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Voltaire, du Rhin au Danube (XVIIIe-XIXe siècles)

Journées Voltaire

Date-limite pour l’envoi des propositions : 20 février 2018
Organisateur : Guillaume Métayer (CELLF – CNRS)
Partenaires : CELLF (UMR 8599), Société des Études Voltairiennes, CEFRES, CERCLL (Université Jules Verne de Picardie)
Dates et lieu : 22-23 juin 2018, Université Paris-Sorbonne
Langue : français, interventions en anglais possibles
Contact : gme.metayer@gmail.com

Argumentaire

S’il est un écrivain et philosophe français des Lumières qui a entretenu d’intenses relations avec le monde germanique, c’est bien Voltaire. Outre ses nombreux séjours en Allemagne, et son célèbre appointement à la cour de Prusse auprès de Frédéric II, Voltaire a fréquenté Gotha, ou encore Aix-la-Chapelle. Surtout, de ses visites et relations et, plus encore, de ses lectures, sont nées de nombreuses œuvres de genres divers, parmi lesquelles la plus célèbre, Candide (1759), ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. Par-delà cette fameuse Westphalie de fantaisie et de philosophie, L’Essai sur les Mœurs (1756) consacre des chapitres essentiels à cette histoire, dont Voltaire a donné ailleurs, à la demande de la duchesse de Saxe-Gotha, une autre version, plus détaillée : Les Annales de l’Empire (1753). L’Histoire de la guerre de 1741 (fondue et réaménagée dans le Précis du Siècle de Louis XV) ménage également une grande place à cet ensemble politique et culturel aux frontières mouvantes. Des questions aussi essentielles que la lutte du pouvoir temporel et spirituel, notamment entre la papauté et le Saint-Empire, la problématique de la Réforme et plus généralement de l’identité religieuse et politique de l’Europe sont donc placées au cœur de ses réflexions et de son travail d’historien.

Pourtant, l’intensité de l’intérêt de Voltaire pour l’Allemagne est lestée d’une ambiguïté et d’une ambivalence profondes : elle concerne avant tout la politique, l’histoire de l’Empire et l’espoir tout contemporain et tourné vers l’avenir de l’avènement d’un « roi philosophe » à Berlin, au détriment de la littérature, la langue ou les arts allemands, qu’il tient en piètre estime et raille volontiers. Or, à ce déséquilibre répond certainement à la fois la richesse et la nature souvent polémique de la réception de Voltaire dans le monde germanique : après une période où dominent ses imitateurs, Voltaire est devenu, à de rares exceptions près et sans négliger les nuances (Schiller, Goethe, Heine), la cible privilégiée du renouveau littéraire et philosophique allemand. Avant même le romantisme, Lessing avait donné le ton d’une tradition critique acharnée dont August Wilhelm Schlegel reprit le cinglant héritage. Il faut, semble-t-il, attendre les années 1870 pour qu’autour de David Friedrich Strauss, Dubois-Reymond, et surtout Nietzsche, la figure de Voltaire se transforme et redevienne, dans cette aire culturelle, une grande référence des Lumières européennes.

C’est cette interaction, dans le temps, entre la perception du monde germanique chez Voltaire et la réception allemande et centre-européenne de l’écrivain philosophe, dont ces Journées, quarante ans après le colloque de Mannheim*, souhaiteraient rouvrir le chantier, en s’appuyant tant sur les études de réception, de diffusion, de traduction, que sur des monographies séminales, en dialectisant, autant que possible, les deux pans de cette Wechselwirkung herméneutique. Le cas des possessions de l’Autriche (la Hongrie, la Galicie, etc.) pourra être également abordé.

* Voltaire und Deutschland. Quellen und Untersuchungen zur Rezeption der Französischen Aufklärung. Internationales Kolloquium der Universität Mannheim zum 200. Todestag Voltaires [Mannheim, 1978], Stuttgart 1979.

