« Post-« . Penser le passé dans le présent. JDE CEFRES-CETOBaC

Le CEFRES, en collaboration avec les institutions de sa Plateforme – l’Université Charles et l’Académie tchèque des sciences – sera l’invité du Centre d’études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC) lors d’une journée d’étude.

Lieu : CETOBAC, Campus Condorcet, 14 cours des Humanités, Aubervilliers (Bât. recherche Nord, Salle 0.010, au RdC)
Date : le 26 avril 2024 de 9 h à 19 h CET
Langue : anglais, français

Organisation : Mateusz Chmurski (CEFRES), Lucie Drechselová (CETOBaC, EHESS), Fabio Giomi (CETOBaC, EHESS)
Institutions partenaires : 
CETOBaC, EHESS, CEFRES

Programme 

9h00-9h15 : Accueil 

9h15-09h30 : Introduction

Marc Aymes, Centre d’études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CNRS / EHESS, CETOBaC)

Mateusz Chmurski, Centre français de recherche en sciences sociales (CEFRES)

09h30-11h00 : ‘Post-’. Penser le présent par le passé

Modération : Emmanuel Szurek (EHESS, CETOBaC)

  • Adrian Brisku (Université Charles / Université d’Etat Ilia), Imperial Political-Economic Legacies in New (Inter)national Economic Order: Albania, Czechoslovakia, and Georgia’s Foreign Trade Discourse and Policy after the Great War
  • Václav Šmidrkal (Académie tchèque des sciences / Université Charles), ‘Post-’ and ‘Trans-’: the Legal Status of World War II veterans in Czechia after 1989
  • Jelena Božović (CEFRES / Université Charles), Languages in a post-conflict multiethnic society: The interplay of official and unofficial policies in Bosnia and Herzegovina

11h00-11h30 : Pause 

11h30-13h00 : Mémoires. Penser le passé dans le présent 

Modération: Lucie Drechselová (CETOBaC, EHESS)

  • Marie Černá (Académie tchèque des sciences), The Czechoslovak Prague Spring of 1968 from the point of view of local communist actors
  • Anna Huláková (Université Charles), Situated Knowledge, Feminist Frameworks of Analysis and Women’s Representation in the Post-Soviet Central Asia
  • Camille Leprince (EHESS, CETOBaC), La guerre d’Espagne comme représentation de l’escalade de violence en Syrie

13h00-14h30 : Pause déjeuner 

14h30-16h00 : Penser les violences génocidaires et de masse : hier, aujourd’hui

Modération: Xavier Bougarel  (CNRS, CETOBaC)

  • Elif Karakaya (Université de Rochester / CETOBaC), Unfinished Empire: Place and Memory in Post-Ottoman Visual Art
  • Kateřina Králová (Université Charles), Holocaust Ruins: Ethnography of Hirsch quarter in Thessaloniki 
  • Özgür Sevgi Goral (Gerda Henkel Stiftung / CETOBaC), Our Wound Runs Deep: Colonial Aphasia and the Memory Field in Turkey

16h30-18h00 : Dans les coulisses du documentaire politique 

Modération : Ilshat Saetov (EHESS, CETOBaC)

Projection de Robert Mihály, The Best Corner in the World (2022), 25’, et projection et débat en présence de la réalisatrice Sibil Çekmen, Sur les traces des documentaires manquants (en préparation en 2024), 14’.

18h00 : Cocktail de clôture

Résumé

Le Centre d’Études Turques, Ottomanes, Balkaniques et d’Asie Centrale (CETOBaC) de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris se consacre à l’analyse des réalités historiques et contemporaines des populations turcophones en Turquie, dans les anciennes régions de l’Empire ottoman et en Asie centrale. Son travail englobe non seulement l’étude de ces populations, mais aussi de leurs relations avec leurs voisins, en sus des questions sociales, culturelles et politiques qui en découlent. Le Centre élargit en outre son champ d’étude vers l’Est, incluant l’Iran, l’Afghanistan et la Chine, ainsi que vers l’Ouest, en s’intéressant à l’Europe centrale et orientale. Le CETOBaC rassemble des historiens, des sociologues, des anthropologues, des géographes, des linguistes et des politologues autour de six domaines de recherche : l’Histoire de l’Empire ottoman, la Turquie contemporaine, les Balkans à l’époque contemporaine, l’Asie centrale et le Caucase, les Langues, cultures et sociétés de la région turque, ainsi que l’Islam et le soufisme.

