AAC : Sur les traces du génocide des Roms. La transmission des expériences et de la mémoire par les familles

Premier colloque international du Forum for Romani Histories de Prague

Dates et lieu : 20-22 septembre 2017 à l’Académie tchèque des sciences, Villa Lanna, Prague

Date-limite d’envoi des propositions : 31 mars 2017

Les résumés (en anglais) de 500 mots ainsi que de courts CV doivent être envoyés à l’adresse : legacies2017@gmail.com

Voir ici le site du Forum for Romani Histories
Voir ici la composition du comité scientifique

Ce colloque est le fruit de deux initiatives de recherche utilisant de nouvelles approches dans le travail sur l’histoire des Roms : le Forum pour l’histoire des Roms de Prague et le réseau de recherche sur « Les héritages du génocide rom en Europe après 1945 », financé par le Arts & Humanities Research Council (AHRC, Royaume-Uni). Ces deux initiatives ont pour objectif de susciter et soutenir le débat sur l’histoire des Roms au sein de l’histoire de l’Europe et des sociétés européennes contemporaines.

Le réseau de recherche international sur « Les héritages du génocide rom en Europe après 1945 », financé par le Arts & Humanities Research Council (AHRC, Royaume-Uni) rassemble des historiens, des chercheurs en sciences sociales, en sciences du langage et de la culture qui effectuent un travail auprès des représentants des communautés roms pour analyser l’impact des politiques génocidaires menées en Europe dans les années 1930-1945 sur l’histoire sociale, politique et culturelle des Roms dans l’après-guerre. Le réseau est coordonné par Celia Donert et Eve Rosenhaft de l’Université de Liverpool en partenariat avec le projet MigRom de l’Université de Manchester et le Séminaire d’études roms de l’Université Charles de Prague. Cette conférence est étroitement intégrée au programme du réseau pour l’année 2017 (journées d’étude sur les approches conceptuelles et les pratiques étatiques, événements ouverts au grand public).

Le Forum pour l’histoire des Roms de Prague est une initiative internationale d’universitaires visant à promouvoir un dialogue interdisciplinaire, transversal et transnational et les recherches qui, intégrées à l’histoire en Europe et l’histoire de l’Europe, prennent pour objet les Roms au sein des sociétés européennes. En privilégiant les approches concentrées sur les processus de différenciation sociale et en prenant en compte le rôle problématique des disciplines qui réifient les relations inégalitaires de pouvoir, le Forum souhaite contribuer à s’écarter des récits identitaires de l’histoire européenne fondés sur l’hégémonie de l’identité nationale. Il cherche ainsi à promouvoir un travail critique réflexif qui mette en avant les Roms comme co-acteurs de l’histoire, sans minimiser l’histoire des discriminations et des persécutions. Le Forum est porté par l’Institut d’histoire contemporaine de l’Académie tchèque des sciences à Prague, en partenariat avec le CEFRES et le séminaire d’études des Roms de l’Université Charles de Prague. Ce colloque inaugurera les activités du Forum.
Il s’accompagnera d’un séminaire ouvert aux doctorants et aux étudiants de Master qui préparent un mémoire où l’étude des Roms s’appuie sur une connaissance de leur histoire. Ce séminaire sera organisé par le Forum pour l’histoire des Roms de Prague en collaboration avec l’école d’été du Réseau NAIRS (Network of Academic Institutions on Romani Studies). Il fera l’objet d’un appel séparé.