Marianna Szczygielska : recherche & CV

Les sangliers sauvages et les fiers éléphants :  le développement de l’habitat faunique en Europe du Centre-Est

Axe de recherche 2 : Normes & transgressions

Après une formation en philosophie, Marianna Szczygielska a soutenu sa thèse de doctorat en études de genre comparées à la Central European University (CEU). Elle est membre de Environmental Arts and Humanities Initiative (CEU) et chercheuse associée dans le cadre de “The Seed Box: Environmental Humanities Collaboratory” (Université de Linköping). Elle co-préside une session du GEXcel International Collegium for Advanced Transdisciplinary Gender Studies. Ses recherches portent sur les sciences humaines environnementales, les études animales, les études raciales critiques et la science féministe, et les études technologiques.

Le projet de Marianna est organisé en deux phases, chacune se concentrant sur une espèce dite « sauvage » dans ses diverses relations à la gestion de l’habitat faunique et à la politique subséquente mise en œuvre en Europe à travers les pratiques de la chasse et du gardiennage zoologique. À partir d’une analyse comparée des relations entre les espèces en Pologne et en République tchèque, et dans la perspective d’une étude de l’histoire et de la politique actuelle autour de l’entretien des éléphants captifs en Europe du Centre-Est, ce projet interdisciplinaire vise à problématiser la catégorie des animaux sauvages et de la conservation de l’habitat faunique dans le cadre géographique singulier de l’Europe du Centre-Est. Dans ce sens, la comparaison entre deux espèces, l’une endémique, l’autre exotique, en Europe, sera mise en perspective dans ses rapports complexes aux politiques environnementales, de même qu’au regard du nationalisme, de l’impérialisme, du post-colonialisme et du post-socialisme.

CV

Formation

2011–2017 : Doctorat en études comparées du genre sous la direction de Hadley Z. Renkin, mention très honorable – Central European University, Budapest. Titre de la thèse : Queer(ing) Naturecultures. The Study of Zoo Animals

2009–2010 : Master en études de genre, mention très honorable – CEU, Budapest. Titre du mémoire : Becoming (with) Animal Others: Is the Anthropological Machine Set up in the Zoo?

2004–2009 : Master de philosophie, mention très honorable – Université Adam Mickiewicz, Poznań. Titre du mémoire : Ethics of Responsibility in the Face of Environmental Risks