Chaque année, le CETOBaC organise une rencontre avec une institution de recherche partageant des intérêts scientifiques similaires. Ces échanges entre chercheurs offrent une plateforme pour discuter de nos recherches sur les Balkans, la Turquie, l’Empire ottoman et l’Asie centrale dans toutes les disciplines. L’édition 2024 de l’atelier CEFRES-CETOBaC sera articulée autour de trois thèmes principaux :

  1. Post-ottoman, post-Habsbourg, post-socialiste. Réflexion sur le passé dans le présent.
    Ensemble, nous explorerons les héritages des grandes configurations impériales qui ont profondément influencé l’Europe centrale et orientale aux XIXe et XXe siècles. Nous accorderons une attention particulière à la manière dont ces configurations ont non seulement façonné la structure sociale, mais aussi organisé le domaine des sciences sociales. Comment abordons-nous les multiples « post- » ? Comment les concevons-nous ? En examinant la production située de connaissances, cette première section traitera de l’institutionnalisation des « aires culturelles » en France et en Europe centrale et orientale à travers des concepts. Cette section fait suite à une collaboration fructueuse lancée par Lucie Drechselová lors de son association avec le CEFRES en septembre 2023, qui a donné lieu à un atelier doctoral intitulé « Les dynamiques de la participation politique : connaissances disciplinaires à travers le prisme des ‘études régionales.’ »
  2. Études mémorielles
    En étroite relation avec la première section, la seconde partie de la journée explorera les études mémorielles. L’objectif est de stimuler le dialogue sur les recherches actuelles consacrées à la formation, à la préservation, à la transmission, à la contestation et à l’oubli des mémoires individuelles et collectives. Nous aborderons en outre les pratiques de commémoration et d’interprétation du passé, en sus des stratégies de réconciliation et de guérison dans les sociétés post-conflit. Cette section examinera également sous différents angles le thème récurrent de la « nostalgie », laquelle anime une multiplicité de contextes dans les espaces post-soviétique et post-ottoman, ainsi que – dans une moindre mesure –  dans l’ancienne Tchécoslovaquie.
  3. Les sciences sociales en péril.
    La troisième partie de la journée prendra la forme d’une table ronde, se focalisant sur les difficultés auxquelles sont confrontées nos disciplines, tant en France, en Europe orientale qu’en Turquie. Nous discuterons des effets combinés des coupes budgétaires et des décisions gouvernementales restreignant la liberté académique, contrôlant les sujets de recherche, ainsi que limitant la diffusion de résultats potentiellement politiquement inquiétants. Ce débat sera suivi de la projection d’un documentaire.

Une subalterne qui chante

Une subalterne qui chante
De la résistance sonore à la diplomatie musicale dans l’Ukraine en guerre

Lancement du projet de recherche mené dans le cadre du programme TANDEM UK-CNRS développé par l’Université Charles, le CNRS et le CEFRES.

Date : le 9 avril 2024 de 14 h à 15 h 30 CET
Lieu : CEFRES, Na Florenci 3, Prague 1
Langue : anglais

Coordinatrices du projet : 
Valeria KORABLYOVA (CEFRES / Faculté des sciences sociales, Université Charles)
Louisa MARTIN-CHEVALIER
(CEFRES / Sorbonne Université)

La présentation sera introduite par :

  • M. Stéphane CROUZAT, ambassadeur de France en République tchèque
  • M. Ladislav KRIŠTOUFEK, vice-recteur pour la Recherche de l’Université Charles
  • M. William BERTHOMIÈRE, directeur Europe et international au CNRS Sciences humaines et sociales

Présentation

Valeria Korablyova et Louisa Martin-Chevalier présenteront leur projet consacré à la dimension musicale de la résistance ukrainienne en tant que moyen d’échapper à la position subalterne d’une double périphérie située dans l’angle mort entre l’UE et la Russie. Le projet réunit les champs de la diplomatie culturelle et des études postcoloniales afin de révéler comment les musiciens et les activistes ukrainiens utilisent des moyens musicaux pour accroître leur visibilité au niveau mondial tout en améliorant le statut géoculturel de leur pays sur les cartes mentales des publics internationaux. De la scène lyrique européenne au concours d’Eurovision, les Ukrainiens déploient leur « soft power » pour manifester l’action de leur pays et obtenir un soutien international à leur cause.