Pour plus d’informations, voir :
– le site du Forum pour l’histoire des Roms de Prague
– le site du réseau NAIRS

Appel à contributions pour le colloque

Comprendre le génocide des Roms pendant la Seconde Guerre mondiale paraît crucial pour cerner l’histoire après-guerre des familles et des communautés roms à travers l’Europe. Au moins 130 000 Roms ont été tués directement dans le sillage des politiques raciales mises en œuvre par l’État nazi, ses alliés et d’autres États européens entre 1933 et 1945. Certains activistes et chercheurs parlent même d’un demi-million de morts. Pourtant, bien que les mécanismes et l’étendue de l’Holocauste rom soient aujourd’hui en partie compris, les héritages de ces meurtres de masse, de la ghettoïsation, la stérilisation et du travail forcé pour les survivants des première, deuxième et troisième générations restent insondés. Il est pourtant vraisemblable que la compréhension du trauma causé par ce génocide de même que sa reconnaissance contestée par les sociétés majoritaires sont d’une importance cruciale pour appréhender la persistance de la discrimination anti-rom dans l’Europe d’aujourd’hui.

Le but de ce colloque est donc de faire l’état des lieux de la recherche et mettre en œuvre une recherche qui explore les façons dont les expériences passées et les mémoires de la persécution et de la violence ont influencé les histoires familiales, les identités politiques et sociales, et les relations entre l’État et la société parmi les Roms dans les divers pays d’Europe depuis 1945. Une telle enquête repose sur une large base géographique, qui dépasse les lieux de mémoire plus familiers que le seul camp tsigane d’Auschwitz, afin de considérer des sujets tels que les héritages de la déportation en temps de guerre des Roms de Roumanie en Transnistrie. Nous favorisons les approches critiques à plus long-terme plutôt que la périodisation de sorte à mettre en lumière la spécificité (ou non) des événements qui se sont produits entre le milieu des années 1930 et 1945. Nous espérons ainsi promouvoir des perspectives transnationales et comparatives qui manquent encore à ce jour sur l’histoire des Roms dans l’Europe de l’après-guerre,  et relier la recherche scientifique dans le champ des études roms aux débats plus larges sur les héritages du génocide dans l’histoire européenne contemporaine.

Nous sollicitons les chercheurs issus de diverses disciplines, comme l’histoire, l’ethnographie et les études culturelles, et sommes particulièrement intéressés par les approches transdisciplinaires, comparatives et transnationales. Loin d’appuyer les représentations  des Roms comme les victimes homogènes de la génocide, nous soutenons les contributions qui explorent et contestent les récits victimaires en interrogeant, par exemple, les diverses façons dont les familles et les individus ont répondu à l’expérience de la discrimination dans leur vie quotidienne, leurs interactions avec les autorités publiques, les politiques, les activités économiques, ou l’activisme.

Sont particulièrement bienvenues les contributions s’arrêtant sur les questions suivantes :

  • Comment chercher les traces du génocide à travers les expériences subjectives et matérielles des familles roms depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ?
  • Comment les chercheurs peuvent-ils retracer et raconter les héritages du génocide rom au sein des familles de survivants des 1re, 2e et 3e générations ?
  • Dans quelle mesure peut-on comparer les mémoires des persécutions parmi les Roms dans des espaces divers et dans les divers contectes de migration ou avec les autres groupes de population ?
  •  Dans quelle mesure les continuités à l’œuvre dans les pratiques discriminatoires au sein des systèmes de protection sociale, de la police, de la santé et de l’éducation dans l’Europe de l’après-1945  ont-elles influencé les expériences et les mémoires des persécutions au sein des communautés et des familles roms ?
  • À la lumière du programme de mémorialisation soutenu par les groupes de défense des Roms, comment contribuer à la contextualisation des politiques et des pratiques de commémoration et de mémorialisation dans les divers espaces locaux, nationaux et transnationaux depuis 1945 ?
  • Comment l’héritage du génocide a-t-il formé la construction politique des identités roms, par exemple, à travers l’activisme social ou les mouvements politiques ?
  • Quels sont les dilemmes éthiques et politiques pour les historieux désireux d’explorer ces histoires de trauma et de violence ?

Les frais de déplacement et de séjour des intervenants seront pris en charge.

Les résumés (en anglais) de 500 mots ainsi que les courts CV doivent être envoyés avant le 31 mars 2017 à l’adresse :
legacies2017@gmail.com