Choix de publications

Articles dans des revues à comité de lecture
  • “Jedząc kebaba… Zwierzęta i zwierzęcość a islamofobia,” [“Eating a kebab… Animals/Animality and Islamophobia.”] Praktyka Teoretyczna, 4(26)/2017: 238-248.
  • “Hyenas and Hormones: Transpecies Encounters and the Traffic in HumAnimals,” in: Angelaki: Journal of Theoretical Humanities, Vol. 22 (2), April 2017: 61-84.
  • “Animals Off Display,” UnderCurrents: Journal of Critical Environmental Studies, Special issue “From Queer/Nature to Queer Ecologies: Celebrating twenty years of scholarship and creativity,” Vol.19/2015.
  • “Posthumanizm: dzień po rewolucji,” Czas Kultury 2015/1 (184), pp. 140-147.
  • “Transbiological Re-imaginings of the Modern Self and the Nonhuman: Zoo Animals as Transbiological Entities,” Identities: Journal for Politics, Gender and Culture, Vol. 10/2014.
  • “Technologically Assisted Life. Between Biopolitics and Thanatopolitics,” Annali di studi religiosi, Vol. 12/2011, Bologna.
Chapitres de livres
  • (Forthcoming) “Pandas and the Reproduction of Race and Sexuality in the Zoo,” (eds.) McDonald, T. and Vandersommers, D., Zoo Studies and a New Humanities, McGill University Press, 2019.
  • “Zoos” (ed.) Salazar Parreñas, J., Gender: Animals Macmillan Interdisciplinary Handbooks. Farmington Hills: Macmillan Reference USA, 2017: pp. 247-262.
  • “The heroines of sustainable development. Gender and sustainable development in  a critical perspective”, in Proceedings from the international conference Equality, Growth & Sustainability. Do they mix?, (ed.) A. Fogelberg Eriksson, Linköping University, 2010:135-42.
Editoriaux
  • (In prep.) Cielemecka O. and Szczygielska, M. (eds.), “Plantarium: Human-Vegetal Ecologies.” Special issue of Catalyst: Feminism, Theory, and Technoscience, Fall 2019.
  • Steinbock, E., Szczygielska, M. & Wagner, A. (eds.), “Thinking Linking,” Special issue on “Tranimacies: Intimate Links between Affect, Animals, and Trans* Studies”; Angelaki: Journal of the Theoretical Humanities, Vol. 22(2), April 2017: 1-10.
  • Nitis, M., Szczygielska, M., & Stark, W. (eds.), “The Conditions of Praxis: Theory and Practice in Activism and Academia,” Graduate Journal of Social Science, Vol. 10 (3), September 2013.
Comptes rendus
  • Szczygielska, M., “Viewing the World Through the American Zoo,” a review of The Animal Game. Searching for Wildness at the American Zoo. by Daniel E. Bender in: Diplomatic History. Oxford University Press, September 2018, Vol. 42(4): 740–743.
  • “The Bittersweet Dimensions of Racial Mattering” a review of Habeas Viscus: Racializing Assemblages, Biopolitics, and Black Feminist Theories of the Human. by Alexander G. Weheliye in Parallax, November 2015, Vol. 21(3).
  • « Cloning Wild Life. Zoos, Captivity, and the Future of Endangered Animals. » by Carrie Friese in Pulse: A History, Sociology, & Philosophy of Science Journal, September 2014, Vol. 2(1).
  • « The Queer Art of Failure. » by Judith Jack Halberstam in Graduate Journal of Social Science, July 2012, Vol. 9(2).
Autres contributions

Thomas Clément Mercier : Recherche et CV

Les Europes de Derrida: Déconstruction, marxisme, démocratie

Axe de recherche 1 : Déplacements, dépaysements et décalages : hommes, savoirs et pratiques

Contact : thomas.mercier@cefres.cz

Thomas Clément Mercier a obtenu un doctorat de philosophie en théorie politique au King’s College London (War Studies Department) en mai 2017. Il se spécialise dans l’étude de la violence, de la légitimité démocratique, de la résistance politique, qu’il analyse en combinant des réflexions de théorie politique internationale et de déconstruction. Ses travaux récents ont trait à la théorie critique des relations internationales, à la pensée postcoloniale et décoloniale, à la biopolitique déconstructive, aux études queer et de genre, à l’éthique animale et environnementale.

Son projet de recherche au CEFRES porte sur les rapports de Jacques Derrida à l’Europe centrale et orientale, en se concentrant sur ses voyages dans le dit « Bloc de l’Est », avant et après la fin de la Guerre froide. Un intérêt particulier est accordé à l’arrestation de Derrida à Prague en 1981, alors qu’il participait à des séminaires clandestins en soutien aux dissidents Tchécoslovaques – intellectuels, philosophes et professeurs – dans le contexte de ses engagements politico-institutionnels en tant que Vice-Président de l’Association Jan Hus.

La recherche de Thomas Clément Mercier se fonde largement sur des documents d’archives, des lettres et séminaires inédits, ainsi que sur des analyses biographiques, historiques et politico-théoriques dans le but d’élucider une série de problèmes relatifs à la nature des engagements politico-institutionnels de Derrida :