Depuis 2018, le programme TANDEM vise l’excellence scientifique dans les domaines des SHS en associant des collègues tchèques et français pour intensifier la collaboration scientifique entre nos deux pays dans le cadre de l’Espace Européen de Recherche.
Le programme est une initiative conjointe du CEFRES, du CNRS SHS, de la CU et de l’Académie tchèque des sciences (AV ČR) dans le cadre de la plateforme de collaboration scientifique franco-tchèque dite 
Plateforme CEFRES. Ses membres ont obtenu à ce jour deux subventions ERC, dont un Consolidator Grant pour le programme BOAR.

Les musées et leurs mises en récit

Les musées et leurs mises en récit.
En avons-nous fini avec le national ?

Table ronde organisée dans le cadre du nouveau cycle de rencontres Résonnances / Rezonance, par l’Institut de philosophie de l’Académie des sciences de la République tchèque, le Centre français de recherche en sciences sociales (CEFRES), l’Institut français de Prague, et la Galerie nationale de Prague

Lieu : Galerie nationale de Prague, Veletržní palác, Dukelských Hrdinů 47, Prague 7 (Auditorium, 6e étage)
Date : 12 mars 2024, de 17h00 à 18h30 CET
Langue : français et tchèque, avec traductions simultanées

Participants
  • Sébastien ALLARD (Directeur du département des Peintures, Musée du Louvre),
  • Danièle COHN (Professeure d’esthétique et de philosophie de l’art, Université Paris I),
  • Milena BARTLOVÁ (Professeure d’histoire de l’art, École nationale des arts appliqués – UMPRUM)
  • et Anna PRAVDOVÁ (Curatrice de la Collection d’art moderne, Galerie nationale de Prague – NGP)
  • Modération : Lara BONNEAU (Chargée de recherche, Institut de philosophie, Académie tchèque des sciences – FLÚ AV ČR)
Résumé

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Espace social, espace géographique, représentation de l’espace et la littérature

Espace social, espace géographique, représentation de l’espace et la littérature

Cinquième session du Séminaire interdisciplinaire francophone du CEFRES 2023-2024 : La carte et la frontière.
En 2023, nous avons commencé par interroger l’acte même de délimiter et de représenter (un territoire, une période, une trajectoire), bref, à l’aide du feu croisée de nos disciplines respectives, interroger la carte et la frontière.

Lieu : CEFRES, Na Florenci 3, Prague 1
Date : le vendredi 12 avril 2024 de 10h00 à 11h30 CET
Langue : français

Intervenant : Josef Šebek (Département de littérature tchèque et comparée de la Faculté des Lettres de l’Université Charles, chercheur associé au CEFRES)
Discutant : Yasar ABU GHOSH (FHS UK)

Résumé

La communication se concentrera sur les formes d’espace dans la théorie des champs de Pierre Bourdieu, en examinant en particulier la manière dont elles sont liées les unes aux autres et les aspects spatiaux du champ littéraire. La première de ces formes est l’espace social et le champ social, qui renvoient à une structure de positions qui existe objectivement, mais qui n’existe pas (principalement) dans l’espace physique ou dans les interactions réelles (physiques) entre les agents sociaux. Afin de rendre cette structure intelligible, Bourdieu crée divers schémas spatiaux qui vont de simples diagrammes à des visualisations basées sur l’analyse des correspondances multiples. Ses disciples proposent des représentations encore plus sophistiquées de l’espace social. La relation entre cette structure et l’espace géographique/physique est compliquée car les relations dans l’espace social ou les champs sociaux ne coïncident pas nécessairement avec des distances ou des proximités spatiales réelles. Néanmoins, Bourdieu démontre – surtout dans la dernière période de sa carrière – qu’il est nécessaire d’étudier les relations entre les agents et les formes objectivées du capital telles qu’elles se jouent dans l’espace physique/géographique… L’exposé abordera ensuite la question comment les relations entre les trois formes d’espace peuvent être appliquées au champ littéraire. Dans la partie spatialement la plus intéressante des Règles de l’art, le « Prologue », la représentation de l’espace prend les formes concurrentes d’un diagramme et d’une carte. La réflexion de Bourdieu sur l’espace nous guide donc à travers l’intrigant problème de la cartographie des champs littéraires et de l’espace social et géographique représenté dans les œuvres littéraires.

