées (journaux intimes, mémoires d’acteurs, presse clandestine, samizdats, correspondance) et des genres artistiques comme la littérature, le théâtre, le happening, la peinture ou le documentaire ? Quelles traces 1989 laisse-t-il dans la mémoire visuelle de l’événement ? Que décrit-on précisément, en adoptant quel point de vue ?
  • Nouvelles archives. Quelles archives ont-elles été constituées sur 1989 et sur la période qui a précédé l’événement ? Les archives sur 1989 relèvent-elles des archives du communisme ? 1989 a-t-il produit ses propres archivistes ? Qui sont-ils et quels usages faire de ces archives ? Comment interpréter le développement de l’histoire orale à l’Est et la multiplication de véritables « banques de témoignages », qui s’imposent comme de nouvelles archives du communisme et de l’après-communisme ?

Il s’agit donc de revisiter 1989 en prenant le parti d’un éclatement du regard sur la série d’événements politiques qui ont transformé l’Europe centrale et orientale. D’où le recours à des sources nouvelles et hétérodoxes : histoire orale auprès de citoyens ordinaires, écritures de soi, mémoires rédigées par d’anciens membres de l’opposition ou des partis communistes, affiches, matériaux littéraires et artistiques, etc. qui ont fait l’objet de si peu de publications depuis lors.

Direction scientifique du cycle de conférences :

  • Maciej Forycki, Centre scientifique de l’Académie polonaise des sciences à Paris
  • Jérôme Heurtaux, Directeur du CEFRES
  • Nicolas Maslowski, Directeur du Centre de civilisation française et d’études francophones, Université de Varsovie
  • Paweł Rodak, Directeur du Centre de civilisation Polonaise, Sorbonne Université

La délégitimation comme phénomène social

Colloque international 

Lieu : Varsovie
Date : 24 et 25 mai 2019
Organisateurs : Institut de philosophie, Centre de civilisation française, Université de Varsovie
Partenaire : CEFRES
Langue : anglais

Voir le programme ici.

La délégitimation comme phénomène social

Il faut entendre par là non pas une décision, un traité, un règne, ou une bataille, mais un rapport de forces qui s’inverse, un pouvoir confisqué, un vocabulaire repris et retourné contre ses utilisateurs, une domination qui s’affaiblit, se détend, s’empoisonne elle-même, une autre qui fait son entrée, masquée. Michel Foucault, Nietzsche, la généalogie, l’histoire. 

Il est tout-à-fait remarquable que la définition de l’événement historique par Rousseau porte toutes les marques de la délégitimation, c’est-à-dire de la perte d’autorité ou du refus abrupt de la reconnaissance. Ce n’est pas une coïncidence. La délégitimation est un événement historique parce qu’elle paraît être la condition de possibilité préalable à toute nouveauté dans le monde social. C’est le moment négatif qui précède toute positivité. La délégitimation précède le changement et l’engendre. Les armes brandies par l’autorité sont retournées contre elle, le sacré est rendu profane, le glorieux infâme, ce qui est faible devient fort et l’ignominieux s’expose au grand jour. La figure de la délégitimation est ainsi l’une des plus puissantes de l’imaginaire social moderne et l’on pourrait avancer qu’elle incarne le moment héroïque du progrès.

L’édifice des Lumières s’est construit à travers une série de délégitimations : la délégitimation de la téléologie aristotélicienne a ouvert la voie à la science moderne, la délégitimation de la vérité révélée a apporté la liberté à la pensée et à l’expression, la délégitimation de la monarchie a engendré la démocratie et celle des privilèges l’égalité devant la loi. La délégitimation est associée à l’émancipation, soit collective, soit individuelle. Qui plus est, dans les sociétés modernes, la délégitimation se mue en un jeu institutionnalisé. Inscrite au cœur des champs scientifiques, artistiques et politiques, elle en assure de l’intérieur la nature concurrentielle. Nous sommes ici confrontés à un paradoxe qui veut que la légitimité même de toute distinction ou de tout avantage dépende de la possibilité toujours présente de sa délégitimation. Il s’agit cela dit d’un paradoxe vertueux. Si nous reconnaissons que toute légitimité contient en elle-même, quoique à des degrés divers, une part certaine d’usurpation arbitraire et de violence, alors elle mérite de toute évidence d’être exposée à un revers de fortune.

Et pourtant, la délégitimation comme pratique sociale est loin d’être une entreprise innocente. Il est difficile de dire qu’elle réponde à quelque attente normative que ce soit. La délégitimation est rarement le produit de la seule critique équitable : elle passe par des hommes de paille, de mauvaises interprétations ou des hyperboles. L’entreprise de délégitimation favorise l’efficacité performative sur la cohérence de l’argument, le sentiment sur la raison. Elle a une aversion pour la nuance. Comme le soulignent certains penseurs contemporains de premier plan, elle procède en élaborant des signifiants vides, remplis d’images ambiguës. Non seulement la délégitimation distord ses objets, mais elle passe son temps à manipuler, déplacer ou dissimuler le sujet dont il est question. Le sujet de la délégitimation est souvent, si ce n’est toujours, « un autre masqué », puisque le dénonciateur parle rarement sans déguisement et sous son nom propre. Plutôt, il est le porte-parole d’une entité qu’il a lui-même créée. L’art de la délégitimation est ainsi la colonne vertébrale du populisme. Et de la sorte, l’« autre masqué » se manifeste ailleurs et sous une forme différente, quand le processus de délégitimation s’attaque non plus à ceux qui détiennent le pouvoir, mais à celles et ceux qui en sont le plus dramatiquement dépourvus. La dénégation de la reconnaissance prend principalement pour cible ceux qui en manquent déjà, en les stigmatisant, en les démonisant, en les réifiant et en les déshumanisant. La délégitimation est par conséquent inhérente à tout pogrom ou à tout génocide.

Nous encourageons les interventions de toutes les disciplines, dont la philosophie, l’histoire, la sociologie, la science politique, l’ethnographie, la science et les arts, afin de prendre en compte ces tensions et cette dialectique de la délégitimation. Le but de notre séminaire est un échange interdisciplinaire qui permette de comprendre les crises contemporaines de la légitimité. Nous espérons l’atteindre en embrassant le plus grand nombre possible d’espaces, de périodes et de méthodes.