  1. L’articulation entre déconstruction de la philosophie et transformation pratique des institutions socio-politiques, à commencer par la critique par Derrida de l’institution de la philosophie, et de ses complicités possibles avec des forces politiques et idéologiques ;
  2. Les engagements critiques de Derrida avec la pensée et la politique marxistes, tel qu’il en témoigne dans de nombreux séminaires inédits des années 1960 et 1970. Ces travaux annoncent l’ouvrage Spectres de Marx (1993), dans lequel Derrida réévalue les apports de la philosophie marxiste pour en faire un élément essentiel de l’héritage et de la promesse européenne. Parallèlement, Derrida déconstruit le récit téléologique dominant, présentant le triomphe du néolibéralisme comme le destin d’une Europe enfin devenue homogène à la suite du prétendu dépérissement de la promesse émancipatrice marxiste. Cela conduit Derrida à remettre en question le discours de la Guerre froide, opposant diamétralement les traditions marxistes et libérales, l’Europe de l’Est à l’Europe de l’Ouest.
  3. La déconstruction de Derrida de l’idée d’Europe – ou, plutôt, des « Europes » – comprise à la fois comme concept philosophique et comme notion politique. Dans des textes d’avant et après 1989, Derrida remit en question l’homogénéité et l’unité du legs européen, et pluralisa ses héritages dans l’optique d’offrir une analyse déconstructrice de la démocratie à venir – fondée sur un concept d’Europe plus ouvert à sa propre hétérogénéité.

En analysant des matériaux d’archives, Thomas Clément Mercier souhaite éclairer de manière novatrice le rapport entre déconstruction, théorie démocratique et pensée marxiste, et mettre à jour les implications éthico-politiques de la pensée de Derrida, telles qu’elles apparaissent dès les années 1970.

Trois articles sur le sujet ont été publiés, et quatre autres sont actuellement en cours de publication. Une monographie est également en préparation.

CV

Formation

2017 : Doctorat,  King’s College, London (War Studies Dpt.) Titre de la thèse :  « The Violence of Legitimacy: Democracy, Power, Antagonism« , sous la direction de Prof. Vivienne Jabri et Prof. Mervyn Frost.

2007 : Maîtrise d’études conjoints de Relations internationales (diplôme professionnel) et Sciences politiques (diplôme recherche) à Sciences-Po Paris.

2005 : Maîtrise de Littérature et Linguistique à l’Université Paris-III (Sorbonne Nouvelle).

Choix de publications

Volumes édités
Chapitre de livre
  • ‘Resisting Legitimacy’, in Contending Legitimacy in World Politics: The State, Civil Society and the International Sphere in the Twenty-First Century, edited by Bronwyn Winter and Lucia Sorbera (London and New York: Routledge, 2017).
Articles
Traductions
Analyses

L’équipe des chercheurs au CEFRES 2017-2018

István Pál Ádám

Contact : istvan.adam@cefres.cz

est depuis le 1er janvier 2016 et jusqu’au 31 décembre 2017 post-doctorant au CEFRES grâce à un cofinancement de l’Université Charles de Prague. Sa recherche s’attache à l’étude du contrôle spatial des concierges centre-européens et s’inscrit dans le 3e axe de recherche du CEFRES.

Chiara Mengozzi

Contact : chiara.mengozzi@cefres.cz

est depuis le 1er janvier 2016 et jusqu’au 31 décembre 2017 post-doctorante au CEFRES grâce à un cofinancement de l’Université Charles de Prague. Depuis le 1er janv. 2018, elle est chercheuse associée au CEFRES.  Sa recherche, intitulée Animal matters : Différence anthropologique et normes littéraires en question s’inscrit dans le 2e axe de recherche du CEFRES.

AAC : Penser en paroles : la philosophie à la loupe de ses manuscrits et archives

Penser en paroles : la philosophie à la loupe de ses manuscrits et archives – méthodologies, histoire(s) et horizons

Organisatrice : Benedetta Zaccarello, CEFRES (CNRS-MEAE)
Dates et lieu : 7-9 juin 2018, Prague
Date-limite des candidatures : 21 janvier 2018
Langue : anglais
Partenaires : ITEM, IMEC, Archives Patočka (Académie tchèque des sciences), FHS UK

Merci d’adresser vos propositions (titre et argumentaire de 300 mots) et notices bio-bibliographiques à l’adresse suivantebenedetta.zaccarello@cefres.cz