Voir le programme complet du séminaire 2023-2024 ici.

Politique linguistique et sociolinguistique en Bosnie-Herzégovine

Politique linguistique et sociolinguistique en Bosnie-Herzégovine : de la différence (in)signifiante aux frontières linguistiques

5ème session du Séminaire interne du CEFRES 2023-2024.
Par la présentation de recherches en cours, l’objectif du Séminaire du CEFRES est de soulever et de soumettre à la discussion des questions de méthodes, d’approches ou de concepts, dans un esprit pluridisciplinaire, permettant à chacun de croiser ses propres perspectives avec les travaux présentés.

Lieu : CEFRES, Na Florenci 3, Prague 1
Date
: mardi 9 avril 2024, 16h30 CET
Langue : anglais
Contact / Inscription 
: cefres[@]cefres.cz

Jelena Božović (CEFRES / FSV UK)

Discutante

  • Markéta Slavková, The Prague Security Studies Institute

Résumé

La question des frontières linguistiques est souvent négligée au sein des études portant sur les politiques linguistiques. Lorsque l’on explore des contextes multilingues, les chercheurs en politique linguistique présupposent traditionnellement une pluralité de langues traitées comme des entités séparées et fixes. Travailler avec des unités linguistiques facilement identifiables et discernables permet en effet d’étudier de plus près leurs relations. Cette tâche peut nonobstant se révéler ardue dans des contextes où les langues sont structurellement similaires et se chevauchent, et où les frontières ne sont pas toujours nettes et clairement définies. Ici, déterminer les relations entre les langues (concurrentes) et les groupes linguistiques ne se révèle pas nécessairement simple. Cela est dû au fait que certaines différences sont davantage soumises aux processus de délimitation que d’autres, tandis que certaines passent complètement inaperçues. Ces observations enrichissent notre compréhension des frontières linguistiques, qui ne dépendent pas uniquement des différences formelles entre les langues et leurs significations dénotatives, généralement stables, mais également de leur fonction sociale et politique.

Au sein de ma thèse, je me concentre sur la Bosnie-Herzégovine, où la transition d’une langue standard commune à trois langues nationales standard distinctes a eu lieu à la suite de la désintégration de la Yougoslavie. Cette transition soulève inévitablement des questions cruciales sur la différenciation et des frontières linguistiques. En analysant les processus d’interprétation des politiques linguistiques officielles lors de mon étude de terrain ethnographique en Bosnie-Herzégovine, il m’est apparu évident qu’ils portaient principalement sur l’interprétation des différences et des frontières entre ces langues. Ainsi, ma recherche se concentre sur les processus de délimitation linguistiques, notamment sur la manière dont les frontières linguistiques sont construites, déconstruites, brouillées, dépassées, voire complètement ignorées par les acteurs sociaux dans divers cadres politiques linguistiques. Lors de ce séminaire, j’examinerai de près la construction de ces frontières et leur lien avec les questions de pouvoir et d’autorité, ainsi que leurs implications pour les politiques linguistiques officielles.

Voir le programme complet du séminaire 2023-2024 ici.

Prague et ses mythes

Prague et ses mythes

Lieu : CEFRES, Na Florenci 3, Prague 1
Date
: 5 avril 2024, 10h00 CET
Langue : anglais et français

Organisateurs

  • CEFRES (Centre français de recherche en sciences sociales)
  • Institut des études sociologiques, Faculté des Sciences sociales, Université Charles
  • Institut de littérature tchèque de l’Académie tchèque des sciences

Comité scientifique et comité d’organisation

  • Mateusz Chmurski
  • Michèle Baussant
  • Alessandro Testa

Intervenants

  • Jean Boutan, Eur’ORBEM, CNRS-Sorbonne Université
  • Tomáš Bubík, Palacky University Olomouc
  • Stanislav Holubec, Czech Academy of Sciences
  • Michèle Baussant, ISP CNRS-Paris Nanterre-ENS/CEFRES
  • Richard Müller, Czech Academy of Sciences
  • Marco Pasi, University of Amsterdam
  • Jiří Pelán, FF Charles University
  • Alessandro Testa, FSV Charles University