La philosophie s’écrit, se pratique, se vit : elle est la traduction de l’expérience d’une subjectivité pensante dans un alphabet conceptuel et dans un tissu verbal. Le « je » de la philosophie est une chimère dont la tête effleure les hauteurs des concepts abstraits et des discours universels, tandis que le corps baigne dans cette expérience vécue qui seule peut mettre à l’épreuve la volonté de dire ce qui, depuis Kant au moins, ambitionne d’être valable pour chacun. À la charnière entre ces deux règnes, convoqués par l’effort de la spéculation, se situe la matière verbale dont le sens ne peut à son tour être déterminé qu’en relation aux contextes, aux pratiques d’écriture et de lecture qui la régissent, aux horizons de sens et aux même cibles polémiques qui ont marqué et marquent toute énonciation philosophique. De même, la spécificité de chaque écriture théorique est à la fois condition nécessaire pour que la discipline continue de vivre en se rénovant et transcendant ses propres catégories, et l’aspect le plus subjectif et personnel d’un travail qui vise traditionnellement le « neutre » de l’abstraction.

La « fabrique du texte » philosophique, comprise aussi bien comme son ancrage dans des dispositifs culturels et dans des facteurs sociétaires contingents, se heurte à une idée de la discipline qui pense son histoire comme liée à une suite de trouvailles abstraites, et d’intuitions novatrices échelonnant l’évolution de notre manière de penser. Le philosophe qui écrit est le premier à avoir tendance à effacer ce jeu complexe de négociations, entre existence et théorie, entre innovation conceptuelle et partage terminologique héritant d’une tradition séculaire, alors que manifestement les dynamiques de la production et de la réception philosophiques sont un objet complexe dont un des enjeux cruciaux se trouve dans la nature scripturale du phénomène.

Comme Derrida le rappelle en lisant Valéry, ce dernier aspect du métier du philosophe fait l’objet d’un oubli systématique et presque physiologique dans la manière dont nous nous représentons les ambitions de la discipline. Des frontières fortes semblent traverser des domaines qui sont facilement perçus comme divergents voire incompatibles entre eux : philosophie et littérature sont souvent considérées comme des sœurs ennemies, et leurs horizons respectifs ne prennent pas facilement en compte certains éléments qui se révèlent nécessaires pour comprendre — d’un point de vue dynamique et historico-culturel — la production de la prose théorique. Pareillement, et contrairement aux usages de l’âge romantique par exemple, il est rare que le métier intellectuel conjugue philologie et philosophie.

Pour toutes ces raisons, le manuscrit de philosophie est un objet étrange, auquel on a commencé à une époque assez récente d’attribuer une véritable valeur. Cependant, en Europe surtout, la création d’importantes archives réunissant de corpus philosophiques majeurs – tels Nietzsche, Benjamin ou Kierkegaard – a pérennisé la mémoire de l’écriture philosophique et permis à ces « arches » de traverser le temps en l’attente du moment où, notamment grâce au développement de nouveaux outils numériques, ces matériaux auraient pu trouver l’attention qu’ils méritaient. Le terrain de l’édition de manuscrits philosophiques apprend beaucoup sur l’importance des informations que ces supports sont susceptibles de donner, au-delà même des textes véhiculés par ces documents. Ce qui anime et structure le geste herméneutique fondé sur le travail sur manuscrits est une ontologie différente. À partir d’une telle perspective, l’évolution d’une écriture théorique devient une aventure vivante et spécifique, alors que l’histoire de la discipline peut être perçue comme un processus dynamique, pluridimensionnel et choral à la fois. Cependant, tous les documents d’archives, véritables traces d’autant de pratiques de la discipline disparates et peu connues, ne se prêtent pas à la « forme-livre » et restent par là cachés aux regards du public, alors qu’il est indéniable que l’accès aux archives permet souvent de comprendre l’allure, la méthode, la démarche et même les sources, les cibles critiques, les allusions que la publication a tendance à normaliser, à gommer, à estomper.

Souvent ce ne sont que les spécialistes travaillant à l’édition critique des œuvres d’un écrivain-penseur, ou encore les conservateurs en charge d’un fonds spécifique, qui sont amenés à développer une connaissance véritable d’un tel type de matériaux, car le travail sur manuscrits impose un temps lent de travail souvent incompatible avec les rythmes de la recherche et de la production intellectuelle. De ce fait, la créativité exprimée par les chercheurs dans la mise au point d’outils pensées ad hoc pour l’édition ou l’exégèse des manuscrits appartenant souvent à un seul un corpus philosophique n’a pas encore pu être mise en valeur à travers une approche comparative et visant à l’établissement de principes méthodologiques communs. Si la critique génétique a développée à partir des années 1970 un outillage important et une méthode philologique spécifique pour les manuscrits d’auteur, peu a été fait dans l’élaboration de lignes d’orientation dans le traitement des archives philosophiques.

Ce colloque vise ainsi à établir un dialogue entre spécialistes en provenance de différents pays et continents et ayant travaillé à des corpus différents de sorte à esquisser de premières lignes méthodologique et à établir un réseau collaboratif prêt à continuer dans ce travail de friche. La publication des actes du colloque fournira ainsi une première publication et la constitution d’un consortium de recherche en ce sens.
De plus, en portant à la lumière l’histoire de plusieurs archives philosophiques et leur ancrage dans l’histoire des hommes tout court, nous espérons valoriser ce genre de lieux en tant que sources de savoir et d’apprentissage sur le terrain, en même temps que sensibiliser à l’apport de ce genre de matériaux pour une différente approche à l’histoire et à l’exégèse de la théorie.

Les travaux seront articulés en quatre sections :

1 – Histoire(s) d’archives. Ce volet vise à recueillir des contributions concernant l’histoire de la création d’archives philosophiques ou de leur vies, en soulignant par là l’ancrage de ces institutions dans le paysage culturel et social de leur temps. En « contre-champs » ce même volet cherche à réunir des considérations sur l’idée d’histoire de la philosophie dégagée par le travail sur manuscrits.

2 – Conservation et édition. Ce deuxième volet du colloque a comme ambition de recueillir de témoignage de professionnels ayant travaillé à la conservation et/ou ) l’édition de manuscrits de philosophie pour mieux comprendre les difficultés relatives aux spécificités de chaque écriture théorique et la manière dont ces mêmes ont été affrontées. De même, nous traiterons en ce volet des questions liées à la numérisation des fonds théoriques et à l’intelligibilité de ses produits. Nous espérons recueillir un certain nombre de cas exemplaires ouvrant également à la session suivante du colloque.

3 – Editions et exégèses : approches et méthodologies. Ce volet du colloque vise à ouvrir des perspectives méthodologiques communes à partir de l’observation de plusieurs corpus de philosophe et sera articulé en une suite de contributions et en une table ronde de partage. Nous essayerons par là d’esquisser des lignes d’orientation pour le travail sur manuscrit philosophique, qu’il s’agisse d’édition ou d’exégèse.

4 – Les archives de la théorie. Cette dernière section du colloque aspire à recueillir des contributions concernant des corpus théoriques mais non proprement philosophiques tels la théorie littéraire, l’histoire de l’art, des sciences, la sémiotique… Par là nous espérons dégager des spécificités de ce genre de documents dans leur relation aux matériaux spécifiquement philosophiques.

AAC : Directeur(trice) du CEFRES de Prague

Date-limite des candidatures : 15 octobre 2017

Définition synthétique du poste  

Piloter, organiser, gérer un institut français de recherche en SHS à l’étranger (UMIFRE), à vocation régionale. L’institut est placé sous la tutelle du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) et du CNRS.

Date de prise de fonctions : 1er septembre 2018

Consultez la fiche de poste ICI

Procédure de candidature
  • Dans la rubrique pièces jointes, fournir un CV et, dans un document unique, une lettre de motivation et un projet de direction de 3 pages maximum (précisant vos compétences scientifiques, de gestion, d’encadrement et la stratégie que vous souhaiteriez développer en tant que directeur de l’UMIFRE)