Programme

10.00: Introduction

10.15-11.15:  Prague magique

Marco PASI (University of Amsterdam, Faculty of Humanities), Prague: The City of Magic and Occultism
Alessandro TESTA (Charles University, ISS FSV UK/CEFRES), Praga Magica: The Late Modern Evolutions of a Cultural Myth

11.15-11.30: break 

11.45-12.45: Religious Prague

Tomáš BUBíK (Palacký University Olomouc, KSAKA FF UPol), Religious’ Prague : Scenes from selected Public Spaces (a Cemetery, a Square, a Museum)
Michèle BAUSSANT (Institut des sciences sociales du politique, ISP CNRS-Paris Nanterre-ENS/CEFRES), Une Prague des absent.es ? Entre renaissance de l’héritage juif et recréation d’une vie cultu(r)elle

12.45-13.00: Discussion

13.00- 14.30: Lunch break

14.30-16.00: Modern Prague

Jean BOUTAN (Cultures d’Europe orientale, balkanique et médiane, Eur’ORBEM, CNRS-Sorbonne Université), Libuše reine de Cacanie: la postérité d’un mythe d’un autre temps après 1918
Richard MÜLLER (Czech Academy of Sciences, ÚČL AVČR), Kafka, Simmel, and Writing of the Metropole Sciences
Stanislav HOLUBEC (Czech Academy of Sciences, HIÚ AVČR), The Myth of Working Class Prague: Between Communist Sacralization and Postcommunist Forgetting

16.00-16.15: Final discussion 

Résumé

Cette journée d’étude explorera les différentes déclinaisons de l’idée de Prague à l’époque moderne et contemporaine, en mettant l’accent sur la littérature, les pratiques sociales, les phénomènes religieux et les processus de patrimonialisation. Ces motifs ou tropes sont ici définis comme des « mythes », empruntant à la fois aux formes de la culture élitiste et populaire. Ils renvoient à des imagines spécifiques et à des traces des passés contrastés et complexes de Prague, et de son histoire. Le patrimoine religieux et ésotérique de la ville, en particulier, en sus de son bagage multiculturel et « hinternational », pour reprendre le terme d’Urzidil, trouvent désormais une valeur nouvelle en tant que symboles d’une identité et d’une histoire tchèques partagées, certains lieux étant honorés en tant que « lieux de mémoire », d’autres, ignorés ou tus (« lieux de l’oubli »), leurs significations historiques en partie reformulées.

Certains de ces mythes fournissent également un tremplin important pour le tourisme de masse, ce qui, paradoxalement, ravive les sites juifs, mais également d’autres lieux religieux ou mythiques comme espaces romantiques ou « disneyifiés », consommés et déconnectés en partie des milieux vivants de la mémoire.

Cette journée d’étude vise à repenser ces passés mythifiés et leur renaissance à Prague, en mettant particulièrement l’accent sur :

  • Le mythe de « Praga magica », la ville mystique
  • Le mythe de Prague, le « Traumreich » (Kafka, Meyrink, Ajvaz, Kubin, Crawford, etc.)
  • Le mythe de Prague, la ville juive
  • Le mythe de Prague, la ville de confrontation entre le catholicisme et ses dissidents
  • Le mythe de Prague, la ville multiculturelle et cosmopolite
  • Le mythe de Prague en tant que trope littéraire
  • Le mythe de Prague, la ville post-communiste du tourisme de masse

Quelles tendances culturelles ont conduit à la valorisation d’un passé mystique et ésotérique dans un pays qui revendique être le plus athée en Europe ? Ou encore d’un passé juif, dans un lieu où il n’y a que peu de Juifs ? Voire d’un cosmopolitisme pourtant en partie éradiqué après la Seconde Guerre mondiale ? En usant du célèbre livre de Ripellino, Praga Magica, publié il y a 50 ans, au pic de la normalizace imposée par les Soviétiques, comme point de départ, nous avons l’intention de réexaminer les dynamiques sociales et culturelles souvent ambivalentes ainsi que les transformations de Prague telles qu’elles se reflètent dans la littérature, l’art, les politiques identitaires, les anciennes et nouvelles formes de religiosité et de spiritualité, et la patrimonialisation. Nous projetons d’explorer ces aspects et dynamiques dans le contexte du passé communiste de la ville et du présent néolibéral.